Une campagne référendaire qui coûte des millions à Hydro-Québec au Maine

Une campagne référendaire qui coûte des millions à Hydro-Québec au Maine

(Montréal) Achat de publicités dans les médias locaux, honoraires de services professionnels, frais de déplacement ; Hydro-Québec a dépensé pas moins de 8,5 millions depuis le début de l’année au Maine afin de mousser son projet de ligne de transport d’hydroélectricité qui devrait faire l’objet d’un référendum en novembre, lors du scrutin présidentiel.

Pour le trimestre d’avril à juin, c’est 5,7 millions qui ont été consacrés à diverses initiatives, révèle le document déposé auprès des autorités réglementaires américaines par le comité « Hydro-Québec Maine Partnership », qui a été mis sur pied par la société d’État.

De son côté, Central Maine Power, le partenaire américain d’Hydro-Québec, a allongé environ 4,1 millions pendant le deuxième trimestre. Depuis le début de l’année, c’est plus de 11 millions qui ont été dépensés par la compagnie.

« La majorité des dépenses (3,8 millions) pour le deuxième trimestre concernent la réservation de placement médiatique pour l’automne, a expliqué mardi une porte-parole d’Hydro-Québec, Lynn St-Laurent, au cours d’un entretien téléphonique. Les prix sont plus élevés en raison de la campagne présidentielle. »

Même s’ils savaient que le New England Clean Energy Connect (NECEC) ne faisait pas l’unanimité, les promoteurs du projet ne s’attendaient certainement pas à devoir mener une campagne référendaire. Les opposants à la ligne, notamment appuyés par le lobby gazier, ont toutefois été en mesure de recueillir suffisamment de signatures pour forcer la tenue d’une consultation populaire. C’est le certificat de la commission des services aux collectivités du Maine — une autorisation essentielle — qui fera l’objet d’un référendum.

« Les habitants du Maine n’ont jamais vu de telles sommes en provenance de l’extérieur allouées afin de défaire une initiative citoyenne », a souligné Pete Didisheim, le directeur du Natural Resources Council of Maine, qui figure parmi ces opposants.

Hydro-Québec mise grandement sur le NECEC, dont la mise en service est prévue en 2022, pour acheminer 9,45 térawattheures d’hydroélectricité par année pendant 20 ans au Massachusetts dans le cadre d’un contrat dont les revenus sont estimés à environ 10 milliards US. En sol américain, la facture du projet est estimée à 950 millions US et le tracé de 233 kilomètres doit emprunter le territoire du Maine.

Si les dépenses risquent d’être moins élevées au troisième trimestre, Mme St-Laurent n’a pas voulu s’avancer sur le montant total de la facture liée à la campagne référendaire que doit mener la société d’État.

« Nous sommes dans un contexte extrêmement concurrentiel, a-t-elle fait valoir. C’est un projet qui va être très rentable pour les Québécois. Nous prenons toutes les initiatives pour contrer les efforts des opposants. »

Selon les documents déposés auprès de la Commission d’éthique du Maine, les promoteurs du NECEC ont dépensé bien plus que les comités mis en place par les opposants. Toutefois, la commission enquête sur le comité « Stop the Corridor », dont le financement soulève des interrogations.

Un revers

La semaine dernière, Avangrid, la société mère du partenaire américain d’Hydro-Québec, avait essuyé un revers auprès de la Cour supérieure du Maine dans sa tentative visant à faire invalider la constitutionnalité de la démarche référendaire empruntée par les opposants au projet. La décision a toutefois été portée en appel.

Certains remettent en question la démarche des opposants en faisant valoir que selon les règles du Maine, les consultations populaires concernent les lois. Dans le cas du certificat octroyé au NECEC, on parle plutôt d’un permis.

Parallèlement à ce qui se passe aux États-Unis, le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) commencera à se pencher le 21 juillet sur le tronçon québécois du projet. En sol québécois, le tracé de 103 km, qui traverserait essentiellement des terres privées, doit relier le poste des Appalaches au réseau du Maine.

De nouvelles emprises seraient toutefois nécessaires à Thetford Mines, à Saint-Joseph-de-Coleraine ainsi que sur les territoires des municipalités de Nantes, de Sainte-Cécile-de-Whitton et de Frontenac, selon la documentation déposée auprès du Bureau.

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