Le Hezbollah en guerre (8) : l’impasse politique et le ‘mensonge’ de Hassan Nasrallah (9 août 2006)

Le Hezbollah en guerre (8) : l’impasse politique et le ‘mensonge’ de Hassan Nasrallah (9 août 2006)

Discours du Secrétaire Général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah le 9 août 2006, au 28e jour de la guerre d’annihilation déclenchée par Israël.

Tous les discours de Nasrallah durant la guerre de 2006, censurés par Vimeo (après Youtube et Facebook), seront publiés cet été à leur date anniversaire.

Traduction : lecridespeuples.fr

Si ce n’est pas le chef du gouvernement (libanais, Fouad Siniora) qui a mené les négociations en notre nom, ce n’est pas parce qu’il était sunnite, mais parce qu’il n’était pas digne de confiance, en toute franchise. Il était absolument impossible de se fier à lui depuis le tout début et jusqu’aux derniers instants (de la guerre). Malheureusement, la bataille politique la plus ardue en vue des négociations (de cessez-le-feu) ne fut pas contre les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne ou le Conseil de Sécurité, mais contre le chef du gouvernement (libanais, Fouad Siniora) et son parti politique. Si on s’était mis à leur merci, ils nous auraient exécutés. […] Depuis leur création, le véritable objectif des forces du 14 Mars n’est pas de protéger ou défendre le Liban, ou d’établir une stratégie de défense nationale. Leur seul objectif est qu’on se débarrasse des armes de la Résistance. Hassan Nasrallah, 14 août 2013.

Tant que les Etats-Unis ont cru qu’Israël pourrait, avec davantage de temps, infliger des pertes significatives au Hezbollah, ils se sont opposés à toute proposition de cessez-le-feu, usant et abusant de leur droit de veto au Conseil de Sécurité. Mais lorsqu’il est devenu clair qu’Israël ne parviendrait pas à s’imposer militairement face au Hezbollah et ne faisait que s’enliser dans un conflit sans issue, il s’est agi pour leurs parrains américains, secondés par leurs vassaux britanniques et français, de faire voter la résolution de cessez-le-feu la plus favorable qui soit pour Israël, afin de lui accorder par la voie diplomatique ce qu’il a été incapable d’obtenir par la force des armes.

Le 26 juillet, le gouvernement libanais a proposé un projet de cessez-le feu en sept points qui est longuement évoqué dans ce discours. En voici la traduction intégrale :

Le Liban appelle à un cessez-le-feu immédiat et complet et à un accord sur les points suivants :

1. Un effort visant à libérer les prisonniers et détenus libanais et israéliens par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge.

2. Le retrait de l’armée israélienne derrière la Ligne Bleue et le retour des personnes déplacées dans leurs villages.

3. Un engagement du Conseil de sécurité des Nations unies à placer la zone des fermes de Chebaa et les collines de Kfar Chouba sous la juridiction des Nations unies jusqu’à ce que la délimitation de la frontière et la souveraineté libanaise sur celles-ci soient pleinement établies. Pendant qu’elle sera sous l’autorité de l’ONU, la zone restera accessible aux propriétaires libanais. De plus, Israël remettra à l’ONU toutes les cartes de mines antipersonnel restantes pour le sud du Liban.

4. Le gouvernement libanais étendra son autorité sur son territoire par le biais de ses propres forces armées légitimes, de sorte qu’il n’y aura aucune arme ou autorité autres que celles de l’État libanais, comme stipulé dans le document de réconciliation nationale de Taef.

5. L’opération de la force internationale des Nations Unies au Sud-Liban sera complétée et renforcée en effectifs, en équipements, en mandat et en portée, selon les besoins, afin de pouvoir entreprendre les opérations humanitaires et de secours urgentes et de garantir la stabilité et la sécurité dans le sud, de sorte que ceux qui se sont enfuis de leurs maisons puissent y revenir.

6. L’ONU, en coopération avec les parties concernées, prendra les mesures nécessaires pour appliquer à nouveau l’accord d’armistice signé par le Liban et Israël en 1949 et pour assurer le respect des dispositions de cet accord, et explorer les modifications possibles et les développements de ces dispositions qui s’avèreront nécessaires.

7. La communauté internationale s’engage à soutenir le Liban à tous les niveaux et à l’aider à faire face au lourd fardeau résultant de la tragédie humaine, sociale et économique qui a frappé le pays, en particulier dans les domaines de l’aide d’urgence, de la reconstruction et de la restauration de l’économie nationale.

Ce projet de cessez-le feu, aux yeux de Hassan Nasrallah, préservait le minimum des intérêts nationaux libanais, même s’il n’allait pas jusqu’à condamner Israël pour son agression et ses crimes. Ceux-ci étaient incomparables avec l’acte de guerre légitime que constitua la capture de deux soldats israéliens en vue d’un échange de prisonniers, qui fut unanimement condamnée par le Conseil de Sécurité dès le 14 juillet, tandis que la réaction d’Israël fut simplement jugée « disproportionnée ». Même le massacre de Cana échappa à toute condamnation, le Conseil de Sécurité se contentant d’exprimer « son état de choc et sa douleur extrêmes », les mêmes mots qui furent utilisés le 27 juillet après que 4 soldats de la FINUL aient été tués dans une frappe d’Israël contre un poste d’observation de l’ONU. Comme le souligne Nasrallah, il ne serait pas raisonnable de croire qu’une institution qui est incapable de défendre ses propres soldats, ne serait-ce que par des mots de condamnation, puisse faire quoi que ce soit pour protéger le Liban.

Cependant, malgré le soutien que lui apporta la Ligue Arabe, ce projet de cessez-le feu ne fut pas soumis au Conseil de Sécurité, un plan américano-français lui étant substitué et discuté le 4 août. En voici les points essentiels :

  • il faisait porter la responsabilité de la guerre au Hezbollah, et mettait sur un même plan les victimes civiles libanaises et israéliennes, sans mentionner la disproportion évidente entre eux (ratio de 30 contre 1) ;
  • il appelait à la « libération inconditionnelle des deux soldats israéliens », mais se contentait simplement d’ « encourager le règlement de la question les prisonniers Libanais détenus en Israël », refusant de lier les deux problématiques ;
  • il appelait le Hezbollah à cesser toutes ses activités, tandis qu’Israël devait seulement « cesser ses opérations offensives » (ce qui lui laissait le loisir de mener des opérations prétendument défensives) ;
  • il appelait au désarmement du Hezbollah dans toute la zone au sud du fleuve Litani, en guise de premier pas en direction du démantèlement complet de la Résistance, dont toutes les armes devraient être livrées à l’Etat ;
  • il appelait à un embargo sur les armes à destination des acteurs non étatiques du Liban ;
  • et surtout, il n’appelait pas à un retrait immédiat des forces israéliennes, qui pourraient occuper le sud-Liban au moins jusqu’à l’arrivée des forces internationales, voire davantage.

En somme, il s’agissait de détruire le Hezbollah par la diplomatie après qu’Israël se soit révélé incapable de le faire par la guerre, et de laisser le Liban à la merci de l’entité sioniste. Une telle résolution ne pouvait être acceptée par le gouvernement libanais, auquel le Hezbollah et ses alliés participaient.

Cependant, en coulisses, le Premier ministre Fouad Siniora, dirigeant de la coalition du 14 Mars opposée au Hezbollah (réuni avec ses alliés dans l’alliance du 8 Mars), faisait tout ce qu’il pouvait pour entraver la Résistance et assister l’agresseur israélien, dont il souhaitait la victoire. Dans ce discours, Hassan Nasrallah semble démentir les ragots colportés par l’ennemi au sujet d’une dissension au sein des forces politiques libanaises, et du souhait de certaines d’entre elles de voir Israël poursuivre son offensive :

Depuis le premier jour, nous avons remarqué qu’Israël et les Etats-Unis s’efforcent tout particulièrement de susciter la sédition et la discorde entre les Libanais, que ce soit au sein du gouvernement libanais ou entre les forces politiques libanaises. En témoigne notamment le fait que depuis les premiers jours – car nous suivons de près les médias israéliens –, nous voyons que certains responsables israéliens et certains grands journalistes israéliens affirment qu’il y a des instances gouvernementales libanaises qui les ont contactés et ont insisté auprès d’eux pour qu’ils ne cessent pas leur agression et la poursuivent, car c’était là l’occasion en or, l’occasion historique d’en finir avec la Résistance au Liban, et en particulier avec le Hezbollah. Bien sûr, nous ne faisons pas confiance à ces déclarations israéliennes, et nous les considérons comme une tentative de diviser les Libanais.

De même, une autre preuve de ces tentatives est la déclaration de John Bolton hier ou avant-hier, l’envoyé américano-sioniste au Conseil de Sécurité de l’ONU, sur l’une des chaînes de télévision américaines : lorsqu’il a entendu dire que le gouvernement libanais avait des objections ou des réserves vis-à-vis du projet de résolution américano-français proposé au Conseil de Sécurité, il a déclaré que cette position du gouvernement libanais l’étonnait, car selon lui, cette résolution ou ce brouillon aurait été préparé conjointement avec le gouvernement libanais et le gouvernement israélien. De même, nous n’acceptons pas ce propos, car son objectif est de susciter le trouble entre les forces qui participent au gouvernement, et entre la Résistance et l’Etat.

Les passages en gras constituent-ils de véritables démentis des affirmations israélo-américaines ? Force est de constater que Nasrallah ne dit pas explicitement qu’elles sont fausses, et se contente de souligner le fait que ces sources ne sont pas fiables, et que leur objectif est de diviser les Libanais. Mais une source non fiable peut occasionnellement dire la vérité, et la vérité peut être un facteur de division qu’il sera souhaitable de taire. Hassan Nasrallah, soucieux de préserver au moins une unité libanaise de façade pendant la guerre, et de ne pas ouvrir un front intérieur en plus de la guerre contre Israël, a recouru à un mensonge par omission : il a souligné la volonté ennemie de fomenter la dissension au sein des rangs Libanais, mais sans préciser que la trahison avait été consommée.

Après la guerre, les agissements du gouvernement félon et discrédité de Fouad Siniora, visant à éliminer le Hezbollah et ses alliés du pouvoir même au prix d’une explosion de violences, contraindront Nasrallah à révéler le pot aux roses. Dans un discours du 7 décembre 2006, en plein conflit politique entre le gouvernement du 14 Mars qui voulait monopoliser le pouvoir au mépris de la Constitution, et l’alliance du 8 Mars qui souhaitait un gouvernement d’unité nationale (crise qui ne sera résolue qu’avec les accords de Doha le 21 mai 2008), Hassan Nasrallah fera des révélations tonitruantes devant des milliers de manifestants. Ce discours, l’un des plus véhéments qu’il ait jamais prononcés, faisait suite à l’assassinat d’un partisan du mouvement Amal, allié au Hezbollah, durant des manifestations populaires pacifiques contre le gouvernement, qui fit renaitre le spectre de la guerre civile. Après l’échec de la guerre israélienne, les Etats-Unis de Georges Bush voyaient cette perspective comme l’ultime moyen d’en finir avec le Hezbollah. Il convient de citer longuement ce discours du 7 décembre :

Ce n’est pas une coïncidence si dans leur diversité religieuse, sectaire, politique et régionale, les forces libanaises qui ont embrassé la Résistance et le peuple de la Résistance durant la guerre de juillet et août (2006) sont les mêmes qui représentent l’opposition nationale libanaise et la soutiennent. Et de même, ce n’est pas une coïncidence si les peuples, les gouvernements et les hommes dignes de ce monde qui ont soutenu la Résistance durant la guerre sont ceux qui soutiennent aujourd’hui l’opposition. Et d’un autre côté, ce n’est pas une coïncidence si tous ceux qui ont soutenu la guerre israélienne contre le Liban (les Etats-Unis et l’Arabie Saoudite) soutiennent ce qui reste de ce gouvernement déchu présent dans le Sérail gouvernemental. […]

Le gouvernement américain soutient le gouvernement de Siniora plus qu’il n’a jamais soutenu aucun gouvernement libanais dans l’histoire. Un tel soutien est suspect. Mais ce qui est encore plus suspect, ce sont les louanges israéliennes quotidiennes qui sont adressées à la faction qui gouverne le Liban. Y a-t-il, en coulisses, quelque chose que nous ne savons pas et que nous ignorons ? N’est-il pas honteux que le gouvernement sioniste restreint se réunisse exceptionnellement, ce qu’il ne fait que lorsqu’il y a un danger imminent pour les intérêts ou la sécurité d’Israël, seulement pour discuter de la manière dont il peut venir en aide à ce gouvernement agonisant au Liban ? Certains d’entre eux ont suggéré qu’Israël se retire de la partie libanaise du village de Ghajar (occupé), et d’autres sont même allés jusqu’à proposer de restituer les fermes de Chebaa au Liban, en guise de soutien politique et moral au gouvernement actuel. Mais bien sûr, ils n’ont rien fait de tel. […]

Pouvons-nous soutenir ou nous taire face à un gouvernement pour lequel Georges Bush et Ehoud Olmert affirment quotidiennement leur soutien ? Pouvons-nous soutenir ou nous taire face un gouvernement au sujet duquel il a été démontré au-delà de tout doute possible qu’il ne peut prendre aucune décision nationale dans les intérêts du Liban, mais se soumet directement aux volontés et directives de l’ambassadeur américain Feltman, et derrière lui de Condoleeza Rice ? […]

Il est triste et regrettable que durant ces derniers jours, le gouvernement de Siniora ait jugé opportun de rouvrir le dossier de la guerre (de 2006), afin de faire porter au Hezbollah la responsabilité du conflit, des destructions et des conséquences économiques (désastreuses pour le Liban). Leur agenda est clair à ce sujet. Pour ma part, je suis de ceux qui voulaient repousser le plus longtemps possible l’ouverture de ce dossier, dans l’intérêt des Libanais, mais puisque nos adversaires insistent (pour en parler), écoutez donc (O Libanais).

Mais avant de commencer à expliquer et clarifier les choses, je m’adresse à toute l’opposition, et en particulier aux masses populaires qui se considèrent directement concernées par la Résistance (et la soutiennent). Ce que je vais révéler ne doit susciter aucune réaction (de violence de notre part). Et le monde entier sera ébahi de notre éthique, de notre absence de rancune, de notre humilité et de notre attachement (à l’unité nationale). Ce que je vais déclarer ne changera rien à notre objectif, et nous continuerons à les appeler à former un gouvernement d’unité nationale avec nous.  Mais écoutez donc ceci au sujet de la guerre.

J’appelle à la formation d’une Commission par la justice libanaise ou arabe composée de juges impartiaux qui ouvriront une enquête sur la guerre récente. Ils nous accusent, mais aujourd’hui, en toute franchise, je vais les accuser. Ceux qui ont demandé aux Etats-Unis, à Georges Bush et à Dick Cheney, de manière officielle, que la guerre contre le Liban soit menée, l’ont fait au prétexte que le dialogue sur les armes de la Résistance, d’après eux, était arrivé à une impasse, et qu’il n’y avait aucune possibilité libanaise intérieure pour en finir avec les armes de la Résistance, car celle-ci était puissante et jouissait d’un large soutien populaire dans toutes les composantes sectaires de la société, ce qu’ont confirmé des sondages d’opinion, et que l’armée libanaise était une armée patriote qui refuserait tout conflit avec la Résistance. Ils leur ont dit qu’il n’y avait aucune issue libanaise et locale pour en finir avec la Résistance. La seule solution était que l’administration américaine demande au gouvernement Olmert de lancer une grande guerre destructrice et d’annihilation, non pas seulement contre le Hezbollah, mais contre tous ceux qui le soutiennent ou l’embrassent, afin qu’il ne reste plus rien de cette Résistance et qu’elle n’ait plus aucun avenir, aucune possibilité de se reconstituer. L’administration américaine a accepté cette demande, et a également voulu l’instrumentaliser pour les élections au Congrès qui devaient se tenir, au sens où si la guerre avait été un succès, Bush et les néo-conservateurs auraient pu dire aux Américains qu’ils venaient d’en finir avec l’une des organisations terroristes les plus importantes au monde. Et dans ce dessein, il ont préparé une prison dans l’une des colonies du nord de la Palestine occupée, Rosh Pina, qui est également une base militaire et une base aérienne, qui pouvait accueillir 10 000 prisonniers. Tous ces prisonniers auraient-ils seulement appartenu au Hezbollah ? Certes pas ! Tous ceux qui se seraient opposés à la faction qui accapare le pouvoir aujourd’hui auraient été emprisonnés (en Israël) !

L’administration américaine a donné son aval à ce projet et à donné à Israël l’ordre d’agir. Je n’accuse pas tout le groupe du 14 Mars. Je n’accuse pas tous les membres du gouvernement actuel. Je n’accuse pas toutes ses personnalités. Je n’ai révélé de noms devant personne, je ne me suis exprimé devant aucun journaliste américain ou autre. Mais je connais le nom de ceux qui se sont réunis avec les Américains et leur ont demandé qu’Israël lance une guerre contre le Liban, aussi bien qu’ils se connaissent eux-mêmes, et j’espère que le jour où je révèlerai leurs noms ne viendra jamais !

Ce n’est pas la Résistance qui porte la responsabilité de la guerre de juillet 2006, car la Déclaration ministérielle lui reconnait clairement le droit de mener toute action en vue de la libération du territoire occupé et des prisonniers. Lorsqu’un tel droit est accordé à la Résistance… La Résistance est une Résistance (armée) et non un Ministère des Affaires Étrangères. La Résistance libère le territoire et les prisonniers par les armes, et non via des négociations diplomatiques ! La Déclaration ministérielle nous a octroyé ce droit ! Et nous avons seulement fait usage de ce droit ! Ceux qui portent la responsabilité de cette guerre et des destructions sont (les Libanais) qui ont demandé aux Etats-Unis et à Israël de prendre prétexte de notre opération (de capture de prisonniers) pour lancer cette guerre contre le Liban ! Et j’accepte qu’un procès équitable et qu’une commission d’enquête neutre se saisissent de la question !

De même, durant la guerre, je vous ai dit que John Bolton voulait semer la dissension parmi les Libanais lorsqu’il a exprimé sa surprise car le gouvernement libanais avait d’abord accepté le projet de résolution américano-français puis avait fait marche arrière. Mais il disait la vérité. Ils ont accepté le projet américano-français, mais lorsqu’ils ont vu l’ampleur de l’indignation nationale libanaise, ils ont été décontenancés et ont fait marche arrière. 

Durant la guerre, je vous ai dit qu’Olmert voulait semer la zizanie entre nous, mais je ne vous ai pas dit qu’il mentait. J’ai utilisé des termes ambigus. Lorsqu’Olmert déclarait que certains membres du gouvernement libanais les contactaient et insistaient auprès d’eux pour qu’ils poursuivent la guerre, il disait vrai. Nous savons de qui il s’agit, et j’espère que le jour où je révèlerai leurs noms au monde ne viendra jamais.

Mais il y a plus grave encore. Je vous parle d’ici, tandis que près de vous (au Sérail), se trouve le Premier ministre déchu qui a perdu toute légitimité. Et je lui pose cette question – tous les témoins de ce que je vais évoquer sont encore vivants : ô Premier ministre, en plein milieu de la guerre, lorsque les frappes sionistes ont détruit tous les ponts, les routes et les points de passage, afin de couper les voies de ravitaillement (en armes) de la Résistance présente dans le sud… Car ils n’ont pas détruit les ponts et les routes pour rien : ils voulaient couper les voies de ravitaillement de la Résistance, mais ils ont échoué, car jusqu’au dernier jour de la guerre, nos voies de ravitaillement ont fonctionné. Je demande (à Fouad Siniora) ; n’as-tu pas ordonné à l’armée libanaise de saisir les armes de la Résistance qui étaient transportées vers le sud ? Ce qu’Israël avait été incapable de réaliser, n’as-tu pas demandé à l’armée libanaise de le faire ? Se trouve-t-il un Libanais, qu’il soit musulman ou chrétien, sunnite, chiite, ou druze, qui accepte qu’une telle chose se produise durant la guerre ? Se trouve-t-il un Arabe, qu’il soit musulman ou chrétien, sunnite ou chiite, qui accepte que le chef du gouvernement libanais oeuvre à couper les voies de ravitaillement de la Résistance, alors qu’elle menait la bataille de la défense du Liban et de la Communauté (arabo-musulmane) ? Dois-je taire cela seulement parce que Siniora est sunnite ? S’il était chiite, je l’aurais dénoncé dès le premier jour ! Ce Premier ministre qui a perdu toute popularité va prétendre que Sayed Hassan (Nasrallah) le diffame. J’appelle à la mise en place d’une commission d’enquête, et les témoins sont encore vivants, et les personnes que j’ai envoyées de nuit auprès de lui pour qu’il gèle cette décision sont encore vivants. 

Mais ce qu’il y a de plus important et de plus dangereux… Car il y a beaucoup plus grave encore ! Ecoutez-moi donc ô mes frères et soeurs, écoutez-moi ô Libanais, ô peuples arabes ! Nous Libanais payons des impôts au gouvernement, qui en contrepartie paie les salaires des fonctionnaires des institutions militaires, sécuritaires et civiles, et se charge des différents budgets & équipements. On présume que l’argent du peuple libanais, grâce auquel des instances sécuritaires sont maintenues, servira à le protéger, à protéger ses biens et à le défendre. Durant les guerres, on aurait présumé que les instances sécuritaires directement rattachées au gouvernement actuel auraient oeuvré à traquer les espions et les réseaux israéliens qui fournissaient des informations à l’ennemi pour guider ses frappes. Mais malheureusement, je vous informe, tout en restant à la disposition d’une commision d’enquête indépendante et neutre à ce sujet, que pendant la guerre, l’une des instances sécuritaires officielles (rattachée à Fouad Siniora) oeuvrait à rechercher l’endroit où se trouvaient les dirigeants du Hezbollah pour les localiser (et permettre leur élimination). Et l’un des groupes de cette instance sécuritaire officielle libanaise était chargé, et c’est regrettable, de localiser l’endroit où je me trouvais personnellement durant la guerre (en vue de me faire assassiner).

Je m’en tiendrai là au sujet de la guerre. Si nous n’étions pas si soucieux de ce pays et de son unité, si nous ne connaissions pas si bien les sensibilités religieuses et sectaires (et le risque de guerre civile), je ne me serais pas exprimé le 14 août 2006 pour parler d’un gouvernement d’unité nationale, mais pour dénoncer les traîtres Libanais qui doivent être jugés ! Mais malgré tout ce que je vous dis, et à la grande stupeur du monde et à la vôtre, oui, nous appartenons à ces valeurs, à cette culture de la préservation de l’unité, du pardon, de l’amour. Je leur pardonne, et s’ils veulent me demander des comptes, je suis prêt à en rendre !

Aujourd’hui, et toujours par souci de ménager les sensibilités sectaires… Sachez qu’il y à quelques mois, un groupe de sunnites qui planifiait mon assassinat a été arrêté. Certaines personnes ont voulu s’emparer de la question pour en faire un scandale (et fomenter des dissensions), mais je leur ai pardonné, et j’ai déclaré que je récusais mon droit (de porter plainte). Ils sont toujours en prison, et sont toujours entre les mains de la justice, qui n’a toujours pas statué sur leur sort pour des raisons que je connais (afin de garder secret le nom de leur commanditaire). Mais je vais déborder de pardon ce soir. Je demande à la justice libanaise de relâcher les membres de ce groupe qui planifiaient mon assassinat, pour qu’ils puissent retourner dans leurs maisons de Beyrouth et de Tanet Jdid. Et que Dieu leur pardonne à tous. 

Certains pourraient rester incrédules face à la gravité de telles accusations, qui relèvent de la haute trahison en temps de guerre, et au fait qu’elles n’aient entraîné aucune conséquence pour les personnes mises en accusation, restées libres jusqu’à aujourd’hui. Mais ce serait oublier que le Hezbollah a fait davantage après le 25 mai 2000, lorsqu’il a interdit toute action de représailles contre les collaborationnistes libanais qui avaient assisté l’occupant israélien durant des décennies, participant aux meurtres, aux tortures et aux pires exactions contre la population, en particulier les résistants et leurs familles : ces traîtres ont été laissés entre les mains de l’Etat, qui n’a pour ainsi dire rien fait contre eux, si bien que comme le rapporte Norman Finkelstein, les anciens prisonniers pouvaient croiser quotidiennement leurs tortionnaires. Nous sommes aux antipodes de l’épuration sanglante qui a eu lien en France à la Libération, avec son cortège d’exécutions extrajudiciaires. Le Hezbollah, qui venait d’humilier la première armée du Moyen-Orient, n’a guère usé de sa force ou de sa légitimité pour faire justice ou s’imposer après la guerre, non pas par angélisme, mais avant tout pour repousser le risque persistant de guerre civile au Liban, qui serait exacerbé par des règlements de compte. De plus, le Hezbollah considére que la composition du Liban, sa diversité et son histoire lui imposent d’être gouverné par toutes les composantes du pays, non par une seule faction, fût-elle majoritaire (les chiites y constituent la première communauté). Enfin, le Hezbollah se refuse d’endosser le rôle de force de sécurité ou de faire usage de ses armes à l’intérieur du pays : elles sont strictement réservées à la lutte contre Israël.

Bien entendu, on ne saurait considérer le mensonge par omission de Hassan Nasrallah comme une action moralement répréhensible, ni même un mensonge à proprement parler : pourquoi aurait-il fait le jeu de l’ennemi en disant ce qu’il lui suffisait de taire ? Eût-il affirmé que c’était faux pour déjouer les manœuvres de l’ennemi, aurait-on pu lui en tenir rigueur ? Mais il n’a rien fait de tel, se contentant de recourir à des mots ambigus qui laissaient planer le doute sur la vérité des allégations américano-israéliennes. Ces ratiocinations ont leur importance, car aussi contre-intuitif que cela puisse paraître, Nasrallah s’interdit tout mensonge, fût-ce un « pieux mensonge » ou un « mensonge de guerre », bien qu’ils soient permis par la morale et par la religion : tout au plus se permet-il de taire la vérité, ou de n’en révéler qu’une partie, sans jamais proférer de mensonges. Sa guerre psychologique n’en est que plus efficace, et comme le souligne Norman Finkelstein, le distingue des vaines bravades d’un Nasser :

Nasser n’était pas quelqu’un de sérieux. Il faisait tous ces grands discours grandiloquents, mais il n’y avait rien derrière. Chaque fois qu’il est allé en guerre, il prétendait qu’ils allaient faire ci ou ça, et il était vaincu. La première fois que (les Arabes) ont un dirigeant (sérieux)… Je suis désolé, c’est un fait indéniable. Le premier dirigeant arabe sérieux est Nasrallah. Quand il dit on fera telle chose, le Hezbollah le fait. Quand il dit on va faire telle autre chose, le Hezbollah le fait. Il n’y a pas de vaines paroles. C’est sérieux. Et je dois respecter cela.

Aujourd’hui, toutes les menaces de Nasrallah sont suivies des mesures défensives correspondantes en Israël, parfois après quelques jours seulement, comme on a pu le voir lors de son discours du 12 juillet 2019, dans lequel il a menacé de renvoyer Israël à l’âge de pierre en détruisant ses infrastructures vitales : moins de soixante-douze heures après, Israël annonçait un plan massif visant à renforcer la protection anti-missiles de vingt sites stratégiques. Le caractère absolument véridique des propos de Hassan Nasrallah est assez exceptionnel pour être souligné, surtout pour un public occidental cynique et incrédule, aux yeux duquel la politique et le mensonge sont indissociables. Mais il existe bel et bien des dirigeants de premier plan qui s’interdisent rigoureusement le mensonge. Au vu des éléments rapportés ci-dessus, du contexte particulièrement sensible de la guerre et du verbatim des propos de Nasrallah, qui ne comportent aucun élément faux, le plus sévère des directeurs de conscience ne pourrait lui reprocher quoi que ce soit. Et on chercherait en vain, dans tous les discours de Hassan Nasrallah depuis 1982, un propos plus proche du mensonge que celui-ci, qui en est très éloigné.

Trois jours après ce discours, tous les verrous diplomatiques à un cessez-le-feu sauteront aussi soudainement que mystérieusement. Nous en établirons les raisons, longtemps restées secrètes, dans le discours du 12 août.

Le Cri des Peuples

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Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x7vh541

Transcription :

Au Nom de Dieu, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.

Louange à Dieu, Seigneur des Mondes, et que les prières et les salutations soient sur notre Maitre Muhammad, sur sa noble famille, sur ses compagnons fidèles et sur l’ensemble des Prophètes et des Messagers.

Que la paix soit sur vous, ainsi que la Miséricorde de Dieu et ses Bénédictions.

Je m’adresse à vous à nouveau, alors que ça fait bientôt un mois que les sionistes ont imposé cette guerre d’agression barbare contre le Liban, contre tous les habitants, toutes les pierres (constructions), toutes les positions et tous ce que représente le Liban. Et comme à mon habitude, je vais évoquer un certain nombre de points, qu’il s’agisse de développements politiques ou de l’évolution de la situation sur le champ de bataille.

Aujourd’hui, je vais commencer par évoquer certains développements politiques et conclure par la situation sur le champ de bataille, en insistant de manière synthétique, en guise d’introduction à la situation politique et à ses développements, sur le fait que tandis que nous parlons de (solution) politique, notre situation sur le champ de bataille reste une position de force et de résistance (victorieuse), dont témoignent nos ennemis avant même nos amis. Ce dont je vais parler sur le plan politique repose donc à la fois sur la justice (notre bon droit) et sur la force avec laquelle nous continuons à combattre et à résister sur le terrain.

Depuis le début de cette confrontation, nous avons particulièrement veillé, sur les terrains politique et médiatique, à prendre en considération un certain nombre de fondamentaux et de points majeurs et sensibles à nos yeux. Et ce d’autant plus qu’en même temps (que nous combattons), nous participons à la (recherche d’une) résolution politique, ou à ce qu’on désigne comme la bataille politique. Depuis le début, nous insistons sur un principe fondamental, à savoir la nécessité de préserver l’unité des rangs (libanais), la solidarité nationale et populaire, et également la solidarité officielle au niveau de l’Etat et de ses institutions, et nous œuvrons à renforcer la position de l’Etat et surtout celle du gouvernement dans ses négociations visant à préserver les intérêts nationaux. J’ai dit à plusieurs reprises que nous souhaitions voir une volonté politique à la hauteur de la volonté djihadiste (manifestée par les combattants de la Résistance sur le champ de bataille), et de l’endurance populaire du peuple libanais, afin que nous sortions de cette bataille en ayant du moins préservé nos droits nationaux et notre dignité nationale. C’est pourquoi durant les dernières semaines, nous avons insisté sur un certain nombre de points, que je souhaite confirmer aujourd’hui en guise d’introduction aux aspects politiques (de la guerre).

Premièrement, le refus d’entrer dans toute dispute politique ou médiatique avec quelque parti libanais que ce soit, quelles que soient les critiques qui puissent être lancées contre nous ou les propos qui puissent être tenus, si blessants et contreproductifs qu’ils puissent être pour la bataille que nous menons actuellement (contre Israël). Et je note que malheureusement, certains Libanais disent exactement la même chose que les responsables et journalistes israéliens. Malgré cela, je confirme à tous mes frères, comme je l’ai fait durant les étapes précédentes, qu’aucun d’entre eux ne doit entrer dans le moindre débat politique ou médiatique avec qui que ce soit sur ces questions. Notre priorité est la résistance et la solidarité politique, populaire et nationale dans l’intérêt de notre pays de manière générale. Quant à certaines sensibilités, obsessions et puérilités, et certaines formes de coups de poignards (dans notre dos) en vérité, qui ne servent aucunement les intérêts du pays, nous devons les éviter (et les ignorer).

Et la deuxième chose est ce que nous avons demandé à nos proches et compatriotes déplacés (à l’intérieur du Liban), notre peuple digne qui endure patiemment (les souffrances de l’exil), et que je confirme maintenant, à savoir l’importance de respecter les milieux au sein desquels vous vous trouvez actuellement, et d’éviter toute sorte de formalités, de coutumes, de traditions, d’activités, de slogans et de manifestations qui pourraient susciter la moindre sensibilité (négative) parmi les communautés au sein desquelles vous vous trouvez, surtout ces communautés qui vous embrassent et vous accueillent parmi elles avec noblesse, générosité et responsabilité. Votre responsabilité et votre devoir sont également de considérer ce point avec attention, car certaines personnes essayent parfois de provoquer certaines sensibilités afin de créer une atmosphère de faiblesse, de  lassitude ou de faille dans les rangs de l’endurance des déplacés et des réfugiés, et dans ceux de l’étreinte populaire qui les embrasse. Et cela sert les intérêts d’Israël avant tout, car toute faille dans notre endurance rapproche l’ennemi de la réalisation de ses objectifs.

Troisièmement, ou troisième point, en ce qui concerne la ville de Beyrouth en particulier, nous espérions et espérons encore que les organisations populaires, nos frères des (différents) partis et les gens en général (veillent à cela) : nous voulons éviter toute manifestation ou sit-in importants et massifs, afin que ne soit pas créé un mouvement dans lequel certains puissent s’engouffrer pour créer des failles sécuritaires ou que des slogans opposés s’élèvent ici ou là, ce qui créerait des divisions (voire des affrontements) dans la rue.

Mais le plus important à cet égard est notre vigilance et nos efforts pour préserver la solidarité au sein du gouvernement et une solidarité politique dans le pays, une (unité des rangs) aux niveaux politique et officiel. Depuis le premier jour, nous avons remarqué qu’Israël et les Etats-Unis s’efforcent tout particulièrement de susciter la sédition et la discorde entre les Libanais, que ce soit au sein du gouvernement libanais ou entre les forces politiques libanaises. En témoigne notamment le fait que depuis les premiers jours – car nous suivons de près les médias israéliens –, nous voyons que certains responsables israéliens et certains grands journalistes israéliens affirment qu’il y a des instances gouvernementales libanaises qui les ont contactés et ont insisté auprès d’eux pour qu’ils ne cessent pas leur agression et la poursuivent, car c’était là l’occasion en or, l’occasion historique d’en finir avec la Résistance au Liban, et en particulier avec le Hezbollah. Bien sûr, nous ne faisons pas confiance à ces déclarations israéliennes, et nous les considérons comme une tentative de diviser les Libanais.

De même, une autre preuve de ces tentatives est la déclaration de John Bolton hier ou avant-hier, l’envoyé américano-sioniste au Conseil de Sécurité de l’ONU, sur l’une des chaînes de télévision américaines : lorsqu’il a entendu dire que le gouvernement libanais avait des objections ou des réserves vis-à-vis du projet de résolution américano-français proposé au Conseil de Sécurité, il a déclaré que cette position du gouvernement libanais l’étonnait, car selon lui, cette résolution ou ce brouillon aurait été préparé conjointement avec le gouvernement libanais et le gouvernement israélien. De même, nous n’acceptons pas ce propos, car son objectif est de susciter le trouble entre les forces qui participent au gouvernement, et entre la Résistance et l’Etat. Quoi qu’il en soit, il y a des efforts véritables et sérieux, aux niveaux politique et médiatique, une réelle (campagne) d’incitation visant à briser cette solidarité qui s’est clairement manifestée et propagée (dans tout le Liban) durant toutes les semaines de la guerre en cours.

Face à cette situation, nous nous sommes comportés et avons agi avec responsabilité. Lorsque le chef du gouvernement a proposé l’idée des sept points, et qu’elle a été débattue au sein du gouvernement, nous avons réagi à cette proposition de manière positive. Nous avions des réserves sur certains points, et certains ne nous posaient pas de problème de principe mais leur détail devait être discuté. Ces remarques ont été inscrites dans le compte rendu de la réunion, mais nous étions tous soucieux de pouvoir présenter un accord unanime sur ce plan afin de faire face au monde avec lui, et c’est à cela que j’ai fait allusion dans un message précédent. Nous avons fait abstraction de nos réserves et de nos objections, qui n’ont pas été exprimées dans les médias, et le gouvernement a présenté un plan (de paix) constitué de sept points, présentant une proposition de résolution politique pour mettre fin à l’agression et à la guerre, et sur laquelle on pouvait se baser face à la communauté internationale et les pays arabes. Puis les pays arabes ont exprimé leur soutien au plan du gouvernement libanais composé de sept points. Je reviendrai en détail dans quelques instants sur certains de ces points qui concernent le déploiement de l’armée (libanaise).

Quoi qu’il en soit, le gouvernement libanais a donc proposé le plan composé de sept points, mais les Etats-Unis et la France ont maintenu leur propre projet, qu’ils ont proposé au Conseil de Sécurité, et au sujet duquel le moins qu’on puisse dire est qu’il est effronté est injuste, car il accorde aux Israéliens plus que ce qu’ils ont souhaité et demandé. Quoi qu’il en soit, nous nous sommes contentés et nous nous contentons de l’analyse précise, exhaustive, éloquente et robuste qu’a présentée le Président du Parlement, Nabih Berri, en guise de commentaire sur le projet de résolution américano-français présenté au Conseil de Sécurité. Quoi qu’il en soit, la réponse aux sept points et à la solidarité libanaise fut ce projet (américano-français) proposé en guise de résolution, et qui en vérité visait à accorder à Israël, par la politique et les pressions internationales, ce qu’il a été incapable d’obtenir par la guerre.

Des efforts libanais, arabes et internationaux ont commencé à être exercés d’une manière ou d’une autre, afin d’amender le projet américano-français de manière à répondre (davantage) aux demandes libanaises exprimées par le plan du gouvernement et par les sept points. Quoi qu’il en soit, durant ces efforts politiques et diplomatiques et cette grande bataille politique et diplomatique, on verra clairement qui se tient aux côtés du Liban et qui favorise absolument Israël sur le Liban en tout et pour tout.

Dans le cadre de ces efforts politiques, on nous a dit que si le gouvernement prend l’initiative, se réunit, prend une décision et l’annonce, concernant le déploiement de l’armée libanaise dans la région frontalière – car l’armée libanaise est présente au sud (du Liban), et également au sud du fleuve Litani : certains parlent (de manière inexacte) du déploiement de l’armée dans le sud, mais l’armée est présente dans le sud, et elle est présente dans la zone au sud du fleuve Litani. Oui, l’armée en tant que telle n’est pas présente dans les zones (les plus) proches de la frontière, où se trouve une force sécuritaire libanaise officielle composée des forces de sécurité intérieures, de certaines instances sécuritaires et des services de renseignement de l’armée.

Si le gouvernement annonce sa disposition à envoyer 15 000 soldats de l’armée libanaise pour se déployer dans l’ensemble de cette région, cela aidera beaucoup le Liban et les amis du Liban à faire pression pour l’amendement du projet de résolution (américano-français) qui est actuellement étudié et débattu par le Conseil de Sécurité, et cela ouvrira la voie à une résolution politique opportune menant à la fin de l’agression contre le Liban. Mais malgré l’annonce par le gouvernement libanais de sa décision et de sa disposition unanimes – beaucoup de personnes se sont arrêtées au mot « unanime », et oui, je dis bien « unanime » –,actuellement, l’administration américaine insiste toujours pour imposer ses conditions, et reste attachée à son arrogance et à son hybris. Aujourd’hui même, elle a envoyé son émissaire, Monsieur (David) Welch, en même temps que l’annonce du gouvernement israélien restreint selon laquelle il allait élargir l’opération terrestre, et ce afin de terroriser le gouvernement libanais et les Libanais, de leur faire peur et de faire pression sur eux, pour qu’ils acceptent les nouvelles conditions anciennes qu’a apportées Monsieur Welch au Liban.

Quoi qu’il en soit, sur le terrain politique, il y a un point que je souhaite commenter et auquel je souhaite répondre, car il a été avancé en guise de question auprès des hommes politiques et des médias, et doit être expliqué et clarifié. En ce qui concerne notre position vis-à-vis du déploiement de l’armée dans la région frontalière, il est vrai que par le passé, nous étions opposés, ou du moins n’étions pas favorables au déploiement de l’armée sur la frontière, non pas du fait de doutes quant à cette armée, à Dieu ne plaise : cette armée est une armée patriote, et ce depuis de longues années. Nous en faisons la louange, et louons sa doctrine, ses dirigeants et ses composantes, et nous avons exprimé à plusieurs reprises notre grande confiance en cette armée, qu’il s’agisse de ses dirigeants, de ses officiers ou de ses soldats. Car cette armée est issue de ce peuple, de ses hommes, de ses jeunes gens, de ses fils, et elle n’est pas différente de la vérité et de l’essence de ce people noble et loyal. Lorsque nous exprimions notre opposition ou nos réserves, ce n’était pas par crainte de l’armée, car il est impossible que les enfants de son peuple aient peur de cette armée patriote. La vérité est que nous avions peur pour l’armée, si elle se déployait sur la frontière internationalement reconnue, car le problème est clair : si on place une armée régulière directement sur la frontière face à un ennemi qui peut attaquer à tout instant, on place cette armée dans la gueule du dragon, ou comme on dit dans notre dialecte, dans la bouche du canon. Une armée qui ne possède ni tanks, ni blindés, ni défenses anti-aériennes, ni couverture aérienne suffisante, peut être complètement anéantie en quelques jours en cas d’agression. Les combats qui se sont déroulés dans le sud le démontrent. Si la Résistance tient bon jusqu’à présent à Aït Cha’b, à Kfar Kila, à Odeisse, à Taybbe, à Bint Jbeil, à Aït Aroun, dans tous les villages frontaliers, c’est parce que leur présence n’est ni classique ni régulière, mais tout à fait différente (tactique de guérilla). La Résistance n’a pas de couverture aérienne, et l’ennemi israélien bombarde, frappe et détruit, mais il est incapable d’entamer la volonté des résistants ni leur capacité de mouvement.

Nous avons peur pour l’armée dans la zone frontalière, et je déclare aujourd’hui ceci : oui, au sein du gouvernement, nous avons accepté, et j’y reviendrai dans quelques instants, le déploiement de l’armée dans la zone frontalière, mais nous ne cachons pas notre crainte pour elle, car lorsque nous envoyons l’armée dans la zone frontalière, dans sa situation actuelle et avec ses capacités présentes, surtout si le problème persistant entre le Liban et l’ennemi israélien n’est pas réglé, surtout si le Liban reste exposé aux incursions aériennes, maritimes et terrestres israéliennes qui n’ont jamais cessé depuis le retrait israélien en 2000 jusqu’à aujourd’hui, cela signifie que nous plaçons l’armée nez à nez avec l’ennemi et dans la gueule du dragon. Telle est notre crainte pour l’armée.

Mais puisque… Pardon, il y avait également une autre crainte que nous avons également exprimée, à savoir que lorsque l’armée se déploiera à la frontière, elle devra le faire pour protéger le Liban et la patrie, et non pour défendre l’ennemi (de toute action du Hezbollah). Quoi qu’il en soit, cette fonction de défense de la patrie ou de défense de l’ennemi ne dépend pas d’une décision du commandement de l’armée, mais des dirigeants politiques. Actuellement, durant la dernière réunion, le gouvernement libanais déclare et décide que le principal rôle de l’armée est de défendre et protéger la patrie par sa présence à la frontière, et de préserver la sécurité intérieure. Il y a donc une décision claire, et cette crainte que nous avions n’a donc plus lieu d’être pour le moment.

Et deuxièmement, si tout le monde considère que le déploiement de l’armée contribuera à une issue politique menant à l’arrêt de l’agression, cela constitue à nos yeux une issue nationale honorable, car c’est l’armée nationale qui se déploiera à la frontière, et non des forces composées d’envahisseurs, de mercenaires ou soumises aux ordres de nos ennemis, mais l’armée nationale qui n’agit que sur les ordres du gouvernement libanais élu. En ce sens, nous acceptons ce déploiement en tant qu’issue à la guerre, malgré les craintes que je viens d’évoquer, et nous ne constituons pas un obstacle face à une telle décision et un tel choix.

Tel est donc notre raisonnement. Le déploiement de l’armée libanaise (à l’exclusion de toute autre force) est ce qui préserve notre souveraineté et notre indépendance. Et c’est une alternative préférable au déploiement de forces internationales qui obéiraient à des autorités occultes, et dont le but et l’action seraient inconnus. Oui, nous avons déclaré, et c’est un point unanime sur les sept (points avancés par le gouvernement libanais), que nous sommes favorables au renforcement de la FINUL, afin qu’elle aide l’armée libanaise à assumer ses fonctions et à jouer son rôle. A cet égard, on a entendu dire d’autres choses liées à l’étape qui suivra le déploiement de l’armée libanaise dans la région frontalière, ou, pour utiliser une expression plus exacte, la complétion du déploiement de l’armée dans la région située au sud du fleuve Litani, mais je ne discuterai pas de ces questions maintenant, et je les laisse pour le débat interne, car le sens de la responsabilité, de la vigilance et de la solidarité requis exige cela de moi à cette étape (sensible que nous traversons), et ce pour plus d’une raison.

Par conséquent, actuellement, malgré l’unanimité nationale libanaise autour du plan proposé par le gouvernement, et l’attachement aux sept points avancés (par le Liban), nous voyons que les Etats-Unis continuent à retarder toute possibilité de parvenir à un projet de résolution prenant en considération les revendications nationales libanaises et les droits nationaux libanais, et les Etats-Unis continuent à œuvrer de toutes leurs forces pour imposer au Liban de se soumettre aux conditions israéliennes et satisfaire tous les intérêts d’Israël aux dépens des intérêts du Liban.

A cet égard, je tiens à appeler à nouveau à la détermination et à la fermeté politiques, et à ne pas se soumettre aux désidératas et aux pressions des Etats-Unis, quelles qu’ils puissent être, et quelle que puisse être la situation sur le terrain, qui est (pour notre part) une situation très forte  et victorieuse, j’en parlerai dans quelques instants. Et j’appelle le gouvernement libanais à davantage de persévérance politique et à rester fermement attaché aux sept points sur lesquels nous nous sommes unanimement mis d’accord en tant que Libanais. Car toute altération des points de ce plan, qui, à nos yeux, défend le minimum de nos droits nationaux et de nos revendications nationales, constituerait une sortie de l’unanimité à laquelle nous étions tous fermement attachés durant toutes les étapes précédentes.

J’en arrive maintenant à l’atmosphère de la guerre en cours, et à l’aspect (non plus politique) mais militaire du conflit, ce qui a trait au champ de bataille. Durant mon dernier discours retransmis à la télévision, j’ai dit que du fait de ses pertes militaires qui se poursuivent jusqu’à présent, l’ennemi se vengerait en frappant davantage notre infrastructure, les installations civiles et les civils eux-mêmes. Et c’est exactement ce qui se passe actuellement : toujours plus de massacres, à Qaa, à Chiyah, à Ghazieh, et dans bien d’autres endroits qu’il est impossible de nommer et de dénombrer tous. Et à cet égard, bien sûr, les mensonges des sionistes colportés par leurs dirigeants, leurs responsables et leurs journalistes, qui ont été répétés hier par l’envoyé d’Israël aux Nations Unies, crèvent les yeux. Ils prétendent que s’ils frappent ici ou là, c’est parce qu’il s’y trouve des lanceurs de missiles utilisés par le Hezbollah. Est-ce que les lanceurs de missiles se trouvaient au milieu du cortège funèbre de Ghazieh, qui a été frappé de plein fouet alors qu’il commémorait ses martyrs ? L’immeuble résidentiel de Chiyah rempli de familles, des hommes, des femmes et des enfants, dissimulait-il des lanceurs de missiles, ou ceux-ci tiraient-ils sur les sionistes depuis son toit ? Ce ne sont là que des propos mensongers et des prétentions vides de sens. Tout cela est fait exprès : tuer les civils, les hommes, les femmes et les enfants est une politique délibérée d’Israël, car c’est le seul moyen pour cet ennemi de nous toucher et de nous blesser, car il est impuissant sur le plan militaire, et ne peut qu’exercer sa barbarie et son caractère sanguinaire pour faire pression sur les Libanais, sur la Résistance et sur l’Etat. De même, la poursuite des frappes contre les habitations, et la destruction méthodique des maisons et des constructions dans la banlieue sud de Beyrouth, par exemple, où se trouvent des bâtiments vides et inhabités : mais Israël vient constamment en détruire un (grand) nombre. Ne sont-ce pas là des crimes de guerre ? Tuer les femmes et les enfants n’est-il pas un crime de guerre ? Détruire des habitations vides et éloignées des champs de bataille, qui ne sont utilisés en rien, et n’ont aucun lien avec les dirigeants ou les combattants du Hezbollah, n’est-ce pas un crime de guerre ? Et quant à la continuité de la destruction de ce qui reste de l’infrastructure libanaise, quelqu’un peut-il croire que la destruction de tous ces ponts, de toutes ces routes et de toutes ces infrastructures ne vise qu’à couper les voies de ravitaillement de la Résistance ? Est-ce là quelque chose de logique et de rationnel ? Ou bien l’objectif est-il de détruire les infrastructures (vitales) pour faire pression sur les Libanais ? Tuer les civils vise-t-il (à autre chose) qu’à faire pression sur les Libanais ? Détruire les maisons vise-t-il (à autre chose) qu’à faire pression sur les Libanais, afin qu’ils se soumettent et se rendent, et acceptent les conditions israéliennes pour lesquelles la guerre a été lancée ?

Et à cet égard, en vérité, il est triste et regrettable, mais non surprenant, que le Conseil de Sécurité de l’ONU, dans tous les brouillons de ses projets de résolution, n’émette aucun reproche contre les sionistes, contre tout ce qu’ils ont perpétré en fait de crimes de guerre, de massacres, de châtiments collectifs, et de destruction méthodique perpétrés au Liban. Que la Résistance capture deux soldats israéliens, deux militaires, dans une opération militaire irréprochable (aucun civil n’a été touché), cela mérite toutes les condamnations et la répréhension de la communauté internationale. Mais quant à la réaction (israélienne), qui va très loin dans la destruction des édifices et le meurtre des gens (innocents), violant toutes les règles et les bons usages (de la guerre), cela ne mérite pas même un reproche. Nous ne sommes pas surpris de cela, car ce Conseil de Sécurité, qui est incapable de condamner Israël lorsqu’il tue ses propres soldats (de l’ONU) qui œuvrent au sud du Liban, un tel Conseil de Sécurité qui se révèle incapable de condamner Israël pour le massacre de Qana, il est évident que ce Conseil de Sécurité, grâce au veto américain inconditionnel, sera incapable de proférer la moindre critique face à tous les crimes barbares commis par Israël durant cette guerre qui se poursuit.

Il y a deux leçons à tirer de ce que je viens d’exposer, ô mes frères et soeurs. La première leçon est qu’il faut bien comprendre cet ennemi et sa nature foncièrement agressive, monstrueuse et barbare, que (tous) ses voisins subissent, et avec lequel (la communauté internationale) voudrait que nous vivions en paix. Il faudrait que nous vivions en paix avec cet assassin d’enfants, ce meurtrier de femmes, ce destructeur de maisons, le monstre qui n’a aucune limite dans sa monstruosité, le barbare qui n’a aucune limite dans sa barbarie ?! Et la deuxième leçon à tirer et que ce Conseil de Sécurité n’a aucun pouvoir et aucune capacité à défendre le Liban. Tout ce qu’il prépare, étudie, recherche et décide aujourd’hui, c’est comment il peut défendre Israël, et non comment il peut défendre le Liban. Je le dis seulement à titre d’enseignement à tirer (pour ceux qui ne l’auraient pas encore compris depuis longtemps).

J’aborde maintenant directement la situation sur le terrain, et je déclare que oui, sur le champ de bataille, nous résistons toujours (victorieusement), nous sommes toujours forts, et nous conservons toujours nos capacités. Et en soi, tout cela est un grand succès pour la Résistance, et un échec retentissant pour l’ennemi eu égard aux objectifs qu’il a annoncés face à cette Résistance. Nous combattons toujours dans les villages les plus proches de la frontière, sur la ligne la plus avancée, malgré le fait que nous ne nous astreignions nullement à garder le contrôle de notre géographie. Mais ce sont les Résistants braves et héroïques eux-mêmes qui insistent pour rester et combattre jusqu’à la dernière balle : tant qu’il leur reste une balle, une mine, un missile, la possibilité de combattre, ils continuent le combat. Rendez-vous compte que les combats, jusqu’à cette heure, se poursuivent à Aït Cha’b, qui se trouve directement sur la frontière. Il en va de même pour le reste des villages frontaliers. Vos fils et vos frères d’entre les moudjahidines de la Résistance y accomplissent de véritables miracles, et ils offrent un exemple de djihad, un exemple héroïque, un exemple courageux qui a peu d’équivalents dans l’Histoire (de l’humanité), et pas seulement à notre époque. Nous combattons dans les villages les plus avancés, et nous combattons également sur les positions les plus avancées. Hier, les combattants de la Résistance Islamique ont attaqué la position militaire israélienne de Jal al-Alam située directement sur la frontière, et il y a également eu des affrontements à Labbouné, sur la frontière, causant des morts et des blessés dans les rangs de l’ennemi. Vos frères moudjahidines sont toujours sur les lignes les plus avancées, les positions les plus avancées. Ils combattent et prennent aussi l’initiative (d’attaquer).

Certes, les Israéliens peuvent s’infiltrer de nuit dans certaines vallées, ou réaliser des descentes sur des positions éloignées (de la frontière), ce qui contraint les moudjahidines à les traquer, à les attaquer et à leur infliger des pertes. Les Israéliens eux-mêmes le reconnaissent, et ils transportent le soutien et l’aide par hélicoptère ou sur des animaux, car le mouvement de leurs véhicules et de leurs blindés à découvert sur le territoire du sud-Liban en fait des proies faciles pour les combattants de la Résistance. Telle est la situation sur le terrain. Jusqu’à présent, un grand nombre de chars Merkava a été détruit. C’est un détail important, même si c’est moi qui le mentionne. Plus de 60 chars ont été détruits jusqu’à présents, et des dizaines de pelleteuses militaires, des dizaines de véhicules blindés de transports de troupes : au total, toutes catégories confondues, on parle de plus de cent véhicules militaires détruits jusqu’à cette heure. Je ne parlerai pas des tués et des blessés parmi les colons (israéliens), mais je parle des officiers et des soldats (ennemis) : plus de cent d’entre eux ont été tués jusqu’à présent dans les combats, et plus de 400 ont été blessés, dont des dizaines sont dans un état critique selon l’aveu de l’ennemi lui-même. Voilà en ce qui concerne les affrontements terrestres.

En ce qui concerne les tirs de missiles et de roquettes, l’activité de la Résistance est au même niveau que les premiers jours de la guerre, et s’est même accrue hier. Lorsque (Ehud) Olmert a affirmé que la Résistance n’était plus ce qu’elle était (avant les frappes israéliennes), vos fils et vos frères d’entre les combattants de la Résistance lui ont répondu par plus de 350 missiles qui ont frappé différentes bases militaires et colonies sionistes au nord de la Palestine occupée. Et jusqu’à présent, l’ennemi a échoué à amenuiser ou affaiblir cette capacité balistique entre les mains de la Résistance et du Hezbollah. Cela a amené à davantage de séjours (forcés) des habitants de ces régions dans leurs refuges, et au déplacement d’un grand nombre d’entre eux, sans parler des pertes économiques, matérielles, financières et humaines considérables que l’ennemi continue à cacher. Notez bien que durant toutes les guerres israélo-arabes, les (pertes) israéliennes étaient annoncées, et celles des Arabes étaient dissimulées. Mais aujourd’hui, lorsque le Liban est bombardé, que des immeubles sont détruits, que des martyrs tombent ou que des massacres sont perpétrés, malgré l’impact psychologique négatif que peuvent parfois avoir ces scènes, tout ce qui se passe de notre côté est dévoilé. Et aujourd’hui, du côté des sionistes, tout est maintenu secret. Où tombent donc ces centaines de missiles ? Ils parlent eux-mêmes de plus de 3000 missiles qui les ont frappés jusqu’à présent. Et je vous assure que ces missiles sont guidés par Dieu, et fonctionnent parfaitement sur le plan technique. Ils ne sont pas tirés au hasard ou vainement, mais les Israéliens maintiennent une censure de fer sur les médias. Certes, de temps en temps, ils montrent les images d’un missile qui a frappé une rue déserte, une forêt ou une vallée, afin de décourager les Résistants en les laissant croire que leurs missiles ne causent aucun dégât (et de rassurer leur population). Mais si les missiles de la Résistance ne servent à rien, permettez-donc aux médias et aux journalistes du monde de photographier et filmer tous les endroits frappés par les missiles de la Résistance jusqu’à présent, comme ce qui se passe quotidiennement au Liban : les journalistes sont libres d’aller dans toutes les régions, de filmer tout ce qu’ils veulent, et de révéler au monde où tombent les tonnes de bombes lancées par les avions de l’ennemi.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, le gouvernement sioniste restreint a annoncé sa décision d’élargir l’opération terrestre au moment même de la visite de l’adjoint du Secrétaire d’Etat américain, Monsieur Welch, à Beyrouth. Cette décision fait-elle partie de la guerre psychologique visant à faire pression sur les Libanais afin qu’ils acceptent ce que leur propose Monsieur Welch ? Ou bien cette décision est-elle sérieuse et prendra-t-elle effet sur le champ de bataille ? Quelles sont les limites de cette décision ? S’agit-il d’une extension de l’étape actuelle, ou d’une avancée jusqu’au fleuve Litani ? Quoi qu’il en soit, jusqu’à présent, les Israéliens ont été incapables de s’emparer de la bande frontalière qu’ils ont déclaré vouloir occuper à nouveau, comme ils le faisaient par le passé (avant le 25 mai 2000). Et je vous ai dit que les combats se déroulent toujours à Jal al-Alam, à Labbouné et dans les villages et sur les positions les plus avancés. Quoi qu’il en soit, il est possible que l’ennemi se résolve à se concentrer sur l’axe de Taybbe, car c’est la route la plus proche qui mène au fleuve Litani, et ça permettrait de prétendre devant le monde qu’il est parvenu au fleuve Litani, alors que ce qui sépare le doigt de la Galilée et le fleuve Litani du côté de Taybbe n’est qu’une mince bande de territoire.

Quoi qu’il en soit, je déclare aux sionistes qu’ils peuvent venir n’importe où, qu’ils peuvent envahir et parachuter leurs forces aéroportées, qu’ils peuvent entrer dans tel village ou sur tel point, ce propos n’est pas nouveau mais je le répète : mais tout cela vous coûtera un prix exorbitant. Vous ne parviendrez pas à rester sur notre territoire : si vous y entrez, nous vous en sortirons par la force. Nous transformerons la terre de notre sud chéri en cimetière pour les envahisseurs sionistes. Ceux qui vous combattent sur les lignes de front les plus avancées le font avec héroïsme, et à chaque village, dans chaque vallée et sur chaque colline, à chaque nouvelle étape, vous attendent des milliers de moudjahidines, fin prêts, déterminés, courageux, qui sont les semblables de leurs frères qui vous combattent encore sur les points les plus avancés. Sur le terrain, c’est ce que nous attendons (avec impatience et délectation), c’est ce que nous aimons, c’est ce que nous désirons ardemment. Nous souhaitons que l’agression cesse totalement. Mais si elle doit se poursuivre, alors nous accueillerons avec plaisir toute offensive terrestre (car nous sommes prêts à la recevoir comme il se doit), comme ce qui s’est passé jusqu’à présent. Vous êtes les lâches qui tuez nos femmes, nos enfants et nos vieillards, et qui détruisez nos maisons. Quant à nous, nous tuons vos officiers et vos soldats, et nous détruisons vos tanks et vos véhicules de guerre. Telle est la réalité honorable du terrain avec laquelle nous vous faisons face.

En conclusion à mon discours, je tiens à confirmer en premier lieu aux Libanais et au gouvernement libanais que malgré les souffrances des déplacés, de ceux qui sont restés chez eux et de tous les civils, le Liban reste appuyé sur une situation de terrain (très) forte. C’est l’ennemi qui est dans la confusion et l’incapacité, et qui a (complètement) échoué jusqu’à présent. Dans un développement sans précédent, le commandant de la région nord a été démis de ses fonctions, et remplacé par l’adjoint du chef d’état-major de l’armée ennemie pour prendre la direction des opérations : c’est quelque chose de très important et de très dangereux (en pleine guerre), et les experts en affaires militaires le comprennent très bien. J’appelle les Libanais et le gouvernement libanais à davantage d’endurance, de même que la Résistance est endurante, et j’appelle notre peuple déplacé et ceux qui les ont accueillis à davantage de patience, car c’est vous, surtout après tous ces sacrifices, qui avez exprimé, déclaré et refusé l’humiliation, la vilénie, la soumission et la réalisation des intérêts de l’ennemi aux dépens de nos sacrifices, du sang des martyrs et de tout ce qui a été sacrifié jusqu’à présent.

Et quant à l’ennemi, je lui répète ce qu’a dit le maitre de nos martyrs et notre dirigeant, Sayed Abbas Mousawi : jusqu’à présent, vous avez vu une partie de notre héroïsme. Soyez les bienvenus si vous lancez une offensive terrestre plus vaste, car vous y verrez tout notre héroïsme, avec la grâce de Dieu.

J’adresse un message particulier aux Arabes de Haïfa. Nous avons été et sommes toujours attristés par vos martyrs et vos blessés (touchés par les missiles de la Résistance). Je vous implore de quitter cette ville. J’espère vraiment que vous allez le faire. Durant la période passée, votre présence et ce qui vous a touché nous a fait hésiter de nous en prendre à cette ville, malgré le fait que la banlieue sud de Beyrouth est frappée que nous attaquions Haïfa ou pas, et le reste de la profondeur du territoire libanais est frappé. J’espère que vous allez nous soulager de cette hésitation et que vous allez protéger votre sang, qui est le nôtre, et que vous allez quitter cette ville. Et à tous les moudjahidines de la Résistance aujourd’hui, à tous ceux qui sont encore en train de combattre, et à tous ceux qui sont en position et attendent (l’avancée de l’ennemi), à tous les véritables hommes héroïques qui ont été véridiques dans la promesse qu’ils ont faite à Dieu, et n’ont pas altéré et n’altèreront pas leur engagement d’un iota avec la grâce de Dieu, je leur répète les propos de leur maître (le Commandeur des Croyants, Ali b. Abi Talib), que la paix soit sur lui : « Plantez vos pieds fermement au sol. Même si les montagnes sont secouées, restez inébranlables ! Donnez-vous pleinement à Dieu ! Portez vos regards jusqu’aux confins des lignes ennemies ! Et sachez que la victoire vient de Dieu le Très-Haut. » (Discours de l’Imam Ali à son fils Muhammad b. Hanafiyya lorsqu’il lui remit l’étendard lors de la bataille du chameau). O mes frères, qui avez fait face de la meilleure des manières à l’épreuve de Dieu jusqu’à présent, qui avez réalisé des miracles et êtes devenus une légende, le monde entier vous regarde. Tous les hommes dignes du monde vous regardent. La Nation (arabo-musulmane) et les Libanais placent leurs espoirs en vous. Les familles des martyrs qui nous ont quittés, les blessés, ceux qui endurent les affres du déplacement et du maintien dans leurs domiciles, tous les hommes libres de ce monde vous regardent. Vous êtes tels que vous étiez, tels que vous l’avez dit, et tels que nous le disons. Vous êtes l’espoir, vous êtes ceux en qui on place nos espoirs, vous êtes la victoire proche. Nous prions pour vous, et nous sommes avec vous. Que Dieu vous assiste, vous renforce, vous élève et vous rende victorieux, ô les plus dignes adorateurs de Dieu. Avec vous, nous ne connaîtrons que la victoire, la gloire et la dignité, et la conclusion de cette bataille ne sera que l’humiliation, la honte et la défaite pour nos ennemis sionistes, et tous ceux qui approuvent leur agression et placent leurs espoirs dans l’agression de ces sionistes, les corrupteurs sur la Terre, les assassins des Prophètes.

Que la paix soit sur vous, ainsi que la Miséricorde de Dieu et ses Bénédictions.

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À propos de l'auteur Le Cri des Peuples

« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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