Discours de Malcolm X à Los Angeles le 22 mai 1962.
Le 27 avril 1962, deux officiers de police du LAPD chargés de surveiller de près les activités d’une mosquée (Muslim Temple n° 27 à Los Angeles) ont vu des Noirs prenant des paquets de vêtements à l’arrière d’une voiture devant la mosquée. Ils se sont approchés de manière agressive et sont rapidement devenus violents, puis comme le dit Malcolm X, « l’enfer s’est déchaîné ». Sept musulmans Noirs non armés ont été blessés par balle à l’extérieur de la mosquée. William X Rogers, membre de la Nation of Islam (NOI), a été atteint d’une balle dans le dos et paralysé à vie. Le secrétaire du Temple, Ronald X Stokes, 29 ans, a été tué. « Ils vont le payer », a déclaré Malcolm X, se rendant à Los Angeles pour prononcer l’éloge funèbre de Stokes lors des funérailles auxquelles ont assisté 2 000 personnes. Malgré une autopsie qui a établi que Stokes a été abattu à bout portant et avait été piétiné, frappé à coups de pied et matraqué alors qu’il était mort ou mourant, un jury entièrement Blanc délibérant sur le meurtre de Stokes a mis 23 minutes pour conclure qu’il s’agissait d’un « homicide justifiable ». En revanche, 14 membres de la Nation of Islam ont été inculpés de voies de fait dans l’incident, et 11 ont été reconnus coupables. La réticence d’Elijah Muhammad à réagir fermement à la mort de Stokes et à s’allier aux autres mouvements Noirs pour les droits civiques aurait été le premier d’une série de dissensions irréparables entre l’honorable Malcolm X et le soi-disant « Messager d’Allah » Elijah Muhammad. Cela conduira ultimement au départ de Malcolm X de la Nation of Islam, et à son adoption de l’Islam traditionnel sunnite.
« Je pense que tout lecteur objectif peut voir comment dans la société à laquelle j’étais exposé en tant que jeune Noir ici en Amérique, le fait que je finisse en prison était vraiment presque inévitable. Cela arrive à tant de milliers de jeunes Noirs. » Conclusion de l’Autobiographie de Malcolm X
Source: Resistance News
Traduction : lecridespeuples.fr
Vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=GWVSUCIN07w
Transcription :
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, à qui toutes les louanges sont dues, que nous remercions pour toujours de nous avoir donné l’honorable Elijah Mohammad comme notre chef, notre enseignant et notre guide. Et moi, mesdames et messieurs, et mes frères et sœurs, je commence mon discours ainsi parce que je suis un représentant de l’honorable Elijah Mohammad. Et sans lui, vous et moi ne serions pas ici aujourd’hui.
Afin que vous et moi puissions concevoir une sorte de méthode ou de stratégie pour faire face à certains des événements, ou empêcher la répétition des événements qui ont eu lieu ici à Los Angeles récemment, nous devons aller à la racine. Nous devons aller à la cause. Traiter de la condition elle-même ne suffit pas. Nous devons trouver la cause de tout cela. (approbation de l’audience) Ou la racine de tout cela. Et c’est à cause de nos efforts pour aller directement à la racine que les gens pensent souvent que nous promouvons la haine.
Mais je voudrais d’abord rendre hommage aux dirigeants « noirs » et les féliciter, les soi-disant dirigeants « noirs » et les soi-disant organisations « noires », et, excusez-moi si je dis soi-disant, c’est difficile pour moi de dire carrément « noir » quand je sais ce que ce mot signifie vraiment. (applaudissements tonitruants) [En anglais, Malcolm X utilise ici le terme Negro, qui était considéré comme neutre à l’époque et employé par les organisations progressistes noires elles-mêmes, mais qu’il considérait dépréciatif, peut-être à cause de sa proximité avec Nigger, qu’on traduirait par Nègre ; Malcolm X a été l’un des premiers à promouvoir l’emploi aujourd’hui généralisé des termes Afro-American ou Black à la place de Negro. Pour permettre la distinction, nous traduisons Nigger par nègre, Negro par « noir » avec une minuscule et des guillemets, et Black par Noir avec une majuscule et sans guillemets.].
La personne que vous avez connue sous le nom de Ronald Stokes, nous le connaissons sous le nom de frère Ron, était l’une des personnes les plus religieuses, dont le comportement et l’éthique étaient parmi les plus irréprochables parmi tous les Noirs n’importe où sur cette terre [Malcolm X le connaissait très bien]. Et comme l’a souligné l’un des orateurs précédents, qui le connaissait, tous ceux qui le connaissaient ne pouvaient que lui attribuer le mérite d’être un homme bon. Un homme intègre, un homme intelligent et un homme innocent lorsqu’il a été assassiné.
Les organisations et dirigeants « noirs », les soi-disant organisations et dirigeants « noirs », devraient être félicités pour leur mise en échec et de leur rejet des tentatives de l’homme Blanc de les diviser, de les utiliser et de (les dresser) les uns contre les autres pendant cette crise. (applaudissements tonitruants) Comme l’a souligné le révérend [Walkard] Wilson, je pense que c’est il y a huit ans aujourd’hui que la Cour suprême a rendu la décision de déségrégation. Et malgré le fait que huit ans se soient écoulés, cette décision n’a pas encore été mise en œuvre. (applaudissements)
Je n’ai pas autant de foi. Je n’ai pas autant de confiance. Je n’ai pas autant de patience. Et je n’ai pas autant d’ignorance pour… (applaudissements tonitruants) Si la Cour suprême, qui est le plus haut organe législatif du pays, peut adopter une décision qui ne peut même pas être respectée à 8% en huit ans, parce qu’elle concerne les Noirs, alors je n’ai plus de patience. (applaudissements)
Lorsque les Noirs opprimés deviennent impatients, ils disent que c’est émotionnel. (murmures) S’il vous plaît… Quand les Noirs qui sont privés de leur droits civiques… non seulement de leurs droits civiques, mais aussi de leurs droits humains, s’impatientent, en ont marre, ne veulent plus attendre, alors ils disent qu’ils cèdent à l’émotion. (rires et applaudissements)
Les dirigeants et organisations « noirs », les soi-disant dirigeants et organisations « noirs » doivent être félicités. Ils devraient être félicités. Il faut les féliciter car parmi eux tous, le Blanc n’a pas encore trouvé celui qui jouera le rôle d’Oncle Tom [esclave Noir ayant adopté tous les préjugés raciaux de ses maîtres Blancs, et agissant contre les intérêts des siens]. (applaudissements tonitruants) Mais pourtant, il n’a trouvé ni Tom, ni marionnette, ni perroquet, qui est encore assez stupide en 1962 pour représenter les injustices qu’il inflige à notre peuple. (applaudissements) Peu nous importe votre religion. Peu importe à quelle organisation vous appartenez. Peu importe jusqu’où vous êtes allé ou non à l’école. Peu nous importe le genre de travail que vous avez. Nous devons vous féliciter d’avoir choqué l’homme blanc en ne le laissant pas vous diviser et vous utiliser l’un contre l’autre. (applaudissements)
Dans le passé, la plus grande arme que l’homme blanc ait eue était sa capacité à diviser pour mieux régner. Comme Jackie Robinson [premier joueur de base-ball Noir de la Ligue majeure, militant des droits civiques] l’a magnifiquement souligné à la télévision hier soir, 4/5 du monde n’est pas Blanc. N’est-ce pas ce que Jackie a dit ? (applaudissements) Et si 4/5 du monde est de couleur, comment est-il possible pour 1/5 de gouverner, opprimer, exploiter, dominer et brutaliser les 4/5 qui sont en majorité ? Comment y sont-ils parvenus ? Diviser pour mieux régner.
Vidéo : https://www.dailymotion.com/video/x7ukllc
(Malcolm X, le ‘noir’ de maison et le ‘noir’ des champs)
Si je te donne une tape avec la main, tu ne le sens même pas. Cela pourrait te piquer, car ces doigts sont séparés. Mais tout ce que j’ai à faire pour te remettre à ta place est de rassembler ces doigts [pour former un poing et t’assommer]. (applaudissements) C’est ce que l’homme Blanc a fait à vous et moi. Il nous a divisés et nous a utilisés l’un contre l’autre. Mais aujourd’hui, grâce à Allah… Vous pouvez dire grâce à Dieu, ou grâce à Jésus, ou grâce à Jéhovah, tout ce que vous voulez. (applaudissements) Mais en tant que disciple de l’honorable Elijah Muhammad, on nous a appris à dire grâce à Allah. Et c’est ce que Jésus a dit. Jésus a appelé Allah. Il a dit : « Allah! Allah! Allah [Inaudible] » Je crois que ce qui est bon pour Jésus est bon pour vous. Si Allah était digne que Jésus l’invoque, je pense qu’Il devrait être digne que vous l’invoquiez. (Voix d’homme : C’est vrai!)
Puisque la soi-disant communauté noire a choqué l’homme Blanc en résistant à tous les efforts pour nous diviser, je pense que vous et moi devrions continuer à le choquer en chantant et en travaillant ensemble dans l’unité. Malgré les différences religieuses, politiques, économiques, éducatives ou sociales, souvenons-nous que nous ne sommes pas brutalisés parce que nous sommes baptistes. Nous ne sommes pas brutalisés parce que nous sommes méthodistes. Nous ne sommes pas brutalisés parce que nous sommes musulmans. Nous ne sommes pas brutalisés parce que nous sommes catholiques. Nous sommes brutalisés parce que nous sommes des Noirs aux Etats-Unis. (applaudissements)
Ici, ta mère est violée, et tu n’es pas censé céder à l’émotion. Vos femmes… S’il vous plaît… Vos femmes ne peuvent pas marcher dans la rue sans qu’une racaille blanche ne les tripote, et vous n’êtes pas censé céder à l’émotion ! (applaudissements) Si vous dites que vous en avez marre, si vous enseignez au « noir »… (vidéo interrompue)
(Les Noirs) ne connaissent même pas leur propre nom (africain d’origine) (voix de femme : C’est vrai!) Pourquoi ? Parce que (l’homme Blanc) le leur a pris. S’il vous plaît s’il vous plaît. 20 millions de Noirs ne connaissent même pas leur propre langue. Pourquoi ? Parce que (l’homme blanc) nous l’a enlevée. 20 millions de Noirs qui ne connaissent même pas l’histoire de leurs ancêtres. Pourquoi ? Parce qu’il nous l’a enlevée ! Et si vous essayez de leur dire à quel point ils ont été volés, il dit que vous enseignez la haine. (applaudissements) Il y a là matière à réfléchir. (murmures)
Aujourd’hui, nous sortons de l’université, vous sortez des meilleures universités. Vous essayez d’aller dans la bonne direction. Mais vous ne savez pas dans quelle direction aller. Et si quelqu’un essaie de vous amener à la racine de votre problème, ils disent que cet homme enseigne la haine. Si je demande pourquoi les sénateurs de Washington… et, encore une fois, si nous vous disons que des « noirs » sont pendus à des arbres ou abattus illégalement, injustement… et que ces « noirs » devraient faire quelque chose pour se protéger, vous dites que nous prônons la violence.
L’homme blanc vous trompe ! Il vous piège. Il n’appelle pas cela de la violence quand il débarque des troupes au Sud-Vietnam. (applaudissements) S’il vous plaît, s’il vous plaît, s’il vous plaît… Il n’appelle pas cela de la violence quand il débarque des troupes à Berlin. Lorsque les Japonais ont attaqué Pearl Harbor, il n’a pas dit de devenir non-violent. Il a dit : « Louez le Seigneur, mais passez-moi les munitions. » [chant patriotique américain de 1942] (applaudissements) Mais quand quelqu’un vous attaque, quand quelqu’un vient à vous armé d’une batte, quand quelqu’un vient à vous avec une corde, quand quelqu’un vient à vous avec une arme à feu, malgré le fait que vous n’ayez rien fait, (l’homme blanc) vous dit : « Souffrez pacifiquement. » (murmures) « Priez pour ceux qui vous instrumentalisent pour me contrarier. » [Cf. Évangile selon Saint-Luc, « Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent, bénissez ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous maltraitent. Si quelqu’un te frappe sur une joue, présente-lui aussi l’autre. »] « Soyez patients dans les longues afflictions. » Et combien de temps pouvez-vous souffrir après avoir souffert pendant 400 ans? (applaudissements)
Donc je veux juste évoquer ce petit point dès maintenant parce que (l’homme blanc) dit que nous jouons sur vos émotions. Et quand vous allumerez votre télévision ce soir, ou votre radio, ou quand vous lirez le journal, ils vont vous dire que je jouais sur vos émotions. Rendez-vous compte, vous citoyens de seconde zone. Ce n’est pas jouer sur les émotions ! C’est être intelligent !
Et en ce qui concerne votre maire, je vois… (Je) devrais dire leur maire. Un homme du nom de Yorty, qui calomnie les musulmans, un menteur professionnel… un menteur professionnel. (applaudissements) Qui a maîtrisé l’art d’utiliser des demi-vérités. Il a déclaré dans les journaux que la police s’était introduite dans notre lieu de culte et avait pu saisir des éléments qu’ils peuvent utiliser pour prouver que la plupart d’entre nous ont un casier judiciaire. Vous ne pouvez pas être un Noir en Amérique et ne pas avoir de casier judiciaire. (applaudissements tonitruants) Martin Luther King a été emprisonné. (applaudissements) S’il vous plaît… James Farmer [militant Noir des droits civiques] a été emprisonné. Ma parole, vous ne pouvez pas nommer un homme Noir dans ce pays qui en a eu plus qu’assez de l’enfer qu’il vit et qui n’a pas été mis en prison. Accusé de sédition.
Ils ont mis Moïse en prison! (Voix de femme : Ouais !) Ils ont mis Daniel en prison. (Voix de femme : Ouais !) Ma parole, vous n’avez pas un homme de Dieu dans la Bible qui n’a pas été mis en prison quand il a commencé à dénoncer l’exploitation et l’oppression. (applaudissements) Ils ont accusé Jésus de sédition. N’est-ce pas ? (la foule exprime son approbation) Ils ont dit qu’il était contre César. Ils ont dit qu’il faisait preuve de discrimination parce qu’il a dit à ses disciples : « Ne suivez pas le chemin des gentils, mais allez plutôt vers les brebis égarées. » Il a discriminé ! N’approchez pas des gentils, allez vers les brebis égarées. Allez vers les opprimés. Allez vers les écrasés. Allez vers les exploités. Allez vers les gens qui ne savent pas qui ils sont, qui ont perdu leur connaissance d’eux-mêmes et qui sont des étrangers dans une terre qui n’est pas la leur. Allez voir ces gens ! Allez vers les esclaves. Allez vers les citoyens de seconde zone. Allez vers ceux qui subissent de plein fouet la brutalité de César.
Et si Jésus était ici en Amérique aujourd’hui, il n’irait pas vers l’homme blanc. L’homme blanc est l’oppresseur ! Il irait vers les opprimés. Il irait vers les humbles. Il irait vers les gueux. Il irait vers les rejetés et les méprisés. Il irait chez le soi-disant « noir » américain. (applaudissements)
Avoir déjà été un criminel n’est pas une honte. Rester un criminel est la honte. J’étais jadis un criminel. J’étais jadis en prison. Je n’ai pas honte de ça. Vous ne pouvez jamais utiliser ça (comme une épée) au-dessus de ma tête. (L’homme blanc) utilise le mauvais bâton (pour me battre) ! Je suis insensible à ce bâton. (rires et applaudissements) Je suis allé en prison parce que je croyais en des hommes comme Sam Yorty. Je suis allé en prison parce que je faisais confiance à des hommes comme Sam Yorty. Je suis allé en prison en suivant la philosophie d’hommes comme Sam Yorty. Mais depuis que je suis l’adepte de l’honorable Elijah Muhammad, je me suis réformé et c’est plus… S’il vous plaît… C’est plus que Sam Yorty et le chef Parker et tous ces autres politiciens blancs ont pu faire des détenus dans les prisons de cet Etat. Ils devraient rendre hommage à M. Muhammad. Ils devraient féliciter M. Muhammad d’avoir réformé et réhabilité des hommes qu’ils n’ont pas réussi à réformer et à réhabiliter. (applaudissements tonitruants)
Le maire Yorty a fait état d’un article de presse selon lequel M. Muhammad avait été reconnu coupable d’avoir contribué à la délinquance d’un mineur. Il n’a pas expliqué, à dessein, qu’en 1934, l’honorable Elijah Muhammad a refusé d’envoyer ses enfants dans les écoles blanches de Détroit, Michigan, où on étudiait Little Black Sambo (littérature pour enfants imbibée de racisme). C’est le mineur dont il a contribué à la délinquance. Vous voyez que cet homme blanc vicieux à la langue fourchue a pu mentir et vous tourner contre ceux qui veulent vous aider, et à faire en sorte que les autres se retournent contre vous. Telle est la prétendue contribution à la délinquance d’un mineur dont parle ce maire, ou un homme qui se dit maire.
Dans le même article, il a déclaré que les musulmans sont ceux-là même qui ont déclenché des émeutes aux Nations Unies. Quelqu’un devrait l’instruire un peu et lui faire savoir qu’en ce moment, il y a des procès pour six millions de dollars contre deux des principaux journaux de New York pour avoir commis une erreur en accusant les musulmans d’être impliqués dans ces émeutes aux Nations Unies. Nous n’étions pas impliqués ! Et si cet homme à la langue fourchue qui se prétend votre maire avait pris le temps de s’informer, il ne serait pas tombé dans le piège dans lequel il laisse son ignorance le conduire! (applaudissements) Et si vous prenez le temps de lire le Washington Post qui est sorti le dimanche après cet incident, le Washington Post a souligné en première page que les musulmans n’avaient rien à voir avec les émeutes de l’ONU, et ils ont cité, pour le prouver, la personne qui était à l’époque le commissaire de police de New York. Vous voyez, ce sont des mensonges que l’homme blanc a répandus sur les musulmans pour essayer de vous faire peur des musulmans, ou pour essayer de vous faire penser que les musulmans étaient un élément criminel, un élément grossier impliqué dans des choses avec lesquelles vous n’aimeriez pas être associé.
De plus, ils disent que… Je clarifie seulement ces choses et ensuite nous allons parler de ce qui s’est passé. Ils disent également que l’honorable Elijah Muhammad s’est soustrait au service militaire. Non, ce n’est pas vrai. Il a simplement refusé d’aller à l’armée parce qu’il était un homme de paix. Il était prêtre d’une religion de paix. Il enseignait la paix. Il a donc ouvertement refusé d’aller à l’armée. Ce n’est pas une esquive. C’est de l’intelligence. (applaudissements)
Ici, devant le grand jury, parce que le jury est biaisé, et composé à dessein de personnes très hostiles aux « noirs ». (acclamations et applaudissements) Le Grand Jury est biaisé contre les « noirs ». La presse, la radio, la télévision et les journaux sont biaisés et truqués contre les « noirs ». (approbation) Mais, s’il vous plaît, le service de police de Los Angeles est biaisé contre tous les « noirs », tous sauf ceux qu’il a nommés à des postes élevés.
La presse contrôlée, la presse blanche, enflamme le public blanc contre les « noirs ». La police peut l’utiliser pour dépeindre la communauté « noire » comme un élément criminel. La police peut utiliser la presse pour faire croire au public blanc que 90% ou 99% des « noirs » de la communauté « noire » sont des criminels, et une fois que le public blanc est convaincu que la majeure partie de la communauté « noire » est un élément criminel, alors cela ouvre automatiquement la voie à l’intrusion de la police dans la communauté « noire » en exerçant des tactiques de Gestapo, en arrêtant tout homme Noir qui se trouve sur le trottoir, qu’il soit coupable ou innocent, qu’il soit bien habillé ou mal habillé, qu’il soit instruit ou ignorant, qu’il soit chrétien ou musulman ; tant qu’il est Noir et membre de la communauté « noire », le public blanc pense que le policier blanc a raison d’intervenir et de fouler aux pieds les droits civils et les droits de l’homme de cet individu. (applaudissements)
Une fois que la police a convaincu le public blanc que la soi-disant communauté « noire » est un élément criminel, elle peut y aller et interroger, brutaliser, assassiner des « noirs » innocents et non armés, et le public blanc est suffisamment crédule pour les soutenir. Cela fait de la communauté « noire » un État policier ; cela fait des quartiers « noirs » un Etat policier. Ce sont les quartiers les plus lourdement contrôlés [en France, on a pu le voir en comparant le nombre de contrôles et de contraventions à Paris ou à Saint-Denis durant le confinement]. Il y a plus de policiers dans ces quartiers que dans tout autre quartier, mais il y a plus de criminalité là-bas que dans tout autre quartier. Comment peut-on avoir plus de policiers et plus de crime ? (rires) Pourquoi donc ? Cela vous montre que les policiers doivent être de mèche avec les criminels (rires, applaudissements) [par exemple, les archives ont révélé que le FBI a sapé les Black Panthers en introduisant la drogue dans ses communautés]
La texture des cheveux que Dieu… S’il vous plait… Que Dieu leur a donné (les dégoûte tant) qu’ils mettent de la soude caustique dessus. (rires) Vous rendez-vous compte… maintenant, tu sais bien, frère, que la soude peut creuser un trou dans l’acier et tu sais que ta tête n’est pas aussi dure. (applaudissements) Qui t’a appris… S’il vous plaît. Qui t’a appris à détester la texture de tes cheveux ? Qui vous a appris à détester la couleur de votre peau à tel point que vous vous décolorez pour devenir comme l’homme blanc ? Qui vous a appris à détester la forme de votre nez et la forme de vos lèvres ? Qui vous a appris à vous haïr du haut de votre crâne à la plante des pieds ? Qui vous a appris à détester vos semblables ? Qui vous a appris à détester la race à laquelle vous appartenez ? À tel point que vous ne voulez pas côtoyer les vôtres. Vous savez, avant de venir demander à M. Muhammed s’il prêche la haine, vous devriez vous demander qui vous a appris à détester être ce que Dieu vous a faits et ce qu’il vous a donné. (applaudissements)
Nous vous apprenons à aimer les cheveux que Dieu vous a donnés. Ici, vous êtes perdus au milieu de l’océan, vous ne savez pas nager et vous vous inquiétez pour quelqu’un qui est dans sa baignoire et qui ne sait pas nager. (rires et applaudissements) Nous ne volons pas. Nous ne parions pas. Nous ne mentons pas et nous ne trichons pas. Et cela prive également le gouvernement de revenus (rires) parce que vous ne pouvez pas décapsuler une bouteille de whisky sans trouver le sceau du gouvernement. Vous ne pouvez pas ouvrir un jeu de cartes neuf sans trouver le sceau du gouvernement. Au diable, l’homme blanc fabrique le whisky puis vous met en prison pour vous être enivré. (acclamations) Il vous vend les cartes et les dés et vous met en prison quand il vous attrape en train de jouer avec. C’est pour ça qu’il s’oppose à nous parce que nous remédions à cela, si bien qu’il ne peut plus vous mettre la main dessus. Nous vous enlevons les dés et les cartes des mains, et le whisky de la tête.
La personne la moins respectée aux Etats-Unis est la femme Noire. La personne la moins protégée aux Etats-Unis est la femme Noire. La personne la plus négligée aux Etats-Unis est la femme Noire. Et en tant que musulmans, l’honorable Elijah Mohammad nous enseigne à respecter nos femmes et à protéger nos femmes. Et la seule fois où un musulman devient vraiment violent, c’est quand quelqu’un va molester sa femme. (voix d’homme : C’est vrai!) (applaudissements) Nous vous tuerons si vous touchez à notre femme. Je le dis clairement. Oui. Nous vous tuerons pour protéger notre femme. (applaudissements) Nous pensons que si l’homme blanc fait tout ce qui est nécessaire pour que sa femme soit respectée et protégée [notamment en punissant les relations interraciales ; malgré sa qualité de cambrioleur, de trafiquant et consommateur de drogues dures et de proxénète, entre autres, Malcolm X insiste le fait que sa peine sévère de 10 ans de prison était avant tout motivée par sa longue relation avec une blanche, un acte alors criminel], vous et moi ne serons jamais reconnus comme des hommes tant que nous ne nous lèverons pas comme des hommes et n’imposerons pas le même châtiment sur la tête de quiconque avance ses sales pattes en direction de nos femmes. (applaudissements tonitruants)
Nous les respectons, mais nous voulons qu’ils nous respectent. Nous pensons que la loi doit respecter la communauté « noire ». La loi devrait protéger la communauté « noire ». La loi devrait aborder la communauté « noire » avec intelligence si elle s’attend à ce que la communauté nègre réagisse intelligemment. Ainsi, l’honorable Elijah Mohammed nous enseigne à toujours éviter tout ce qui sent le manque de respect pour la loi. Et si la police dit la vérité, elle devra admettre qu’elle n’a jamais eu d’expériences avec des musulmans qui aient été autre chose qu’honorables, sauf lorsqu’ils ont eux-mêmes commencé par nous aborder de manière irrespectueuse.
Il n’y a rien d’illégal chez les musulmans. Ils n’ont aucune justification (pour s’en être pris à) ces frères sur qui ils ont tiré. Et parce qu’ils n’ont aucune affaire à leur coller sur le dos, ils essaient d’en créer une. Ils essaient de fabriquer une affaire. Et par conséquent, ils ont préparé une audience devant un grand jury pour juger l’affaire, afin qu’ils puissent nous entendre à huis clos, et après avoir entendu ce que nous avons à dire, alors ils élaboreront leur stratégie particulière ou leur défense contre les actions qu’ils ont commises le 27 avril. C’est pourquoi suivant les conseils de nos avocats, nous avons délibérément, les victimes, ceux qui ont été inculpés, ou plutôt ceux qui ont été arrêtés et qui sont en liberté sous caution, nous avons délibérément évité et refusé de faire une quelconque déclaration jusqu’à ce que l’affaire soit jugée devant les tribunaux.
Et quand vous entendrez leur histoire, ce sera dans un procès public. Nous avons déjà… eu de l’expérience avec ces audiences privées à huis clos. Tout ce que l’homme blanc doit faire au musulman, il doit le faire ouvertement. Il doit le faire en public, ou il doit mettre chacun de nous derrière les barreaux pour le reste de notre vie. (applaudissements)
Lorsque le maire Yorty a appelé à une enquête du gouvernement sur un groupe religieux qui a les normes morales les plus élevées de tous les groupes de la communauté « noire », le maire Yorty vous donnait un exemple de ce qu’Hitler a fait en Allemagne nazie quand il a commencé à se déchaîner. (applaudissements)
Nous pensons, nous sommes convaincus que le public blanc et le public « noir », s’ils écoutent notre plaidoirie, s’ils entendent et ont accès à l’enquête, ne seront jamais dupés par cette parodie de justice biaisée de haut en bas. Et si vous en doutez, lorsque vous rentrerez chez vous ce soir, lorsque vous rentrerez chez vous ce soir, lisez la presse. Je voudrais maintenant appeler ces frères qui sont sous (liberté conditionnelle), euh, qui ont été arrêtés. Les frères qui ont été arrêtés. Venez ici derrière ces chaises, s’il vous plaît. (applaudissements) C’étaient des suspects. (rires) Cela ne se produirait pas dans un quartier blanc. Un homme blanc peut marcher dans la rue avec des paquets sur la tête, des paquets sous le bras et des paquets n’importe où ailleurs et personne ne remettra en question son droit de porter ces paquets. Mais un « noir » est suspect parce que la presse vous rend suspects. Oui, la presse blanche rend les « noirs » suspects. (murmures) (vidéo interrompue)
… toutes les informations que vous voudrez, monsieur l’agent. Et l’officier a demandé à l’un (de nos frères) de rester à l’arrière de la voiture, et à l’autre d’aller à l’avant de la voiture, et pendant qu’il conduisait l’un à l’avant de la voiture, l’attitude polie, humble, soumise, intelligente, l’esprit pacifique qu’il a trouvé chez ce « noir », auquel il ne s’attendait pas, le rendit furieux. Et il a commencé à… Il a dit au frère : « Baisse les mains. » Le frère parlait, ce n’est pas un criminel. Un homme a le droit de parler avec ses mains sur le trottoir. « Baisse tes mains, ne parle pas avec tes mains. » Et quand le frère a continué à faire des gestes avec ses mains (en parlant), l’officier a attrapé sa main, l’a tordue derrière son dos et l’a jeté contre la voiture, et c’est alors que l’enfer s’est déchaîné. C’est alors que l’enfer s’est déchaîné. Une lutte s’ensuivit, des coups de feu furent tirés par la police et par un agent de sécurité [ou un policier, le terme employé doorshaker désignant les deux, voire même un passant] « noir ». (rires)
Une alarme s’est déclenchée. Lorsque l’alarme s’est déclenchée, au lieu de se rendre à l’endroit où l’incident s’est produit, la police s’est rendue au Temple (mosquée), un pâté de maisons plus loin. Quand ils sont arrivés là-bas, ils sont sortis de leurs voitures avec leurs pistolets fumants. On aurait dit que c’était Wyatt… Quel est son nom ? (des voix répondent ‘Earp’) Wyatt Earp [fameux shérif de Tombstone, ville du Far West]. Je vous le dis, ils sont sortis de ces voitures et nous avons suffisamment de témoins pour les pendre. Avec leurs armes fumantes. Le chef Parker le sait, le maire Yorty le sait et tous les policiers de la ville le savent. Ils n’ont tiré aucun coup de semonce en l’air. Ils ont tiré des coups de feu à bout portant sur des « noirs » innocents, sans armes et sans défense. Comme je l’ai dit, deux des frères ont été touchés dans le dos. Un autre a reçu une balle dans l’épaule. Un autre a reçu, deux d’entre eux ont reçu, excusez l’expression, une balle dans le pénis. (murmures) Un autre a été touché à la hanche et la balle est ressortie de l’autre côté. Mais Arthur ici a été touché à un demi centimètre de son cœur.
Permettez-moi de vous dire quelque chose, et je vais vous expliquer pourquoi (les Blancs) disent que « nous détestons les Blancs ». Nous ne détestons personne. Nous aimons tellement notre propre peuple qu’ils pensent que nous détestons ceux qui les oppriment. (applaudissements) (vidéo interrompue)
Permettez-moi de vous dire quelque chose, et je vais vous expliquer pourquoi (les Blancs) disent que « nous détestons les Blancs ». Nous ne détestons personne. Nous aimons tellement notre propre peuple qu’ils pensent que nous détestons ceux qui leur infligent une injustice. (applaudissements) (vidéo interrompue)
… qui a été touché, la balle étant passée à un demi-centimètre de son cœur. Je ne vais pas le laisser parler, je pense que vous pouvez comprendre pourquoi. Vous auriez dû entendre la conversation des policiers. Deux des frères qui avaient été touchés, qui gisaient au sol main dans la main, l’officier de police a déclaré qu’ils scandaient un chant de mort. Vous avez lu ça. Ils disaient « Allahu Akbar ». Qu’est-ce que ça veut dire ? Cela signifie que Dieu est le plus grand. Cela signifie que Dieu est le plus grand. (applaudissements)
Comprenez bien que ce que l’officier blanc a appelé un chant de mort était une prière. Ils priaient lorsqu’ils ont été abattus. Ils disaient Allahu Akbar. Et cela a choqué l’officier de ne pas avoir entendu des Noirs dire quelque chose que (l’homme blanc) ne lui avait pas enseigné. Et deux des frères qui ont été blessés par balle dans le dos me disaient qu’alors qu’ils gisaient sur le trottoir, ils se tenaient la main. Ils se sont tenus la main en disant Allahu Akbar. Et le sang suintait d’eux, des plaies que les balles de la police avaient causées dans leur chair. Pourtant, ils ont dit Allahu Akbar et la police est venue et leur a donné des coups de pied dans la tête. La police leur a donné des coups de pied dans la tête en leur disant de cesser ce bruit et de se taire alors qu’ils gisaient sur le trottoir devant notre mosquée. Ils leur ont donné des coups de pied dans la tête. « Fermez-la, leur ont dit les policiers.
Et l’un d’entre eux, alors qu’ils se rendaient au poste de police dans l’ambulance, l’un des ambulanciers a dit au policier blanc : « Pourquoi ne tuez-vous pas le nègre ? » Il a dit : « Je leur dirai qu’il a essayé de s’enfuir. Pourquoi ne tuez-vous pas le nègre ? Tant que vous en avez l’occasion. Je jurerai qu’il a essayé de s’enfuir. » S’il n’a pas dit ça, alors je dois être mis en prison (pour diffamation), et j’irai avec plaisir. (applaudissements)
L’un (de nos frères) était emmené en prison dans une voiture de police alors que les sirènes de l’ambulance arrivaient sur place, et l’un des policiers a dit à son collègue : « Pourquoi les ambulances se précipitent-elles ? C’est que des nègres. » Puis il s’est tourné et il a vu les frères musulmans assis à côté de lui, et il s’est tu. Mais après leur arrivée en prison, l’officier de police qui avait tenu ce propos (raciste) s’est tourné vers notre frère et lui a dit : « J’espère que vous n’avez pas été offensé par ce que j’ai dit là-bas sous le coup de l’émotion, parce que certains de mes meilleurs amis sont des gens de couleur. » (rires) C’est ce qu’il a dit. C’est le mot de passe (de l’homme blanc) : « Certains de mes meilleurs amis sont des gens de couleur. » [En France, la phrase typique est « Je suis pas raciste, j’ai des amis musulmans / noirs / arabes / etc. »] [Malcolm X rit]
Et pour ma part, en tant que musulman, je crois que l’homme blanc est assez intelligent, s’il était amené à réaliser ce que les Noirs ressentent vraiment, à quel point on en a marre, en se passant de tous les salamalecs. Pourquoi vous vous compliquez la vie ? L’homme blanc vous croit quand vous allez le voir avec vos belles paroles (conciliatrices), parce que vous lui parlez comme ça (avec docilité) depuis qu’il vous a amenés ici. Arrêtez de lui parler gentiment. Dites-lui ce que vous ressentez. Dites-lui l’enfer que vous vivez et faites-lui savoir que s’il n’est pas prêt à faire le ménage dans sa maison, s’il n’est pas prêt à faire le ménage dans sa maison, il ne devrait pas avoir de maison. Sa maison devrait prendre feu. Et tomber en cendres. (applaudissements)
En tant que musulmans, nous nous identifions au monde basané [non-blanc, non-occidental]. Nous ne sommes donc pas une minorité. Nous faisons partie de la majorité et l’homme blanc est la minorité. (applaudissements) Vous devez le savoir pour nous comprendre : nous ne pensons pas que les chances soient contre nous. Nous ne menons pas une bataille comme si les chances étaient contre nous. En vérité, tout le monde de couleur est uni aujourd’hui. Il est uni. Si vous ne me croyez pas, regardez les Nations Unies. Lorsque le monde à la peau basanée vote, il vote comme un seul homme. Ils expulsent les colonialistes de l’Afrique et de l’Asie. Ils leur disent de dégager. Ils n’ont pas d’armes nucléaires mais ils ont une voix solide et unie et leur unité suffit à elle seule à chasser de leur propre pays l’oppresseur et l’exploitant de leur peuple.
Vous et moi devons en tirer une leçon dès maintenant. Aux Nations Unies, le monde de couleur est composé de bouddhistes, d’hindous, de shintoïstes, de taoïstes, de chrétiens, de musulmans, de tout. Mais ils sont unis. Ils oublient leurs différences religieuses et politiques. Ils pensent comme s’ils ne faisaient qu’un. Ils avancent ensemble contre un ennemi commun. Et [l’occupant français] de l’Algérie, il va partir, ne pense pas qu’il va rester, il s’en va. (applaudissements) Ils font sortir (les colonialistes) de l’Angola, du Tanganyika, de l’Ouganda, du Kenya. Ils partiront aussi d’Afrique du Sud. Ils n’y resteront pas longtemps. Partout sur cette terre, des gens de couleur qui ont été opprimés et exploités par des gens qui ne sont pas de leur peuple, par des étrangers, s’unissent pour se débarrasser de l’oppresseur. Vous et moi nous tirons une leçon de tout cela.
Nous sommes opprimés. Nous sommes exploités. Nous sommes écrasés. On nous nie non seulement les droits civils, mais même les droits de l’homme. Donc la seule façon d’en finir avec une partie de l’oppression et de l’exploitation qui pèsent sur nous, ou à côté de nous, est de nous unir contre notre ennemi commun. (applaudissements) Lorsqu’ils se sont assis à la conférence de Bandung (conférence des pays non-alignés en 1955, représentant plus de la moitié de l’humanité), tout le monde avait ceci en commun : une peau foncée. Certains de ceux qui y participaient étaient socialistes, d’autres communistes, d’autres capitalistes, certains étaient chrétiens, certains étaient bouddhistes. Ils étaient tout ! Mais tous avaient la peau basanée. Et ils ont regardé cette peau basanée et ont convenu que c’était une chose qu’ils avaient en commun.
Oubliez que vous êtes méthodiste, oubliez que vous êtes catholique, oubliez que vous êtes protestant, oubliez que vous êtes musulman. Rappelez-vous que nous sommes tous des Noirs, et nous… [fin de la vidéo].
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