Ghislaine Maxwell, l’ancienne bras droit de Jeffrey Epstein, a comparu, ce 14 juillet, devant un juge fédéral new-yorkais, par vidéoconférence, en raison de la pandémie de coronavirus. Accusée par les procureurs d’avoir «aidé, facilité et contribué aux agressions sur mineures de Jeffrey Epstein», sur une période de trois ans, entre 1994 et 1997, Ghislaine Maxwell a plaidé non coupable.
Cette figure bien connue de la jet-set est soupçonnée, entre autres, d’avoir recruté pour Jeffrey Epstein et son réseau plusieurs jeunes filles mineures. Elle aurait en outre, selon ses accusateurs, contribué à normaliser les violences sexuelles en étant présente lors de «séances de massage» entre Jeffrey Epstein et ses victimes mais également en participant, dans certains cas, aux violences sexuelles.
Ghislaine Maxwell, qui avait demandé sa remise en liberté sous caution, proposant pour cela des garanties à hauteur de cinq millions de dollars, s’est par ailleurs vue refuser sa demande. Elle restera donc en prison.
La veille, la procureur de Manhattan avait expliqué que Ghislaine Maxwell présentait un risque de fuite «extrême» en cas de remise en liberté. Et pour cause, née en France, éduquée en Grande-Bretagne puis naturalisée américaine en 2002, elle détient trois passeports, dispose d’une quinzaine de comptes bancaires aux Etats-Unis et à l’étranger, et n’a «absolument aucune raison de rester aux Etats-Unis» où elle risque 35 ans de prison, estimaient les magistrats.
L’arrestation de Ghislaine Maxwell, alors qu’elle s’était réfugiée dans une luxueuse propriété du New Hampshire, a constitué un rebondissement spectaculaire dans l’affaire Epstein. Agée de 58 ans, Ghislaine Maxwell avait disparu de la circulation depuis l’arrestation, en juillet 2019, de Jeffrey Epstein, accusé de multiples agressions sur mineures, et condamné une première fois pour des faits similaires en 2007.
Mondaine, fille d’un magnat des médias
Accusée d’être une pièce centrale du réseau de Jeffrey Epstein, Ghislaine Maxwell est une figure bien implantée de la haute société dans laquelle elle évolue depuis son enfance. Son père, Robert Maxwell, était un magnat des médias britannique, ayant notamment fondé Pergamon Press, avant d’investir dans les tabloïds britanniques comme The Daily Mirror, ou la chaîne musicale MTV Europe.
Mort en 1991 alors qu’il était à bord de son yacht, le Lady Ghislaine, Robert Maxwell menait une vie peu exempte d’éléments troublants. C’est ainsi que quelque temps avant le décès du magnat britannique, Ari Ben-Menashe, qui se présente comme un ancien agent du Mossad, avait contacté plusieurs agences de presse britanniques et américaines, leur expliquant que Robert Maxwell était un agent de longue date des services de renseignement israéliens, rappelle The Independent dans un article paru en 2006. Si ces assertions n’ont jamais été prouvées, de nombreuses personnalités politiques israéliennes de haut vol ont assisté aux funérailles de Robert Maxwell dans l’Etat hébreu. Ces obsèques furent d’ailleurs l’occasion pour le Premier ministre israélien de l’époque, Yitzhak Shamir, de faire l’éloge de Robert Maxwell selon le Times of Israel en ces termes : «Il a fait plus pour Israël qu’il ne peut être dit aujourd’hui.»
Ghislaine Maxwell, qui a acquis une bonne position sociale grâce au puissant réseau de sa famille, aurait rencontré Jeffrey Epstein quelques mois après la mort de son père. C’est elle qui a introduit Jeffrey dans les élites new-yorkaises qu’elle fréquentait depuis qu’elle avait quitté la Grande-Bretagne, selon le New York Times. Parmi ses relations, figure notamment le couple Clinton. Une photo largement diffusée, entre autres sur les réseaux sociaux, montre par exemple Ghislaine Maxwell au mariage de Chelsea Clinton, la fille de Bill et Hillary, en 2010.
Comme le révèle le carnet noir du millionaire, le cercle de fréquentations de Ghislaine Maxwell et Jeffrey Epstein était on ne peut plus vaste : allant de la famille royale britannique avec le prince Andrew – que les autorités américaines souhaitent toujours interroger – à de nombreux hommes d’affaires et hommes politiques des quatre coins du monde. Or d’après une source proche de Ghislaine Maxwell, citée anonymement par le magazine Vanity Fair, l’île du millionnaire dans les Caraïbes était truffée de caméras. Un dispositif qui permettait au «couple» de détenir des documents compromettants concernant un certains nombres de personnalités, à même de constituer des «polices d’assurances», mais aussi des moyens de chantage.