par Jean Goychman
Les Français devront s’y faire, aux yeux d’Emmanuel Macron, seul compte le devenir de l’Union Européenne. Tout le reste, c’est-à-dire l’essentiel pour nous qui sommes le peuple français, n’est que secondaire. La crise, l’angoisse de la maladie, l’avenir incertain, le chômage ne méritent pas qu’on s’y consacre.
En voulez-vous une preuve ?
La réforme des retraites, à laquelle plus personne ne comprend rien, doit être bouclée immédiatement, alors même qu’hier le Premier Ministre, annonçait, suivant la célèbre phrase de François Mitterrand (orfèvre en déclarations politiques ambigües) « qu’il fallait donner du temps au temps.. »
Pourquoi cette urgence ?
« Je vous le donne Emile », comme disait le regretté Coluche, il s’agit de convaincre les « européens frugaux » que le gouvernement français sait mieux que quiconque « serrer les cordons de la bourse ». Emmanuel Macron est convaincu que, si la réforme des retraites est signée, l’Allemagne sera obligée de payer les 35 milliards d’euros d’aide que la France lui demande. Et pourquoi est-ce si important ? Après tout, nous empruntons en continu depuis des mois ce qui n’est que de la « fausse monnaie » puisqu’elle est créée à partir de rien, sinon des reconnaissances de dette, et ne correspond à aucune création de richesse économique, seul critère qui pourrait justifier la création de « vraie monnaie ». Donc on n’est plus vraiment à 35 milliards près, en regard du « pognon de dingues » qui se chiffre en centaines de milliards d’euros. Ce qui est vraiment important, c’est le symbole de l’Allemagne acceptant la mutualisation.
La mutualisation, passage ouvert vers le fédéralisme
Le fédéralisme est incontournable, non pas pour les européens dont beaucoup, si toutefois on leur proposait, iraient volontiers vers une confédération d’Etats qui réaliseraient des coopérations internationales dans de nombreux domaines. Mais bel et bien pour les « mondialistes » qui ont toujours brandi l’étendard de l’Europe pour imposer leur propre vision du monde. Pour eux, le fédéralisme est l’unique objectif dont la réalisation ouvre la grande route de la mondialisation. Or, il se trouve que l’affaire du coronavirus sème le trouble dans beaucoup d’esprits. La plupart des gens, ne voyant pas suffisamment cet aspect caché, pourtant primordial, de la construction du fédéralisme européen, pensaient benoîtement que c’était dans la logique des choses. Bref, une sorte de « sens de l’Histoire » qui faisait que les progrès en matière de communication et de transport avaient pour conséquence cette globalisation et que le mouvement quasi-brownien des gens à la surface de la planète découlait des mêmes phénomènes. La perception brutale de la dépendance totale dans laquelle nous nous trouvons dans le domaine des médicaments et le constat que le virus s’était répandu sur la planète en raison du développement des moyens de transports a amorcé une réflexion qui peut se révêler salutaire.
Les mondialistes sont gênés aux entournures
« Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner notre cadre de vie au fond est une folie» déclarait le président Macron le 16 mars 2020. Il aurait pu et surtout il aurait dû, étant le garant de notre Constitution, se préoccuper de ce problème. Car notre loi fondamentale met en exergue la souveraineté inconditionnelle du peuple français. Cette souveraineté doit avoir comme corollaire l’indépendance d’approvisionnement des denrées sans lesquelles cette souveraineté ne serait qu’un vain mot. Ajoutons à cela que, alors même que le constat est accablant, Emmanuel Macron ne peut s’empêcher de pousser ses propres pions en invoquant la souveraineté européenne.
Ben voyons ! Il suffit d’étendre le concept de souveraineté à l’Europe, puis probablement au reste du monde, pour retomber sur ses pattes.
Il faut juste enjamber un petit détail insignifiant : il n’y a ni peuple européen, ni peuple mondial.
Comment et surtout pourquoi, parler alors de souveraineté, si ce n’est pour égarer les esprits ?
Emmanuel Macron sait très bien que le véritable combat qui se joue en ce moment est celui des souverainistes qui s’opposent aux mondialistes. La co-existence de ces deux visions de l’ordre mondial n’est plus possible et l’une des conceptions devra l’emporter sur l’autre.
Emmanuel Macron est un mondialiste. Tout dans son parcours l’indique. L’ENA, la London School of Economics dont il devient maître de conférences en 2014 puis son invitation au très fermé Club des Bilderberg la même année…
Depuis son arrivée à l’Elysée, il s’est opposé à Donald Trump, qui appartient visiblement au camp souverainiste. Trump a notamment déclaré en septembre 2019 devant l’ONU que « les mondialistes n’ont plus d’avenir… ». Emmanuel Macron a toujours fustigé ce qu’il a lui-même appelé « la lêpre populiste », ce qui est assez révélateur de son état d’esprit. Difficile d’envisager ensuite qu’il défende la souveraineté d’un peuple. Mais dans certaines circonstances, il peut également affirmer que le Macron nouveau est arrivé et que plus rien ne sera comme avant. En réalité, la constante de rappel vers son corpus idéologiste du globalisme et du multilatéralisme (synonymes employés par l’élite pour parler du mondialisme) dicte la plupart de ses actions et le coronavirus lui a fourni une opportunité intéressante pour promouvoir le fédéralisme sous couvert d’un souverainisme européen qui devrait faire de l’Europe une force politique, en l’absence de peuple et hors d’un cadre national.
Céder sur les détails en gardant l’essentiel
Opposé par principe au rétablissement des frontières, Emmanuel Macron a cependant dû «faire avec ». Apôtre de la rigueur budgétaire pour séduire nos voisins Allemands, il a laissé filer les déficits qui sont devenus vertigineux. Aujourd’hui, il s’en sert pour entraîner l’Allemagne dans la mutualisation des dettes publiques. Si l’Allemagne refuse, les chances de survie de l’Euro et de l’UE sont compromises. Or, l’Union Européenne est une base essentielle du projet mondialiste, et ceci depuis la fin de la guerre. La bataille qui se livre autour sera probablement, sinon décisive, du moins déterminante pour les prochaines décennies.
Peut-être faut-il se rappeler les propos de de Gaulle, toujours d’actualité car intemporelles:
« Les seules réalités internationales, ce sont les nations »
Jean Goychman
Source: Lire l'article complet de Réseau International