À 18h08 mardi, les cloches des églises ont retenti et les mosquées ont lancé simultanément l’appel à la prière, à l’heure exacte à laquelle l’explosion du port de Beyrouth ravageait la capitale libanaise le 4 août.
L’énorme explosion qui a dévasté il y a une semaine des quartiers de Beyrouth a fait 171 morts et plus de 6000 blessés, selon un nouveau bilan dévoilé mardi par le ministère de la Santé. Le séisme politique qui a suivi a déjà provoqué la chute du gouvernement lundi.
À l’entrée du port, plusieurs centaines de personnes, pour la plupart vêtues de blanc, se sont rassemblées, certaines venues de Gemmayzé, un quartier tout proche dévasté par l’explosion.
Brandissant des pancartes affichant chacune le nom d’une victime, sa nationalité et un cèdre vert, emblème du Liban, elles se sont mises au garde-à-vous à l’heure exacte à laquelle s’est produite l’explosion qui a soufflé des quartiers entiers. Certains pleuraient, d’autres retenaient à grand-peine leurs larmes.
Des images de l’explosion et de scènes de panique suscitées dans les quartiers proches du port, transformés en champs de ruines chancelantes, étaient diffusées sur un écran géant. « Nous ne ferons pas notre deuil, nous ne porterons pas le noir avant d’avoir enterré le pouvoir », a lancé l’un des orateurs. Une autre égrainait l’interminable liste des noms des victimes, qui défilaient aussi sur l’écran.
« “Tous”, ça veut dire “tous” », scandait-on parmi les centaines de personnes venues rendre hommage aux victimes, pour réclamer le départ de la classe politique qu’elles rendent responsable du drame.