Doc Rivers, entraîneur des Bucks de Milwaukee (Wisconsin)
Pierre Jasmin pour les Artistes pour la Paix
Quarante-deux ans après les Olympiques de Mexico où deux Afro-Américains dressaient leur poing ganté de noir sur le podium à la réception de leurs médailles pour être ensuite vilipendés et traités de « traîtres communistes » et quatre ans après le quart-arrière Colin Koepernick s’agenouillant pendant l’hymne national et repêché ensuite par AUCUNE équipe de la NFL, c’est une équipe entière, les Bucks de Milwaukee qui ont exercé leur pouvoir légitime d’annuler leur match et toute une soirée d’éliminatoires de basketball par effet d’entraînement.
À seize heures le 26 août 2020, alors que l’équipe des Orlando Magics se préparaient à leur match sur le terrain, cette équipe de Milwaukee a refusé de quitter son vestiaire en protestation contre le racisme honteux de leur pays dont le dernier fait d’arme, filmé sur vidéo, avait vu dimanche Jacob Blake commettre l’erreur de tourner le dos à des policiers qui en présence de sa femme et de trois de ses enfants l’ont criblé possiblement de sept balles qui l’ont rendu paralysé : on attend encore un verdict de mort possible, puisque certains organes vitaux ont été atteints.
Lundi, la première soirée de la convention républicaine accueillait comme des héros un couple qui s’était tenu droit dans leurs bottes devant leur maison, armés de mitraillettes, pour invectiver de jeunes Noirs qui scandaient dans la rue où ils passaient le slogan Black lives matter. Et Trump d’inviter à sa convention ces « vrais patriotes » et de louer le second amendement qui leur permet, sans peur, en bons citoyens membres de la National Rifle Association, de résister aux « violents manifestants anarchistes » !
Le 26 août, Doc Rivers, entraîneur noir des Los Angeles Clippers lui a répondu : « Tout ce qu’on entend de la bouche de Trump, ce sont des paroles de peur [des manifestants, des pillards …]. NOUS sommes ceux qu’on tue. NOUS sommes ceux sur qui on tire. NOUS sommes ceux à qui on interdit de vivre en certaines communautés. Cela me laisse sans voix de constater à quel point on continue d’aimer ce pays et à quel point ce pays ne nous aime pas. » James Le Bron a renchéri : « Nous exigeons le changement. Écoeuré. » La ligue NBA est à majorité noire ; après la réaction indignée des Raptors de Toronto mardi, les Bucks ont entraîné mercredi le boycott, non seulement de leur match, mais aussi celui de cinq autres équipes le même soir. Cinq matches de la Major Soccer League ont aussi été « reportés », sans compter un match du baseball majeur entre les Brewers de Milwaukee et les Reds de Cincinnati. Naomi Osaka a refusé de livrer son match de tennis. Le premier vice-président des Bucks, Alex Lasry, a appuyé l’initiative de ses joueurs sur Twitter. « Certaines choses sont plus importantes que le basketball, a-t-il écrit. En prenant position de la sorte, les joueurs et l’organisation montrent qu’ils en ont marre. Assez, c’est assez. Il faut du changement. Je ressens une immense fierté envers nos joueurs, et nous sommes avec eux à 100 %, prêts à les aider à réaliser le changement. »
Le changement dont il parle c’est la fin des violences policières et des injustices raciales, particulièrement aggravées à Kenosha, petite ville de l’État du Wisconsin, où se trouve Milwaukee. Un jeune suprémaciste de 17 ans armé se serait glissé sans problème parmi les rangs des policiers anti-émeutes envoyés par Washington qui l’avaient même encouragé en lui offrant de l’eau en disant « Merci pour votre aide appréciée, vous les vigilantes ». Les policiers locaux ne les contrôlent plus et bien des maires dénoncent leur envoi par Trump. Résultat : deux Noirs assassinés de sang froid par ce jeune désorienté.
Le lendemain, à la convention républicaine, the show went on, avec le discours du vice-président Mike Pence basé sur « la loi et l’ordre » sans référence aux meurtres racistes et celui du président de l’Association Nationale des Policiers, vantant Trump dont il se sent appuyé, contrairement aux démocrates qui appuient les anarchistes, a-t-il accusé.
Qui donc pourra ramener la paix aux États-Unis ? Si les démocrates sont élus en novembre, Trump leur laissera-t-il le pouvoir, au risque de se voir mettre en prison pour ses crimes, le dernier en date étant d’inciter la CDC de réduire les tests de COVID-19 qu’il croit responsables de la performance américaine, the worst in the world ?
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