PHOTO LUCAS JACKSON, REUTERS
Première cérémonie officielle à la mémoire de George Floyd à Minneapolis
L’auteur est membre des Artistes pour la paix
Une foule émue s‘est rendue aux premières funérailles de George Floyd à l’Université North Central à Minneapolis, dans l’après-midi du 4 juin 2020 (ses toutes dernières funérailles auront lieu mardi à Houston au Texas où il a vécu une grande partie de sa vie et où il sera enterré). Et au moment où j’y assiste en direct à la télévision, un déclic se fait. Je me souviens avoir assisté, inconsolable, il y a plus de cinquante ans à une cérémonie en mémoire de Martin Luther King.
Quels sont mes sentiments aujourd’hui après avoir assisté à un discours hypocrite de William Barr, le procureur général choisi par Trump, recourant à une théorie de complot qui selon lui anime les antifas « terroristes » qui manipulent les manifestations pro-Floyd?
Voilà qu’une joie m’anime, car je sens qu’une grande partie des médias vient de laisser tomber leur détestable habitude de vouloir refléter deux aspects, même à des événements qui n’ont qu’une signification très forte. Le Journal de Montréal aujourd’hui publie un article de Mathieu Bock-Côté qui s’oppose obstinément au constat pourtant prouvé par les faits de l’existence du racisme systémique, mais il est totalement contredit dans les pages sportives par un article émotif et documenté de Réjean Tremblay intitulé le racisme systémique, cancer de l’humanité.
Pour moi, c’est aussi significatif que le Secrétaire à la Défense Mark Esper qui a rabroué hier Donald Trump en objectant qu’il ne s’abaisserait pas à commander une intervention de l’armée contre les dignes manifestants qui marchent non armés dans quarante villes américaines (le Journal de Montréal doit regretter sa une de lundi, axée sur la terminaison par des casseurs irrespectueux de la digne manif montréalaise en faveur de M. Floyd).
Une joie m’anime, car la télévision de Radio-Canada libère enfin la parole (j’en ai félicité madame Anne-Marie Dussault) à toutes sortes de militants noirs, tel l’historien Webster dont j’avais tant apprécié l’intelligence et la sensibilité grâce à un article fouillé de Pierre Dubuc sur l’après SLAV dans l’aut’journal.
Pourquoi cette joie ? Depuis quarante ans, désespéré par la nature vénale des médias, je les découvre depuis quelques jours capables de dire sans nuances une vérité, même si elle contredit l’homme le plus puissant de la terre, le misérable Trump ; voilà un grand pas de franchi, grâce au travail éclairant d’une gauche représentée par des Élisabeth Vallet et Donald Cuccioletta dont les analyses clairvoyantes triomphent enfin des écrans de fumée jetés par des journalistes liés au complexe militaro-industriel.
Il y a deux mois, je lisais en pleurant à cause de mon sentiment de notre cause vouée à l’échec, comme aujourd’hui avec les annonces anti-écologiques des sinistres ministres Girard et Dubé de la CAQ, ce texte à l’intro pessimiste d’Anaïs Barbeau-Lavalette maman, auteure, cinéaste et instigatrice du mouvement Mères au front.
C’était un après-midi d’hiver et je ne savais plus quoi faire de cette tristesse-là. Encore un jour à ne plus savoir comment regarder mes trois enfants, à ne plus savoir où puiser la lumière, où trouver les réponses qui leur donnent envie de demain.
Ce poids-là dans tout mon cœur : celui de l’impuissance. Celui qui fait que j’avance en ayant l’impression de leur mentir.
C’est rare que je suis triste. La joie me porte habituellement. Mais ce jour-là, rien de ce que j’avais appris ne me semblait avoir de sens. Ni les mots ni les images ne pouvaient grand-chose sur le sens du monde. Sur sa démolition.
J’ai trois enfants qui sont ma plus grande fierté et j’avais honte de les regarder. Parce que je ne faisais rien de suffisant pour assurer leur santé, leur sécurité, leur bonheur …leur vie future.
Le texte se poursuivait avec sa jonction avec une autre MÈRE AU FRONT, Laure Waridel, deux amies. Aurons-nous la joie d’assister à la vraie résurrection de l’idéal telle que vécue avec la venue de Greta Thunberg à Montréal l’automne dernier ? Il faut y croire, avec la même ferveur que des Québécois croient à l’indépendance. Souvenons-nous des graines semées par la femme qui fuit désespérée, la grand mère Suzanne Meloche qui a sacrifié sa vie à la cause du Refus Global et à celle de la Libération des Noirs à Harlem !
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