CHILI, Santiago. Mardi 2 juin 2020.
Depuis le 29 avril, l’épidémie est hors contrôle. La volonté des autorités de ne rien faire donne les résultats annoncés depuis des semaines. Une catastrophe. Le schéma à l’italienne. Le nombre de contaminés vient de dépasser les 100 000 pour une population de 18 millions d’habitants. Début avril, plusieurs études scientifiques et épidémiologiques avaient prévu ce chiffre pour juin si le gouvernement ne décidait pas d’établir un confinement généralisé du pays. Le gouvernement ne l’a pas fait. Le résultat est là.
Aujourd’hui tous les yeux sont tournés vers Santiago (40% de la population). La capitale concentre aujourd’hui 81% des contaminés et 76 % des décédés. Dans les trois semaines qui ont précédés le 29 avril, la moyenne quotidienne nationale des nouveaux cas de contamination étaient successivement de 389, 432 puis 512 avant d’exploser à 1 160 la première semaine de mai. La moyenne de la semaine en cours sera de plus de 4 000. Le pic devrait être atteint durant ce mois à Santiago.
En province (60% de la population), la même moyenne donne les résultats suivants : 281, 432 et 548. Une courbe d’augmentation parallèle. La semaine en cours va tourner autour de 800 nouveaux cas par jour. Le schéma est identique avec 5 semaines de décalage. Quand Santiago aura terminé son pic, c’est la province qui prendra le relais. Ou plutôt les relais : en effet toutes les métropoles régionales ne seront pas toutes touchées en même temps.
Le gouvernement n’avait tiré aucune leçon de ce qu’il s’était passé en Europe deux mois avant l’explosion de l’épidémie à Santiago. L’histoire se répète : il ne tient aucun compte de ce qu’il se passe aujourd’hui à Santiago pour décider d’une politique différente en province. Le confinement de Santiago n’a été décidé que le 15 mai ! Le confinement total en province n’a toujours pas été décidé.
Le gouvernement ne fait rien parce que le confinement a un coût social important. Pour que les gens puissent se confiner chez eux, il faut qu’ils aient les moyens de s’arrêter de travailler tout en continuant à manger. Des manifestations de la faim ont déjà eu lieu dans plusieurs quartiers périphériques de Santiago. Pour ça il faudrait faire payer les riches et s’attaquer à l’immense inégalité sociale du Chili.
Sur l’initiative de la jeune députée communiste Karol Cariola, la Chambre des Députés a voté un projet de loi instaurant un impôt exceptionnel de 2,5% sur la fortune des 600 personnes les plus riches du Chili. Il permettrait de financer socialement la lutte contre la pandémie. Après le vote du Parlement, la loi est dans les mains du président Piñera. D’après le classement Forbes, Piñera possède une fortune de 2,5 milliards de dollar dont le cinquième dans des paradis fiscaux. Avec cette loi, il devrait payer 62,5 millions de dollar d’impôts. C’est lui qui a les pouvoirs de promulguer la loi. Mais pour ce gouvernement des ultrariches, cette loi est une hérésie. Ce gouvernement préfère gérer des catastrophes annoncées que demander un centime aux riches de ce pays.
Source: Lire l'article complet de Le Grand Soir