En proie à des luttes de factions permanentes, à des guerres de clans pour le pouvoir et à un partage instable des prérogatives, le Liban a toujours été fragilisé politiquement et économiquement. La crise syrienne avec des centaines de milliers de réfugiés (on parle d’un million et demi de Syriens !), les pressions et agressions israéliennes directes et indirectes et le boycott financier américain ont ajouté un poids sur le dos du peuple libanais, dont les explosions de colère sociale se sont multipliées en 2019-2020. La double explosion du 4 août vient parachever ce qui ressemble à un agenda…
La journaliste Sahar Al-Attar, interrogée par France Culture, tient à la thèse de l’accident, qui arrive dans un contexte très particulier de tensions maximales entre Israël et le Hezbollah (avec une série inexplicable d’explosions et d’incendies en Iran), et au moment du verdict de l’enquête de la justice internationale sur l’assassinat de l’ancien Premier ministre, un verdict qui doit tomber dans… deux jours. Les coïncidences sont toujours possibles, mais en politique, elles sont rares.
On se souvient de la dernière agression militaire de l’entité israélienne contre le Hezbollah en 2006, ce prétexte pour attaquer le Liban, où toutes les infrastructures importantes du pays avaient été détruites par l’aviation israélienne. L’objectif d’Israël est toujours d’éradiquer le Hezbollah qui se planque – en fait qui ne se planque pas puisqu’il participe au pouvoir tripartite – chez son petit mais résistant voisin.
Mais le Liban n’est pas que le voisin énervant d’Israël, c’est aussi un pays lié historiquement à la France et qui conserve une des rares survivances chrétiennes en Orient. C’est peut-être d’ailleurs et les chrétiens et les militants du Hezbollah qui sont régulièrement visés par les agresseurs israéliens qui, on le sait, ont utilisé les mercenaires de Daech pendant près de dix ans en Syrie (2011-2020) pour détruire, entre autres, tous les vestiges chrétiens d’Irak et de Syrie.
L’objectif du pouvoir colonialiste et raciste israélien dans la région est bien un nettoyage ethnique antichrétien et anti-iranien. En Syrie, la guerre est quasiment ouverte entre Israéliens et Syriens, ces derniers conservant une posture défensive, probablement sur ordre des Russes.
Israël, dans son rêve eschatologique délirant, veut détruire tout ce qui existe autour pour en faire un Grand Israël. Cela passe par la destruction de l’Irak, ce pays multimillénaire, une destruction obtenue en deux coups sous parapluie américain en 1990 et 2003 (jusqu’à 2011 et l’invention de Daech). L’invasion du Liban ayant échoué en 1982, comme l’attaque contre le Hezbollah en 2006, les Israéliens se sont rabattus sur des proxies pour faire avancer leur « cause » maléfique : l’État (pseudo) islamique en Irak et au levant, puis les sanctions économico-bancaires contre le Liban arrachées à l’allié américain.
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