Le militant communiste libanais croupit en prison depuis 36 ans.
Il est l’un des symboles de la cause des prisonniers politiques révolutionnaires, dont le 19 juin prochain marque la Journée internationale : Georges Ibrahim Abdallah croupit dans les prisons françaises depuis 36 ans, alors qu’il est libérable depuis 1999. Le réseau associatif, militant et politique qui se mobilise pour sa libération déposera le même jour des milliers de signatures à la préfecture de Tarbes, chef-lieu du département du centre pénitentiaire de Lannemezan, où est détenu le cofondateur des Fractions armées révolutionnaires libanaises (Farl). Les annonces de la garde des Sceaux d’anticiper la libération de milliers de détenus français, dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de coronavirus, avaient laissé entrevoir sa possible libération, espoir douché dans un courrier daté du 9 mai dernier, signé par cette même Nicole Belloubet. Sans surprise, le gouvernement français s’abrite derrière le principe de séparation des pouvoirs pour justifier le maintien en détention de Georges Ibrahim Abdallah, dont le traitement judiciaire n’a pourtant cessé d’être pollué par les interventions politiques et diplomatiques depuis son arrestation, en 1984. Le tribunal d’application des peines, en date du 21 novembre 2012, avait ainsi donné un avis favorable à sa libération en l’attente d’un arrêté d’expulsion vers le Liban, patrie d’Abdallah, qui en avait accepté le principe. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Manuel Valls, avait refusé d’appliquer la recommandation du tribunal…
Des pressions diplomatiques
La revendication en 1982 par les Farl des assassinats de Charles R. Ray, attaché militaire étasunien à Paris, et du diplomate israélien Yacov Barsimentov explique largement les pressions intenses exercées par Washington et Tel-Aviv sur ce dossier. L’ancien patron de la DST Yves Bonnet (1982-1985) en avait fait publiquement état à l’occasion d’un entretien accordé à France 24, le 30 décembre 2011 : « La France a subi tout au long de cette affaire d’énormes pressions diplomatiques pour que celui qui a assassiné non pas des diplomates mais en réalité un agent de la CIA et un membre du Mossad (services secrets israéliens) reste en prison (Abdallah a été condamné pour complicité d’assassinat – NDLR). » Il ajoutera quelques jours plus tard, dans les colonnes de la Dépêche du Midi : « Il avait le droit de revendiquer les actes commis comme des actes de résistance. Après, on peut ne pas être d’accord, mais c’est un autre débat. (…) Et aujourd’hui, la France garde cet homme derrière les barreaux alors qu’elle a libéré Maurice Papon. »
Source : l’Humanité du 15/06/2020
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