Campagne de dons – Juin 2020
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par Danny Haiphong.
La multiplicité des erreurs de Donald Trump pendant la pandémie de COVID-19 a beaucoup fait pour protéger Joe Biden des critiques. En fait, Joe Biden a été largement absent de la sphère publique tout au long de la crise et pour une bonne raison : il a besoin d’afficher une image de « stabilité » pour se différencier du chaos trumpien. Mais il commet souvent des bourdes dans sa tentative de le faire. Les médias et les partisans du Parti démocrate ont régulièrement qualifié les bévues de Biden de « gaffes » ou d’erreurs sans conséquences. La dernière de ces erreurs, cependant, en dit beaucoup plus sur Biden que les démocrates ne veulent l’admettre. Joe Biden est raciste. Non seulement il est raciste, mais il est aussi un serviteur de longue date de la classe dirigeante blanche suprémaciste et impérialiste et donc il représente une menace existentielle pour l’avenir de l’humanité.
Dans une récente interview avec The Breakfast Club, le racisme de Biden a éclaté au grand jour lorsqu’il a déclaré que quiconque a du mal à choisir entre lui et Donald Trump lors des élections ‘ain’t black’ (n’est pas noir). Le commentaire est immédiatement devenu viral sur toutes les chaînes Internet. Les animateurs de la campagne de Biden font depuis des heures supplémentaires pour réparer les dégâts. Son conseiller principal, Symone Sanders, est apparu sur MSNBC dans une tentative désespérée de démontrer que Biden est en fait le candidat le plus pro-Noir aux élections de 2020. Paul Krugman, du New York Times, a fait valoir que la capacité de Biden à admettre ses erreurs le place sur un plan moral plus élevé que ‘you know who’ (vous savez qui). Dès sa diffusion dans la sphère publique, on a cherché à tempérer et justifier la remarque ouvertement raciste de Joe Biden envers le groupe le plus important de l’électorat du Parti démocrate, Black America, (L’Amérique Noire).
Depuis qu’il a annoncé sa candidature à la présidence, on a droit à une campagne concertée pour minimiser et/ou effacer le problème de Biden vis-à-vis de l’Amérique noire. Les médias, DNC et même Bernie Sanders ont joint leurs efforts pour empêcher tout examen du discours politique raciste de Biden. Les premières critiques de Kamala Harris concernant l’opposition de Biden à la déségrégation ont été rapidement délégitimées, lorsqu’elle est revenue sur son commentaire quelques jours plus tard. Pire encore, les témoignages rapportant le fait que Biden a été longtemps un ardent défenseur de l’incarcération de masse n’ont été que peu relayés par les medias qui couvrent sa campagne. Le message est pourtant clair pour l’électorat : au sein du Parti démocrate, Black America n’est rien d’autre qu’un réservoir de votants, sans que Biden ou quiconque à Washington soit tenu d’en respecter les intérêts politiques.
La position de Biden sur les Noirs est en grande partie le produit d’une relation dialectique troublante qui s’est développée au cours des cinquante dernières années entre Black America et le Parti démocrate. Depuis ses débuts, Biden est resté un dixiecrat (élu démocrate conservateur du Sud) virtuel, dont on connaît parfaitement le soutien à la suprématie blanche dans l’État du Delaware et au-delà. Et pourtant, Biden a également cultivé des relations solides avec des dirigeants politiques noirs tels que Jim Clyburn, pour s’assurer des succès politiques. Les démocrates, comme Biden, ont profité de la transformation du Parti républicain en White man’s Party (Parti des Blancs), au lendemain du Mouvement noir pour l’autodétermination des années 1960 et 1970. Sans avoir à faire pression sur le Parti démocrate, Biden et sa classe ont pu dès lors se droitiser sans craindre que les Noirs américains quittent massivement le Parti.
Cela dit, Biden joue désormais avec le feu, alors que les États-Unis sont plongés dans une gigantesque crise économique et sociale. La moindre diminution du soutien des Noirs américains au Parti démocrate pourrait entraîner un désastre pour la campagne de Biden. En 2016, la participation électorale des Noirs avait diminué de 7%. La campagne de Hilary Clinton avait été confrontée à des problèmes similaires. Pour justifier l’adoption du Crime bill, la loi sur le crime, votée par le Congrès en 1994, elle avait qualifié les jeunes Noirs de « super-prédateurs » : en 2016 les jeunes électeurs noirs américains se sont éloignés du Parti démocrate. D’autre part, Hillary Clinton a peu fait pour convaincre les électeurs noirs dans des villes comme Milwaukee, qui ont conclu à juste titre que ni elle ni Trump ne prévoyaient de s’opposer à la violence raciste de l’État et à la misère due aux derniers développements du capitalisme.
Le récent commentaire de Biden le place dans une position pire que Hillary Clinton en 2016. Il est évident qu’il professe un profond mépris pour les Noirs américains. Ce mépris a été clairement exprimé lors d’un discours prononcé par Biden en 1993 au Sénat, discours où il expliquait que les « prédateurs dans nos rues », c’est à dire les jeunes Noirs, devaient être « extraits de la société » afin de protéger les mères, les filles et les maris des classes blanches aisées. Tandis que Hillary Clinton faisait la promotion du Crime bill, le projet de loi sur la criminalité, Biden lui-même participait à la rédaction du projet de loi de 1994, ainsi qu’à bon nombre de projets antérieurs, qui ont permis le versement de milliards de dollars à l’administration pénitentiaire à travers tout le pays. Tout comme celui d’Hillary Clinton, le programme proposé par Biden a pour objectif le retour de l’économie capitaliste américaine à la prospérité dont elle jouissait sous l’administration Obama. Biden est encore moins équipé que Clinton pour répondre du fait que la richesse noire a chuté pendant les années Obama. Le seul atout de Biden, c’est le capital social engrangé, en compagnie de toute une cohorte de faux leaders Noirs, en tant que vice-président d’Obama.
Le commentaire de Biden touche également un aspect de la vie noire que les dixiecrats américains racistes blancs sont tout simplement incapables de saisir. Le nationalisme noir reste une caractéristique forte de la vie politique de Black America. Des programmes progressistes tels que The Rising doivent comprendre combien la race et le nationalisme noir influencent la politique du Parti démocrate en ce moment de l’histoire. Il est difficile pour la gauche blanche de comprendre qu’en l’absence d’un mouvement noir d’autodétermination, la politique n’est considérée par les Noirs que comme un jeu américain, joué par les Blancs, et qui entraîne des pertes pour les Noirs. La classe des faux leaders Noirs a utilisé le nationalisme noir au service de leur carrière politique, se présentant comme issus du soulèvement noir… John Lewis, Jim Clyburn, Maxine Waters et les autres savent que si le choix est entre le White Man’s Party et le Parti démocrate, une grande partie des électeurs noirs sera susceptible de rejeter le White Man’s Party à tout prix. Le commentaire arrogant de Biden sur The Breakfast Club risque de diriger le sentiment nationaliste noir contre lui. Si Biden se rapproche du White Man’s Party, il est plus que probable que sa performance avec les électeurs noirs diminuera.
Cependant, le pouvoir des médias ne doit pas être sous-estimé. Alignés sur DNC, ils maintiendront Biden en vie jusqu’aux élections de novembre. Les gaffes de Biden peuvent très bien être minimisées face à une pandémie mondiale qui a mis en évidence les faiblesses importantes de l’administration Trump. COVID-19 a démontré que Donald Trump n’a jamais eu de programme de gouvernement. Son entourage a mené une politique économique typique du style GOP, tout en utilisant sa large plate-forme médiatique pour servir de la viande rouge raciste à sa base. En matière de politique étrangère, Trump a été au mieux incohérent, au pire militariste. La méthode de l’administration Trump en matière de gouvernance impériale a entraîné plus de cent mille décès liés au COVID-19 aux États-Unis et a provoqué une crise économique qui pourrait réduire ses chances d’accéder à un second mandat, malgré les nombreuses faiblesses de Joe Biden.
Le racisme anti-Noir de Joe Biden et la crise de cette fin de premier mandat de Trump montrent bien que les élections de 2020 ne peuvent qu’être désastreuses pour Black America et pour la classe ouvrière en général. Biden cherche à gagner la Maison Blanche en partant du principe que les Noirs américains voteront pour lui plutôt que pour Donald Trump, sans tenir compte de son bilan ni de son mépris évident pour les Noirs. De son côté, Donald Trump a marqué un point contre Biden, en adoptant une attitude hostile envers la Chine dans l’espoir que la montée des sentiments anti-chinois aux États-Unis incitera des millions de personnes à ignorer ses échecs et à considérer le néolibéralisme de « Sleepy Joe » comme intrinsèquement pro-Pékin. Aucun des deux candidats n’a un programme politique répondant aux besoins de la classe ouvrière. Et comme d’habitude, Black America est considérée soit comme un sujet de seconde zone, soit, dans le cas de Biden, comme une pièce d’échecs électorale sur laquelle on peut compter pour soutenir le candidat le moins mauvais. La victoire potentielle de Biden aux élections de 2020 fera suite à un long engagement néolibéral, belliciste et anti-Noir, et continuera d’entraîner les États-Unis vers le bas.
Les élections de 2020 ne sont que l’expression politique de la crise plus large du capitalisme et de l’impérialisme américains. La récente bourde anti-Noirs de Joe Biden n’est qu’un exemple de la façon dont sa candidature reflète cette crise en temps réel. À tout autre moment politique, les antécédents de Biden et ses déficits cognitifs évidents le rendraient particulièrement vulnérable face à un adversaire comme Trump, qui, malgré tous ses défauts, a le don d’utiliser les médias pour mettre en valeur sa façon de faire de la politique « autrement ». La pandémie de COVID-19 pourrait bien renflouer Biden et jeter les bases de sa victoire électorale en novembre, si sa santé se maintient. La question la plus importante sera de savoir si la Gauche peut organiser un mouvement capable de rejeter le duopole bipartite et de proposer un programme offrant des moyens de lutte efficaces et révolutionnaires, contre la guerre, le capitalisme moderne et le racisme. Que des millions de personnes se voient obligées de choisir entre deux barons d’entreprise comme Joe Biden et Donald Trump montre bien que la Gauche n’est pas préparée à cette tâche. Mais si la récente erreur de Biden est une indication, il est également clair que la stagnation et la faillite de l’ordre politique américain donneront à la gauche toutes les occasions d’apprendre les leçons nécessaires pour commencer à jeter les bases d’un tel mouvement.
source : https://ahtribune.com
via http://lagazetteducitoyen.over-blog.com
Source: Lire l'article complet de Réseau International