Campagne de dons – Juin 2020
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par Marie-France de Meuron.
Quelle est l’identité de la personne qui présente, dans son sang puis dans certains organes, le coronavirus en voie de multiplication ? Quel regard porte-t-on sur cette personne ? Considère-t-on l’emprise de cet organisme particulier ou prenons-nous en compte l’individu qui passe par cette situation aigüe ?
Nous pouvons nous arrêter à cette alternative, à cette dualité – vue de la périphérie ou de l’intérieur de l’être humain – ou alors passer à une dimension ternaire, la relation entre les deux, dynamique vivante dans le moment présent. Comment l’hôte va-t-il gérer les microorganismes ? les désagréger ? se laisser envahir en créant sa défense ? ou se faire détruire ? Le thérapeute le plus adéquat est celui qui éveille le médecin qui sommeille au fond de l’être et qui permet à l’infesté de recouvrer sa souveraineté en gérant l’infection le plus adéquatement possible. Nous savons qu’un souverain a beaucoup de ministres et de serviteurs. Comment l’individu les dirige-t-il ? Quelle est sa part dans la gestion de tous ses éléments ?
Nous fonctionnons actuellement beaucoup dans un monde binaire: une molécule contre un virus, un microbe ou un parasite et, dans une vision à plus longue échéance, un vaccin contre une épidémie. Pourtant, considérer la relation entre l’être humain et le virus permet de prendre en compte moult paramètres qui participent à ce duel, par conséquent d’influer sur l’évolution de cette rencontre qui semble fortuite mais qui surgit selon différentes lois dont la vie a le secret et que les sciences mettent en évidence petit à petit, selon les intuitions des chercheurs et l’habilité des techniciens.
Avec l’épidémie actuelle, les médecins ont pu observer différentes phases du processus infectieux et en détecter quelques paramètres. En réalité, l’être humain est constitué de différents corps, des plus physiques aux plus énergétiques, de différents systèmes qui les relient et sont en constants mouvements et vibrations. Plus l’individu est conscient de ses différentes dimensions et de ses multiples constituants, plus il pourra agir dessus et leur permettre d’interagir entre eux de façon équilibrée et harmonieuse.
Cette notion de relation entre celui qui reçoit et celui qui s’impose met en jeu les forces yin et yang, autrement dit réceptives et émissives. Les épousailles entre les deux manifestent le tao et, dans le corps humain, la santé! La vie de couple en est un bon exemple, avec ses moments de convergence et de divergence qui peuvent aboutir à une fusion !
Cette dynamique de la relation avec soi, avec l’autre, avec la nature, peut être perçue à chaque instant, dans chaque situation. Pourtant, à l’heure des statistiques, des modélisations, cette dynamique en perpétuelle mouvance est peu prise en compte. Au contraire, on cherche à figer les données dans des chiffres pour les analyser selon des programmes préconçus et s’appuyer dessus pour prendre des décisions « justifiées ». Ainsi, le gouvernement prend la décision du confinement, figeant le cadre de l’existence de chacun, au prix d’une catastrophe économique et en mettant de côté la situation sanitaire extra-coronale.
La dynamique ternaire peut se repérer dans tous les domaines existentiels. La « pandémie » actuelle nous en offre des exemples patents. Ainsi, au lieu de percer les mystères des personnes qui n’échappent pas au virus, contrairement à d’autres dont l’affection passe inaperçue, la mentalité est focalisée sur la création d’un vaccin, par conséquent dans une réalité future qui éloigne encore plus les individus de leurs potentialités présentes et immédiates d’améliorer la souveraineté de leurs organismes, de dynamiser leur état général et par là de prévenir non seulement une « deuxième vague » mais bien d’autres pathologies.
J’ai repéré différents positionnements binaires et ternaires lors de la vision de l’interview du Pr Raoult par BFMTV.
Le Professeur Raoult remplit une place éminente dans l’occurrence coronavirale. Il détient un savoir et des connaissances médicales profondes, la responsabilité d’un Institut Hospitalier Universitaire et la fonction de communiquer avec le système sanitaire français et de témoigner au niveau public. Il représente ainsi une entité tripartite bien définie, équilibrée en cette circonstance particulière très active et déterminante pour l’avenir proche voire lointain.
En face, deux femmes journalistes (ou est l’égalité des sexes?!) et en troisième position les auditeurs. Pour une autre part, l’émission complète présente différents professionnels qui donnent leurs avis avant et après l’interview.
Je dirais que les auditeurs représentent la partie relationnelle, en fait la dimension qui est essentielle et la plus mobile de l’événement. Pour preuve, quatre jours après l’émission, il est mentionné 333 354 vues ! C’est dire qu’ils représentent une place immense dans l’espace offert par BFMTV. Et pourtant, il est difficile de savoir quelles sont leurs attentes personnelles, eux qui sont plongés dans leur propre maladie, dans celle d’un proche ou dans la menace environnante et qui n’ont pourtant pas la parole derrière leurs écrans.
Dans cette rencontre, BFMTV nous présente l’invité non pas avec son rôle de médecin, professeur de médecine et représentant de la structure sanitaire nationale ce qui aurait correspondu à l’appellation de Docteur ou Professeur, mais avec son nom et prénom, Didier Raoult. La journaliste principale va même jusqu’à lui donner l’appellation de « personnage ». Un autre intervenant évoque « son style », alors qu’il est évident que toute personnalité porteuse d’autorité en a un… Et c’est bien finalement au rôle d’un personnage de plateau de tv que le Pr Raoult a été assigné.
Ainsi, sur l’image de la vidéo annoncée, on lit « Didier Raoult répond à toutes les questions de Ruth Elkrief et Margaux de Frouville ». Effectivement, ce sont bien des questions de journalistes qui ont été posées dans une dynamique souvent binaire – parfois même inquisitrice – par exemple quand R.E. relate : « Il esquive les questions plus politiques ». En fait, le Pr Raoult a très sincèrement répondu à quelques reprises que certains sujets ne sont pas de son ressort, ne le concernant pas. Ou encore « C’est un homme cultivé qui aime s’exprimer. Parfois c’est décousu ». C’est vrai qu’il a de l’aisance à s’exprimer et à communiquer son engagement intense en médecine, ce qui est naturel pour un professeur! mais ce n’est pas un beau parleur dans le sens qu’il aimerait s’entendre parler. Dans la façon de poser la question, les journalistes estiment que c’est décousu mais ne se rendent pas compte qu’elles ont posé des questions décousues par rapport à l’essentiel de ce qui anime le Pr Raoult dans la situation cruciale en cours, dans sa mission médicale.
La dimension binaire est aussi mise en évidence quand on pointe l’hydroxychloroquine. Le Pr Raoult ramène très bien la discussion à l’ensemble des soins, ce qui ouvre sur bien d’autres dimensions que l’HCQ, sur une globalité.
La question des études est aussi soulevée – de la part de quelqu’un bien assis sur son fauteuil et donc pas confronté à des obligation face aux malades – de façon binaire : « Si on est scientifique, on fait des études randomisées en double aveugle« . Alors que la journaliste s’était bien documentée sur les déclarations préalables, elle ne cherche pas à développer l’expérience du Pr Raoult qui doit répéter – bravo pour sa patience! – ce qui tombe sous le sens, c’est qu’on traite un patient avec tous ses moyens donc ses connaissances et celles de ses pairs, et non d’abord avec le souci de publier une étude randomisée. Les patients attendent d’être soignés, non pas d’être considérés comme des cobayes utiles aux publications médicales. De plus, en vrai clinicien, il mentionne les études observationnelles et empiriques, notion qui mérite d’être remise à l’ordre du jour dans cette impasse de la médecine où on en est arrivé à mettre en avant des progrès, qui d’ailleurs sont passablement focalisés, alors que certaines maladies surgissent de plus en plus tôt et que beaucoup d’autres ne guérissent pas et se chronicisent, malgré toutes les études en double aveugle qui recherchent des % de réussites.
Il est aussi question dans cette émission d’un sondage de l’opinion des Français au sujet de Didier Raoult. Évidemment, le public ne peut que répondre de but en blanc selon des infos reçues. Heureusement que certains répondent qu’ils ne savent pas alors qu’en fait ils démontrent là qu’ils ne sont pas concernés par une enquête aussi superficielle alors que l’heure est grave et la situation complexe.
Où le Pr Raoult amène une troisième dimension, c’est quand il a expliqué comment il a obtenu du matériel alors que des services officiels en étaient dépourvus : « Les moyens, c’est la volonté ».
Une autre dimension transmise par les médias est d’affirmer que « Le seul moyen de lutter est d’en comprendre la gravité, les moyens de prévention , les mesures barrière et les mettre en application ». Alors qu’on invite un médecin qui est en plein contact avec les patients, aucune question ne lui est posée sur le vécu profond des malades de covid-19, ce que cette maladie met en évidence au niveau psychoaffectif, quelles personnes sont plus susceptibles de se laisser envahir par l’infection, en quoi les maladies préliminaires présentent un lit pour le virus. Ces questions reviendraient à mettre la personne au centre, en deçà de la présence microscopique et des mesures préventives.
La journaliste fait remarquer au Pr Raoult qu’il avait beaucoup politisé son traitement. Voilà une affirmation monodirectionnelle vite lancée et qui ne laisse pas place au fait que la « pandémie » a été gérée par les instances de santé, fut très médiatisée et que le Pr était forcément pris dans la mêlée. De plus, il doit tenir compte de la vie hospitalière qu’il côtoie de très près, ce qui n’est pas le cas des ministres ou des modélistes.
Un autre paradigme important à souligner suite au positionnement de la journaliste : « Quand on est journaliste, on cherche à comprendre ». Et là surgit l’énorme différence. Com-prendre, c’est prendre avec ce qu’on peut et veut, alors que le médecin se situe dans la con-naissance, autrement dit naître avec. Le Pr Raoult l’exprime en ces termes : « Ce qui m’intéresse c’est qu’on ramène les choses à la réalité. Les gens qui disent qu’il faut faire cela ou cela ne savent même pas depuis quand les règles sont là, ni qui les critiquent, ni ce qu’ils pensent, « La méthode, c’est les habits des idées » , la méthode n’est pas une science ». On peut dire aussi qu’on croit avoir compris alors qu’on reste dans le sa-voir, du verbe savoir qui indique bien qu’on reste dans la vision, donc à distance de l’objet.
Un autre exemple de dualité patente nous est rapporté par le Pr Raoult à qui un médecin, aidant au Samu, lui avait confié qu’on disait aux personnes qui se présentaient avec leurs demandes variées : « Allez à la maison et quand vous êtes essoufflés, revenez ! » Ainsi, ce qui anime l’être humain et qui le conduit à se rendre au service d’urgences est enfermé dans une consigne binaire et, de plus, en limitant la malade à un symptôme, positif ou négatif. Cette anecdote reflète bien une attitude très commune actuellement où on soigne un signe, un diagnostic et non un être humain.
Le Pr Raoult apporte la notion d’écosystème. Il indique bien qu’il y a un équilibre dans un tel système pour lequel il est naturel d’avoir plusieurs facteurs en interaction. Ainsi un commentaire ne trouve pas sa place s’il pointe seulement un élément unidirectionnel.
Un autre sujet important soulevé est la prévision du futur de l’épidémie. Le système binaire suggère : « Y aura-t-il une deuxième vague, oui ou non ? ». Voilà une question qui donne une illusion de sécurité si on sait mais, en réalité, on doit rester dans le suspense en laissant la place au hasard, au-delà du système binaire, en sachant en outre que bien d’autres problèmes peuvent surgir dans le monde en la même période.
La suite de l’interview est plus un interrogatoire pour faire répondre le personnage public et savoir des choses pour alimenter la curiosité des téléspectateurs mais probablement surtout du système médiatique. Il est cocasse d’entendre la conclusion sur le plateau de BFMTV d’un éditorialiste politique qui déplore : « Il n’a pas pris le temps de faire la pédagogie de ses travaux. J’aurais aimé qu’il le fasse. Comment, pourquoi il a dit ou fait?`Comment il travaille dans son institut ? » À cette réflexion, je perçois plus une demande d’analyse et de dialectique à partir du propre désir de l’intervenant « j’aurais aimé que » au lieu de tenir compte que les propos du Pr Raoult était menés par une journaliste qui a choisi d’autres longueurs d’onde. Dans cette façon de procéder, il n’y a donc pas de prise de conscience du mode médiatique utilisé, avec un être de terrain, lors d’une « pandémie » qui touche très fortement plusieurs milieux, de plus de façon aigüe. La pédagogie relève d’un autre domaine que la thérapie sauf si on évoque celle qui enseigne aux malades comment gérer leur santé !
Une directrice de rédaction s’interroge avec beaucoup de justesse quant à « la question du rapport aux journalistes, beaucoup sur notre rôle, savoir si nous sommes suffisamment compétents dans ce domaine pour pouvoir jouer le rôle de médiateur ». S’agit-il seulement d’une question de compétence ou également d’une question de qualité d’écoute et de laisser de l’espace pour l’interrogation au lieu de poser des questions très délimitées ? Ce que le Pr Raoult a exprimé très justement à la jeune journaliste : « Vous faites les questions, les réponses et les conclusions! » La troisième dimension manquait donc, celle qui offre un espace au sujet soulevé.
Au niveau de la dynamique générale de la prise en main de la « pandémie », un autre participant affirme : « On se trouve en pleine polémique et en affrontement alors qu’on doit utiliser l’ensemble de ces talents ». Effectivement, entre le problème et le brouhaha, il est bon d’amener une troisième perspective, celle des talents. Ce que souligne la journaliste : « Il y a eu un problème de passivité d’un certain nombre d’administrations et de décisionnaires qui font qu’on est arrivé dans une situation grave. Il (le Pr Raoult) a su mobiliser les énergies ». Une intervenante le dit aussi : « Le Pr Raoult a fait preuve de bon sens et de dynamisme au lieu de se planquer ».
On retrouve l’évocation d’une dimension ternaire dans la conclusion : « Les institutions s’appuient sur des procédures rigides au lieu de développer l’intelligence et la réactivité. Et on a un énorme problème: le pays est en train de crever de ça ».
J’espère que les exemples que je vous ai apportés sont assez explicites pour que chacun-e soit incité-e à chercher une troisième dimension en cas de situation problématique afin de pouvoir en capter sa juste envergure. L’exemple très concret : on n’a jamais rien assis sur deux pieds…
Ainsi, lors d’un problème de santé manifesté par un ou des signes du corps, il vaut la peine d’entrer dans la dynamique de se poser la question : Qui suis-je moi en cet instant particulier ? Une telle attitude de réceptivité va permettre d’accueillir l’intuition de la démarche adéquate ou du geste opportun.
source : https://mfmeuron.blog.tdg.ch
Source: Lire l'article complet de Réseau International