Par Moon of Alabama – Le 30 juillet 2020
En 2019, les États-Unis étaient classés comme le pays le mieux préparé à une pandémie. Cette année encore ils sont en tête. Comme le Wall Street Journal le souligne :
Les États-Unis sont en tête du classement mondial avec plus de 150 000 décès dus au coronavirus et une augmentation des hospitalisations
Le Washington Post en rajoute une couche :
1 400 décès par coronavirus en un jour aux États-Unis, soit environ un mort par minute
Le nombre de nouveaux cas aux États-Unis a, pour l’instant, atteint un sommet car les États du sud ont pris certaines mesures pour réduire les nouvelles infections. Mais je crains que la tendance à la baisse soit – encore – très lente et que nous assistions à une nouvelle augmentation, car certains autres États – l’Ohio, le Tennessee, l’Indiana et le Kentucky – affichent des taux d’infection en hausse. Ils pourraient être les prochains à avoir des problèmes. La courbe des décès dus à la Covid-19 suit la courbe des infections avec trois à quatre semaines de délai. Le nombre de décès atteindra probablement son maximum à la fin du mois d’août.
Les dommages économiques que la pandémie a causés aux États-Unis sont extrêmes :
L'économie américaine s'est contractée à un taux annualisé de 32,9 % au deuxième trimestre - la pire contraction jamais enregistrée depuis 1947, a déclaré le gouvernement, jeudi dernier. ... Cette impressionnante contraction bat le dernier record établi en 1958, lorsque le PIB s'était contracté à un taux annualisé de 10 %.
Il est intéressant de noter que la contraction de 1958 était le résultat direct de la pandémie de grippe H2N2 de 1957/58.
Au niveau international, les situations sont diverses. L’Asie du Sud-Est semble avoir réussi à mettre le problème sous contrôle. L’Inde est un gâchis. L’Amérique du Sud a d’énormes problèmes. Les pays d’Europe de l’Ouest semblent pour l’instant bien se porter, mais je m’attends à une nouvelle hausse importante, car les gens commencent à perdre leur discipline. L’Europe de l’Est semble morose. Il y a peu de données fiables disponibles pour le Moyen-Orient et l’Afrique.
Au cours des six derniers mois, les scientifiques et les médecins ont beaucoup appris sur le virus et les maladies qu’il provoque. J’utilise ici le pluriel car le virus est à l’origine de tant de problèmes différents qu’il est difficile de les considérer comme une seule et même maladie.
Certains professeurs de l’UCSF ont écrit un très bon article qui décrit les différents effets qu’ils constatent chez leurs patients : « Nous pensions que c’était juste un virus respiratoire – Nous avions tort. »
Lorsque la pandémie a atteint l’Europe, il y a eu des discussions sur les chiffres publiés concernant les décès dus à la Covid-19. Des personnes ayant eu des crises cardiaques et qui étaient positives à la Covid-19 sont-elles mortes à cause de la Covid-19 ou en ayant la Covid-19 ? Ceux qui se sont prononcés contre le port de masques et le confinement croyaient que la plupart des décès par crise cardiaque ne provenaient pas de la Covid-19 et qu’il était erroné de les inclure dans le nombre total de décès par Covid-19. Mais les dommages importants que le virus provoque directement dans une multitude d’organes montrent clairement que la Covid-19 était très probablement la cause directe de tous ces décès.
Un conflit similaire a récemment eu lieu dans l’Idaho à propos du décès d’une infirmière pédiatrique praticienne qui était morte d’une crise cardiaque causée par la Covid-19 :
Le post, que la députée Tammy Nichols, républicaine de Middleton, a partagé mercredi, sans commentaire, souligne que Samantha Hickey, décédée il y a deux semaines à 45 ans, a eu une crise cardiaque. Le post de Cate Tedeski laisse entendre que la mort de Hickey a été en quelque sorte déformée par les médias pour effrayer le public. Il était lié à un article du Idaho Statesman qui rapportait comment Hickey, qui travaillait pour le St. Luke's Health System, est morte d'une crise cardiaque après avoir contracté le coronavirus.
Le médecin cardiologue qui avait soigné l’infirmière praticienne a rendu public le cas et le décrit ainsi :
Le SRAS-CoV-2, ou le virus qui provoque la maladie COVID-19, est un nouveau virus dont nous savons encore très peu de choses. Non seulement le virus peut provoquer une pneumonie grave et une insuffisance pulmonaire, mais il peut aussi causer des lésions cardiovasculaires spécifiques. Chez certains patients atteints de COVID-19, le stress causé par l'infection et l'inflammation provoque de petites crises cardiaques qui peuvent être identifiées par des analyses sanguines. Chez d'autres patients et pour des raisons que nous ne comprenons pas encore, la COVID-19 provoque une coagulation dans les vaisseaux sanguins qui peut entraîner des crises cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux. En outre, le virus peut s'attaquer directement au muscle cardiaque lui-même et provoquer une maladie appelée myocardite virale. La myocardite peut survenir à tout âge et il est impossible de prévoir qui sera gravement atteint. Parfois, le virus cause tellement de dommages au muscle cardiaque que les patients meurent d'anomalies rythmique ou de choc parce que leur cœur ne peut plus fonctionner. Malheureusement, Samantha Hickey est morte d'un choc cardiaque dû à une myocardite COVID-19. Elle était pourtant en bonne santé, à 45 ans, avant d'être infectée.
Les problèmes cardiaques causés par la COVID-19 sont fréquents. Prenez cette étude qui a examiné les changements cardiaques dans l’IRM des personnes qui ont attrapé la maladie :
Constatations : Dans cette étude sur 100 patients récemment guéris de la COVID-19, identifiés dans un centre de test COVID-19, l'imagerie par résonance magnétique cardiaque a révélé une implication cardiaque chez 78 patients (78%) et une inflammation myocardique continue chez 60 patients (60%), indépendamment des conditions préexistantes, de la gravité et de l'évolution globale de la maladie aiguë, et du temps écoulé depuis le diagnostic initial.
Deux tiers de ces personnes n’avaient même pas été hospitalisées. Il s’agissait de cas « bénins ». Les lésions cardiaques chez les 60 % qui ont attrapé la Covid-19 pourraient être permanentes. Même des personnes par ailleurs en bonne santé peuvent subir cette conséquence. Le lanceur de l’équipe de football des Red Sox, Eduardo Rodriguez, en est l’une des victimes.
En outre, le CDC a maintenant reconnu qu’environ 35 % des personnes qui ont attrapé la Covid-19, avec symptômes, ne se sont pas complètement remises, même après 2 ou 3 semaines. Cela inclut les « long-termes » comme Hannah Davis qui a récemment fait cette mise à jour :
Je viens de franchir la barre des 4 mois de maladie de #COVID19. Je suis jeune et j'étais en bonne santé. Mourir n'est pas la seule chose dont il faut s'inquiéter. J'ai toujours une fièvre quasi quotidienne, une perte de fonction cognitive, des tremblements violents, des problèmes gastro-intestinaux, de forts maux de tête, un rythme cardiaque de plus de 150, de l'arthrite virale, 1/ des palpitations cardiaques, des douleurs musculaires, la sensation que mon corps a oublié comment respirer. Au cours des 124 derniers jours, j'ai perdu toute sensation dans mes bras et mes mains, j'ai eu des douleurs extrêmes au dos, aux reins et aux côtes, des odeurs fantômes (comme quelqu'un qui fait un barbecue de viande avariée), des acouphènes, des difficultés à comprendre un texte ou à lire, 2/ des difficultés à suivre les conversations, sensibilité au bruit et à la lumière, contusions permanentes. Penser peut causer des maux de tête maintenant. Je ne suis pas le seul à avoir des problèmes cognitifs ; c'est un symptôme aussi courant que la toux. Personne ne sait quand les patients #longcovided ne sont plus contagieux ; beaucoup sont seuls depuis des mois. ...
Les effets à long terme de la Covid-19 ne sont pas rares. En Espagne, plus de la moitié des patients atteints de coronavirus ont développé des problèmes neurologiques.
Si nous avons beaucoup appris sur le virus et les maladies qu’il provoque, il y a encore plus de choses que nous ne savons pas. De nombreux jeunes, dont la plupart n’ont pas à craindre la mort du Covid-19, semblent supposer que le virus va se propager à presque tout le monde et ne se soucient donc pas de se faire infecter immédiatement. C’est une idée stupide :
Chaque mois qui passe, les chercheurs en apprennent davantage sur la meilleure façon de traiter les patients les plus malades. Bien qu'il n'y ait toujours pas de remède, il existe maintenant des preuves de l'efficacité de traitements tels que le remdesivir et la dexaméthasone, a déclaré le Dr Abraar Karan, médecin interne au Brigham and Women's Hospital de Boston, de sorte que vos chances de survie sont sans doute meilleures aujourd'hui qu'en février. "Plus vous attendez pour être infecté, moins vous avez de chances de participer à une expérience et plus vous avez de chances de recevoir le résultat d'une expérience bien faite", a-t-il déclaré.
Je pense depuis longtemps que le virus du SRAS-CoV-2 se propage principalement par aérosols dans les pièces équipées de climatiseurs. C’est la seule explication à plusieurs phénomènes de super propagation décrits au début. La douzaine de personnes qui ont été infectées dans un restaurant de Guangzhou étaient toutes assises dans le courant d’air d’un climatiseur. Une cinquantaine de cas dans un centre d’appel situé à un étage d’immeuble à Singapour indiquaient également que la climatisation était l’élément diffuseur. Les nombreux cas d’une épidémie dans une usine allemande de transformation de viande ont également été causés par des aérosols dans une atmosphère climatisée. Une analyse détaillée de cet événement est présentée ici. Les auteurs résument :
En conclusion, cette étude indique que la transmission du SRAS-CoV-2 peut se produire sur des distances d'au moins 8 [mètres] dans des espaces confinés dans des conditions de taux de renouvellement d'air relativement faibles et de taux élevés d'air non filtré recyclé.
Les personnes infectées par le CoV-2-SARS propagent des gouttelettes et des aérosols lorsqu’elles parlent, éternuent ou toussent. Les systèmes de climatisation assèchent également l’air tout en le refroidissant. Dans l’air sec, les gouttelettes d’une personne infectée perdent très rapidement leur teneur en eau et se transforment en aérosols porteurs du virus. Les aérosols ne tombent pas au sol. Les systèmes de climatisation peuvent les propager très efficacement.
Le système de climatisation des avions modernes utilise des filtres HEPA qui captent les particules de la taille d’un aérosol. Les masques N95 (FFP2 en Europe) font de même. Pour tous ceux qui travaillent avec d’autres personnes dans un environnement fermé dans lequel la climatisation non filtrée est utilisée, je recommande de porter un masque.
Il existe des recherches sur d’autres virus qui appuient cette recommandation :
Efficacité des masques chirurgicaux contre les bioaérosols de la grippe
Élimination du virus respiratoire dans l’air expiré et efficacité des masques faciaux
Les masques font plus que protéger les autres pendant COVID-19 : Réduire l’inoculum du SRAS-CoV-2
Contrairement au manque d’attention porté aux aérosols, les fomites [infections par contact avec la matière, NdT] en ont reçu beaucoup trop. Leur risque a été exagéré. La probabilité qu’une gouttelette de virus se trouvant sur une surface quelconque se retrouve dans le nez est très faible. C’est pourquoi je n’essuie pas les surfaces par crainte de la Covid-19 et je n’ai jamais changé mon hygiène des mains. Le nettoyage en profondeur n’a pas de sens. Le cirque autour d’une telle hygiène n’est qu’une énorme perte de temps.
Pour les salles publiques et les bureaux climatisés, la mise en place de filtres HEPA dans les climatiseurs devrait avoir la plus haute priorité. À moins que cela ne soit déjà le cas, les masques devraient être rendus obligatoires dans ces endroits.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Jj pour le Saker Francophone
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