Elle va donc de nouveau tester armes nucléaires et missiles
Par Moon of Alabama – Le 12 juin 2020
Deux ans après sa tentative de paix avec les États-Unis, la Corée du Nord a annoncé qu’elle allait reprendre ses essais nucléaires et son programme de missiles à longue portée.
Le 12 juin 2018, le président américain, Donald Trump, et le président de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jong-un, se rencontraient pour la première fois et signaient un projet d’accord. Le cœur de ce document disait :
Convaincus que l'établissement de nouvelles relations entre les États-Unis et la RPDC contribuera à la paix et à la prospérité de la péninsule coréenne et du monde, et reconnaissant que l'instauration d'une confiance mutuelle peut favoriser la dénucléarisation de la péninsule coréenne, le président Trump et le président Kim Jong Un déclarent ce qui suit : 1. Les États-Unis et la RPDC [République populaire démocratique de Corée] s'engagent à établir de nouvelles relations entre les deux pays conformément au désir de paix et de prospérité des deux peuples. 2. Les États-Unis et la RPDC joindront leurs efforts pour construire un régime de paix durable et stable dans la péninsule coréenne. 3. Réaffirmant la déclaration de Panmunjom du 27 avril 2018, la RPDC s'engage à travailler à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne. 4. Les États-Unis et la RPDC s'engagent à récupérer les restes des prisonniers de guerre et des personnes disparues, y compris le rapatriement immédiat de ceux qui ont déjà été identifiés.
Il s’agit d’un accord de gel pour gel que la Corée du Nord proposait depuis longtemps. La Chine exhortait les États-Unis et la Corée du Nord à l’accepter :
Dans cet accord, les États-Unis arrêtent les grandes manœuvres "stratégiques" impliquant des bombardiers à capacité nucléaire volant depuis Guam, des porte-avions et autres, tandis que la Corée du Nord cesse de tester des armes nucléaires et des missiles. La Corée du Nord a respecté son premier objectif. Elle peut maintenant abaisser sa posture militaire et développer son économie. La situation est encore quelque peu instable car les deux mesures de gel sont réversibles. Le "gel pour gel" est, comme l'envisageait le ministre chinois des affaires étrangères, le point de départ d'une longue série de pourparlers qui pourraient finalement aboutir à un accord de paix et à un désarmement nucléaire. C’est maintenant le temps de la "double approche" de l’accord de paix, c’est à dire la période d’un désarmement exécuté "de manière synchronisée et réciproque". Il s'agit d'un processus "par étapes" qui prendra des années, voire des décennies.
Ceux qui manipulent la politique étrangère américaine par derrière se sont immédiatement mis au travail pour saboter l’accord. Le Pentagone n’a pas mis fin à ses manœuvres communes avec la Corée du Sud et le secrétaire d’État Mike Pompeo a constamment affirmé que la Corée du Nord avait promis de désarmer sans que les États-Unis ne promettent ni ne fassent quoi que ce soit de leur côté de l’accord. Ce qui n’est pas vrai.
Une deuxième rencontre entre Trump et Kim, tenue en février 2019, a échoué :
Le problème semble avoir été le rythme d'abolition des sanctions par la partie américaine contre la destruction du réacteur nucléaire de Yongbyon du côté nord-coréen. Les États-Unis ont exigé la destruction de Yongbyon et d'autres complexes avant tout changement au régime des sanctions. La Corée du Nord a insisté pour suivre le calendrier convenu lors du premier sommet. La déclaration conjointe des deux dirigeants signée en juin 2018 avait défini quatre étapes clairement séquencées. ... Huit mois plus tard, de nouvelles relations sous forme d'ouverture d'ambassades ou de levée des sanctions n'ont toujours pas été établies. Aucun traité de paix n'a été signé. La Corée du Nord a détruit des tunnels d'essais nucléaires et un banc d'essai de missiles. Certains restes de prisonniers de guerre ont été rapatriés. Mais la partie américaine n'a pris aucune mesure qui pourrait être considérée comme un respect de ses engagements. Depuis le premier sommet, le secrétaire d'État Mike Pompeo et les médias américains ont fait de leur mieux pour ignorer le calendrier. La Corée du Nord, de son côté, a insisté à maintes reprises sur ce point. Elle a fait savoir très clairement qu'elle ne changerait pas d'avis sur la question.
Au début de la semaine, la Corée du Nord a rompu sa communication avec la Corée du Sud :
La Corée du Nord a déclaré mardi qu'elle couperait toutes les lignes de communication avec la Corée du Sud, y compris les lignes militaires, car elle a juré d'inverser la récente détente installé dans la péninsule coréenne et de recommencer à traiter le Sud comme un "ennemi". ... Depuis que la diplomatie entre Kim et Trump s'est effondrée, la Corée du Nord a intensifié la pression sur le Sud pour qu'elle ignore la pression de Washington et améliore les liens économiques intercoréens avant même que le Nord ne soit dénucléarisé. Elle a exigé la réouverture de l'entreprise touristique commune de son complexe de villégiature Diamond Mountain et d'un parc industriel commun à Kaesong, qui avaient tous deux servi de sources de revenus essentielles jusqu'à leur fermeture dans le cadre d’un différend entre les deux Corées.
Le New York Times a manifestement fait siennes les fausses affirmations de Pompeo puisqu’il ne mentionne même pas le fait que la Corée du Nord n’a jamais promis de se dénucléariser seule. Elle a seulement promis de « travailler à la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne », ce qui constitue la troisième étape de l’accord de Singapour, après que les États-Unis ait respecté les deux premières étapes.
Hier, le ministre nord-coréen des affaires étrangères, Ri Son Gwon, a publié une longue déclaration dans laquelle il déplorait cette occasion perdue. Il a énuméré les choses que la Corée du Nord avait faites pour remplir sa part de l’accord. Il a déclaré que l’hostilité des États-Unis, exprimée par des sanctions, diverses manœuvres et des vols de bombardiers nucléaires au-dessus de la Corée du Sud, n’avait jamais cessé. Il a annoncé que le « développement nucléaire » allait se poursuivre et que son pays allait maintenant travailler à « construire une force plus fiable ».
Nous pouvons donc nous attendre à de nouveaux essais nucléaires et à de nouveaux lancements de missiles à longue portée. Comme la Corée du Nord a rempli sa part de l’accord tandis que les États-Unis ont renié leur part, la Chine va maintenant prendre à nouveau parti. Elle ignorera toutes les sanctions de l’ONU contre la Corée du Nord et la ligne de vie nord-coréenne vers son grand voisin du nord sera rouverte.
La Corée du Nord va probablement étaler ses tests annoncés de manière à créer un maximum de dégâts pour la campagne de réélection de Trump.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé pour le Saker Francophone
Source: Lire l'article complet de Le Saker Francophone