Campagne de dons – Juin 2020
Chers amis lecteurs, Au début de cette année, nous écrivions que 2020 serait une année de bouleversements à l’échelle mondiale. Elle a pleinement tenu ses promesses, et ce n’est apparemment que le début de quelque chose de plus grandiose encore, et dont la principale caractéristique est une tentative de prise de contrôle total de l’information. C’est même l’essence de toutes les guerres livrées contre les peuples depuis quelques décennies. Plus que jamais, il est nécessaire que des sites comme le nôtre se multiplient pour contrer toutes les tentatives de monopoliser l’information à des fins de manipulation. Grâce à votre fidélité, vos encouragements et votre aide, nous avons réussi à surmonter toutes les pressions et contourner les divers obstacles destinés à nous faire disparaitre ou à nous intimider. Nous comptons à nouveau sur vous pour nous aider dans notre combat, et nous permettre de continuer à vous fournir un travail de qualité et une vision juste et équilibrée du monde. Merci pour votre soutien. Avic
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par Moon of Alabama.
Dimanche, des manifestants ont renversé une statue de bronze du marchand d’esclaves du XVIIe siècle Edward Colston à Bristol, en Angleterre. Elle a été jetée dans une rivière. Certains avaient essayé pendant des années de se débarrasser du monument, mais d’autres continuaient de refuser car Colston avait également fait des dons importants à diverses causes sociales locales. Certaines des institutions qu’il a financées existent toujours.
Aux États-Unis, il y a de nombreuses discussions sur le retrait de monuments et de statues des personnes qui ont combattu pour soutenir l’esclavage pendant la Guerre Civile.
Mais quand et où est-il juste de retirer les monuments commémoratifs érigés par nos ancêtres ?
Lorsque les Talibans ont détruit une grande statue de Bouddha à Bamyan, en Afghanistan, il y a eu un scandale mondial. Les États-Unis ont renversé les statues de Saddam Hussein à Bagdad sous les applaudissements, mais aussi dans un but de propagande. Après le putsch nazi du Maidan, l’Ukraine a enlevé de nombreuses statues de Lénine et en a érigé de nouvelles qui glorifient les fascistes. La Tchéquie est actuellement en conflit avec la Russie au sujet du retrait éventuel d’un mémorial qui salue les troupes soviétiques pour avoir libéré le pays de l’occupation allemande fasciste.
Lesquels de ces retraits étaient justes ou injustifiés ? Pour qui ?
Qu’en est-il des statues de George Washington, le propriétaire d’esclaves, ou de Winston Churchill, le meurtrier de masse et raciste absolu. Doivent-elles toutes être enlevées ? Et que dire de John Stuart Mill ?
Comment les futurs enfants apprendront-ils les mauvais côtés de ces hommes s’ils sont précipités dans les trous de mémoire de l’histoire ?
Où s’arrête un tel iconoclasme ?
Voici un concept qui peut aider à éviter les conflits autour de ces mémoriaux.
La langue allemande a deux mots différents pour désigner les monuments commémoratifs :
Un « Denkmal » est un monument commémoratif d’un incident, d’une période ou d’un personnage historique. Il est généralement considéré comme honorifique. Sa racine linguistique est le verbe « denken », qui signifie « penser », combiné au nom « Mal » qui signifie « marque ».
Un « Mahnmal » est également un monument commémoratif d’un incident, d’une période ou d’un personnage historique. Mais son but est de servir de leçon ou d’avertissement. Sa racine linguistique est « mahnen », qui signifie « exhorter », « admonester », et « Mal », qui signifie « marque ».
Un mémorial qui a été érigé une fois comme « Denkmal » peut être transformé en « Mahnmal » en changeant son contexte.
Un exemple célèbre est le mémorial du 76e régiment d’infanterie à Hambourg, en Allemagne. Pendant la première guerre mondiale, le 76e avait été recruté à Hambourg et avait combattu avec de grandes pertes sur le front occidental. Un mémorial pour ses soldats n’a été construit qu’en 1936, lorsque les nazis régnaient en Allemagne.
Le mémorial montre des soldats en marche. L’inscription au-dessus des soldats signifie « L’Allemagne doit vivre même si nous devons mourir ».
Le but principal du mémorial au moment de sa création n’était évidemment pas de se souvenir des soldats du 76e mais de faire de la propagande pour les nouvelles guerres que les nazis planifiaient et préparaient.
Après la Seconde Guerre Mondiale, il y a eu de nombreuses discussions pour savoir si le mémorial devait être enlevé ou non. Une partie y voyait une glorification de la guerre, tandis que l’autre y voyait un rappel honorable des soldats du 76e qui étaient les enfants de la ville. Les deux parties avaient objectivement raison.
Au début des années 1980, un compromis a été trouvé. Le mémorial serait maintenu, mais il serait modifié par un second à quelques pas de là. Cela transformerait l’ensemble d’un « Denkmal » en un « Mahnmal ».
Le sculpteur autrichien Alfred Hrdlicka a été engagé pour créer un contrepoint au mémorial glorifiant la guerre. Son travail dépeint les horreurs de la guerre et comprend une référence au bombardement de l’Opération Gomorrah en juillet 1943 qui avait tué quelque 35 000 civils à Hambourg.
D’autres conversions de « Denkmal » en « Mahnmal » ont eu lieu à plusieurs endroits. Parfois en ajoutant simplement une plaque de bronze avec des mots qui décrivent le contexte historique du « Denkmal » original ou qui expliquent que l’homme bon représenté avait aussi de mauvais côtés.
Les artistes trouveront de meilleures idées dans ce sens. Demandez-leur de le faire.
Les monuments controversés doivent rappeler que nous devons apprendre et enseigner l’histoire d’une manière qui ne soit pas unilatérale ou glorifiante. Pour ce faire, il est préférable de les replacer dans leur contexte ou de les modifier artistiquement plutôt que de les mettre de côté.
source : https://www.moonofalabama.org
traduit par Réseau International
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