Pathologies, le premier roman de Zakhar Prilépine, qui vient d’être réédité par les Editions des Syrtes n’a pas pris une ride depuis 2005, année de sa sortie en Russie.
Écrit quelques années après le dernier séjour de l’écrivain en Tchétchénie, où il servit deux fois, la première comme simple conscrit, la seconde comme volontaire, Pathologies décrit le quotidien d’un sous-officier au sein d’une unité de spetznaz plongé dans un conflit sauvage et sans concessions.
Si l’évocation précise et détaillée des aspects les plus triviaux de la vie militaire peut choquer au début du roman, par contre lorsque l’action monte peu à peu vers son point culminant, c’est précisément ce naturalisme poussé à l’extrême qui nous permet de ressentir au plus profond de nous mêmes le vécu, et les états de conscience du narrateur : la peur, la camaraderie, la débrouillardise du soldat russe face à l’incompétence du haut-commandement, la fureur au combat de véritables cousins slaves des berserkhir germaniques, la mort des copains, l’alcool, souvent présent…
Tout romantisme est absent du récit de Prilépine, toute considération de nature politique aussi (à l’exception d’une préface inédite). Il s’agit avant tout de survivre dans un Camerone russe apocalyptique, sans se poser de questions, sans penser à l’avenir. On est loin ici de la prose esthétisante et détachée d’un Jünger, mais Pathologies pourrait parfaitement rejoindre Orages d’acier sur le podiumdes récits de guerre intemporels.
Serge Gadal
Zakhar Prilépine, Pathologies, 2017, Les Syrtes, 290 p.
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