« Presque tous les hommes peuvent faire face à l’adversité, mais si vous voulez tester le caractère d’un homme, donnez-lui le pouvoir. »
— Abraham Lincoln (1809-1865), 16e président des États-Unis, 1861-1865.
« Nous devons rejeter la notion que nos villes sont des « champs de bataille » que nos militaires en uniforme sont appelés à « dominer ».
…Nous devons rejeter et tenir responsables ceux qui, au pouvoir, voudraient se moquer de notre constitution. »
—James Mattis (1950- ), général étasunien et ancien secrétaire à la Défense (2017-2019), dans un texte paru le mercredi 3 juin, 2020.
« Je me refaire à l’article 2 [de la Constitution étasunienne], lequel me donne le droit de faire ce que je veux, en tant que président. »
— Donald Trump (1946-), déclaration faite lors d’un discours au ‘Teen Action Summit’ de Turning Point USA, le 23 juillet 2019.
« Un système autocratique de coercition, à mon avis, dégénère rapidement. Car la force attire toujours des hommes avec un bas niveau de moralité, et je crois que c’est une règle invariable que les tyrans de génie sont suivis par des scélérats. C’est pourquoi, j’ai toujours été passionnément opposé à des systèmes tels que ceux qui prévalent aujourd’hui en Italie et en Russie. »
— Albert Einstein (1879-1955), [dans ‘How I see the world’, (‘Comment je vois le monde’), publié à Londres, en 1935].
Le début de septembre est traditionnellement considéré comme le dernier tournant de la campagne présidentielle des États-Unis, dont l’élection est prévue cette année pour le 3 novembre.
Du côté démocrate, les dés sont jetés. Le vice-président Joe Biden (1942- ) sera le candidat démocrate à la présidentielle de ce parti. On sait aussi que M. Biden a été soumis à des pressions intenses, après son annonce qu’il choisirait une femme comme colistière. Il a finalement jeté son dévolu sur la sénatrice Kamala Harris* de la Californie, élue en 2016. Cette dernière sera la candidate démocrate à la vice présidence, lors de l’élection de novembre. C’est une décision stratégique importante … pour le meilleur ou pour le pire. Elle sera la première femme noire et la première Étasunienne d’origine asiatique sur le ticket présidentiel d’un grand parti.
M. Biden a décidé de faire plaisir à sa base en choisissant une candidate à la vice-présidence qui vient de la Californie, un État déjà perçu comme faisant partie du giron démocrate. Ce faisant, il a ignoré d’autres candidates qui avaient plus d’expérience administrative et gouvernementale que Mme Harris.
Du côté républicain, l’actuel occupant de la Maison-Blanche, le président Donald Trump aura toute une côte à remonter, si on se fie aux sondages, s’il veut s’accrocher au pouvoir.
Aux États-Unis, ce n’est pas le vote populaire qui détermine le gagnant aux élections présidentielles. Pour ce faire, il faut plutôt gagner la majorité absolue du système du Collège électoral archaïque. Sinon, il y aurait eu un président Al Gore en 2000 et une présidente Hillary Clinton en 2016 !
Le vice-président Biden fait partie de la scène politique étasunienne depuis près de cinquante ans. C’est un politicien pragmatique et prudent.
Il a été sénateur étasunien, réélu six fois, et pendant huit ans, il a été vice-président des États-Unis dans le gouvernement de Barack Obama (2009-2017). Personne ne peut dire que M. Biden manque d’expérience dans les affaires publiques, ni qu’il est un nouveau venu, pour le meilleur ou pour le pire.
• Un gouvernement Biden n’aura pas nécessairement la tâche facile
Premièrement, une administration Biden devra composer avec une dette publique gonflée, un legs de l’administration Trump. Cela rendra plus difficile de lancer de coûteux nouveaux programmes de dépenses, sans entraîner des hausses d’impôts.
Deuxièmement, M. Biden a subi de fortes pressions pour adopter un programme politique de centre-gauche. L’objectif premier était de rallier à la cause démocrate les partisans du sénateur Bernie Sanders. Cependant, cela pourrait également être un point de friction important avec d’autres segments de l’électorat.
Personnellement, je vois deux types de politiques qui pourraient saper sa popularité et nuire à sa volonté d’unir la nation étasunienne.
En effet, en matière de politique étrangère, une présidence de Biden sera entachée par le soutien inconditionnel que M. Biden a accordé, dans le passé, au gouvernement israélien et à son mauvais traitement des Palestiniens. Cela pourrait signifier une plus grande implication étasunienne dans des guerres au Moyen-Orient. C’est peut-être une réalité dérangeante, mais les deux principaux partis politiques aux États-Unis sont tous les deux des partis bellicistes, en matière de politique étrangère.
En matière de politique intérieure, il y a aussi la position ambivalente de M. Biden sur la question de l’immigration clandestine. Celle-ci pourrait également produire un ressac, notamment chez les travailleurs cols bleus, alors que l’on s’attend à une période de faible croissance économique pour les prochaines années.
Il y a d’autres questions importantes dans son programme, qui seront mieux connues au cours des prochaines semaines et lesquelles pourraient également soulever des controverses. D’une façon toute particulière, les démocrates ne doivent pas se désintéresser du sort des travailleurs peu ou sous scolarisés.
Pour le moment, ce n’est que lorsque les politiques du candidat Biden seront pleinement élaborées qu’il faudra voir si elles reçoivent ou non l’approbation du peuple étasunien. — Le principal attrait électoral de Joe Biden est le fait qu’il n’est pas Donald Trump, que c’est un adulte et qu’il n’utilise pas Twitter pour faire connaître ses états d’âme en pleine nuit.
• Les défies que le prochain président devra relever
Un président élu doit s’appuyer à la fois sur son expérience et sur son caractère pour faire face à la grave crise économique et sociale que traverse le pays.
Tel n’était pas le cas, cependant, du candidat Donald Trump en 2016, même si ce dernier avait auparavant été l’animateur d’une émission de téléréalité, en plus d’être le propriétaire d’hôtels et de casinos. Certains connaissaient son nom, mais la plupart n’avaient pratiquement aucune idée de son caractère autocratique et despotique et de son manque de qualifications pour diriger le gouvernement étasunien. Aujourd’hui, ils le savent davantage.
Il serait peut-être utile de revoir et de résumer les principales critiques soulevées sur le caractère et les comportements de M. Trump, afin d’évaluer quel type de président il a été.
• Donald Trump a montré qu’il était un provocateur et une personne qui recherche le pouvoir pour le pouvoir
Depuis son élection à la présidence des États-Unis avec moins d’appuis que son principal adversaire, le 8 novembre 2016, le magnat Donald Trump a montré qu’il était un adepte de la provocation et de la confusion. Il a été l’image même du politicien « assoiffé de pouvoir», malgré le fait qu’il fut terriblement mal préparé pour occuper le poste de président. Il a été un leader des plus téméraires. Effectivement, depuis son investiture, le règne de M. Trump a été une suite ininterrompue de scandales, de gaffes, de controverses et de menaces intempestives et irresponsables.
Sa stratégie politique a été d’adopter une politique de puissance et d’encourager la polarisation et les divisions dans la population, en opposant un groupe à un autre, avec l’espoir de tirer profit du chaos politique et social qui s’en est suivi. Il est même allé jusqu’à envoyer des agents fédéraux, vêtus de costumes militaires, dans certaines villes étasuniennes et cela, malgré les objections des maires et des gouverneurs.
• Un président anti-science et mal informé
Il est incontestable que le président étasunien Donald Trump a été l’occupant de la Maison-Blanche le plus ouvertement anti-science et anti expertise de tous les temps. Il s’est entouré de personnes les moins compétentes qu’il ait pu trouver, pourvu qu’elles soient « fidèles » à sa personne et soient prêtes à baiser sa bague. Il a mis à la porte de nombreux hauts fonctionnaires compétents quand ces derniers ne se pliaient pas à son pouvoir autocratique. — Il s’en est suivi une succession d’échecs dans presque tous les domaines.
• Les échecs de Trump dans sa gestion de la crise du coronavirus
Un exemple parmi plusieurs : Dès février 2020, la maladie de la Covid-19 progressait rapidement dans de nombreux pays. Des experts sonnaient l’alarme et prévoyait une éventuelle pandémie mondiale, laquelle pourrait faire des millions de victimes et qui pourrait s’accompagner de graves bouleversements économiques. On anticipait alors que des millions d’Étasuniens pourraient être infectés et des centaines de milliers pourraient en mourir.
Mais Donald Trump prenait le tout à la légère. Il niait même que son pays pourrait être touché et il repoussait du revers de la main les préoccupations des experts. Il prétendait que la crise du coronavirus était un canular monté de toute pièce par ses adversaires démocrates, (une attaque insensée que l’on dit avoir été concoctée par son gendre, Jared Kushner). Certaines autres initiatives de Kushner se sont aussi soldées par un échec.
Particulièrement répugnantes ont été les attaques pathétiques de Donald Trump contre des médecins luttant contre la pandémie, laquelle s’est accélérée aux États-Unis en raison de son incompétence et de sa tromperie.
• Une faille importante de caractère chez M. Trump : faire porter le blâme à d’autres que lui-même
C’est une tendance maintes fois observée chez Donald Trump de refuser toute responsabilité dans l’adversité, préférant rejeter la faute sur d’autres personnes et chercher constamment des boucs émissaires pour couvrir ses échecs et ses manquements.
À titre d’exemple, il est même allé jusqu’à insulter le gouverneur de l’État de Washington, Jay Inslee, en le qualifiant de « serpent », pour avoir simplement demandé une aide fédérale accrue pour lutter contre l’une des pires pandémies jamais vue dans son état.
• Le caractère de Donald Trump : égocentrique, grossier, porté à se bercer d’illusions délirantes et très peu présidentiel
De nombreux observateurs qualifiés, certains ayant travaillé en tant que proches collaborateurs de M. Trump, certains auteurs et certains professionnels, se sont penchés sur son caractère tout à fait particulier.
Ils l’ont fait, dans des livres et dans d’autres écrits, ici, ici, ici, ici et ici encore. Ils ont tracé un portrait peu élogieux de l’actuel occupant de la Maison-Blanche, à la fois en tant qu’individu et en tant que politicien. Les qualificatifs utilisés à son endroit ne sont pas très flatteurs et certains sont même effrayants.
Certains observateurs qui le connaissaient bien étaient même terrifiés à l’idée qu’un tel individu, connu pour faire son autopromotion d’une manière impitoyable, puisse vouloir, un jour, devenir président des États-Unis.
Aussi, ils ont souligné son indéniable goût pour la bagarre, pour l’improvisation et pour lancer des calomnies à quiconque le critique. Ils ont observé chez lui des signes de démence, de méchanceté, d’illusion fabuleuse et d’autocongratulation. Ils ont dit craindre son ambition égocentrique démesurée pour le pouvoir absolu et le fait qu’il semble gouverner, avant tout, pour ses intérêts personnels et par calcul électoral. Ainsi, c’est bien connu que Donald Trump utilise le pouvoir de sa fonction pour punir ses adversaires politiques.
• Les mensonges systématiques et les attaques répétées de Donald Trump contre les médias
M. Trump, c’est bien connu, est un menteur invétéré. Il recourt constamment à des mensonges, à des fabrications et à de fausses prétentions, et cela, d’une façon systématique. En effet, Trump est une personne qui ne peut s’empêcher de mentir. Il a un énorme problème avec la vérité, et il ne tolère pas les critiques, surtout celles venant des médias. C’est là le signe d’une personne immature.
De même, son penchant à vouloir rabaisser les femmes journalistes avec des diatribes misogynes est un très mauvais trait de caractère. Avec un tel caractère exploiteur, il n’est pas étonnant que M. Trump ait été accusé, devant les tribunaux, de viol. On a rapporté aussi de nombreux autres cas d’agression sexuelle de sa part. Des attaques répétées contre des journalistes, masculins ou féminins, constituent aussi une menace sérieuse à la liberté de presse et à la liberté d’expression, en plus d’exhiber un manque élémentaire de savoir-vivre.
• M. Trump a été un facteur de chaos et d’instabilité
En tant que politicien, Donald Trump aime dire qu’il n’a pas d’adversaires ou des opposants, mais qu’il a, dans sa vision paranoïaque des choses, des « ennemis ». Dans une démocratie, qualifier les opposants politiques d’ennemis est une rhétorique de dictateurs et une vision totalitaire de la politique. Une telle approche et son obsession pour tout ce qui est militaire devraient susciter des inquiétudes.
Il se complait dans la provocation et il est passé maître dans la manipulation. Il n’hésite guère à détruire des réputations quand cela sert ses intérêts personnels. Certains critiques de Donald Trump ont également vu en lui une personne foncièrement égoïste, sans boussole morale et souffrant d’un complexe de narcissisme autoritaire.
• Un politicien excessivement nationaliste
À plusieurs reprises, Donald Trump s’est littéralement drapé du drapeau étasunien, comme s’il s’agissait d’un bien personnel. Aussi, pour courtiser les chrétiens évangéliques, il a souvent prétendu que « Dieu est de notre côté », un slogan politique utilisé en Allemagne nazie dans les années ’30, avec la phrase « Gott mit uns » (Dieu est avec nous). Un autre signe de sa profonde hypocrisie, le soi-disant « bon chrétien » Donald Trump, souvent vu avec une Bible dans la main et friand de photos de nature religieuse, est connu pour constamment tourner en ridicule ses adversaires, en les calomniant, en les insultant et en les dénigrant.
En fait, les personnes qui ont été les cibles de grossièretés et d’insultes de la part de Donald Trump sont légions.
Dans son rôle de politicien, Donald Trump se positionne comme ultranationaliste. Nombreux sont les observateurs qui le trouvent malhonnête et peu fiable, en plus d’être un “loose cannon” et d’être souvent en conflits d’intérêts.
• Trump a tout fait pour isoler les États-Unis et pour insulter les pays alliés
Au cours des quatre dernières années, le président Donald Trump s’est employé à couper les liens historiques entre son pays et le reste du monde. Il a annulé unilatéralement de nombreux traités internationaux et il a suscité des conflits avec plusieurs pays et nombre d’organisations internationales.
Ainsi, le 1er juin 2017, et sans consulter qui que ce soit, M. Trump a annoncé que les États-Unis allaient se retirer unilatéralement de l’Accord de Paris sur le changement climatique.
Et, aussi récemment que le 21 mai dernier, toujours sans consulter personne, Donald Trump a annoncé que les États-Unis allaient se retirer du traité sur le contrôle des armes Ciel ouvert, un traité vieux de 30 ans, lequel permettait des vols d’inspection mutuelle entre les pays, comme assurance contre des préparatifs de guerre.
Donald Trump s’apprête également à sortir son pays du seul traité majeur sur les armes nucléaires avec la Russie, soit le Nouveau traité START (Traité de réduction des armes stratégiques), signé le 8 avril 2010. Ce dernier a pour objectif de limiter le nombre de missiles nucléaires déployés. Sa résiliation serait de nature à augmenter le risque d’une guerre nucléaire, dans les années à venir, avec des conséquences catastrophiques pour le monde entier. Donald Trump est un pyromane qui aime jouer avec le feu ; il n’est certainement pas un pompier ou un artisan de la paix. …Et la liste des exemples s’allonge de jour en jour.
Ajoutez à tout cela le fait que l’administration Trump s’est engagée dans un programme accru de déploiement d’armes nucléaires, et l’image ressort clairement d’un président Donald Trump qui est un chef d’État extrêmement dangereux.
• Les tensions économiques et politiques entre les États-Unis, d’une part, et la Chine et l’Iran ou le Venezuela, d’autre part, sont en hausse
Les frictions entre les États-Unis et la Chine semblent se durcir et se multiplier. Ceci pourrait devenir un foyer d’étincelles et mener à un important conflit hégémonique entre les deux pays.
On aimerait voir l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et les Nations unies jouer un rôle plus actif pour trouver des solutions à de tels conflits. Cependant, force est de constater que Mr. Trump a eu tendance à ignorer ces deux institutions internationales depuis son élection, préférant plutôt suivre sa propre idéologie conflictuelle.
L’historien britannique Arnold Toynbee a observé que la dynamique des relations internationales avait conduit à des guerres hégémoniques désastreuses au début de chacun des six derniers siècles. Les dernières grandes guerres mondiales ont été la Première Guerre mondiale (1914-1918) au début du XXe siècle, laquelle mena à son tour à la Seconde Guerre mondiale (1939-1945). L’histoire pourrait se répéter, surtout lorsque des individus instables et ignorants de l’histoire sont à la tête de pays puissamment armés.
Il faut aussi craindre une escalade des tensions entre les États-Unis et l’Iran, suite à une campagne incessante du gouvernement d’Israël en ce sens. Une guerre étasunienne d’agression contre l’Iran ferait beaucoup pour déstabiliser encore davantage le Moyen-Orient. Il ne faut pas oublier, non plus, les visées du gouvernement Trump dans les affaires intérieures du Venezuela. Et c’est sans compter les sanctions inhumaines et odieuses que l’administration Trump a imposées à la Syrie.
C’est un constat quasi unanime : en politique étrangère, le président étasunien Donald Trump a fait beaucoup de dommages, et il faudra à une autre administration de nombreuses années avant de pouvoir réparer les pots cassés.
• Conclusions
À moins d’être complètement aveuglé par l’idéologie ou la partisannerie, force est de conclure que Donald Trump, avec son caractère erratique et très déficient, constitue une menace sérieuse pour la liberté et la prospérité étasunienne, de même que pour la paix dans le monde.
Ce n’est pas parce qu’un individu est l’héritier d’une fortune qu’il peut se permettre d’être vulgaire, grossier, vil, intolérant et se croire au-dessus des lois, en plus d’agir en tyran malveillant. En temps ordinaire, un tel comportement doit être dénoncé. — En temps de crise, un tel comportement conduit au désastre.
En quatre ans, Donald Trump a fait plus pour détruire l’image des États-Unis et sa réputation dans le monde qu’une guerre ne l’aurait fait. — Le pays est plus isolé sur la scène internationale qu’il ne l’a été depuis un siècle.
À l’intérieur, le système judiciaire étasunien est en lambeaux. La « règle de droit » a plus ou moins été remplacée arbitrairement par la « règle du Donald ». — La loi, c’est lui ! En réalité, le gouvernement constitutionnel étasunien évolue dangereusement vers une dictature de facto. Donald Trump intervient fréquemment dans le fonctionnement du système judiciaire, comme aucun président avant lui ne l’a fait. Il s’agit clairement d’un abus de pouvoir.
Et, peut-être tout autant troublant, il a licencié des procureurs, quand ces derniers enquêtaient sur des personnes de son entourage, ce qui est un conflit d’intérêts manifeste et une attaque contre la division des pouvoirs.
Le pays est plus divisé qu’il ne l’a été depuis des décennies. Les disparités de revenus et de richesse sont plus marquées qu’elles ne l’ont été en un siècle. Et le système de santé étasunien est une industrie non réglementée qui facture des prix exorbitants et qui est une menace à la santé de larges segments de la population.
Et pour couronner le tout, les perspectives économiques sont mauvaises. En effet, l’économie étasunienne dépend dangereusement du complexe militaro-industriel, lequel siphonne chaque année des centaines de milliards de dollars de recettes fiscales à son profit. De plus, une grande partie des fonds récemment utilisés pour renflouer l’économie, à la suite du choc du coronavirus, proviennent d’une impression de monnaie.
Cette manne a surtout profité aux très riches lesquels, à leur tour, s’en sont servis pour doper le cours des actions de compagnies et le ramener à des niveaux d’avant crise. Un tel recours systématique à la planche à billets a de fortes chances de se transformer en une importante future taxe d’inflation. Les grands perdants seront, dans un premier temps, les épargnants et les retraités à revenus fixes. Mais, comme ce genre d’exubérance monétaire, financée en imprimant de la nouvelle monnaie en grandes quantités, crée des conditions propices à un krach financier, tout le monde finira, tôt ou tard, par être perdant.
À la base, Donald Trump n’est pas un administrateur. Il n’avait aucune expérience de comment gérer un gouvernement. Ses connaissances en économique sont rudimentaires. Il semble ignorer totalement comment fonctionne le système de commerce international multilatéral. — Trump est fondamentalement un ‘m’a-tu-vu’ extrêmement égocentrique. Après quatre ans d’un spectacle de cirque à la Maison-Blanche, il serait temps que les Étasuniens cherchent ailleurs que chez leurs dirigeants, pour trouver du divertissement.
Un signe d’espoir : Une nette majorité d’Étasuniens semblent en avoir assez de ses excentricités et de son incompétence. Il ne faut pas se surprendre qu’un sondage récent indique qu’une majorité d’Étasuniens étaient angoissés et malheureux. En fait, l’agence Pew Research rapportait, en juin dernier, qu’une très grande majorité (87%) d’Étasuniens se déclaraient insatisfaits de la façon dont les choses évoluaient dans leur pays.
On ose croire qu’un grand pays comme les États-Unis mériterait mieux. En effet, les États-Unis sont à un tournant politique important. Si Donald Trump était réélu en novembre prochain, on doit s’attendre à ce que les institutions démocratiques étasuniennes soient en péril comme jamais auparavant, parce que vous pouvez être certain qu’il continuera à faire de la politique partisane avec la Constitution étasunienne. Son désir le plus profond a toujours été de « gouverner par décret ».
Voilà pourquoi, en toute logique, cette élection étasunienne de novembre devrait être un référendum sur le candidat Donald Trump et sa vacuité. Cependant, M. Trump n’aimerait rien de mieux que de mener une campagne politique sur le thème « de la loi et l’ordre », et éviter une élection sur sa personnalité et son bilan.
La question qui tue : Les dirigeants démocrates joueront-ils son jeu et avaliseront-ils implicitement le règne de la rue? Si la réponse devait être positive, et surtout si M. Biden ne dénonçait pas les exemples évidents d’anarchie, alors on doit s’attendre à ce que les appels à la loi et à l’ordre deviennent plus pressants.
Dans un tel scénario, les résultats de l’élection du 3 novembre pourraient être plus serrés que ce que les sondages indiquent présentement, même si les probabilités de succès favorisent l’élection d’un président Biden. — À condition qu’il y ait une élection, car M. Trump n’aimerait rien de mieux que de discréditer l’élection ou de la faire reporter,… sine die!
Rodrigue Tremblay
*Kamala Harris « est la fille de Donald Harris, économiste et professeur émérite à l’université Stanford, originaire de la Jamaïque, venu aux États-Unis en 1961 pour faire un doctorat à l’université de Californie à Berkeley2, et de Shyamala Gopalan, scientifique spécialiste du cancer du sein, originaire du Tamil Nadu en Inde et venue aux États-Unis en 1960 pour faire un doctorat d’endocrinologie à l’université de Californie à Berkeley. »(Wikipédia)
Le Prof. Rodrigue Tremblay est professeur émérite d’économie à l’Université de Montréal et lauréat du Prix Richard-Arès pour le meilleur essai en 2018 « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 », (Fides). Il est titulaire d’un doctorat en finance internationale de l’Université Stanford.
On peut le contacter à l’adresse suivante : [email protected].
Il est l’auteur du livre « Le nouvel empire américain » et du livre « Le Code pour une éthique globale », de même que de son dernier livre publié par les Éditions Fides et intitulé « La régression tranquille du Québec, 1980-2018 ».
Site Internet de l’auteur : http://rodriguetremblay.blogspot.com/
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