Bonjour Monsieur Buscemi,
Je vous ai écrit en juin 2018 […]
J’avais un malaise avec certains commentaires et… j’en ai encore avec le dernier Culture de Vie [notre bulletin format papier mensuel — NDLR] reçu la semaine dernière.
Je voudrais d’abord vous signaler que je suis une catholique qu’on qualifie de traditionaliste, que je suis abonnée aux bulletins de Campagne Québec-Vie, depuis les tout débuts, dans le temps de monsieur Gilles Grondin et participante aux marches de mai à Ottawa.
Vladimir Poutine qui restera en place jusqu’en 2036, est-ce un plus pour les libertés des citoyens de ce pays ? Mentionner cet homme dans un bulletin qui promeut la vie, est-ce vraiment une bonne idée ? Un homme qui n’a aucune hésitation à faire tuer des journalistes russes, et qui fait assassiner à l’étranger des opposants à son régime, avec des métaux radioactifs. Je l’ai même entendu dire dans une entrevue, qu’il n’avait aucune empathie ou pardon, pour les gens qui sont contre lui.
[…]
Concernant Trump, je crois que lorsqu’il met le monde en garde contre la Chine et l’OMS, c’est réaliste. Mais comment pouvons-nous prendre au sérieux un homme, qui a tout propos, dit blanc une journée et son contraire quelques jours plus tard ? Comment croire à sa sincérité, lorsqu’il a fait sa profession de foi pro-vie à la dernière marche américaine ? On serait peut-être surpris de savoir combien de femmes se sont fait avorter sous ses pressions. Cet homme-là, un vrai républicain ? Mike Pence est un vrai républicain, pro-vie, mais en même temps pro-armes…
Il me semble qu’il y a sûrement des porte-paroles des valeurs chrétiennes plus dignes de mention que Vladimir Poutine ou Donald Trump, qui pourraient être cités dans Culture de Vie.
Je ne comprends pas non plus les critiques adressées au pape François. Ça n’a pas sa place dans un bulletin catholique. Tout comme le Christ dans son temps, qui a été très contesté, certaines de ses prises de position peuvent surprendre. L’Eglise catholique n’a jamais été si contestée, est-ce nécessaire d’en rajouter une couche ? Et de semer encore plus de doute dans la tête des catholiques ?
— Une lectrice
+JMJ+
Madame,
Ma réponse à vos questionnements demeure semblable à celle donnée il y a un an : la distinction que l’on doit faire, d’une part, entre la personne et, de l’autre, les politiques qu’elle met de l’avant, explique comment CQV par ses bulletins peut louer des politiques avancées par Trump ou Poutine sans pour autant cautionner l’intégralité de toutes leurs prises de position politiques ni de leurs vies personnelles. Dans l’ensemble, les politiques de Trump en ce qui a trait à la défense de la foi (liberté religieuse, protection du patrimoine), la famille (choix scolaire, diminution de la promotion de l’idéologie LGBT et transgenre) et la vie (appui concret au mouvement pro-vie par sa présence à la Marche pour la vie, par ses politiques pro-vie ainsi que par ses choix de juges et de personnel), sont à des années-lumière de celles de ses opposants, tant aux États-Unis (Parti démocrate) qu’ailleurs (le Canada de Justin Trudeau, la France de Macron, etc.). En ce qui a trait à Poutine, ce nouveau Czar de la Russie a très certainement ses parts d’ombre. Or, il tente de diminuer le taux d’avortements dans son pays, tente de le rechristianiser (à sa façon, certes discutables à certains égards…) et, oui, tente de réinstaurer dans son peuple un semblant d’ordre naturel, donc la définition, dans la constitution russe, du mariage en tant qu’union d’un homme et d’une femme. Ceci est en soi louable ; c’est une bonne nouvelle.
En tant que rédacteur du bulletin mensuel de Campagne Québec-Vie, je suis constamment à la recherche de « bonnes nouvelles ». Ces dernières, certes provisoires, mais quand même indicatrices et prémonitoires de la victoire finale du Christ, Seigneur de la Vie, servent de petites consolations pour ces combattants pour une Culture de Vie que nous sommes. Or, le découragement me gagne lorsque des personnes me rapprochent d’avoir cité l’une ou l’autre de ces personnes, sans lesquelles je n’aurais absolument rien de positif à rapporter au niveau politique sur les plans pro-vie, pro-famille et pro-Dieu, les autres gouvernements occidentaux étant foncièrement anti-chrétiens, anti-vie et anti-famille (sauf rares exceptions, qui elles aussi sont jugées « infréquentables » par la bien-pensance, je veux dire par exemple Bolsonaro au Brésil ou Orbán en Hongrie).
Si vous me le permettez, j’entrevois en lisant votre lettre que vous faites trop confiance en nos médias de masse, qui sont constamment occupés à salir l’image de Trump et d’autres hommes d’état qui, certes faillibles et même déficients à plusieurs égards, ont beaucoup de mérite. Or, cette haine que démontrent unanimement nos médias de masse (LCN, RDI, Journal de Montréal, La Presse, L’Actualité, etc.) pour Trump et ses politiques devrait nous servir d’avertissement, spécialement lorsque nous savons que ces médias sont les premiers et perpétuels promoteurs de la Culture de mort (avortement, euthanasie, mariage gai, antichristianisme, etc.) Comment faire confiance à leurs reportages, comment se laisser empoisonner quotidiennement par ces médias, lorsque nous connaissons leur complicité dans ce régime de Mort que nous combattons ? Je vais être franc au point d’être cru : si vous lisez ou regardez quotidiennement un média de masse (Radio-Canada, Le Devoir, La Presse, Le Journal de Montréal, etc.), sans esprit très critique, sans la vive conscience de lire ou de regarder de la propagande ennemie, vous allez très sûrement avoir le jugement déformé, ce qui peut aller même jusqu’à compromettre votre salut éternel. Qu’on se le dise : la télévision et les autres médias de masse sont autant de poisons spirituellement mortels. Seuls les experts en substances toxiques devraient en regarder, et cela, uniquement dans le but de trouver des antidotes.
Finalement, vous dites que vous ne comprenez pas, en tant que « catholique qu’on qualifie de traditionaliste », que des critiques de François soient présentées dans un bulletin qui se veut chrétien catholique. Premièrement, je tiens à vous rappeler que les critiques directes du pape sont rares dans notre bulletin Culture de vie. De plus, ces critiques, spécialement pour vous qui vous décrivez comme traditionnelle, devraient être très facile à comprendre : il y a le feu dans la demeure ! Si j’avais à vous énumérer toutes les possibles hérésies, les possibles compromis, les nominations douteuses (en commençant par M. l’ex-cardinal McCarrick), je pourrais facilement écrire un livre en plusieurs volumes. Or, si vous savez toutes ces choses, mais encore vous pensez qu’on ne devrait pas en parler, sachez que je ne suis simplement pas de cet avis. Je ne suis pas de ceux qui pensent que le tout doit être tu, et qu’une façade d’unité doit être maintenue vis-à-vis de ceux à l’extérieur de l’Église. Au contraire, ceux et celles de bonne volonté qui sont encore à l’extérieur de l’Église savent déjà, ou soupçonnent fortement que bien des choses ne tournent pas rond dans l’Église, et que seul le témoignage de ceux et celles qui se battent ouvertement contre ces abus, même les abus, erreurs, etc. des plus hauts prélats, donnent crédibilité à l’Église du Christ aux yeux de ces étrangers à la foi.
Ce doute dont vous parlez, cette fumée de Satan qui remplit notre Église et fait larmoyer nos yeux, provient de nos péchés ainsi que ceux de nos dirigeants. Un grand mea culpa est de mise, une grande purification est à prévoir, l’heure d’un grand ménage sonne. L’heure de la discrétion est terminée, je fais miennes ces paroles de Sainte Catherine de Sienne : « Ne soyez plus silencieux ! Criez avec cent mille langues. Je vois qu’à cause de ce silence, le monde est en ruine, l’Épouse du Christ pâlit ; la couleur est enlevée de son visage parce que son sang a été égoutté, c’est-à-dire le sang du Christ, qui est donné comme un don gratuit et non de droit ».
Pour la Vie,
Georges Buscemi
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec