Il y a eu des allégations concernant des courriels qui avaient été exfiltrés de la DNC, la Convention nationale du parti démocrate, et fournis à Wikileaks. C’est forcément la Russie qui l’avait fait. Le FBI et d’autres services de renseignement l’ont clamé partout. En fin de compte, aucune preuve n’a été fournie à l’appui des allégations.
Il y a eu des allégations selon lesquelles Trump n’avait pas vraiment remporté les élections. La Russie l’avait aidé. Les divers services de renseignement américains, avec leurs amis britanniques, ont fourni toutes sortes de fuites étranges sur ce cas présumé. En fin de compte, aucune preuve n’a été fournie à l’appui des allégations.
Un agent double britannique, Sergej Skirpal, aurait été blessé lors d’une attaque russe contre lui. Les services de renseignement ont dit toutes sortes de bêtises contradictoires sur l’affaire. En fin de compte, aucune preuve n’a été fournie à l’appui des allégations.
Les trois cas avaient deux points en commun. Ils étaient basés sur des sources proches des services de renseignement américains et britanniques. Ils ont été conçus pour accroître l’hostilité contre la Russie. Le dernier point a ensuite été utilisé pour saboter les plans originaux de Donald Trump pour établir de meilleures relations avec la Russie.
Maintenant, les services de renseignement font une nouvelle affirmation qui s’inscrit parfaitement dans le schéma ci-dessus.
Des journalistes du New York Times et du Washington Post ont été approchés par des « responsables » anonymes qui leur ont demandé d’informer sur le fait que la Russie paie des Afghans pour tuer des soldats américains en Afghanistan. Il n’y a aucune preuve de cette affirmation. Le porte-parole des talibans le nie. Le nombre de soldats américains tués en Afghanistan est minime. Les sources présumées des allégations sont des criminels que les États-Unis ont faits prisonniers en Afghanistan.
Toutes ces bêtises sont à nouveau utilisées pour faire pression contre le souhait de Trump de nouer de meilleures relations avec la Russie. Imaginez la scène : Trump a été informé de ces affirmations absurdes et il ne fait rien à ce sujet !
Les mêmes services de renseignement et « officiels » ont, précédemment, payé des primes pour amener des prisonniers innocents à Guantanamo Bay, les torturer jusqu’à ce qu’ils fassent de faux aveux en mentant. Les mêmes services de renseignement et « officiels » ont menti sur les armes de destruction massive en Iraq. Les mêmes « responsables du renseignement » ont payé et encore payé des djihadistes déguisés en « rebelles syriens » pour tuer des troupes russes et syriennes qui défendent leur pays.
Les normes journalistiques du New York Times et du Washington Post doivent être inférieures à zéro pour publier de telles bêtises sans demander de preuves tangibles. Le communiqué de presse comme les histoires ci-dessous de sources anti-Trump et anti-russes n’ont rien à voir avec le « grand reportage » mais sont de la sténographie pure.
Le New York Times :
La Russie a secrètement offert des primes aux militants afghans pour tuer les troupes américaines, selon les renseignements
Les responsables du renseignement américain ont conclu qu’une unité de renseignement militaire russe a secrètement offert des primes aux militants liés aux Talibans pour attaquer les forces de la coalition en Afghanistan – y compris pour cibler les troupes américaines – dans une escalade frappante de l’hostilité du Kremlin envers les États-Unis. …
Les officiels familiers avec les renseignements n’ont pas expliqué le retard de la Maison-Blanche à décider comment répondre à ces renseignements concernant la Russie.
Alors que certains de ses conseillers les plus proches, comme le secrétaire d’État Mike Pompeo, ont conseillé des politiques plus agressives envers la Russie, M. Trump a adopté une position accommodante envers Moscou. …
L’évaluation du renseignement serait basée au moins en partie sur les interrogatoires de militants et criminels afghans capturés.
Le Washington Post :
Une opération russe a ciblé des troupes de la coalition en Afghanistan, selon les services de renseignement
Une unité d’espionnage militaire russe a offert des primes aux militants liés aux Taliban pour attaquer les forces de la coalition en Afghanistan, y compris les troupes américaines et britanniques, dans une escalade frappante de l’hostilité du Kremlin envers les États-Unis, a révélé le renseignement américain.
L’opération russe, rapportée pour la première fois par le New York Times, a suscité un intense débat au sein de l’administration Trump sur la meilleure façon de répondre à une nouvelle tactique troublante d’un pays que la plupart des responsables américains considèrent comme un ennemi potentiel, mais que le président Trump a fréquemment reconnu comme un ami, ont déclaré les responsables, qui ont parlé sous condition d’anonymat pour discuter d’une question sensible du renseignement. …
L’unité russe que les responsables ont identifiée comme responsable d’avoir prétendument offert les primes a également été liée à l’empoisonnement et à la tentative de meurtre de l’ancien espion militaire russe Sergei Skripal en Grande-Bretagne en 2018.
Une revenante. Victoria Fuck the EU Nuland, le retour
Qui ne se souvient de Victoria Nuland, dont l’heure de gloire sonna lors d’un glacial hiver, il y a de cela quelques années ?
En décembre 2013, Victoria Nuland distribuait des cookies aux manifestants. Deux mois plus tard, lors d’une conversation téléphonique avec l’ambassadeur américain à Kiev, enregistrée et rendue publique par les facétieux services secrets russes, la représentante de l’administration Obama ne distribue plus des petits gâteaux mais les futurs postes de ministres, faisant et défaisant le gouvernement ukrainien ! C’est à cette occasion que, en désaccord avec Berlin sur l’attribution d’un ou deux maroquins, elle prononce son fameux « Que l’UE aille se faire foutre ! ».
Émergeant de leur léthargie, les dirigeants européens froncent un sourcil, déclarent haut et fort que ces paroles sont inacceptables puis, sans doute épuisés par leur audace, retombent dans leur somnolence. Que de hauts responsables états-uniens misent sur le renversement à venir du gouvernement légal et décident du futur de l’Ukraine ne semble pas les gêner plus que cela…
Désormais, la course au putsch est lancée. Victoria « Fuck the EU » Nuland a clairement annoncé la couleur : les États-Unis ont investi, depuis 1991, cinq milliards de dollars afin de « promouvoir le développement des institutions démocratiques et établir une bonne gouvernance », autrement dit installer un régime ami à Kiev. Le Maïdan est le moment ou jamais d’arracher l’Ukraine à la sphère russe et de l’arrimer à la communauté atlantique. En filigrane, évidemment, l’avancée de l’OTAN vers la Russie, objectif depuis toujours des stratèges américains.
Il est vrai que la dame a un parcours impérial de toute beauté. Mariée au néo-cons Robert Kagan, Victoria Nuland a d’abord été adjointe de Madeleine « Kosovo » Albright, puis ambassadrice permanente de Bush Jr à l’OTAN, conseillère pour la politique étrangère de Dick Cheney, envoyée spéciale de l’hilarante Clinton et enfin secrétaire d’État assistante pour l’Europe et l’Eurasie sous l’administration Obama. Démocrates, républicains, tout y passe du moment que c’est pour la cause supérieure. Elle connaît son Grand Jeu sur le bout des doigts…
Le départ de Barack à frites et l’élection de Trump ont été, on l’imagine aisément, une bien mauvaise nouvelle pour cette russophobe affirmée, même si elle flâne dans divers think tanks et reste membre du directoire du N.E.D., dont la passion pour les regime change n’est plus à démontrer.
Sortie de son cryo-sommeil, la gorgone vient de publier une diatribe contre l’abominable Poutine des neiges où elle ressasse les habituels poncifs éculés. La Russie est faible mais elle a profité de l’impotence du leadership américain (sous Donaldinho, évidemment) pour perpétrer ses malfaisantes agressions : violer la loi internationale, les traités sur le contrôle des armements, la souveraineté de ses voisins et l’intégrité des élections aux États-Unis et même, pourquoi pas après tout, en Europe ! Mais l’ours qui fait si peur n’est en réalité qu’un colosse aux pieds d’argile qui prie pour que le camp du Bien mette fin aux sanctions.
Dans cet indigeste laïus apparaissaient quelques menaces voilées : renforcement du flanc oriental de l’OTAN, appui à l’Ukraine, maintien des forces américaines en Syrie pour que « Poutine ne devienne pas le maître du Moyen-Orient », etc. Et enfin, un véritable petit morceau d’anthologie que ne renierait pas Soros :
« Les États-Unis et leurs alliés devraient résister aux tentatives de Poutine de couper sa population du monde extérieur (!) et parler directement aux Russes à propos des bénéfices qu’ils pourraient retirer à travailler ensemble et du prix qu’ils ont payé à cause de la répudiation du libéralisme par Poutine ». C’est beau comme du Walt Disney, même s’il ne faut pas être grand clerc pour y voir un encouragement à l’élaboration d’une « révolution colorée »…
La perpétuelle politique de « changement de régime » est de plus en plus décriée dans certains secteurs états-unien – témoin, ce remarquable article qui montre la réussite très aléatoire de ces manigances (39 % de succès, principalement à une autre époque et dans des pays relativement faibles) et les effets néfastes à long terme pour l’influence américaine (dont les organismes, innocents comme coupables, sont maintenant systématiquement surveillés/expulsés). Cela n’empêche apparemment pas l’amie Nuland de fantasmer un nouveau Maïdan plus à l’est.
Ces inepties infantiles ont au moins un mérite : montrer que la politique impériale ne changera jamais vis-à-vis de Moscou. Si l’on en doutait encore, il suffit de lire les recommandations du Republican Study Committee, groupe rassemblant plusieurs faucons du Parti républicain à la Chambre des représentants. Dans un rapport de 120 pages sobrement intitulé « Renforcer l’Amérique et contrer les menaces globales », la camarilla appelle à l’adoption par le Congrès des « plus dures sanctions de l’histoire » contre la Russie, l’Iran et la Chine.
Si ce document n’est qu’un ensemble de préconisations parfois outrancières (comme celle de qualifier sans rire la Russie d’« État soutenant le terrorisme ») et non une proposition de loi, il montre l’état d’esprit fanatique qui règne chez les élites illuminées et déclinantes outre-Atlantique. Il n’y aura jamais de reset américano-russe, il ne peut y en avoir…
Et l’on se demande parfois si le Kremlin l’a tout a fait intégré. L’approche jugée trop conciliante de Poutine envers Washington est un vieux serpent de mer qui refait surface à intervalles réguliers, et fait s’arracher les cheveux à une flopée de sites alternatifs depuis fort longtemps. Sans aller jusque là, on peut effectivement s’interroger sur la retenue de Vladimirovitch vis-à-vis d’un empire qui tente pourtant de lui faire subir toutes les avanies et n’a aucune intention de s’accommoder de lui.
Il y a trois mois, Moscou avait une occasion en or de faire payer la monnaie de sa pièce à l’aigle, embourbé dans la dégringolade des cours du pétrole. Pourtant, sans que l’on sache trop pourquoi, Poutine a une nouvelle fois refusé de franchir le Rubicon. Si ce geste de bonne volonté visait à alléger les sanctions, notamment contre Rosneft, il s’est fourré le doigt dans l’œil. Le Heartland ne peut et ne pourra jamais rien attendre de la thalassocratie impériale.
(Source)
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