Faina Savenkova – « Je ne me souviens pas de ma vie avant la guerre »

Faina Savenkova – « Je ne me souviens pas de ma vie avant la guerre »

par Christelle Néant

Faina Savenkova est une jeune auteure vivant en RPL (République Populaire de Lougansk), dont nous avons publié deux traductions de ses essais sur les enfants et la guerre : « De la victoire du rire des enfants sur la guerre » et « Le silence des adultes ». Devant tant de talent à un si jeune âge, j’ai décidé de faire son interview, dont voici la traduction en français.

Bonjour, Faina, peux-tu te présenter, dire quel âge tu as, où tu vis et ce que tu fais en dehors de l’école ?

Bonjour. Je m’appelle Faina Savenkova. Je vais avoir 12 ans et je rentre en sixième année à l’école de physique et de mathématiques de Lougansk, en République Populaire de Lougansk. Je fais de la littérature et du sport depuis deux ans, ou plus précisément du taekwondo.

Certains de tes essais sur les enfants et la guerre ont déjà été traduits en plusieurs langues, dont le français. Mais ce ne sont pas tes seuls textes, tu écris aussi des pièces de théâtre et des contes de fées. Certaines personnes en Occident s’étonnent qu’une si jeune fille puisse déjà écrire de si beaux textes. Quand as-tu commencé à écrire, quels ont été tes premiers textes et quelles étaient tes motivations pour commencer à écrire ? Tes parents écrivent-ils eux-aussi ?

Merci, mais je ne dirais pas que je suis [un écrivain – note de la traductrice], mais plutôt que j’apprends encore. C’est pourquoi j’écris tant de choses différentes. Je veux savoir ce qui est le plus proche de moi et ce qui me plaît le plus. De manière générale, tout a commencé de manière assez banale quand j’ai appris que mon écrivain pour enfants préféré, Andreï Oussatchev, venait à Lougansk. La Bibliothèque des enfants a annoncé un concours de création, dont le gagnant serait désigné personnellement par Andreï Alexeïevitch. Je voulais vraiment le rencontrer, alors j’ai écrit une nouvelle. Il était décidé que les concurrents seraient, de toute façon, invités à une rencontre. Il se trouve que dans l’une des nominations, j’ai gagné et mon rêve de rencontrer mon écrivain préféré s’est réalisé. Bien qu’il semble maintenant que l’histoire était très « maladroite » et assez simple. Mais j’ai décidé de continuer à écrire parce que ça devenait intéressant d’inventer de nouveaux mondes, de nouveaux personnages, pour essayer de comprendre qui ils sont et quelle est leur histoire.

Mes parents n’écrivent pas eux-mêmes, mais ils me soutiennent toujours.

Est-ce que tu lis beaucoup, et si oui, quels livres ? As-tu une bibliothèque privée à la maison ?

Oui, j’essaie de lire beaucoup. Aujourd’hui, il s’agit surtout de livres pour enfants et adolescents, d’auteurs russes et étrangers. Parmi mes auteurs préférés figurent Kir Boulitchev, Tatiana Levanova, Roald Dahl. Maintenant, je lis des livres pour enfants de Sergueï Loukianenko et de Sergueï Volkov. Malgré le fait qu’il y ait une petite bibliothèque à la maison, je me rends souvent à la bibliothèque pour enfants. On y trouve des publications intéressantes. Par exemple, j’ai beaucoup aimé « La chasse au Snark » avec des illustrations de Mervyn Peake. En général, les illustrations dans les livres sont très importantes pour moi. J’aime beaucoup les œuvres de Rebecca Dautremer et Benjamin Lacombe pour Alice au pays des merveilles, de Vladislav Erko pour La Reine des neiges et des « Contes de l’Albion brumeuse ». Et il n’y a pas si longtemps, j’ai fait la connaissance de Tatiana Glouchtchenko, dont j’aime beaucoup les aquarelles.

Dans l’un de tes essais sur les enfants et la guerre, tu as établi un parallèle entre les enfants qui vivent actuellement dans le Donbass et ceux qui ont vécu pendant la Grande Guerre Patriotique. Penses-tu que ces deux guerres ont touché les enfants de la même manière ou penses-tu qu’il y a des différences dans la façon dont les enfants vivent ces guerres ?

Les guerres touchent toujours les enfants de la même manière, où qu’ils vivent et quelle que soit l’époque. Cependant, il y a toujours une différence, car les temps changent et les enfants eux-mêmes sont légèrement différents. Mais il me semble qu’il ne s’agit pas de savoir si nous avons l’électricité ou si nous pouvons aller à l’école maintenant, mais plutôt de savoir comment nous allons grandir à travers la guerre.

Comment la guerre t’a-t-elle affecté personnellement ? Quel genre de choses faisais-tu avant que tu ne fais plus à cause de la guerre ? Comment ta façon de penser, ta vision du monde a-t-elle changé ? Dirais-tu que tu as vieilli plus vite à cause de la guerre ? Y a-t-il une façon de penser, ou une vision du monde que tu avais avant la guerre et que tu regrettes d’avoir perdue ?

J’ai du mal à répondre à cette question. Je ne me souviens pas de grand-chose de ma vie d’avant la guerre, donc je ne peux rien regretter ni parler de changements, parce que je n’avais que cinq ans à l’époque, et je ne savais pas ou ne comprenais pas grand-chose. Il est probablement plus facile de dire comment la vie va changer après la guerre. C’est comme le couvre-feu. Quand il n’y en avait pas et qu’on pouvait se promener la nuit, je dormais paisiblement dans mon lit. Maintenant, je ne sais pas ce que c’est de vivre sans lui. Lorsque notre équipe sportive rentre à la maison après une compétition, le conducteur essaie de respecter le couvre-feu, sinon nous devons attendre le matin.

Tes textes sur les enfants et la guerre sont tristes, mais pleins d’espoir. Comment ne pas perdre espoir dans cette guerre qui dure depuis plus de 6 ans ? Que voudrais-tu dire aux enfants et aux adultes du Donbass qui ont perdu espoir ?

Je pense que cela nécessite le soutien d’un être cher. Lorsque vous savez qu’il y a quelqu’un près de vous qui vous aime et vous comprend, il est plus facile de surmonter tous ses problèmes. Je ne suis donc pas sûre qu’il y ait quelque chose à dire. C’est plutôt s’approcher, prendre dans les bras et dire : « Ça va aller. Je suis avec toi, même si nous sommes si différents. Tu n’es pas seul ». Ou « tu n’es pas seule ».

Dans ton deuxième essai sur les enfants et la guerre, tu conclus que les enfants qui vivent actuellement la guerre du Donbass vont essayer de faire, en devenant adultes, ce que les adultes qui vivent également cette guerre, ne peuvent pas faire maintenant. Penses-tu que les enfants qui ont survécu à la guerre peuvent faire mieux, mieux comprendre ou enseigner aux adultes, même ceux qui ont aussi vécu la guerre ?

Bien sûr. Lorsqu’il y a quelque chose à atteindre, on peut réaliser sinon tout, du moins beaucoup. Tout est entre les mains de ceux qui veulent changer leur vie, car il faut toujours commencer par soi-même.

Quel genre de message veux-tu faire passer aux autres par tes textes, et le message diffère-t-il selon le type de texte que tu écris ?

Le principal message que je veux faire passer est que nous sommes tous des êtres humains, les habitants d’une même planète. Et nous devons chercher ce qui est commun, et non ce qui nous sépare. Mais pour ce faire, nous devons apprendre à écouter et à nous entendre non seulement nous-mêmes, mais aussi les autres. Bien que dans les contes de fées, j’aborde parfois des sujets plus personnels.

En Europe, de nombreuses personnes soutiennent l’Ukraine et pensent que cette guerre est causée par l’agression russe, que la Russie a envahi le Donbass, etc. Que voudrais-tu dire à ces personnes ?

Vous savez, je vais à l’école de physique et de mathématiques, et on nous apprend à essayer de raisonner de manière logique. Si l’on imagine que la guerre actuelle est causée par l’agression russe, alors pourquoi les habitants du Donbass ont-ils accepté si facilement cette agression et la défendent-ils de manière si désintéressée ? Pourquoi parlons-nous la langue de l’agresseur dès notre naissance, la considérant comme notre langue natale ? Pourquoi, s’il s’agit d’une agression russe, des enfants meurent-ils à Donetsk et à Lougansk ? Comment protéger ceux qui tuent ta famille ? Il y a de nombreuses questions auxquelles chacun doit répondre pour lui-même. Malheureusement, l’opinion de ceux qui vivent en RPD-RPL n’est pas souvent connue en Europe, ils soutiennent donc principalement l’Ukraine. Je voudrais donc dire aux Européens qu’ils doivent tenir compte des paroles et des actes des deux parties au conflit afin de se faire leur propre opinion.

Interview faite par Christelle Néant pour Donbass Insider

source:http://www.donbass-insider.com/fr/2020/08/21/faina-savenkova-je-ne-me-souviens-pas-de-ma-vie-avant-la-guerre/

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Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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