Sauf rebondissement, le Tribunal Spécial sur le Liban (TSL), ou Tribunal Hariri, devrait rendre le 18 août 2020 son verdict dans l’affaire de l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais, Rafic Hariri.
Initialement prévue pour le 7 Août 2020, le verdict, reporté d’une dizaine de jours, intervient dans un contexte particulièrement explosif alors que Beyrouth est sinistrée par une déflagration dévastatrice qui a coûté la vie à près de cent personnes et 3.500 blessés, et le Liban, en état de faillite du fait d’une gestion erratique d’une caste politico bancaire, est soumis à un quasi blocus des États-Unis visant à neutraliser le Hezbollah, le fer de lance du combat anti-israélien.
Jugés par contumace par le TSL, organe soutenu par les Nations unies qui siège dans la banlieue de La Haye, aux Pays-Bas, les quatre suspects, membres du Hezbollah chiite soutenu par l’Iran, sont soupçonnés d’avoir organisé et coordonné l’attentat qui a coûté la vie à l’ancien Premier ministre libanais et chef de file de la communauté sunnite le 14 février 2005.
Salim Jamil Ayyash, Hassan Habib Merhi, Assad Hassan Sabra et Hussein Hassan Oneissi ont été confondus par l’analyse de données téléphoniques d’appel et de localisation.
Fondé en 2009, le fonctionnement de cette juridiction ad hoc a été émaillé d’une démission en cascade tant au niveau de sa composition que de ses collaborateurs. Quinze ans d’enquêtes préliminaires, la plupart du temps à charge, de comparution de faux témoins, de dépositions anonymes, au coût exorbitant de près de 975 millions de dollars, dont la moitié à la charge du Liban, un pays exsangue financièrement, le Tribunal Hariri passera à la postérité comme une parfaite parodie de la justice internationale, une insulte à la notion même de justice.
Pour rappel, le TSL avait rendu public son acte d’accusation le 30 juin 2011, le jour même où le nouveau gouvernement libanais présidé par Najib Mikati se réunissait pour approuver sa déclaration de politique générale, en prélude au vote de confiance au parlement Libanais.
L’acte qui mentionnait la responsabilité de plusieurs membres du mouvement chiite Hezbollah était conforme dans une large mesure aux révélations du journal Der Spiegel, en 2009, ainsi qu’aux fuites de la chaine de télévision israélienne Canal 10, en juillet 2010. Une telle coïncidence pose le problème de la fonction de la Justice pénale de son éventuelle instrumentalisation à des fins politiques, la satisfaction des desseins stratégiques des grandes puissances occidentales.
L’internationalisation d’un crime interne, s’agissant de l’assassinat d’une personnalité n’exerçant aucune responsabilité internationale, et d’un crime commis sur le territoire d’un état souverain dont la victime en est le ressortissant, de même que l’instrumentalisation de cette justice à des fins politiques, placent le Liban sous un mandat de facto des puissances occidentales, à la merci d’un chantage permanent, occultant le débat sur le passif de l’ère Hariri, qui hypothèque, lui, l’avenir du Liban.
Ci-joint l’historique de ce tribunal, de ses objectifs sous-jacents, le rôle pernicieux des États-Unis et de la France, de ses dérives et de ses excès.
Prologue: Le tribunal Spécial sur le Liban: une justice sous influence
https://www.renenaba.com/le-tribunal-special-sur-le-liban-une-justice-sous-influence/
1er volet : Le Tribunal spécial sur le Liban à l’épreuve de la guerre de l’ombre
https://www.renenaba.com/le-tribunal-special-sur-le-liban-a-lepreuve-de-la-guerre-de-lombre/
2eme volet : Le Liban banc d’essai de la théorie de la désorientation informative et de la dissension sociale
https://www.renenaba.com/le-liban-banc-dessai-de-la-theorie-de-la-desorientation-informative-et-de-la-dissension-sociale
3me volet: : Les États-Unis, une justice à la carte; La France une suspicion légitime
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