par David Cronin.
Peut-être que la description la plus franche du Mossad est qu’il s’agit d’un « syndicat du crime avec une licence ». Ce commentaire a été fait par Tamir Pardo, qui a dirigé la tristement célèbre agence d’espionnage israélienne entre 2011 et 2016. Loin de se repentir d’avoir dirigé un syndicat du crime, Pardo en a tiré profit. Possédant un curriculum vitae pratiquement unique – seuls les rares élus peuvent diriger le Mossad – il a décroché des postes de haut niveau dans le secteur privé israélien au cours des dernières années.
L’Union Européenne récompense désormais ses crimes.
XM Cyber – une entreprise fondée par Pardo – fait partie d’un projet financé par l’UE qui sera lancé en septembre. Baptisé « Impetus », ce projet de 10,5 millions de dollars portera sur l’éthique de l’utilisation des technologies de surveillance dans les villes. XM Cyber – une entreprise qui conseille ses clients sur la manière de se préparer à des attaques sur les réseaux informatiques – a été créée par Pardo et deux autres espions israéliens chevronnés.
Campagne BDS « Technologie à double usage – comment l’Europe finance les entreprises militaires israéliennes à travers Horizon 2020 » (source BDS-France)
Grotesque
Charger un ancien chef du Mossad et ses copains de travailler sur des questions d’éthique est grotesque. L’exécution d’assassinats fait partie des activités du Mossad. Sous la supervision de Pardo, le Mossad a été accusé d’avoir tué un scientifique nucléaire de haut niveau en Iran.
Bien que le Mossad n’admette pas de meurtres particuliers, Pardo a affirmé que les assassinats politiques sont parfois nécessaires.
Les assassinats violent les droits fondamentaux de l’homme et l’État de droit – des principes que l’UE est censée considérer comme sacro-saints. Pourquoi les fonctionnaires de l’UE ont-ils, en fait, considéré comme une autorité en matière d’éthique un homme qui a plus que probablement approuvé des assassinats ?
J’ai posé cette question à la Commission européenne, qui supervise Horizon 2020, le programme de recherche dont bénéficie Pardo.
La Commission a refusé de répondre à cette question. Au lieu de cela, elle a eu recours à un baratin sur la façon dont XM Cyber avait « été vérifié et évalué pour être conforme aux règles et exigences d’Horizon 2020 ».
Pardo est partisan de la discrimination raciale. Il a récemment signé un article d’opinion dans lequel il affirme que l’annexion imminente d’une grande partie de la Cisjordanie pourrait à terme nuire à « l’identité juive » d’Israël.
Il s’inquiète particulièrement du fait qu’Israël pourrait se trouver face à un « dilemme » qui l’obligerait à choisir entre accorder des droits égaux aux Palestiniens dans le territoire annexé ou les priver de tout droit. L’idée que tous les êtres humains ont droit à des droits égaux ne fait pas partie de son mode de pensée.
Le chef de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borrell, est également opposé à l’annexion, bien qu’il ait cité différentes raisons pour justifier son opposition. Borrell a souligné que l’annexion serait « contraire au droit international ».
Une des idées avancées est que l’UE répondra à l’annexion en excluant Israël de ses activités de recherche. Cela signifierait que des entreprises telles que XM Cyber de Pardo ne pourraient plus recevoir de subventions de l’UE.
« Business as usual »
Il serait important de stopper le flux de ces subventions vers Israël. Les entreprises et institutions israéliennes ont puisé environ 1,2 milliard de dollars dans Horizon 2020, le programme de recherche actuel de l’UE.
Jusqu’à présent, l’UE a adopté une approche de statu quo. Cette approche consiste à aider les entreprises qui profitent de la souffrance des Palestiniens.
Elbit Systems, l’un des principaux fabricants d’armes israéliens, est l’une de ces entreprises. Elle a fabriqué les drones utilisés lors des grandes attaques israéliennes sur la bande de Gaza et fourni du matériel de surveillance pour l’énorme mur israélien en Cisjordanie occupée.
Cela n’a pas empêché l’UE d’accorder continuellement des subventions à Elbit.
Elbit fait partie d’un consortium à l’origine d’un projet de sécurité ferroviaire de 11 millions de dollars financé par l’UE, qui débutera en octobre.
Avec les armes provenant d’entreprises telles qu’Elbit, Israël a bombardé des fournisseurs de services de transport essentiels – notamment des ambulanciers – à Gaza. Se tourner vers les marchands d’armes israéliens pour obtenir des conseils sur la sécurité ferroviaire est donc tout aussi grotesque que de demander à un ancien chef du Mossad des conseils sur l’éthique.
L’UE prête également main-forte à un nouvel acteur dans l’industrie de guerre israélienne en pleine expansion.
BGR Robotics affirme avoir fabriqué le premier « véhicule sous-marin autonome » d’Israël. Fondée par le personnel de l’université Ben Gourion du Néguev, BGR Robotics semble également vouloir opérer en surface.
Elle a reçu une subvention de l’UE de plus de 56.000 dollars pour un projet visant à évaluer comment les robots peuvent être utilisés dans l’aviation. Le site web de l’UE consacré à la recherche scientifique présente le projet comme étant civil en suggérant que les robots pourraient contribuer à réduire les retards des vols. Pourtant, BGR Robotics n’essaie pas de cacher que ses produits sont conçus pour des applications militaires.
Il est donc raisonnable de se demander si l’UE pourrait apporter une modeste contribution au développement de robots tueurs pour les futures guerres d’Israël.
L’Université hébraïque de Jérusalem, quant à elle, propose un cours relativement nouveau visant à former les soldats israéliens à l’espionnage. C’est l’une des nombreuses façons dont l’Université hébraïque – dont le campus est situé à Jérusalem-Est occupée – soutient les troupes israéliennes, ces mêmes troupes qui oppriment les Palestiniens chaque jour.
L’UE ignore cette réalité pour pouvoir arroser l’université hébraïque de subventions. L’Université hébraïque a récemment rejoint – ou va bientôt entreprendre – des projets financés par l’UE qui traitent de sujets aussi variés que le poisson-zèbre, l’anatomie dans la Grèce antique, la photosynthèse et l’importance du textile pour le mouvement sioniste.
Tous ces sujets sont sans aucun doute fascinants. Mais cela n’excuse pas la façon dont l’argent des contribuables européens profite à une institution qui était déjà directement complice des crimes d’Israël bien avant que certains bureaucrates de Bruxelles ne s’inquiètent de l’annexion.
Vidéo (3’19 – en anglais): : Tamir Pardo, ancien chef du Mossad, interpellé à propos des assassinats ciblés commis par les services secrets israéliens israéliens (John F. Kennedy Jr. Forum – 3 mai 2016).
source : The Electronic Intifada
traduction : MR pour ISM
via http://www.france-irak-actualite.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International