Le jour du jugement dernier pour Ghislaine Maxwell arrive enfin. Ou peut-être pas

Le jour du jugement dernier pour Ghislaine Maxwell arrive enfin. Ou peut-être pas

Par Philip Giraldi − Le 9 juillet 2020 − Source Strategic Culture Foundation

Le fait que Ghislaine Maxwell soit enfin en détention est certainement satisfaisant pour tous ceux d’entre nous qui la pensent complètement complice des crimes horribles commis contre des jeunes filles par son associé Jeffrey Epstein. L’internet est déjà en train de spéculer sur la durée de sa détention, étant donné la mort par suicide qui aurait éliminé Epstein dans une prison de haute sécurité de Manhattan en août 2019. Avant de tirer des conclusions trop hâtives, il convient toutefois de prendre en considération un certain nombre d’autres développements dans le cas la concernant.

Tout d’abord, l’arrestation de Maxwell n’était pas fortuite. Elle a clairement fait des efforts pour cacher la majeure partie de sa fortune de plusieurs millions de dollars, mais elle a été visible pour ceux qui savaient où chercher. Elle s’est déplacée librement, tout en gardant un profil bas, et a entrepris « des efforts délibérés pour éviter d’être repérée, notamment en changeant de lieu au moins deux fois, en changeant son numéro de téléphone principal (qu’elle a enregistré sous le nom « G Max ») et son adresse électronique, et en commandant des colis à livrer à une autre personne figurant sur l’étiquette d’expédition ».

L’acte d’accusation de 18 pages indique que « le gouvernement a identifié plus de 15 comptes bancaires différents détenus par l’accusée, ou associés à celle-ci, de 2016 à aujourd’hui, et pendant cette même période, le solde total de ces comptes a varié d’un montant entre quelques centaines de milliers de dollars et plus de 20 millions de dollars ». Maxwell a été accusée d’avoir recruté et « préparé » des jeunes femmes pour qu’Epstein les abuse, ce qui pourrait entraîner une peine de 35 ans de prison.

Comme Maxwell, 58 ans, qui a la citoyenneté britannique ainsi que celle des États-Unis, de la France et d’Israël, a été considérée comme présentant un risque de fuite considérable, elle n’a pas été autorisée à payer sa caution après son arrestation.

Pendant que Maxwell se déplaçait librement, le FBI n’a apparemment même pas tenté de l’interroger. Elle a passé beaucoup de temps avec ses avocats et aurait été vue en train de prendre un café à Los Angeles, de faire du shopping près de son appartement à Paris, de visiter la Grande-Bretagne et de rester sous protection en Israël. Elle est née en France et son père, l’espion israélien Robert, est présumé avoir eu une citoyenneté israélienne, qui lui aurait été transférable. La France et Israël sont deux pays qui refusent généralement l’extradition de leurs ressortissants, de sorte qu’elle aurait pu rester dans l’un ou l’autre pays et aurait évité des poursuites aux États-Unis. On peut également rappeler qu’Epstein avait un véritable passeport autrichien sous un faux nom, ce qui est un indicateur probable de ses liens avec les services de renseignement. Il est tout à fait possible que Ghislaine ait également un document avec une fausse identité.

Lorsqu’elle a été arrêtée, Ghislaine vivait dans une luxueuse maison de campagne de 156 acres dans une région rurale du New Hampshire. Elle avait acheté la propriété en décembre dernier pour 1,07 million de dollars par l’intermédiaire d’une société à responsabilité limitée ne portant pas son nom, et créée par un de ses avocats. Il est clair que la police savait exactement où elle pouvait être trouvée. La maison se trouve à deux heures de route de la frontière canadienne, ce qui aurait pu être un refuge si elle avait senti que les forces de l’ordre s’y rendraient, mais on peut se demander pourquoi elle aurait voulu retourner aux États-Unis. Je soupçonne plutôt qu’elle et ses avocats ont en fait été en contact avec les autorités et qu’une sorte de négociation d’accord a été envisagée.

Pourquoi maintenant ? Le moment semble être lié à d’autres événements. Pas plus tard que la semaine dernière, la juge fédérale Loretta Preska a décidé que les documents relatifs à Epstein et Maxwell en possession de la plaignante et victime Virginia Giuffre devaient être détruits. Les informations sur Epstein et Maxwell, extraites d’un procès civil intenté par Giuffre contre Epstein en 2015, semblent avoir contenu les noms des personnes avec lesquelles Epstein avait fait des affaires, tant celles qu’il a enregistrées en flagrant délit que ses autres clients et même ses victimes.

Preska a jugé que les avocats de Giuffre avaient obtenu les documents de manière irrégulière et a ordonné que tous les documents des dossiers « soient détruits ». Elle a également exigé la preuve que les documents avaient été détruits. On ne sait pas exactement où se trouvent les enregistrements secrets d’Epstein, mais le FBI a saisi tous les documents et autres données au manoir de Manhattan après son arrestation. Certains pensent cependant que Ghislaine possède certaines de ces bandes, probablement cachées ou sous la garde de ses avocats.

La perte des dossiers Giuffre portera gravement préjudice à l’action pénale engagée par le gouvernement contre Maxwell ainsi qu’à l’action en justice intentée par les victimes contre la succession d’Epstein. Ghislaine a été accusée de procurer des jeunes filles et de les « préparer » à avoir des relations sexuelles avec Epstein et ses clients importants, ce qu’elle a nié. Le procès à venir pourrait facilement se terminer assez rapidement avec un aveu de culpabilité édulcoré de Maxwell et une peine de prison minimale négociée. Tous les documents relatifs à l’affaire, y compris les enregistrements, seraient scellés, ce qui permettrait notamment de protéger d’autres actions gouvernementales à venir, à savoir les personnalités éminentes et les agences d’espionnage qui auraient pu être impliquées soit comme victimes soit comme auteurs.

Tout porte à croire que le Ministère de la Justice, aidé et encouragé par les médias, cherche à enterrer certains aspects de l’affaire Epstein. Un documentaire récent paru sur Netflix « Jeffrey Epstein : Filthy Rich » [le riche obscène, NdT] évite soigneusement toute discussion sur l’aspect espionnage israélien probable des activités d’Epstein. Le père de Ghislaine, qui a présenté Jeffrey à sa fille, était un éminent espion du Mossad qui a reçu des funérailles nationales en Israël après sa mort mystérieuse en 1991, auxquelles ont assisté le Premier Ministre ainsi que tous les anciens chefs des services de renseignement de ce pays et tous ceux qui étaient en poste.

Une confirmation supplémentaire de la connexion israélienne provient d’un livre récent de l’ancien officier de renseignement israélien Ari Ben-Menashe, qui affirme qu’Epstein et sa complice Ghislaine Maxwell étaient engagés dans un chantage à l’égard de politiciens éminents pour le compte du service de renseignement étranger israélien, le Mossad. Selon Ben-Menashe, les deux travaillaient directement pour le gouvernement israélien depuis les années 1980 et leur opération, financée par le Mossad et par d’éminents juifs américains, était un « piège à miel » classique qui utilisait des jeunes filles mineures comme appât pour attirer des hommes politiques connus du monde entier. Les politiciens étaient photographiés et enregistrés sur vidéo lorsqu’ils étaient au lit avec les filles. Le Prince Andrew, Bill Clinton et Donald Trump étaient des visiteurs au manoir d’Epstein à New York où les enregistrements ont été réalisés, tandis que Clinton voyageait régulièrement dans l’avion « Lolita Express » qu’Epstein utilisait pour transporter ses « amis » à son domaine en Floride et à son île privée des Caraïbes, appelée par les habitants de l’île « Pédophile ».

Concernant Maxwell et Epstein, personne au Ministère de la Justice ne semble vouloir poser une question simple qui apporterait une clarté significative si elle y était répondue honnêtement. La preuve concluante que Jeffrey Epstein était un agent de renseignement israélien ou même américain pourrait bien être tirée des commentaires de l’ancien procureur américain à Miami, Alexander Acosta, lorsqu’il a été ultérieurement innocenté par l’équipe de transition Trump. On lui a demandé : « L’affaire Epstein va-t-elle poser un problème [pour les audiences de confirmation] ? …  » Acosta a témoigné qu’il n’avait eu qu’une seule réunion sur l’affaire Epstein. Il a négocié l’accord sur l’abandon des poursuites avec l’un des avocats d’Epstein parce qu’on lui avait « dit » de faire marche arrière, qu’Epstein était au-dessus de son grade. « On m’a dit qu’Epstein appartenait aux services de renseignements et qu’il fallait le laisser tranquille ».

Pourquoi personne dans les différentes agences de renseignement du gouvernement ou dans les grands médias ne s’intéresse à ce que voulait dire Acosta, même s’il serait facile de lui demander ? Qui lui a dit de faire marche arrière ? Et comment lui ont-ils expliqué ? La réponse simple pourrait être qu’Epstein était en fait un espion israélien qui s’en prenait à des personnalités importantes et que tout ce qui a trait à l’État juif, aussi malodorant soit-il, est un sujet politique brûlant et interdit aux Démocrates comme aux Républicains. Si tout cela est vrai, nous, le public, ne verrons rien qu’un « procès spectacle » de Ghislaine Maxwell qui prétendra tout révéler et citer des noms. Elle disparaîtra discrètement dans le système judiciaire et, bientôt, elle sera de nouveau en liberté, emportant ses secrets avec elle.

Philip Giraldi

Traduit par Michel, relu par Wayan pour Le Saker Francophone

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