Par The Saker − Le 14 juillet 2020 − Source Unz Review via thesaker.is
À peu près au milieu de l’année 2020, il devient assez évident qu’il existe un certain nombre de développements majeurs qui ont retenu presque toute notre attention, et pour une bonne raison, car ce sont des changements tectoniques qui sont vraiment qualifiés des «catastrophes» – selon la définition du mot « un changement violent et soudain dans une caractéristique de la terre ».
Les voici :
- L’initiation de l’effondrement global de l’Empire anglo-sioniste.
- L’immense bulle économique dont la taille sans cesse croissante est le meilleur indicateur de l’ampleur de l’énorme explosion qu’elle entraînera inévitablement.
- L’implosion de la société américaine due à une combinaison de plusieurs crises systémiques profondes – effondrement économique, tensions raciales, pauvreté de masse, aliénation, absence de protections sociales, etc.
- La pandémie de COVID-19 – alias «c’est comme la grippe saisonnière !!» – qui ne fait qu’exacerber tous les autres facteurs majeurs énumérés ci-dessus.
- Enfin, il est difficile d’imaginer à quoi ressemblera la prochaine élection présidentielle américaine, mais une chose est sûre : d’ici novembre, nous connaîtrons déjà une tempête parfaite – l’élection ne fonctionnera que comme une source d’énergie qui alimentera encore plus cette tempête déjà parfaite.
Certes, il s’agit d’évolutions véritablement importantes, historiques, dont l’importance ne peut être surestimée. Ce ne sont cependant pas les seuls développements très graves. Il existe, en effet, plusieurs zones de tensions politiques sévères qui pourraient également entraîner une explosion majeure, bien que «seulement» régionale !
J’en énumérerai quelques-unes, en commençant par la plus visible :
Turquie
Erdogan ne sert à rien de bon. Encore une fois. Quelle grosse surprise, non ? Chaque fois que j’entends quelqu’un écrire quelque chose sur Erdogan rêvant de devenir le sultan d’un nouvel empire ottoman, j’ai tendance à rouler des yeux car c’est un cliché. Pourtant, on ne peut nier que ce cliché est vrai – l’idéologie néo-ottomane est définitivement bien vivante en Turquie et Erdogan veut clairement «monter ce cheval». Alors, énumérons quelques-unes des choses auxquelles les Turcs ont participé :
- Syrie : les Turcs ont clairement traîné les pieds dans le nord de la Syrie où, du moins selon l’accord conclu entre Erdogan et Poutine, les «mauvais terroristes» auraient dû partir il y a longtemps et la route principale aurait dû être sous la protection conjointe des forces russes et turques. Eh bien, la Turquie a fait une partie de cela, mais pas tout, et les «mauvais terroristes» sont toujours très présents dans le nord de la Syrie. En fait, ils ont récemment tenté d’attaquer la base des forces aérospatiales russes à Khmeimim. Ils ont échoué, mais c’est toujours quelque chose dont les Turcs doivent répondre puisque l’attaque est venue d’une zone qu’ils contrôlent. Protéger les terroristes en échange de promesses d’immunité contre leurs attaques a été tenté à plusieurs reprises dans le passé et n’a jamais fonctionné – tôt ou tard, les groupes terroristes échappent toujours au contrôle de leurs maîtres et se retournent même contre eux. Cela arrive maintenant à la Turquie.
- Libye : les Turcs sont également profondément impliqués dans la guerre civile libyenne. En fait, «profondément impliqué» ne donne pas assez de crédit à l’armée turque qui a utilisé des drones de fabrication turque avec une efficacité dévastatrice contre les forces du maréchal Khalifa Belqasim Haftar, le commandant de l’armée nationale libyenne basée à Tobrouk et qui est soutenue par la Russie et l’Égypte. Seul le déploiement rapide – et plutôt mystérieux – des défenses aériennes russes et d’un certain nombre de MiG-29 non identifiés a finalement réussi à faire tomber suffisamment de drones turcs pour les forcer à faire une pause. Les Égyptiens ont clairement indiqué qu’ils n’autoriseront jamais le soi-disant «gouvernement d’accord national» à prendre Syrte ou toute terre à l’est de Syrte. Le Parlement libyen – de l’Est de la Libye – a maintenant donné à l’Égypte l’autorisation officielle d’intervenir directement en Libye. Cela fait d’une sorte d’intervention égyptienne une chose presque certaine.
- Sainte Sophie : et juste pour s’assurer qu’il y a suffisamment de sources de tension, les Turcs ont maintenant déclaré que la cathédrale Sainte-Sophie d’Istanbul ne sera plus un musée ouvert à tous, mais une mosquée. Maintenant, la marionnette de la CIA, modestement connue sous le nom de «Sa très divine sainteté, archevêque de Constantinople, de la Nouvelle Rome et patriarche œcuménique», Bartholomew devrait être l’adversaire le plus virulent de ce mouvement, mais tout ce qu’il peut faire est de marmonner des arguments non pertinents – il voulait rentrer dans l’histoire comme le patriarche qui a patronné le schisme ukrainien et, à la place, il restera comme le patriarche qui n’a rien fait pour empêcher les Ottomans de s’emparer de l’un des sites les plus sacrés du monde orthodoxe. À vrai dire, il n’aurait probablement pas pu empêcher cela car la décision d’Erdogan est entièrement en rapport avec les prochaines élections en Turquie, mais il aurait certainement pu essayer un peu mieux. Idem pour le chef du patriarcat de Moscou et, d’ailleurs, le gouvernement russe, qui a exprimé des choses vagues comme inquiétude, consternation, condamnation molle, mais qui n’a vraiment rien fait pour sanctionner Erdogan après son geste.
Aparté
Ce que les Turcs viennent de faire est une honte, pas seulement pour la Turquie elle-même, qui, encore une fois, prouve que la version ottomane de l'islam est particulièrement toxique et dangereuse. C'est aussi une honte pour le monde musulman tout entier qui, à quelques exceptions notables près, telles que le cheikh Imran Hosein, n'a rien fait pour empêcher cela et, le cas échéant, a approuvé cette décision. Enfin, c'est une honte pour l'ensemble du monde orthodoxe car cela prouve que l'ensemble de la communauté orthodoxe mondiale a moins de pertinence et d'importance aux yeux du dirigeant turc que le résultat de ses élections locales. La Russie, en particulier, aurait le genre de muscle politique nécessaire pour infliger toutes sortes de formes douloureuses de représailles contre la Turquie et pourtant la Russie ne fait rien. C'est un triste témoin de l'extrême faiblesse de la foi orthodoxe dans le monde moderne
Ajoutez à cela toutes les sources «traditionnelles» d’instabilité autour de la Turquie, y compris le problème kurde toujours non résolu – car insoluble ! – les tensions entre la Turquie, l’Irak et l’Iran, le soutien discret de la Turquie aux factions anti-russes dans les différents États ex-soviétiques et la confrontation constante avec la Grèce.
La Turquie reste l’un des États les plus dangereux de la planète, même si la plupart des gens n’en sont pas conscients. Certes, au cours des dernières années, elle a perdu une grande partie de sa superbe, mais elle dispose toujours de nombreux atouts formidables, y compris une très forte capacité nationale de fabrication d’armes, qu’elle peut utiliser pour un vaste éventail d’interventions politiques et militaires néfastes.
Égypte
Voilà un autre pays qui fait régulièrement la une des journaux puis disparaît du radar du public. Pourtant, en ce moment, l’Égypte est confrontée non pas à une, mais à deux guerres possibles !
- Libye : comme je l’ai mentionné ci-dessus, en cas d’affrontement ouvert entre la Turquie et l’Égypte en Libye, il pourrait y avoir une escalade rapide dans laquelle les premiers affrontements militaires pourraient se transformer en affrontements sur la Méditerranée orientale et même en éventuelles frappes contre des objectifs militaires clés en Turquie et en Égypte. La seule bonne nouvelle ici est qu’il y a beaucoup d’acteurs majeurs qui n’ont pas besoin d’une guerre en Méditerranée orientale et / ou au Moyen-Orient. Après tout, s’il s’agissait d’une véritable confrontation militaire entre la Turquie et l’Égypte, alors vous pouvez être à peu près sûr que l’OTAN, le CENTCOM, la Grèce, Israël et la Russie auraient tous des préoccupations majeures. En outre, il est difficile d’imaginer quel genre de «victoire» militaire la Turquie ou l’Égypte pourraient espérer. À l’heure actuelle, la situation est très tendue, mais nous pouvons espérer que toutes les parties se rendront compte qu’une solution négociée, même temporaire, est préférable à une guerre à grande échelle.
- Éthiopie : l’Égypte a un problème potentiellement beaucoup plus important que celui de la Libye à résoudre. Il s’agit de la construction par l’Éthiopie du «Grand barrage de la Renaissance éthiopienne (GERD)» sur le Nil Bleu. Bien que personne ne sache vraiment quel sera l’impact final de ce barrage sur le Soudan et l’Égypte, il est assez clair qu’une civilisation bâtie le long du Nil sera confrontée à une menace majeure pour son mode de vie si la façon dont le Nil s’écoule est perturbée de façon importante, ce que ce barrage fera certainement.
Des deux conflits possibles que j’ai mentionnés ci-dessus, c’est le deuxième qui m’inquiète le plus. En fin de compte, ni la Turquie ni l’Égypte ne pourront décider de ce qui se passe en Libye, qui est surtout une sorte d ‘«échiquier» multi-joueurs où les «grands» – États-Unis, France, Russie – décideront finalement du résultat. Dans le cas du barrage en Éthiopie, les acteurs locaux auront probablement un mot décisif à dire, d’autant plus que les deux parties considèrent qu’il s’agit d’une question existentielle importante pour eux.
Si vous regardez une carte de la région, vous verrez que la distance entre la frontière égyptienne et l’emplacement du barrage à la frontière entre l’Éthiopie et le Soudan est longue d’environ 1 200 km ou 745 miles. En cas de confrontation militaire entre les deux pays, cette distance décidera à peu près de la forme de la guerre que nous verrons : principalement des frappes aériennes et de missiles.
Le principal problème ici, pour les deux parties, est qu’aucune n’a le type de force aérienne ou de missiles qui lui permettrait de frapper efficacement l’autre pays. Cependant, cela pourrait changer très rapidement, surtout si la Russie vend à l’Égypte 24 de ses chasseurs multi-rôles avancés Su-35, et encore plus si la Russie rajoute quelques missiles air-sol capables dans le colis – la livraison du premier Sukhoi semble imminente. Ensuite, il y a ce «petit détail» du Soudan coincé entre les deux combattants : Khartoum ne peut tout simplement pas détourner le regard et prétendre que tout va bien si deux de ses principaux voisins décident de se battre dans l’espace aérien soudanais.
En théorie, l’Égypte pourrait également essayer de monter une attaque depuis la mer Rouge, mais pour le moment, la marine égyptienne ne dispose pas du genre de matériel coup de poing qui lui permettrait de frapper efficacement l’Éthiopie, en particulier avec la présence de l’Érythrée entre la mer Rouge et l’Éthiopie.
Mais cela pourrait également changer, d’autant plus que l’Égypte a accepté d’acheter les deux navires d’assaut amphibie de classe Gamal Abdel Nasser (ex-Mistral) et les porte-hélicoptères qui, bien que n’étant pas l’idéal, renforceraient certainement les capacités de commandement et de contrôle de l’Égypte, surtout si les Égyptiens réussissent à déployer des AWACS et des avions d’attaque, hélicoptères ou même à voilure fixe légère V / STOL, sur ces navires. En pratique, cependant, je pense que les Égyptiens pourraient engager ces navires beaucoup plus efficacement en Libye qu’ils ne le feraient en mer Rouge – d’autant plus que ces navires sont mal défendus contre les frappes de missiles.
Enfin, non seulement le barrage GERD est défendu par des systèmes de défense aérienne et quelques avions de l’armée de l’air décents, même s’ils vieillissent, un barrage est une cible assez difficile à détruire il est grand, fort et a un grand volume qui, à lui seul, contribue également à la «solidité» face aux attaques.
Il y a donc des raisons d’espérer qu’un conflit peut être évité, mais il sera très difficile d’amener les deux parties à s’entendre par des compromis sur des questions que les deux parties considèrent comme vitales pour leur sécurité nationale.
L’Ukraine
Oui, l’Ukraine. Encore. Cette folie qui a commencé avec l’Euromaïdan ne s’est pas arrêtée, loin de là. En fait, depuis l’élection de Zelenskii, l’Ukraine est devenue une sorte de maison de fous qui serait carrément hilarante si elle n’était pas aussi tragique et même horrible pour des millions d’Ukrainiens. Je vous épargnerai tous les détails, mais nous pouvons résumer le principal développement de ces derniers mois en disant que «Zelenskii a complètement perdu le contrôle du pays». Mais cela ne commencerait même pas à couvrir la réalité de cette situation.
D’une part, la guerre des mots entre Trump et Biden à propos du scandale de l’Ukrainegate a maintenant «infecté» la scène politique ukrainienne et chaque partie est d’abord occupée avec ce que l’on appelle localement «la Relation publique occulte», à savoir essayer de dénicher autant de saloperies que possible contre votre adversaire. Zelenskii est si faible que, étonnamment, Porochenko, auparavant presque totalement discrédité, a maintenant fait un retour en force et a obtenu le soutien de nombreux nationalistes influents. La dernière « bombe informationnelle » incroyable – mais vraie ! – a été déclenchée par un membre de la Rada ukrainienne, Andrei Derkach, qui a publié un enregistrement de Joe Biden et Porochenko discutant des avantages et des inconvénients de l’organisation d’une attaque terroriste en Crimée – voir ici pour plus de détails sur cette histoire incroyable. Cela fait à la fois de Biden et de Porochenko des «sponsors du terrorisme», ce qui n’est guère une surprise, mais quand même.
D’autres nouvelles «juteuses» sur le Banderastan occupé par les nazis incluent un Zelenskii peut-être père d’un enfant avec une de ses assistantes, et des attaques brutales contre les membres d’un petit – mais en croissance – parti d’opposition «Sharii» que les autorités ont non seulement ignorées, mais très probablement commandées en premier lieu. Ce n’est pas mon propos ici de discuter de toutes les subtilités toxiques de la politique interne ukronazie, je n’examinerai donc qu’un des dangers majeurs résultant de cette dynamique : on parle à nouveau de guerre avec la Russie.
D’accord, nous avons tous entendu les mêmes rumeurs depuis des années maintenant, et pourtant aucune attaque ukrainienne réelle et soutenue contre les républiques du Donbass (LDNR) ou, encore moins, la Crimée n’a jamais eu lieu – il y a eu des frappes d’artillerie et des attaques de diversion constantes, mais celles-ci restent en dessous du seuil de la guerre ouverte. Mais ce que nous entendons aujourd’hui est un peu différent : un nombre croissant d’observateurs ukrainiens et même polonais ont déclaré que la Russie attaquerait cet été ou en septembre, utilisant peut-être des manœuvres militaires pour déplacer des forces vers la frontière ukrainienne et attaquer. Selon la personne à qui vous le demandez, une telle attaque pourrait provenir de la Biélorussie et / ou du centre de la Russie – certains s’inquiètent même d’une opération amphibie russe contre le littoral ukrainien et des villes comme Marioupol, Nikolaev, Kherson ou Odessa.
Aparté
Les Ukronazis sont vraiment incroyables. D'abord, ils ont coupé toute l'électricité et même l'eau de la Crimée, puis ils déclarent que la Russie devra l'envahir pour reprendre le contrôle de l'approvisionnement en eau. L’idée que la Russie résoudra le problème de l’eau de la Crimée par des moyens pacifiques et technologiques est, semble-t-il, tout à fait impensable pour les dirigeants ukrainiens. Dans le monde réel, cependant, la Russie a un programme complet pour résoudre globalement les problèmes d’eau de la Crimée. Ce programme a commencé par la pose de conduites d'eau, l'amélioration du système d'irrigation de la Crimée, l'utilisation d'avions spéciaux pour déclencher la pluie et pourrait même inclure la création d'une usine de dessalement. La simple vérité est que la Russie peut facilement rendre la Crimée complètement indépendante de tout ce qui est ukrainien.
Et pour aggraver les choses, le chef de la marine ukrainienne, qui existe essentiellement sur le papier, a maintenant déclaré qu’un nouveau missile ukrainien, le Neptune, pourrait atteindre Sébastopol. Le problème n’est pas le missile lui-même – c’est une version modernisée d’un vieux design soviétique, il est lent et donc facile à abattre, mais le genre de «bruit de fond mental» créé par ce type de discours de guerre.
D’un point de vue purement militaire, la Russie n’a même pas à déplacer de troupes pour vaincre les forces armées ukrainiennes : tout ce que la Russie a à faire est d’utiliser ses puissantes armes à longue portée et ses moyens de frappe de reconnaissance pour d’abord décapiter, puis désorganiser et enfin détruire l’armée ukrainienne. La supériorité de la Russie dans les airs, sur l’eau et sur terre est telle que les Ukrainiens n’ont aucune chance au monde de survivre à une telle attaque, sans même imaginer de vaincre la Russie. Les Ukrainiens savent tous que, après tout, leurs forces armées n’ont même pas pu faire face aux forces relativement minuscules et infiniment plus faibles du LDNR – du moins par rapport aux forces russes régulières.
Pourtant, les Ukrainiens ont un avantage sur la Russie : s’il serait extrêmement dangereux d’essayer, ils doivent se rendre compte que, contrairement à leurs attaques sur le Donbass, s’ils osaient attaquer la Crimée, le président Poutine n’aurait pas d’autre option que d’ordonner une sorte de frappe de représailles.
Toute attaque ou frappe ukrainienne sur la Crimée échouerait probablement car tous les missiles seraient interceptés bien avant qu’ils ne puissent atteindre leurs objectifs, mais même dans ce cas, la pression sur Poutine pour y mettre un terme serait énorme. Ce qui signifie qu’il ne serait pas faux de dire que quiconque est au pouvoir à Kiev peut forcer la Russie à intervenir ouvertement. Cela signifie que dans ce cas précis, le côté le plus faible peut avoir au moins un certain degré de domination dans l’escalade.
Maintenant, l’Ukraine ne peut certainement pas réaliser de surprise stratégique, ni même de surprise tactique, mais, encore une fois, le succès réel de toute frappe ukrainienne contre la Crimée n’exige pas que les cibles désignées de la frappe soient détruites, tout ce qui est nécessaire, dans certains hypothèses au moins, est la capacité de faire deux choses :
- Obliger la Russie à intervenir ouvertement
- Choisir l’heure, le lieu et le mode d’attaque les plus problématiques pour la partie russe
Enfin, je suggérerais que nous examinions cette question du point de vue de l’Empire anglo-sioniste. À bien des égards, sinon la plupart, le Banderastan, créé par l’Occident en Ukraine, a perdu son utilité. L’US Navy n’obtiendra pas de base navale en Crimée qui est maintenant perdue à jamais – c’est maintenant l’un des endroits les mieux défendus de la planète, la Russie n’est pas intervenue ouvertement dans la guerre civile, les forces ukronazies ont été complètement battues par les Novorussiens et en termes économiques, l’Ukraine n’est rien d’autre qu’un grand trou noir qui ne pourra que s’approfondir. Ce qui pourrait suggérer à certains des élites dirigeantes américaines que déclencher une guerre perdante contre la Russie pourrait être la meilleure – et peut-être la seule – chose que leur horrible créature puisse faire pour eux. Pourquoi ?
Eh bien, d’une part, une telle guerre sera sanglante, même si elle est courte. Deuxièmement, étant donné qu’il est extrêmement improbable que les Russes veuillent occuper une partie de ce qui est aujourd’hui l’Ukraine tenue par les nazis, cela signifie que même une défaite militaire totale n’entraînerait pas nécessairement une disparition complète du Banderastan actuel. Oui, davantage de régions de l’Est et du Sud pourraient essayer de saisir cette occasion pour se lever et se libérer, et si cela se produisait, la Russie pourrait offrir le genre d’aide qu’elle a offerte aux Novorussiens, mais je ne pense pas que quiconque croit sérieusement que des chars russes seront vus à Kiev ou, encore moins, à Lvov – pour ne pas parler de Varsovie ou de Riga. Ainsi, une défaite militaire contre la Russie ne serait pas une perte totale pour le Banderastan et cela pourrait même donner une dynamique bénéfique à la puissance ukronazie consolidée qui pourrait sortir d’un tel conflit. En fait, si cela devait arriver, j’attends pleinement des Ukronazis qu’ils déclarent une sorte de djihad pour libérer l’Ukraine occupée par les Moskals. Cela signifie que le bain de sang initial serait suivi d’une guérilla entre la Russie et l’Ukraine, qui pourrait durer très longtemps et être également très indésirable pour la Russie.
Aparté
Pendant mes études, j'ai eu l'honneur et le privilège d'étudier avec un merveilleux colonel de l'armée pakistanaise qui est devenu un bon ami. Un jour, c'était vers 1991, j'ai demandé à mon ami quelle serait la stratégie pakistanaise lors d'une éventuelle guerre contre l'Inde. Il m'a répondu : "Regardez, nous savons tous que l'Inde est beaucoup plus forte et plus grande que le Pakistan, mais ce que nous savons tous aussi, c'est que s'ils nous attaquent, nous pouvons les faire saigner du nez méchamment". C'est exactement ce que pourrait être la stratégie ukrainienne: faire saigner du nez la Russie. Militairement, c'est impossible, bien sûr, mais en termes politiques, toute guerre ouverte contre l'Ukraine serait un désastre pour la Russie. Ce serait aussi un désastre pour l'Ukraine, mais les marionnettistes des Ukronazis à Kiev ne se soucient pas plus du peuple ukrainien que du peuple russe : tout ce qu'ils veulent, c'est faire abondamment saigner les Russes du nez.
En résumé, c’est un scénario possible qui pourrait aboutir à une catastrophe régionale : quiconque est au pouvoir en Ukraine commencerait par se rendre compte que le projet d’un Banderastan ukronazi a déjà échoué et que ni l’UE ni, encore moins, les États-Unis ne sont prêts à continuer de jeter de l’argent dans le trou noir des Ukies. De plus, les politiciens ukrainiens intelligents se rendront compte que ni Porochenko ni Zelensii n’ont «livré» les «marchandises» attendues à l’Empire. Ensuite, les pays vassaux des États-unis en Europe de l’Est – dirigés par la Pologne et les mini-états de la Baltique – se rendent également compte que l’argent de l’UE s’épuise et que loin d’avoir réalisé de réels progrès économiques, bien loin du «miracle» espéré, ils deviennent également de plus en plus insignifiants pour leurs maîtres dans l’UE et aux États-Unis. Et, croyez-moi, les dirigeants politiques de ces États vassaux américains ont réalisé il y a longtemps qu’une guerre entre la Russie et l’Ukraine serait une opportunité fantastique pour eux de reprendre une certaine valeur aux yeux de leurs suzerains impériaux dans l’UE et aux US. Pour les gens qui pensent comme eux, même une tentative de frappe de Neptune contre Sébastopol serait un moyen rapide et tout à fait raisonnable de forcer la main de Poutine.
Enfin, nous pouvons maintenant regarder la situation en Russie
Russie
On pourrait penser qu’après la victoire massive remportée par le Kremlin avec le vote sur les modifications de la Constitution russe, la situation politique en Russie serait idyllique, du moins comparée au naufrage du Titanic de «l’Occident collectif». Hélas, c’est loin d’être le cas. Voici quelques-uns des facteurs qui contribuent à une situation potentiellement dangereuse en Russie.
- Comme je l’ai mentionné dans le passé, outre l’opposition «officielle» (prétendue) à la Douma, il y a maintenant deux oppositions «non-système» très distinctes à Poutine : les bons vieux «libéraux», que j’appelle parfois la 5e colonne, et les relativement nouveaux haineux de Poutine «nationalistes-roses» que j’ai baptisés, quelque peu ironiquement, je l’admets, comme une 6e colonne. Ruslan Ostashko les appelle des «émo-marxistes», et c’est aussi une précision très perspicace. Ce qui est si frappant, c’est que, si les 5e et 6e colonnes russes se détestent, leurs leaders détestent encore plus Poutine. Beaucoup d’entre eux détestent également le peuple russe parce qu’il ne «comprend pas» – du moins à leurs yeux – et parce que le peuple vote à maintes reprises pour Poutine. Inutile de dire que ces «5e et 6e colonnes», que nous appellerons pour la suite «5 et 6c» déclarent que l’élection a été volée, que des millions de votes n’ont pas été comptés du tout, tandis que d’autres ont été comptés plusieurs fois. Selon ces 5 et 6c, il est littéralement impensable que Poutine obtienne un tel soutien, la seule explication est que les élections ont été truquées. Alors que la somme totale des voix de ces 5 et 6c n’est probablement pas suffisante pour vraiment menacer Poutine ou la société russe, le Kremlin doit être très prudent dans la manière dont il gère ces groupes, d’autant plus que la situation de la société russe se dégrade clairement.
- La Russie a des problèmes objectifs, réels, qui ne peuvent être simplement ignorés. La plupart des Russes préféreraient clairement un État beaucoup plus social et économiquement actif. La réalité est que le système politique actuel en Russie se soucie peu du «petit peuple». La façon dont le Kremlin et les «grandes entreprises» russes sont enchevêtrées est affligeante pour beaucoup de Russes, et je suis d’accord avec eux. En outre, si les sanctions occidentales ont bien préparé la Russie à la crise actuelle, il reste vrai que la Russie ne fonctionne pas dans un environnement très favorable. Les revenus sont en baisse dans de nombreux secteurs et la pandémie CODID-19 a également eu un effet dévastateur sur les petites entreprises russes. Et si la question du virus COVID-19 n’a pas été aussi désespérément politisée en Russie qu’en Occident, beaucoup de mes contacts me rapportent que beaucoup de gens estiment que le Kremlin et les autorités de Moscou ont mal géré la crise. Ainsi, alors que l’opposition non systémique des 5 et 6c ne peut pas vraiment menacer la Russie, il y a suffisamment de ce que j’appellerais des «tendances toxiques et potentiellement dangereuses» au sein de la société russe qui pourraient se transformer en une menace beaucoup plus grande si une crise éclatait soudainement – y compris une crise déclenchée par une provocation ukrainienne toujours possible.
- De plus en plus de Russes, y compris les partisans de Poutine, sont frustrés par ce qu’ils perçoivent comme une politique étrangère russe boiteuse et franchement flasque. Cela ne signifie pas nécessairement qu’ils ne sont pas d’accord avec la manière dont Poutine traite les grands problèmes – disons la Crimée, la Syrie ou les bruits de sabre de l’Occident – mais ils sont particulièrement frustrés par ce qu’ils perçoivent comme des réponses russes boiteuses contre de petites provocations. Par exemple, le Congrès américain et l’administration Trump ont continué à imposer des sanctions et des accusations stupides contre la Russie sur une base quasi-quotidienne, mais la Russie ne fait vraiment pas grand-chose à ce sujet, malgré le fait qu’il existe de nombreuses options dans sa «Boîte à outils» politique pour vraiment faire payer aux États-Unis cette attitude. Une autre chose qui irrite les Russes est cette manière arrogante, condescendante et carrément grossière dont les politiciens occidentaux – et leurs journalistes stipendiés en Russie – interviennent constamment dans les affaires internes russes sans jamais être sérieusement inquiétés pour cela. Bien sûr, certains personnages et organismes particulièrement nocifs ont été expulsés de Russie, mais pas assez pour envoyer un message clair aux ennemis de la Russie.
- Et, pour aggraver les choses, il y a de sérieux problèmes entre la Russie et ses supposés alliés, en particulier la Biélorussie et le Kazakhstan. Rien de vraiment critique ne s’est encore produit, mais la situation politique en Biélorussie s’aggrave de jour en jour, grâce, d’une part, à la politique inepte de Loukachenko et, d’autre part, à une résurgence du nationalisme kazakh, apparemment avec l’approbation du gouvernement central. Non seulement la déstabilisation de deux grands alliés russes est une mauvaise chose en soi, mais elle soulève également la question de savoir comment Poutine peut traiter, par exemple, la Turquie ou la Pologne, alors qu’elle ne peut même pas stabiliser la situation en Biélorussie et au Kazakhstan.
Dans une large mesure, je partage également bon nombre de ces frustrations et je conviens qu’il est temps que Poutine et la Russie adoptent une posture beaucoup plus proactive envers un Occident éternellement hostile.
Mon problème avec la 5e colonne est qu’elle est composée de russophobes enragés qui détestent leur propre nation et qui ne sont que des prostituées consentantes de l’Empire anglo-sioniste. Ils veulent que la Russie devienne une sorte «d’autre Pologne seulement plus à l’Est» ou quelque chose d’aussi insipide et sans intérêt.
Mon problème avec la 6ecolonne est qu’elle déteste beaucoup plus Poutine qu’elle n’aime la Russie, ce qui se constate régulièrement en prédisant soit un coup d’État, soit une révolution, ou un soulèvement populaire ou tout autre événement sanglant que la Russie ne peut tout simplement pas se permettre pour deux raisons principales :
- La Russie s’est presque détruite deux fois au cours du siècle dernier : en 1917 et en 1991. Chaque fois, le prix payé par le peuple russe a été absolument horrible et la nation russe ne peut tout simplement pas se permettre un autre conflit interne majeur.
- La Russie est en guerre contre l’Empire, et bien que cette guerre reste à peu près 80% information et idéologie, environ 15% économique et seulement 5% une guerre réelle, il reste que c’est une guerre totale, existentielle, pour la survie : soit l’Empire disparaît, soit la Russie disparaît. Il s’agit donc d’une situation où toute action qui affaiblit votre État, votre pays et son dirigeant se rapproche toujours dangereusement de la trahison.
À l’heure actuelle, la plus grande bénédiction pour la Russie est que ni la 5e ni la 6e colonne n’ont réussi à produire, ne serait-ce qu’à moitié, une personnalité politique crédible qui semble au moins marginalement capable d’offrir des solutions réalistes. Un certain nombre de partisans de la 5e colonne ont décidé d’émigrer et de quitter ce qu’ils considèrent comme le «Mordor de Poutine». Hélas, je ne vois aucun flux de partisans de la 6e colonne quitter la Russie, ce qui en fait objectivement un outil beaucoup plus utile pour des agences comme la CIA qui n’hésiteront pas à infiltrer même un mouvement politique supposé anti-américain si cela peut affaiblir la Russie en général, ou Poutine en particulier.
À l’heure actuelle, les services de sécurité russes font un excellent travail pour contrer toutes ces menaces, y compris la menace terroriste wahhabite toujours très réelle. Cependant, compte tenu de la situation politique internationale plutôt instable et même dangereuse, cela pourrait changer si toutes les forces qui haïssent Poutine et ce qu’elles appellent le «Poutinisme» unissent leurs forces ou frappent simplement en même temps.
Conclusion
Il existe, bien sûr, de nombreux autres points chauds potentiels sur la planète, notamment l’Inde, le Pakistan et la Chine, la mer de Chine méridionale, le golfe Persique, la péninsule coréenne et bien d’autres. Ainsi, ce qui précède n’est qu’un échantillon d’une liste beaucoup plus longue.
Les énormes changements qui se produisent sous nos yeux sont réels. Mais nous ne devons pas suivre l’exemple des médias pro-système et nous concentrer uniquement sur un ou deux sujets «brûlants», surtout pas lorsqu’il y a de nombreux dangers très réels. Cela étant dit, il ne fait aucun doute que ce qui se passera dans les prochains mois aux États-Unis est de loin le développement le plus important qui soit, qui façonnera l’avenir de notre planète, quoi qu’il se passe réellement. Et je ne parle pas du non-choix totalement symbolique entre Biden et Trump.
Je fais référence à la manière dont la société américaine gérera une coalition de minorités anti-américaines virulentes qui détestent ce pays et tout ce que, bon ou mauvais il représentait dans le passé. À l’heure actuelle, les élites américaines commettent un suicide national non seulement en échouant à s’opposer, mais aussi en soutenant activement les voyous de BLM et tout ce qu’ils représentent. BLM & Co. me rappellent les Ukronazis dont la principale expression de l’identité nationale est de haïr tout ce qui est russe – les voyous de BLM font la même chose, toute leur vision du monde est une pure haine du mâle blanc hétéro et de la civilisation occidentale. Et tout comme les Ukies se régalent d’histoires sur les «anciens Ukrs», les gens de BLM imaginent qu’ils vont d’une manière ou d’une autre transformer les États-Unis en un type de Wakanda avant d’expulser – ou pire – tous ceux qui ne sont pas prêts à abandonner leur pays à des gangs de voyous analphabètes en itinérance.
Alors que la Russie doit faire face au potentiel de la violence interne, les États-Unis sont déjà confrontés à une insurrection dangereuse et violente qui risque de s’aggraver avec l’explosion de la crise économique déclenchée par la pandémie.
Jusqu’à présent, les effets de cette crise ont été quelque peu atténués par une combinaison de dénégations politiques sur la nature de la menace – «oh, quelle absurdité, c’est comme la grippe saisonnière !», de distribution massive d’argent qui n’a aidé que temporairement, et par l’existence d’une énorme bulle financière qui ne fera qu’empirer les choses, mais qui peut temporairement créer l’illusion que les choses ne sont pas aussi mauvaises qu’elles le sont réellement.
On dit que la nature a horreur du vide. C’est vrai. Il est également vrai que l’effondrement de l’Empire a maintenant créé plusieurs vides qui seront comblés par de nouveaux acteurs, mais rien ne garantit que cette transition sera pacifique. Ainsi, pendant que nous regardons de très grands arbres brûler, nous ne devons pas oublier que derrière ces arbres il y a une grande forêt qui peut également s’enflammer, créant un feu de forêt beaucoup plus grand que les arbres que nous voyons brûler aujourd’hui.
The Saker
Traduit par jj, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone