par Alaeddin Saleh.
Une série de succès remportés par le gouvernement d’union nationale (GNA) soutenu par la Turquie en Libye a tourné court le 4 juillet lorsque la base aérienne d’Al-Watiya récemment capturée par les forces pro-GNA a subi un bombardement mystérieux.
Les groupes armés loyaux au GNA sont entrés à Al-Watiya il y a quelques semaines à peine après une offensive rapide facilitée par les drones turcs Bayraktar TB2. Il n’y a pas si longtemps, les combattants des forces pro-GNA ont pris des selfies avec les systèmes de défense anti-aérienne Pantsir abandonnés par l’Armée nationale libyenne (LNA). Au lieu de systèmes Pantsirs de fabrication russe, les systèmes turcs MIM 23 HAWK ont été déployés à la base.
Les dernières images satellite d’Al-Watiya montrent clairement que les mêmes systèmes ont été endommagés ou détruits lors de l’attaque. Ces développements portent un coup dur à la fierté d’Ankara, d’autant plus que l’attaque a eu lieu quelques heures après que le ministre turc de la Défense Hulusi Akar a conclu sa visite à Tripoli.
Abdel-Malik Al-Medeni, porte-parole de l’opération Volcan de Colère menée par des unités du GNA a déclaré que les frappes auraient été œuvre de Mirage 2000-9 déployés par les Émirats Arabes Unis (EAU) à Sidi al-Barrani en Égypte. Les EAU n’ont fait aucun commentaire.
L’incident ne constitue pas vraiment une surprise. La politique agressive de Recep Erdogan en Libye préoccupe depuis longtemps plusieurs puissances régionales et mondiales qui auraient pu juger nécessaire de gifler le président turc.
Premièrement, les actions provocatrices de la Turquie compromettent les intérêts du plus proche voisin de la Libye, l’Égypte. Le Président égyptien Abdel Fattah al-Sissi s’est déjà dit prêt à mener une opération militaire de grande envergure en Libye. Deuxièmement, l’intervention turque en Libye est mal vue aux EAU, l’un des alliés de l’Égypte. Troisièmement, la France critiquait toujours la politique libyenne de Erdogan. Évidemment, Paris, Abu-Dhabi et Le Caire soutiennent le leader de l’Armée nationale libyenne Khalifa Haftar.
L’analyse la plus approfondie à ce jour de l’identité possible des coupables de l’attaque a probablement été réalisée par un chercheur indépendant Akram Kharief. L’analyste a conclu que la participation de la Russie est la moins probable, car la Russie ne dispose pas des moyens militaires nécessaires en Libye et se méfie de nuire aux relations avec la Turquie. En outre, la Libye se trouve hors de portée des systèmes russes du renseignement spatial et de ciblage. Le chercheur fait valoir que l’opération a probablement été effectuée par les avions de combat émiratis à partir du sol égyptien avec appui à l’information fournie par la France. Si nous acceptons cette conclusion, l’attaque devrait être considérée comme une « ligne rouge » pour les autorités turques.
La Turquie et le GNA n’ont pas révélé l’ampleur des pertes subies lors de l’attaque, mais cela a peu d’importance. Ce qui est vraiment important, c’est le signal envoyé par l’attaque qui a ramené les plans ambitieux d’Ankara de capturer le port de Syrte et la base aérienne de Al-Joufra à la réalité. L’avenir du conflit libyen dépend désormais de la capacité des autorités turques à déchiffrer ce message.
Alaeddin Saleh, journaliste libyen avec une longue expérience professionnelle sur l’étude et la couverture médiatique de la Libye et de la région
source : http://www.observateurcontinental.fr
Observateur Continental a totalement conservé l’intégralité du texte envoyé par Alaeddin Saleh
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