par Olivier Renault.
À cinq mois des élections américaines, les relations transatlantiques sont à un nouveau au plus bas alors que de nombreux experts affirment que la coopération n’a jamais été aussi cruciale.
Au début de sa présidence, Donald Trump considérait l’Europe comme un lien important. Maintenant, il ne semble pas y avoir grand-chose dans cette relation, laissant un arrière-goût amer pour les dirigeants de l’UE. Les États-Unis sont arrivés un à point de rupture avec l’Europe et les organisations internationales. Les prochaines élections US représentent des enjeux brûlants pour l’UE.
La seule question qui intéresse les responsables politiques de l’UE c’est de savoir si Donald Trump pourra rester encore président à partir de novembre 2020. Angela Merkel a refusé l’invitation du président américain de se rendre au G7 en parlant du danger du Covid-19. Donald Trump a ironisé sur cette réponse et a ridiculisé le club des puissances économiques en les qualifiant d ‘être dépassé, tout comme il a qualifié l’Otan d’être obsolète au début de son mandat. Quand il a demandé à ce que la Russie rejoigne le G7 depuis son exclusion en 2014 avec la guerre en Ukraine et le référendum démocratique en Crimée, le Royaume-Uni, le Canada et l’UE ont rapidement rejeté cette idée, confirmant la profonde division entre les puissances occidentales.
Max Bergmann, expert en relations transatlantiques au Center for American Progress, un think tank de Washington connu pour ses opinions libérales, a fait remarqué que l’administration Trump n’envoie pas de nouveaux ambassadeurs en UE en préférant cumuler les fonctions ce qui montrerait un signe de désengagement américain en UE, ou une défaite annoncée de Donald Trump. Ronald J. Gidwitz, est à la fois ambassadeur US en Belgique et depuis le 1 mai 2020 ambassadeur par intérim auprès de l’UE. Richard Allen Grenell a quitté son poste d’ambassadeur à Berlin le 1 juin pour devenir directeur du renseignement national par intérim. « Aucun de ces postes ne devrait obtenir un remplacement permanent avant l’année prochaine et cette administration n’a jamais vraiment cherché à engager l’Europe, c’est en quelque sorte abandonner le prétexte qu’elle va le faire, dans ce qui pourrait être sa dernière année », a déclaré Max Bergmann.
Au début du mois de décembre dernier, les dirigeants étaient ravis d’avoir assisté à un sommet de l’Otan au Royaume-Uni sans y voir aucune catastrophe provoquée par Donald Trump. Les conservateurs britanniques, qui se trouvaient au milieu d’une campagne électorale générale, ont été particulièrement soulagés par cette visite qui s’est relativement passée sans incident. Les dirigeants européens savaient que la relation était mauvaise mais pensaient qu’elle s’était au moins stabilisée. Au milieu de la crise sanitaire du Covid-19, cela ne fait cependant aucun doute que les choses ont empiré. L’Allemagne a accusé Donald Trump d’avoir tenté d’acheter une entreprise biomédicale travaillant à la mise au point d’un vaccin. Les États-Unis ont nié les allégations mais les craintes d’une guerre des vaccins persistent, en particulier en raison du refus du président américain de participer à une campagne d’engagement de l’UE pour lever des fonds pour la réponse au coronavirus. Face à des critiques acharnées pour sa propre mauvaise gestion de la « pandémie » aux États-Unis, Donald Trump s’est déchaîné contre la Chine et l’Organisation mondiale de la Santé pour finalement déclarer qu’il romprait les liens avec cette dernière.
Les dirigeants de l’UE ont également peu d’espoir que les différends commerciaux en suspens soient résolus avant les élections de novembre. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, n’est en effet pas venue à Washington depuis son entrée en fonction le 1er décembre dernier. Max Bergmann a précisé que si certains responsables allemands se réjouissent du départ de Richard Allen Grenell, le message global n’est pas bon pour l’UE. « À Berlin, c’est un soupir de soulagement, je ne pense pas qu’il y ait une impatience pour un nouvel ambassadeur nommé par Donald Trump », a-t-il déclaré. Mais il a ajouté : « Ne pas avoir d’ambassadeur en Allemagne, avoir un ambassadeur intérimaire à double casquette auprès de l’UE, montre simplement le point de vue de l’administration sur l’Europe. Il ne valorise pas l’Europe comme partenaire comme il se doit et cela se reflète dans ces nominations ». Aussi, les responsables politiques de l’UE misent sur une non élection de Donald Trump.
Les émeutes Black Lives Matter. Les appels de Donald Trump pour appliquer des mesures de répression plus vigoureuses avec une réponse militarisée à de nombreuses manifestations de rue qui viennent d’avoir lieu au travers des États-Unis ont accru les craintes en Europe qu’il y ait quelque chose de profondément brisé dans la société américaine que même le locataire de la Maison Blanche ne pourrait pas résoudre. Le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas, SPD, a condamné les violences aux États-Unis et à demander au président américain de respecter l’État de droit en qualifiant les manifestations de « légitimes » en tweetant : « Les démocraties ne doivent jamais dégénérer – même pas par des mots » ; « Menacer par la violence ne déclenche que de nouvelles violences ».
source : http://www.observateurcontinental.fr
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