Ils étaient cinq propriétaires, mardi, en conférence de presse à Montréal, pour faire passer leur message. Ils étaient émotifs. Ils étaient aussi déterminés. Ils ne veulent pas laisser 10, 15 parfois 20 ou 25 ans de travail disparaître en raison de quelques mois d’arrêt forcé.
Car leur saison allait à peine débuter quand Québec a tout stoppé, le 13 mars. « Tout était prêt pour recevoir des milliers de personnes sur notre site. Nous avions fait nos marinades, nos pets-de-sœur, nos ragoûts de boulettes, nos mini-tourtières. Nous avons aussi rénové l’érablière d’année en année », a lancé Mélanie Charbonneau, copropriétaire de l’Érablière Charbonneau, en Montérégie.
C’est avec un désespoir aujourd’hui qu’on demande une aide au gouvernement.
Larmes aux yeux et trémolos dans la voix, elle a évoqué le fait que son entreprise a bien tenté de lancer un casse-croûte pour survivre, mais ce n’est pas vraiment rentable
. Notre vie a basculé
, a-t-elle ajouté.
Si la majorité des secteurs ont pu reprendre leurs activités, pour les érablières, la saison est terminée. Même chose pour les salles de réception. Notre saison a été anéantie. Même avec les rassemblements de 250 personnes qui sont permis, beaucoup de gens ne veulent pas aller dans un mariage. Nous avons beaucoup d’annulations ou de reports à l’année prochaine
, a dit en anglais Pascal Garippo, copropriétaire de la salle de réception Le Châteaubriand, à Montréal.
Nous sommes en mode survie. On a besoin d’aide maintenant, pas l’année prochaine. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve. Sans revenus, nos frais fixes comme le loyer ou l’Hydro nous étouffent.
Le fruit de tous les efforts déployés depuis 20 ans ne doit pas être rasé en un an, car ce n’est pas de notre faute, ce qui arrive
, a plaidé l’entrepreneur.
À l’Érablière du Cap, à Lévis, on tient une salle de réception en plus de la production de sirop d’érable. Nous sommes devant un calendrier blanc. On prévoit que la situation redeviendra quasi normale d’ici 3 à 5 ans
, a expliqué la copropriétaire Christine Tardif, qui gère l’entreprise familiale avec ses parents et ses deux sœurs.
L’entreprise s’est beaucoup diversifiée au cours des dernières années afin, a-t-elle dit, de la faire vivre 12 mois par année
. Et tout s’est écroulé en mars dernier.
On était prêt à avoir plus de 20 000 personnes en deux mois, on a eu 150 personnes lors du week-end du 14 et 15 mars. On avait énormément d’inventaires à écouler, nos congélateurs et nos frigidaires étaient pleins à ras bord
, a-t-elle illustré.
Ils se sont retournés, ont offerts des boîtes repas en ligne, et pendant deux mois, ce fut un succès. Depuis la mi-mai, plus rien par contre, les revenus ont disparu.
Ça nous prend de l’aide à court terme. Sinon, on ne sait pas où l’entreprise familiale va aller.
Secteur durement touché
Dans le contexte de la pandémie, il est facile de comprendre comment les érablières et les salles de réception ont du mal à survivre.
Le simple fait de ne pas pouvoir danser, par exemple, ampute de beaucoup l’expérience d’une visite à la cabane à sucre, ou plus encore, d’un mariage.
Environ 30 % des salles de réception et des restaurants envisagent d’ailleurs sérieusement la faillite, selon les résultats d’une étude de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
« Les programmes de prêt des gouvernements ont été utiles, mais ils ont atteint leurs limites pour ces PME qui ne réalisent presque plus de ventes », souligne la FCEI.
« Les cabanes à sucre et les salles de réception réclament un programme d’aide d’urgence pour les aider à surmonter cette crise sans précédent. »
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec