Le titre est trompeur : « la peine maximale », 8 petits millions pour des centaines de morts et un milliard de bénéfices, c’est une peine de julot casse-croûte (un proxénète qui n’a qu’une vieille pute sur le trottoir et qui gagne juste de quoi se payer son sandwich), comme diraient les truands.
Servier est mort, son laboratoire court toujours, mais des indemnisations ont eu lieu pour plusieurs centaines de millions d’euros. Il eût mieux valu que cette molécule miracle – en réalité une bonne vieille amphétamine – n’ait pas été commercialisée, plutôt que de gagner de l’argent par tromperie et le rendre (en partie) sous la pression de la justice à des femmes, des conjoints ou des familles éplorées.
Le procès Servier devrait donner un avant-goût du procès Covid à venir, ou du procès Buzyn-Lévy-Salomon-Véran. Car là, le Pr Perronne, qui a logiquement le CODM (le conseil de l’Ordre des médecins) sur le dos, parle de 25 000 morts de trop. Un massacre !
– La Rédaction d’E&R –
Les laboratoires Servier, qui commercialisaient le Mediator, comparaissent pour « obtention indue d’autorisation de mise sur le marché », « tromperie aggravée », « escroquerie » et « homicides et blessures involontaires ».
Retiré du marché en France le 30 novembre 2009, le Mediator est accusé d’avoir provoqué des maladies du cœur et des poumons et est tenu pour responsable de centaines de morts.
Lors d’un réquisitoire implacable, la procureure Aude Le Guilcher a dénoncé « l’acharnement » de la firme, « prête à tout » pour maintenir le Mediator sur le marché.
Condamner « un choix cynique » et un « sinistre pari ». Après neuf heures d’un réquisitoire marathon, à l’image de ce procès-fleuve du Mediator qui aura duré neuf mois, la procureure Aude Le Guilcher a demandé au tribunal de condamner les laboratoires Servier à la peine maximale encourue. Au total, le ministère public a requis une amende d’un montant de 8,2 millions d’euros contre la firme.
Pointant les conséquences « dévastatrices » de la mise sur le marché du Mediator, les « dissimulations », les « manœuvres » et « stratagèmes » engagés par le laboratoire pour maintenir la commercialisation du Mediator, et ce malgré les pathologies cardiaques encourues par des millions de patients, la magistrate a également réclamé une peine de trois ans de prison ferme contre l’ex-numéro 2 du groupe Servier, Jean-Philippe Seta. Une amende de 200.000 euros a été demandée à l’égard de l’Agence de sécurité du médicament, jugée « défaillante » par le ministère public dans ce dossier.
« Acharnement », « jusqu’au-boutisme » et « cynisme »
Au cours d’un réquisitoire technique et implacable, Aude Le Guilcher a fustigé « l’acharnement » et le « jusqu’au-boutisme » déployés par le laboratoire depuis le début de ce scandale sanitaire et jusqu’aux derniers jours de ce procès majeur.
« Les laboratoires Servier ont démultiplié à l’envi les demandes de contestation et recours comme rarement on le voit dans le cadre d’une affaire correctionnelle », a-t-elle déploré en préambule. Un « inlassable combat procédural » qui illustre, selon elle, une firme « prête à tout pour maintenir, coûte que coûte, le Mediator sur le marché ».
Tout au long de l’instruction et dès les premières alertes émises par des médecins prescripteurs du Mediator ou dans diverses études scientifiques, les laboratoires Servier se sont attachés, selon le parquet, à « jeter le discrédit » et « rejeter leur propre responsabilité sur d’autres ».
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Dissimulations et tromperies
Pour le ministère public, les laboratoires se sont rendus coupables de toutes les infractions qui leur étaient reprochées. Dès la mise sur le marché du Mediator en 1976, l’entreprise Servier s’est illustrée, selon la magistrate, par une volonté de « tromper » et « dissimuler ». Commercialisé comme un adjuvant au traitement du diabète mais fréquemment détourné comme coupe-faim, le Mediator aurait été prescrit à près de cinq millions de patients pendant plus de trente ans. Retiré du marché en novembre 2009 alors que des alertes ont émergé dès le milieu des années 90, ce médicament est accusé d’avoir provoqué des maladies du cœur et des poumons et est tenu pour responsable de centaines de morts.
« Les patients consommateurs et les médecins prescripteurs ont été laissés totalement dans l’ignorance tant sur la nature réelle du produit – un anorexigène – que sur ses risques. Ce défaut d’information a eu des conséquences désastreuses puisqu’il n’a pas permis aux médecins de faire le lien entre le Mediator et des valvulopathies ou des cas Hypertension Artérielle Pulmonaire (HtAP) », a poursuivi la procureure. Pour le parquet, c’est cette dissimulation initiale, cette « faute originelle » qui a entraîné la commission de toutes les autres infractions – de la tromperie aux homicides ou blessures involontaires.
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