Par Chris Hamilton – Le 20 mars 2020 – Source Econimica
- Le coronavirus n’est ni la peste ni la grippe espagnole, mais nous ne sommes pas non plus ce que nous étions autrefois. Le résultat final est donc peut-être le même !
- Les jeunes (qui représentent l’avenir) ne peuvent pas couvrir la dette qui augmente rapidement… et les politiques visant à éviter de s’occuper de la dette finissent par détruire l’activité économique future.
- Les États-Unis font faillite entre demi-mesures pour gagner du temps. La dépression mondiale est désormais inévitable et imminente.
Quelques réflexions sur le Coronavirus…
1- Le Coronavirus n’est pas la peste noire ou la grippe espagnole. Ceux là étaient de véritables tueurs qui ont anéantis jeunes et vieux sans tenir compte de la force ou de l’âge des personnes atteintes. En fait, la grippe espagnole était surtout attirée par les jeunes adultes.
2- Cependant, le Coronavirus est apparu au moment où le premier monde est le plus vulnérable. Jamais plus de personnes âgées n’ont été maintenues artificiellement en vie au-delà de leur date d’expiration naturelle par des médicaments et notre système médical du premier monde qui privilégie la quantité à la qualité. Jamais le premier monde n’a été aussi obèse et n’a souffert de plus de maladies liées au mode de vie qu’aujourd’hui. L’hypertension, le diabète de type 2, les maladies cardiaques, les problèmes liés au tabagisme et aux poumons, l’abus de drogues, etc. Le premier monde dispose de la meilleure médecine de l’histoire du monde, mais les capacités sont limitées et les hordes vulnérables vont submerger nos hôpitaux. Les camionneurs responsables de l’entretien des transports sont l’une des populations les plus vulnérables… ce maillon faible devrait être très inquiétant.
3- En fin de compte, je pense qu’un virus de niveau plutôt moyen va probablement chasser le nombre sans précédent de personnes faibles, infirmes et vulnérables et tuer au même titre que les véritables tueurs du passé. En attendant, les personnes fortes et en bonne santé vont probablement trouver que c’est comme une très mauvaise année de grippe… mais en raison des nombres écrasants de personnes nécessitant un accès au système médical, même les personnes fortes qui auraient survécu avec les soins disponibles pourraient périr. Alors que le deuxième et le troisième monde sont loin d’être aussi vieux, en surpoids et vulnérables que le premier monde… malheureusement, ils n’ont pas les systèmes médicaux pour faire face à cela et le résultat sera probablement très mauvais.
Et qu’en est-il de la réponse fédérale à cette pandémie ? Elle semble disjointe, peu enthousiaste et entièrement laissée à l’appréciation de chaque État, ville, comté, entreprise et, en fin de compte, de chaque individu quant à la manière de réagir de manière appropriée… La seule chose qui soit sûre, c’est que le Congrès et le Président sont prêts à jeter l’argent par les fenêtres.
En 2020, le gouvernement fédéral dépensera comme des marins ivres… empruntant à notre futur pour payer notre présent. Le graphique ci-dessous détaille l’augmentation de la dette publique vs. la dette intra-gouvernementale (Sécurité Sociale, etc.) contre l’instigateur inverse de la dette, le taux des fonds fédéraux.
J’ai mis en contexte, ci dessous, la variation annuelle de la population de moins de 60 ans (ligne verte) et de la population de plus de 60 ans (ligne jaune), le taux des fonds fédéraux (ligne noire en pointillés) et la dette publique (colonnes rouges) par rapport à la dette intragouvernementale (colonnes bleues). Il n’est pas si difficile de voir qu’il s’agit là d’une question démographique fondamentale. Évidemment, j’estime que le déficit fédéral de 2020 se situera autour de 28 000 milliards de dollars, dont 100 % et plus seront probablement des dettes publiques (peu ou pas d’achats nets d’IG).
Et à quoi ressembleront les cinq prochaines années ? La démographie va légèrement changer avec le ralentissement de la croissance de la population âgée, mais la projection pour la population de moins de 60 ans est une légère reprise. Mais cette reprise est très peu probable car elle suppose une augmentation des naissances (les naissances continuent à diminuer) et le retour de taux d’immigration élevés (2019 a vu une énorme décélération de l’immigration en raison de l’application de la loi aux frontières… et maintenant avec le Coronavirus, l’immigration pourrait avoir un solde net nul) et une activité économique toujours forte. C’est de l’humour. Ainsi, le déclin de la population des moins de 60 ans va probablement s’accélérer plutôt que de revenir à la croissance. Bien sûr, la dette fédérale va augmenter pour couvrir les dettes non provisionnées, le chômage, les renflouements, etc. etc. tandis que les fonds intragouvernementaux seront net vendeur.
Quoi qu’il en soit, cela signifie que 2020 sera probablement l’année où la dette fédérale par rapport au PIB dépassera le précédent pic établi pendant la Seconde Guerre mondiale. Cela coïncide avec le déclin de la population de consommateurs (et de la base de création de crédit) qu’est la population en âge de travailler.
Mais malheureusement, la dette continuera de s’envoler contre toute croissance, même modeste, du PIB. Le graphique ci-dessous suppose une croissance du PIB de 1,5 % jusqu’en 2025, contre des déficits annuels constants de 2 000 milliards de dollars après l’explosion de 2 800 milliards de dollars en 2020. Alors que la population des moins de 65 ans devrait retrouver une croissance minimale, le Coronavirus devrait faire baisser cette croissance prévue et ralentir encore plus l’activité économique potentielle.
Et pour replacer cette dette dans son contexte, je montre ci-dessous la part relativement constante de la population américaine de moins de 20 ans (l’avenir qui est responsable du service de la dette) par rapport à la dette fédérale qui augmente rapidement.
Enfin, je mets la dette en termes personnels contre la population future de l’Amérique. Bien que cette population ne soit pas encore assez âgée pour voter, elle ressentira certainement tout l’impact de la dette. Bien entendu, au cours de leur vie, ils ne pourront jamais rembourser la dette ni même assurer honnêtement le service des intérêts. Au lieu de cela, ils continuent de voir les politiques de la Réserve fédérale récompenser les banques, les grandes institutions, les détenteurs d’actifs et les personnes âgées. Mais il ne s’agit là que de la dette fédérale… si l’on ajoute la montée en flèche du passif non financé, on peut probablement quintupler ces montants en dollars par habitant.
Cette dette est comme un poids de plus en plus lourd réparti sur une population qui ne croît pas… et les politiques d’évitement finiront par écraser tout ce qui se trouve en dessous.
Et juste un moyen de plus pour mesurer la croissance de la dette fédérale par rapport à l’avenir, je montre les naissances annuelles aux États-Unis. Bien sûr, cela inclut toutes les naissances, que les parents soient en situation régulière ou non.
Si vous ne voyez pas le problème ici, c’est uniquement parce que vous ne voulez pas le voir (et cela n’inclut pas le passif non financé qui représente quelque chose comme quatre fois la taille de la dette nationale et qui croît tout aussi rapidement).
Perspectives mondiales
Le graphique ci-dessous ne tient pas compte de l’Afrique, mais de l’évolution mondiale annuelle du nombre de femmes de moins de 40 ans (colonnes rouges), du nombre de femmes de plus de 40 ans (colonnes bleues), des naissances mondiales annuelles (ligne noire) et du taux des fonds fédéraux (ligne jaune). Les naissances (hors Afrique) sont en baisse depuis 1998 et sont maintenant en baisse de 18 millions par an par rapport à ce pic. Mais en 2020, la population féminine mondiale en âge de procréer (hors Afrique) commence à diminuer… et il faut s’attendre à une baisse des naissances beaucoup plus rapide (bien que ce ne soit pas le cas). Et tout cela avant le Coronavirus… évidemment, la situation sera plus aiguë après le Coronavirus.
Le graphique ci-dessous des données démographiques de l’ONU montre qu’avant le Coronavirus, il se trouve que 2020 était l’année où la population du premier monde en âge de travailler devait commencer son déclin séculaire. La population qui consomme 70 % de tous les produits de base, 75 % de toutes les exportations et 80 % de tous les revenus/économies/accès au crédit commence un déclin séculaire. L’Afrique et l’Asie (à l’exception de l’Asie de l’Est qui fait partie du premier monde) dépendent de la croissance du premier monde pour leur propre croissance… sans la croissance du premier monde, les économies du deuxième et du troisième monde vont s’effondrer.
Après l’épidémie de coronavirus, la situation sera 2x, 5x ou 10x pire. La dépression mondiale est imminente et se poursuivra pendant une période indéterminée, car le dépeuplement, le désendettement et le déclin sont l’état naturel des choses. Larguez les canots de sauvetage… le Titanic va couler et nous serons désormais dans de petites embarcations sur une mer très agitée. Cela devait arriver, le Coronavirus vient d’accélérer le calendrier.
Voici enfin la démographie mondiale qui se cache derrière tout cela, l’impact sur la consommation d’énergie, les taux d’intérêt et les raisons pour lesquelles c’est inévitable sont détaillés dans les données de l’ONU. Je ne dis pas que nous n’avons pas encore le choix, mais simplement que nous n’avons pas de choix heureux. Nous pouvons prendre des mesures pour éviter les pires scénarios, privilégier le critique au détriment du souhaitable, et nous préparer à un avenir nouveau et différent… ou nous pouvons simplement continuer à mener la dernière guerre.
Investissez en conséquence …
Chris Hamilton
Traduit par Hervé pour le Saker Francophone
Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone