par Naram Sargon.
Écrire avec équité sur l’ennemi est un de mes loisirs, car je me respecte et respecte mon arme (plume) lorsque je reconnais à mon ennemi son courage. Écrire avec impartialité et par considération de l’ennemi est source de fierté et d’orgueil car c’est une conduite chevaleresque. Les droits des héros ne doivent pas être dénigrés même s’ils sont des ennemis. Je ne garderais pas un secret en affirmant combien j’ai souhaité écrire un article dans lequel, ne serait-ce qu’une fois, je ferais l’éloge de ce Turc fanatique, barbare, lunatique qu’est Erdogan. J’ai cherché dans son parcours et n’ai trouvé rien d’autre que son saut de vendeur de pastèques à chef d’État. Mais même ce saut s’est avéré être un saut maçonnique qui l’a aidé à surpasser son mentor Necmettin Erbakan, lequel avait appelé à se méfier d’Erdogan avant de décéder. Sa mort est encore parfois attribuée à une organisation secrète agissant pour le compte d’Erdogan pour faire taire Erbakan après qu’il ait clamé sa suspicion à son égard.
J’ai attendu longtemps pour écrire une petite phrase le flattant, mais qui soit différente de toutes les tartufferies théâtrales que ses fans de Davos et de Marmara lui ont écrites. J’ai toutefois échoué, non pas parce que je le hais, mais parce qu’il est louche, qu’il agit sans noblesse, sans fierté, sans distinction, et qu’il est une fripouille. Il se présente comme le sultan et le calife des musulmans, sauf qu’il n’a jamais agi comme un calife, mais comme un bandit qui vole le blé, l’or et le pétrole, pille les champs, l’argent et les usines, dévalise les maisons et jette les gens à la mer pour les vendre sur les marchés européens, comme le faisaient les négriers et les esclavagistes. Il trahit ses compagnons de route et s’en débarrasse. Un jour, il étreint un leader et l’appelle son frère, et le lendemain, il complote contre lui et ourdit son assassinat. Comme c’est le cas de tous les dirigeants arabes qui l’ont reçu et lui ont ouvert leurs portes, il a violé leurs frontières pour voler leurs richesses. Il est comme le cambrioleur qui tue le propriétaire de la maison pendant son sommeil et s’introduit dans la chambre de l’épouse pour la violer et lui voler ses bijoux après avoir tué son mari. De toute ma vie, remplie de noms de politiciens, de célébrités, de héros, de poètes, d’espions … jamais je n’ai connu de voleur aussi vil.
Aujourd’hui, ce malfaiteur vole Sainte Sophie publiquement et sous le regard du monde, sous prétexte qu’il y a 100 ans c’était une mosquée, bien qu’il sache que Sainte Sophie est un édifice chrétien qui n’a pas été construit par les sultans ottomans. Ils l’ont volé avec son contenu (comme les sionistes ont volé la mosquée Al-Aqsa) et l’ont modifié en mosquée, jusqu’à ce que Kemal Mustafa Ataturk atténue l’impact de ce vol historique en le transformant en musée pour expier le péché ottoman et le gangstérisme moyenâgeux … jusqu’à ce qu’Erdogan rétablisse l’éthique des califes ottomans, les voleurs moyenâgeux.
En tant que musulman, je ressens de la tristesse et de la colère contre cet acte erdoganien en transformant la basilique Sainte Sophie d’un musée en une mosquée. J’aurais souhaité présenter mes excuses à chaque chrétien affecté par ce comportement. Ceux qui, subjugués, applaudissent ce voyou impudent et dément, me rappellent notre enfance lorsque nous regardions les westerns hollywoodiens et la destruction et la liquidation des tribus amérindiennes, nous applaudissions alors l’héroïsme des cow-boys qui massacraient les guerriers amérindiens. Nous ne savions pas que nous ovationnions les voleurs et les assassins contre les véritables propriétaires de la terre, ces Amérindiens à qui nous ressemblons aujourd’hui. Les cow-boys nous tuent et le monde applaudit notre mort alors qu’ils nous anéantissent avec leurs armes à feu.
Moi le musulman, j’ai observé la décision d’Erdogan et je me suis souvenu des larmes des musulmans lorsque les Croisés ont transformé la mosquée d’Al-Aqsa en écurie pour chevaux. Je me suis rappelé la douleur des musulmans lorsque les Espagnols ont saisi leurs mosquées et leurs palais qu’ils ont construits en Andalousie et les ont transformés en églises et en cathédrales. Ils ne se sont pas souciés des sentiments des musulmans qui ont quitté l’Espagne et y ont laissé leurs prières, leurs ornements et leurs incantations sur les murs qui sont devenus des églises. Aujourd’hui, nous apprenons à nos enfants, qui déambulent à travers ces œuvres et ces icônes, que nous les avons conçus et construits et nous sommes attristés que les Espagnols n’aient pas respecté notre religion et le caractère sacré de ce que nous avons laissé derrière nous.
Je ne sais comment les musulmans sont borgnes pour voir leur douleur d’un œil et ne pas voir la douleur des autres. Si nous permettons ce comportement, je ne sais de quel droit nous nous opposons au pasteur Jones qui a l’intention de brûler le Coran. Comment allons-nous défendre notre droit de propriété sur la mosquée Al-Aqsa ? Jérusalem a été donnée aux sionistes par une décision européenne unanime. Ce n’est pas uniquement Trump qui a livré Jérusalem aux Israéliens, mais la protection de l’Occident et de toute l’Europe de l’appropriation de Jérusalem par Israël et la prévention de sa défaite pour récupérer la ville est une décision occidentale selon laquelle la ville sainte et ses lieux saints islamiques ne nous appartiennent plus. Il s’agit d’une reconnaissance implicite de son appropriation par Israël.
Je n’exclus pas la possibilité que la démarche d’Erdogan pour « re-capturer » la basilique Sainte Sophie soit coordonnée avec les Israéliens, au moment même où Israël s’acharne à judaïser tout Jérusalem et à s’emparer de la mosquée Al-Aqsa. L’entité veut que toute la région soit modifiée en un modèle qui facilitera ses desseins de judaïsation. Israël alimente les conflits sectaires et religieux pour prétendre au droit de proclamer la judaïté de l’État, étant donné que toute la région vit dans la religiosité et le sectarisme. Israël s’arroge donc le droit de déclarer son identité religieuse en tant que juive. Et voilà qu’aujourd’hui, Erdogan ose prendre une mesure inédite en méprisant les symboles chrétiens, en les accaparant et en les transformant en un lieu de culte pour une autre religion, comme s’il offrait à Israël un cadeau précieux pour que sa prochaine prise de contrôle de la mosquée Al-Aqsa ne soit pas accueillie avec beaucoup de stupeur, de condamnation et de colère, parce que les musulmans l’ont déjà fait en Turquie et ont humilié des millions de chrétiens. Le processus de conversion des lieux saints est toujours utilisé comme argument pour la justification de toute action similaire qu’Israël recherche.
Je doute que la démarche d’Erdogan soit innocente, même si elle semble être une manœuvre propagandiste interne en Turquie et dans le monde islamique pour susciter un plus grand engouement pour le sultan sans aucune raison morale. En outre, elle convient parfaitement aux Israéliens. Ce qui me fait douter est son timing dangereux, peu après le décret de Trump donnant Jérusalem aux Israéliens. Il pourrait être le prélude à des mesures visant à saisir les lieux saints islamiques en Palestine par des décisions judiciaires israéliennes, comme l’a fait le sultan Erdogan. Il se pourrait qu’un néo-conservateur vienne nous réclamer la réciprocité pour transformer la mosquée des Omeyyades en église car le tombeau de Saint-Jean Baptiste, l’un des plus grands symboles du christianisme, y est. Et au lieu que Erdogan l’enragé ne prie dans la mosquée de Sainte Sophie, un fou venu d’Occident pourrait se retrousser les manches pour prier dans le sanctuaire de Saint-Jean Baptiste.
Si les admirateurs du sultan défendent sa démence et son banditisme, je leur rappelle que nous paierons plus tard le prix de beaucoup de fanfaronnades. Si le sultan tient à rendre aux musulmans leurs mosquées, il devrait rendre notre mosquée volée à Jérusalem plutôt que de rouler des mécaniques pour voler de nouveau les églises des chrétiens en les « capturant » comme le ferait tout daechien à une femme libre.
Nous ne respectons pas cette décision et nous en avons honte, et Sainte Sophie n’appartient pas aux musulmans. Nous nous moquons d’avoir toutes les mosquées du monde ou de transformer le monde entier en mosquée tant que nous perdons la mosquée Al-Aqsa dont se moque M. Erdogan. Il semble vouloir soudoyer les musulmans avec Sainte Sophie comme substitut à Al-Aqsa.
Sainte Sophie aux yeux mélancoliques et aux cloches silencieuses, ne sois pas triste. Tu appartiens à mes frères chrétiens et seules les cloches te siéent, quoi que fassent les Ottomans. Je ne prierai dans tes murs que comme je prie à la Cathédrale mariamite de Damas. De là, je prierai Dieu, même si l’appel à la prière (adhan) et le takbir y résonnent. Rien n’est assez digne pour toi sauf dire : Gloire à Dieu dans sa prééminence… Que les gens connaissent la félicité… Et que la paix règne sur terre.
source : https://serjoonn.com
traduit par Rania Tahar pour Réseau International
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