Dans un communiqué publié le 24 juin, le département de la Justice des Etats-Unis a annoncé avoir reformulé l’acte d’accusation à l’encontre de Julian Assange, en élargissant «la portée du complot» concernant les intrusions informatiques présumées dont l’accuse Washington.
WikiLeaks Founder Charged in Superseding Indictment https://t.co/kF4NoUnfR1
— Justice Department (@TheJusticeDept) June 24, 2020
La justice américaine affirme notamment avoir de nouveaux éléments selon lesquels le fondateur de WikiLeaks aurait communiqué directement avec le groupe de hackers «LulzSec» en 2012, pour lui demander de «pirater une liste de cibles». «En 2010, Assange a obtenu un accès non autorisé à un système informatique gouvernemental d’un pays de l’OTAN», peut-on encore lire dans le communiqué.
En outre, «la conspiration de piratage élargie continue d’alléguer qu’Assange a conspiré avec […] Chelsea Manning pour pirater un ordinateur classé du ministère américain de la défense», précise le département américain de la Justice, bien que cette version n’ait jamais été confirmée par l’ex-analyste des renseignements de l’armée américaine.
En prison pour avoir refusé de témoigner contre #WikiLeaks, Chelsea #Manning tente de se suicider
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— RT France (@RTenfrancais) March 12, 2020
«Le nouvel acte d’accusation n’ajoute pas de chefs d’accusation supplémentaires à [celui qui avait été] rendu contre Assange en mai 2019», affirme la justice américaine, en référence aux 18 chefs d’inculpation retenus au mois de mai 2019 contre le journaliste australien, qui encoure ainsi une peine de 175 ans d’emprisonnement en cas d’extradition aux Etats-Unis.
«Erreur flagrante» dans le nouvel acte d’accusation ?
Nombre d’observateurs n’ont pas tardé à réagir à la parution du dernier communiqué du département américain de la Justice, notamment parmi ceux qui suivent l’affaire Assange de près depuis ses débuts.
«Le nouvel acte d’accusation américain d’Assange comprend une erreur flagrante basée sur une lecture erronée d’un article de blog de 2010 que j’ai écrit», a par exemple tweeté Robert Mackey, ancien journaliste au New York Times, et fondateur du blog Lede.
1. As @SeanLavery notes, the new US indictment of Assange includes a blatant error based on a misreading of a 2010 blog post I wrote, which quoted what a Taliban spokesman told @Channel4News, that they were reading US Army logs published by WikiLeaks to identify Afghan informants https://t.co/67fceEFeni
— Robert Mackey (@RobertMackey) June 25, 2020
L’acharnement de Washington contre le fondateur de WikiLeaks constitue «la menace américaine la plus grave pour la liberté de la presse depuis 2016», a de son côté estimé Glenn Greenwald, journaliste co-fondateur du magazine en ligne The Intercept.
The Trump DOJ's attempt to imprison Julian Assange for working with his source to publish classified documents that exposed US war crimes is the most severe US threat to press freedom since 2016. It's sickening to watch so many journalists ignore it, & so many liberals cheer it: https://t.co/bF9QaK4Y7l
— Glenn Greenwald (@ggreenwald) June 24, 2020
«Le journaliste Julian Assange est un prisonnier politique, torturé dans une prison britannique à qui on dénie son droit de parler avec ses propres avocats» a encore écrit le journaliste Benjamin Norton, du média en ligne The Grayzone.
Journalist Julian Assange is a political prisoner, being tortured in a UK prison and refused his right to speak with his own lawyers.
Now the US gov't is making more outrageous smears, accusing him of hacking so it can throw him in a dungeon for 175 yearshttps://t.co/uGnR561wy0
— Ben Norton (@BenjaminNorton) June 25, 2020
WikiLeaks a également réagi au communiqué de la justice américaine, à travers plusieurs publications. Dans l’une d’entre elles, le site dénonce «une nouvelle tentative pathétique du [département américain de la Justice] de duper le public». Un peu plus tard, WikiLeaks a également fustigé un des protagonistes qui aurait aidé la justice américaine à formuler ce nouvel acte d’accusation, Sigurdur Thordarson, jeune hacker islandais qui a travaillé en 2010 avec WikiLeaks avant de s’avérer être un espion du FBI. En 2015, il a par ailleurs été condamné pour infractions sexuelles sur des mineurs qu’il manipulait en leur promettant de l’argent et autres avantages matériels. «Un sociopathe diagnostiqué, un escroc condamné, un abuseur d’enfants et informateur du FBI qui a été reconnu coupable en Islande d’usurpation d’identité», s’indigne à ce propos WikiLeaks.
Toujours derrière les barreaux
Dans l’attente de la reprise des audiences portant sur son extradition, le fondateur de WikiLeaks est toujours incarcéré au Royaume-Uni, dans la prison de haute sécurité de Belmarsh, malgré le caractère obsolète des raisons qui, de fil en aiguille, avaient mené à cette détention. De fait, Julian Assange a fini de purger la peine prononcée en mai 2019 par la justice britannique, qui l’avait condamné à 50 semaines de prison pour avoir violé les conditions de sa liberté provisoire alors qu’il avait obtenu l’asile politique dans l’ambassade de l’Equateur. Pour rappel, il avait effectué cette démarche car il redoutait déjà une extradition vers les Etats-Unis et craignait que celle-ci ne soit facilitée par le mandat d’arrêt alors émis par la Suède où il était accusé dans une affaire de viol, dossier classé depuis, faute de preuve.