Ce n’était que trop prévisible. Les manifestations de force de la Turquie et de l’Égypte en Libye où se déroule un conflit armé international, la détérioration continue, voire l’effondrement de la situation sécuritaire au nord des pays du Sahel et l’implantation d’une base militaire étrangère au Maroc à quelques dizaines de kilomètres de la trouée de Taza au Maroc ne pouvaient que faire réagir un armée algérienne très fortement critiquée pour son inaction depuis la chute du régime Gaddafi en Libye.
Premier coup de semonce, la sortie de la 8ème division blindée, la plus prestigieuse unité de l’Armée Nationale Populaire (ANP), basée à Sidi Bel-Abbès, qui avait participé en tant que brigade aux guerres du Moyen-Orient vers la fin des années 60 et le début des années 70.
Officiellement, l’exercice de la 8ème division blindée s’inscrit dans le cadre d’un programme annuel programmé à l’avance et n’a rien à voir avec l’évolution récente des évènements dans la région. Officieusement, le moindre mouvement de cette division met en alerte l’ensemble des unités militaires du Maroc et concentre sur l’Algérie l’intérêt de la plupart des observateurs militaires internationaux. Or, pour la première fois de son histoire, la 8ème division blindée, soutenue par d’autres brigades issues de différentes armes, a simule un assaut terrestre et aérien et donc une offensive généralisée et non plus une simulation de défense/contre-offensive comme c’était le cas jusqu’à ce mois de juin 2020. Cela implique un changement radical de doctrine militaire et d’orientation stratégique influencé par l’évolution spectaculaire de la guerre en Libye et la persistence d’une crise politique et économique intérieure.
Le service d’information de l’armée algérienne a diffusé une vidéo promotionnelle d’un style nouveau sur les capacités militaires algériennes qui a été rediffusée sur des chaines TV publiques et privées en se basant sur la dernière manœuvre de la 8ème division blindée mais également des exercices de la marine et notamment les essais de missiles de croisière lancés à partir de submersibles. C’est la première fois que l’armée algérienne étale de manière ostentatoire plus de vingt ans d’acquisitions facilités par la hausse du prix du baril de brut sur les marchés internationaux et cette démonstration de force est clairement un message destiné en premier lieu à l’ensemble des pays intervenant en Libye et en second lieu aux parties finançant et équipant la nouvelle base militaire de Jrada au Maroc oriental.
Depuis le début de la guerre en Libye en 2011 et l’effondrement de l’ensemble du système sous-régional de sécurité au Nord Sahel, l’armée algérienne a déployé d’importants renforts militaire aux frontières avec la Libye et a entamé le renforcement de ses capacités de guerre électronique.
Source: Lire l'article complet de Strategika 51