Force est de constater que tout est actuellement superlatif dans ces États-Unis de la plus grande crise économique, et sociale, et politique et sanitaire de leur histoire ! Alors, il ne reste pour compléter ce tableau de fin du monde qu’une “bonne” guerre civile qui viendra décider du sort pas seulement des ambitions fascisantes et dictatoriales de ce Caligula de nos temps qu’est le président Trump, mais aussi et surtout de l’Establishment étasunienqui l’a fait naître, grandir et régner sur le monde entier…
Nous voici donc confrontés au spectre de la guerre civile qui plane désormais sur la super-puissance mondiale. En réalité, beaucoup sinon tout dépendra des “humeurs” (par définition imprévisibles) du psychopathe raciste qui ne manifeste la moindre disponibilité de respecter le verdict des urnes et d’abandonner “volontairement” la Maison Blanche. D’ailleurs, vue sous cet angle, toutes ses innombrables initiatives -apparemment improvisées et incohérentes – de neuf ou douze derniers mois acquièrent un sens. En effet, Trump est en train de tout faire pour éviter sa défenestration de la Maison Blanche. De quelle manière ? Tout d’abord, en « préparant » des élections à sa mesure, purgeant les listes électorales de millions d’électeurs « indésirables », diminuant drastiquement le nombre de bureaux de vote frequentés par les afro-américains et les latinos, empêchant ou interdisant le vote par correspondance, etc.
Ensuite, et au cas où cette « préparation » des élections n’aurait pas les résultats souhaitées, Trump conteste déjà systématiquement son déroulement et son résultat le qualifiant par avance… de frauduleux. Ou mieux, au cas où toutes ses manœuvres restent sans effet, il tâte déjà le terrain pour reporter les élections « pour plus tard ». Et enfin, pour couronner tout ça, Trump prépare son coup de force, c’est à dire sa résistance contre toute tentative (électorale ou autre) de le chasser du pouvoir, en expérimentant déjà depuis des mois diverses actions de ses partisans « légaux » (police) ou illégaux (milices paramilitaires) qui ont comme dénominateur commun l’exercice de la violence physique contre ses adversaires.
En somme, Trump n’exclut aucun scenario et se prépare à toute éventualité avec comme seul objectif de rester coûte que coûte cramponné au pouvoir. Il y a deux ans, on était peut être deux ou trois de par le monde, pour dire que Trump n’accepterait jamais d’abandonner la Maison Blanche, mais aujourd’hui même la grande presse et les plus éminents représentants de l’Establishment étasunien affirment – enfin – publiquement la même chose. La conclusion à tirer est évidente : Alors, va-t-on voir les États-Unis plonger dans la guerre civile ? Notre réponse est nécessairement nuancée : oui, on ne peut pas du tout exclure que Trump fasse le choix du pire. Mais en même temps, le déclenchement d’une « vraie » guerre civile ne dépend pas seulement de lui…
Pour être plus précis, dans l’actuel cas nord-américain, le terme « guerre civile » pourrait couvrir plus d’une réalité, de l’affrontement frontal prolongé des millions de gens (citoyens et/ou militaires) armés à des escarmouches ou même des actes de terrorisme d’une certaine ampleur menés de façon systématique contre le camp ennemi. Étant donné l’isolement et les échecs successifs de Trump, on serait enclin à penser que la variante de l’affrontement frontal prolongé des millions d’Etasuniens est actuellement la moins probable, mais sans qu’elle soit totalement exclue. En réalité, la fidélité sans faille (?) des divers corps (militarisés) de police envers Trump n’étant pas suffisante pour faire pencher la balance en sa faveur, beaucoup dépendra de la position que prendra l’armée du pays si Trump décide de se barricader dans la Maison Blanche. Si ça dépendait de son état major et de ses généraux, il n’y a pas de doute qu’elle se rangerait aux cotés des adversaires de Trump. Cependant, dans ces cas, le rôle déterminant n’est pas joué par les généraux mais plutôt par les colonels, et il n’est pas exclu que les purges dans l’armée menés actuellement tambour battant par Trump, aient comme résultat que cette armée se déclare globalement « neutre », ne soit que pour ne pas se voir transformée elle-même en champ (privilégié) de bataille de l’affrontement civil…
Ceci étant dit, beaucoup plus probable nous parait être la variante d’une guerre civile de moindre intensité qui s’apparente à une explosion plutôt « anarchique » des actes de terrorisme aveugle mais jouissant d’un certain soutien de masse, exercés en priorité contre les institutions mais aussi contre les minorités afro-américaines, latinos et indigènes ainsi que contre les forces progressistes et de gauche. Pourquoi ? Mais, parce que selon des centaines de sondages, il y a toujours un 28 %-33 % bétonné de la population qui suit aveuglement Trump depuis 4 ans, et chose encore plus grave, il y a une aile importante de ce peuple trumpiste qui se déclare prête à se battre pour lui car il se reconnaît pleinement dans ses « valeurs » racistes, misogynes, suprémacistes blanches, islamophobes, antisémites, complotistes, obscurantistes et néo-fascistes.
Évidemment, le fait que l’actuelle crise cataclysmique aux EUn’a pas de précédent historique rend les prévisions très difficiles, d’autant plus que son protagoniste Trump est non seulement fortement déséquilibré mais aussi presque totalement incontrôlable car isolé – après les purges successives de ses proches collaborateurs – dans sa tour d’ivoire. Cependant, il y a un précédant historique qui offre de grandes similitudes avec ce qui se passe et ce qui pourrait se passer très prochainement aux États-Unis : c’est la toute dernière période du Troisième Reich qui a vu son chef, mais aussi un nombre important de ses militaires et même de citoyens allemands de tous âges, se battre jusqu’au bout dans les combats sans espoir d’une guerre perdue depuis belle lurette !
Le fait qu’avec ou même… sans Trump, il y a actuellement dans cette société en ruine ultra-polarisée, divisée et traversée par des haines abyssales des foules considérables de fanatiques d’extrême droite armées jusqu’aux dents et décidées d’en découdre une fois pour toutes avec ceux qu’ils considèrent comme leurs ennemis mortels. Et si les plusieurs centaines de milliers de prétoriens de Trump que sont les policiers sont en principe « contrôlables », la même chose n’est pas valable pour les dizaines de milliers de membres des milices racistes et/ou néo-fascistes qui sont célèbres pour leur paranoïa exacerbée. Dans un pays comme les États-Unis plus que surarmé et habitué aux massacres et aux tueries de tout ordre, même une guerre civile de basse intensité menée par quelques centaines de ces milices racistes et néofascistes pourrait non seulement provoquer des véritables bains de sang, mais aussi et surtout influer gravement sur le cours de l’histoire étasunienne et mondiale. Exactement comme la résistance désespérée et profondément nécrophile autour du dernier bunker du Führer à Berlin a influencé ou même changé le cours de l’histoire allemande et mondiale de la deuxième moitie du XXe siècle !
Il va sans dire que la condition sine qua non pour que Trump et ses acolytes parviennent a leurs fins est qu’ils triomphent du mouvement populaire de masse qui veut non seulement chasser Trump du pouvoir mais aussi changer radicalement les Etats-Unis et le monde entier. Mais, de ce mouvement populaire grandissant et toujours plus radical on parlera dans notre prochain article.
Notes
1. Voir notre précédent article « Les États-Unis à l’heure de leur vérité » (https://www.cadtm.org/Les-Etats-Unis-a-l-heure-de-leur-verite)
Et aussi, deux articles écrits en Mars et en Octobre 2019, aux titres éloquents : « Les États-Unis un pas avant la guerre civile » (https://www.cadtm.org/Les-Etats-Unis-un-pas-avant-la-guerre-civile), et « Le spectre de la guerre civile hante déjà les États-Unis d’Amérique » (https://www.cadtm.org/Le-spectre-de-la-guerre-civile-hante-deja-les-Et…)
* Des milliers de textes, vidéos et images de première main venant des États-Unis et concernant tout ce qui se passe au sommet mais surtout à la base de la société nord-américaine, sont postés heure après heure sur le Facebook « Europeans for Bernie’s Mass Movement » que nous avons lancé il y a plus de 4 ans et que nous conseillons vivement aux lecteurs et lectrices de gauche : https://www.facebook.com/EuropeansForBerniesMassMovement/
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir