Les pétitions et les lettres ouvertes se multiplient à travers le monde pour exiger la libération sans condition du fondateur de Wikileaks, emprisonné à Londres, dans l’attente de son procès en extradition vers les Etats-Unis où il risque 175 ans de prison pour avoir publié, par le truchement de lanceurs d’alerte, des documents de l’armée américaine, dans lesquels sont exposés ce qui s’apparente à des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité.
Dans une lettre ouverte adressée au gouvernement britannique et plus particulièrement à Robert Buckland, secrétaire d’Etat à la Justice, une quarantaine d’organisations de défense des droits appellent, ce 3 juillet, à la libération immédiate de Julian Assange et à bloquer son extradition vers les Etats-Unis.
40+ Rights Groups Call on #UK Government to Free Julian Assange
(@RobertBuckland, @DominicRaab, @pritipatel, @BorisJohnson)#HBDJA#JA49#HappyBirthdayAssange#DontExtraditeAssange#FreeAssangehttps://t.co/16V4HybVTh— Don't Extradite Assange (@DEAcampaign) July 3, 2020
Parmi les signataires, on retrouve : Reporters sans frontières (RSF), la Fédération internationale des journalistes (FIJ), PEN international, une association internationale d’écrivains, le National Lawyers Guild, une organisation d’avocats et de juristes américains, ou Big Brother Watch, une organisation britannique de défense des libertés civiles.
Un récit sélectif et trompeur dans le but de dépeindre les actes d’Assange comme étant néfastes et conspirateurs plutôt que comme des contributions à des informations d’intérêt public
Dans leur lettre, les signataires appellent le gouvernement britannique à respecter son «engagement en faveur de la liberté de la presse dans son propre pays». Ils rappellent que le gouvernement américain a inculpé le fondateur de Wikileaks de 18 chefs d’accusation pour «complot en vue de publier des informations classifiées». «Il s’agit de la toute première utilisation de telles accusations pour la publication d’informations véridiques dans l’intérêt public», écrivent les signataires. «Cela représente une tentative grave et dangereuse de criminaliser les communications des journalistes et de leurs sources […] au mépris total du droit du public de savoir», déplorent-ils. Les signataires dénoncent également le nouvel acte d’accusation formulé 24 juin par le ministère américain de la Justice élargissant l’accusation de complot : «Ce nouvel acte d’accusation emploie un récit sélectif et trompeur dans le but de dépeindre les actes d’Assange comme étant néfastes et conspirateurs plutôt que comme des contributions à des informations d’intérêt public.»
L’affaire Assange ternit l’image du Royaume-Uni
Ces chefs d’inculpation font encourir à Julian Assange 175 années d’emprisonnement. Ainsi, son extradition aux Etats-Unis, «où une condamnation est une quasi-certitude, équivaut à une condamnation à mort», dénoncent les auteurs qui expliquent qu’Assange ne purge aucune peine de prison au Royaume-Uni et qu’il y est emprisonné «uniquement à la demande des Etats-Unis». En effet, le journaliste ayant purgé la peine maximale de 50 semaines de prison pour non respect de sa liberté conditionnelle, est aujourd’hui en détention préventive à la prison de haute sécurité de Belmarsh, où sont enfermés les plus grands criminels du pays, en attente de la suite de son procès en extradition qui doit se tenir à partir du 7 septembre. La juge Vanessa Baraitser a systématiquement refusé toutes ses demandes de libération conditionnelle. Ainsi, les signataires de cette lettre appellent le Royaume-Uni a exercer sa souveraineté et à défendre son image de démocratie : «la persécution continue de Julian Assange contribue à une détérioration de la liberté de la presse au Royaume-Uni et contribue à ternir l’image internationale du Royaume-Uni», écrivent-ils.
Cette lettre vient s’ajouter aux très nombreux courriers et pétitions d’organisations exigeant la libération inconditionnelle du journaliste emprisonné. Parmi les plus récentes initiatives, celle de 216 médecins du monde entier ou celles de près de 1 500 journalistes internationaux du collectif Speak Up for Assange.
Meriem Laribi