QUÉBEC | Le ministre Simon Jolin-Barrette entend déposer un plan «costaud» pour défendre la langue française «dans les prochaines semaines» alors qu’une nouvelle étude démontre l’avancée inexorable de l’anglais dans les milieux de travail, particulièrement à Montréal.
Ainsi, selon le plus récent bilan de l’Office québécois de la langue française (OQLF), publié mardi, près de 63% des entreprises dans la métropole ont exigé à la dernière personne embauchée un certain niveau d’anglais.
Environ le tiers d’entre elles souhaitaient trouver quelqu’un à l’aise dans cette langue non seulement pour que la personne soit capable de s’entretenir avec les clients, mais aussi pour assurer les communications internes au sein de la compagnie.
Il s’agit d’un dur constat pour le ministre responsable de la Langue française, Simon Jolin-Barrette, qui juge la situation «extrêmement préoccupante».
«Les Québécois ont le droit de travailler en français; il faut s’assurer que la langue française, elle est valorisée, et qu’on en assure la protection», a-t-il affirmé en entrevue avec l’Agence QMI, mardi.
«J’ai encore en tête le débat des chefs en 2014 où le premier ministre [Philippe] Couillard [ex-chef du Parti libéral du Québec, NDLR] disait: « C’est normal qu’un travailleur doive connaître l’anglais pour travailler sur la chaîne de montage, si jamais un Américain vient dans l’usine ». Or, non, ce n’est pas du tout normal, c’est complètement anormal», a ajouté Simon Jolin-Barrette.
Sans dévoiler le contenu de son plan, le ministre insiste sur la responsabilité pour l’État québécois d’être «exemplaire» en matière de protection de la langue française.
Sur l’île de Montréal, 50% des municipalités et des arrondissements cherchaient explicitement quelqu’un qui maîtrisait la langue de Shakespeare lors de leur dernière recherche d’employé, toujours selon le rapport de l’OQLF.
Ailleurs au Québec, cette sensibilité est beaucoup moins présente chez les employeurs au moment de recruter. Quand on s’intéresse à l’ensemble du Québec, l’anglais était un critère pour moins de 40% des offres d’emploi pourvues au courant de 2018.
Du côté des employés municipaux, la différence est aussi énorme entre la région de Montréal et le reste du Québec.
À l’échelle québécoise, moins d’une administration municipale sur quatre a exigé la connaissance de l’anglais pour son dernier employé entré en poste.
La publication de ce rapport par l’OQLF a fait réagir les partis d’oppositions, mardi, qui ont pressé le gouvernement d’adopter rapidement des mesures pour renverser la tendance.
«Sans balises claires pour limiter l’exigence indue de l’anglais pour un poste, on limite de nombreux Québécois à accéder à des emplois, alors que le droit de travailler en français est un droit fondamental protégé par la loi 101. C’est inacceptable!», a affirmé le chef parlementaire du Parti Québécois, Pascal Bérubé, mardi.
«Ça fait des années qu’on sait que la protection de la langue française pose problème à Montréal. Le gouvernement Legault attend quoi pour mettre en œuvre des mesures spécifiques?», s’est questionné le député solidaire Sol Zanetti.
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