‘Poutine a piraté notre vaccin contre le coronavirus’ : jusqu’où descendra la russophobie ?

‘Poutine a piraté notre vaccin contre le coronavirus’ : jusqu’où descendra la russophobie ?

Par Caitlin Johnstone, le 17 juillet 2020

Source : https://caitlinjohnstone.com/2020/07/17/putin-hacked-our-coronavirus-vaccine-is-the-dumbest-story-yet/

Traduction : lecridespeuples.fr

O mon Dieu les gars, Poutine a piraté nos recherches secrètes pour un vaccin contre le coronavirus !

Aujourd’hui, les médias dominants (Le Monde, Le Figaro, LCI, La Croix, Courrier International…) rapportent ce qui est sans doute l’histoire russophobe la plus stupide de tous les temps, l’emportant haut la main malgré une concurrence très rude.

« Des pirates russes ciblent des organisations de santé en Occident dans le but de voler leurs recherches sur le vaccin contre le coronavirus, ont déclaré les États-Unis et la Grande-Bretagne », rapporte le New York Times.

« Des pirates informatiques soutenus par l’État russe tentent de voler le vaccin contre le COVID-19 et les recherches sur les traitements dans les institutions universitaires et pharmaceutiques du monde entier, a déclaré jeudi le Centre National de Cyber-Sécurité britannique », rapporte Reuters.

« L’agence de presse russe RIA a cité le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov comme disant que Moscou rejetait les allégations de Londres, qui, selon lui, n’étaient pas étayées par des preuves appropriées », ajoute Reuters.

Pour faciliter la collecte d’informations, nous devrions toujours présumer que la Russie a essayé de pirater tout ce qui est stocké sur chaque ordinateur —e-mails, recettes de cuisine, consoles Atari— et ne le signaler que lorsque des fonctionnaires anonymes américains et britanniques déterminent que la Russie n’a PAS piraté quelque chose. (Tweet d’Aaron Maté)

Vraiment, il y a tellement de couches de stupidité…

Tout d’abord, combien d’allégations avancées par des agences gouvernementales et dénuées du moindre fondement quant à des actions russes néfastes allons-nous accepter de la part des médias dominants ? Depuis 2016, nous sommes abreuvés de récits incessants sur de sombres manigances de la Russie contre le groupe d’alliés néo-impériaux gravitant autour des États-Unis, et il se trouve que ce sont toujours des choses pour lesquelles personne ne peut réellement fournir au public des preuves tangibles et vérifiables.

Depuis que la firme de cybersécurité obscure Crowdstrike a admis n’avoir jamais vu de preuve tangible indiquant que la Russie avait piraté les serveurs du parti démocrate, le récit déjà douteux et toujours non étayé selon lequel des pirates russes seraient intervenus lors de l’élection présidentielle américaine de 2016 est plus fragile que jamais. Pourtant, parce que les médias de masse ont convergé sur ce récit et l’ont répété maintes et maintes fois comme un fait, ils ont réussi à faire en sorte que le grand public qui ne lit souvent que les titres l’accepte comme une vérité établie, le préparant à une litanie de plus en plus idiote de scandales complètement sans fondement impliquant la Russie, qui ont culminé le plus récemment par l’affirmation entièrement réfutée depuis selon laquelle la Russie aurait payé des combattants liés aux Talibans pour tuer les forces de la coalition en Afghanistan.

Deuxièmement, ce prétendu scoop anti-russe ne prétend même pas que ces prétendus pirates auraient réussi à faire ce qu’ils étaient censés faire dans cette supposée cyberattaque : « Les responsables n’ont pas commenté le résultat des attaques, mais n’ont pas exclu qu’elles aient été couronnées de succès », rapporte Wired.

Troisièmement, il s’agit d’un « vaccin » qui n’existe même pas à l’heure actuelle, et la recherche qui aurait prétendument été piratée pourrait ne jamais conduire à un vaccin. Parallèlement, la Première université médicale d’État Senechov de Moscou rapporte qu’elle a « réussi les tests sur des volontaires du premier vaccin contre le coronavirus au monde » en Russie. [L’Occident accuse-t-il la Russie de piratage pour ne pas avouer qu’il n’est plus à la pointe de la recherche médicale ?]

Quatrièmement, et peut-être le plus important, il est éminemment odieux et stupide de parler de « secrets » quant au vaccin contre le coronavirus. Une pandémie mondiale qui nous frappe tous ; les scientifiques devraient librement collaborer avec d’autres scientifiques partout dans le monde pour trouver une solution à ce problème. Personne n’a à garder de « secrets » sur ce virus ou tout vaccin ou traitement possible. S’ils le font, n’importe qui dans le monde a bien le droit de leur arracher ces secrets.

Cette histoire extrêmement stupide parait en même temps que les médias britanniques braillent des histoires d’ingérence russe aux élections de 2019. Si vous écoutez attentivement les allégations avancées, on se rend compte qu’il ne s’agit littéralement de rien de plus que l’affirmation selon laquelle les Russes auraient parlé de documents déjà divulgués concernant le système de santé du Royaume-Uni (NHS) sur Internet.

« Des acteurs russes » ont cherché à s’ingérer « lors des élections générales de l’hiver dernier en amplifiant un dossier du NHS acquis illégalement et saisi par le parti travailliste pendant la campagne, a déclaré le ministre des Affaires étrangères », rapporte The Guardian.

« En amplifiant ». C’est littéralement tout ce qu’il y a dans cette histoire. Comme nous l’avons appris avec le récit ridicule du Russiagate américain, lorsqu’on accuse la Russie d’ «amplifier » quelque chose, de telles allégations peuvent signifier n’importe quoi, de Russia Today rapportant une histoire majeure à un compte Twitter de Saint-Pétersbourg partageant un article du Washington Post. Même l’affirmation du ministre des Affaires étrangères britannique lui-même admet explicitement qu’ « il n’existe aucune preuve d’une campagne russe à large spectre contre les élections générales ».

« La déclaration est si brumeuse et contradictoire qu’il est presque impossible de la comprendre », a répondu le ministère russe des Affaires étrangères aux allégations. « S’il est inapproprié de dire quelque chose, ne le dites pas. Si vous le dites, dévoilez les faits. »

Jeremy Corbyn refuse de répondre aux questions sur la participation de la Russie aux élections générales de l’année dernière. Des documents gouvernementaux divulgués mis en évidence par M. Corbyn pendant la campagne ont certainement été « amplifiés » en ligne par la Russie, a déclaré le gouvernement britannique. (Tweet d’ITV, télévision britannique)

Au lieu de dévoiler des faits, la presse Murdoch harcèle Jeremy Corbyn sur son palier pour le questionner sur cette non-histoire ridicule, et des médias populaires de droite comme Guido Fawkes publient un titre manifestement faux selon lequel «Le gouvernement confirme que Corbyn a utilisé des documents piratés par les Russes lors des élections de 2019 ». L’allégation complètement farfelue selon laquelle les documents du NHS seraient parvenus à Jeremy Corbyn par le biais de pirates russes ne figure nulle part dans l’article lui-même, mais pour la majorité des gens qui ne lisent que les titres, cela ne fait aucune différence. Et aux élections, les voix de ceux qui ne vont pas plus loin que les gros titres comptent autant que celles des gens qui lisent et pensent de manière critique.

Voir Poutine ridiculise un journaliste de Fox News : « Cessez de mentir et de faire peur aux gens ! »

Toute cette nouvelle hystérie anti-russe de guerre froide transforme le cerveau des gens en guacamole. Nous devons trouver un moyen de sortir de la transe de la propagande pour commencer à créer un monde basé sur la vérité et le désir de paix.

***

Commentaire de Maria Zakharova, porte-parole du Ministère des Affaires Etrangères de la Fédération de Russie, quant aux accusations d’ingérence dans les élections britanniques, le 16 juillet 2020.

Source : https://www.mid.ru/en/press_service/spokesman/briefings/-/asset_publisher/D2wHaWMCU6Od/content/id/4234569

Traduction : lecridespeuples.fr

Le gouvernement britannique a annoncé, par l’intermédiaire de son ministre des Affaires étrangères Dominic Raab, qu’il ne voyait « aucune preuve d’une campagne russe à large spectre » lors des élections de 2019 au Parlement britannique, mais qualifie tout de même de telles tentatives d’ « inacceptables ».

En outre, M. Raab a mentionné une enquête criminelle en cours : « Il y a une enquête criminelle en cours et il serait inapproprié pour nous de dire quoi que ce soit de plus à ce stade. »

Cette déclaration est si vague et contradictoire qu’il est presque impossible de comprendre ce qu’il voulait dire. S’il est inapproprié d’en parler, n’en parlez pas. Si vous en parlez de toute façon, présentez-nous les faits.

De quoi s’agit-il ? Examinons-le. D’une part, il n’y a aucune preuve, et d’autre part, ils parlent d’une sorte de représailles. Ce sont des choses mutuellement exclusives. On a l’impression qu’un autre round de la tactique « hautement probable » [base légale des accusations contre la Russie dans l’affaire Skripal] est sur le point de commencer.

Voir Affaire Skripal : les incohérences de la version officielle, ou les ‘miracles’ de Salisbury

J’ai lu la publication originale. De toute évidence, après avoir analysé l’expérience des années précédentes, le gouvernement britannique est parvenu à la conclusion correcte que le terme « hautement probable » n’a plus de sens. Ils ont donc choisi un terme différent. Le gouvernement britannique nous a gratifiés aujourd’hui d’un nouveau joyau : « presque certain ». Le « presque certain » a remplacé le « hautement probable », mais la tactique n’a pas changé.

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« La voix des peuples et de la Résistance, sans le filtre des médias dominants. »[Le Cri des Peuples traduit en Français de nombreux articles de différentes sources, principalement sur la situation géopolitique du Moyen-Orient. C'est une source incontournable pour comprendre ce qui se passe réellement en Palestine, en Syrie, en Irak, en Iran, ainsi qu'en géopolitique internationale.]

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