Campagne de dons – Juin 2020
Chers amis lecteurs, Au début de cette année, nous écrivions que 2020 serait une année de bouleversements à l’échelle mondiale. Elle a pleinement tenu ses promesses, et ce n’est apparemment que le début de quelque chose de plus grandiose encore, et dont la principale caractéristique est une tentative de prise de contrôle total de l’information. C’est même l’essence de toutes les guerres livrées contre les peuples depuis quelques décennies. Plus que jamais, il est nécessaire que des sites comme le nôtre se multiplient pour contrer toutes les tentatives de monopoliser l’information à des fins de manipulation. Grâce à votre fidélité, vos encouragements et votre aide, nous avons réussi à surmonter toutes les pressions et contourner les divers obstacles destinés à nous faire disparaitre ou à nous intimider. Nous comptons à nouveau sur vous pour nous aider dans notre combat, et nous permettre de continuer à vous fournir un travail de qualité et une vision juste et équilibrée du monde. Merci pour votre soutien. Avic
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par ZZZ
Cet immense pays suscite autant de perplexité que de convoitise voire de l’hostilité. C’est une « station-service déguisé en pays » selon le célèbre mot du défunt sénateur US Mc Cain, « une puissance régionale en perte d’influence dont l’économie est en lambeaux » dixit l’ancien président Obama. Pourtant les pères de la géopolitique anglo-saxonne le situent au cœur du Heartland et ont insisté sur sa surveillance attentive. Après l’effondrement du bloc de l’Est dirigé par l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) en 1989 puis la désagrégation de l’URSS même en 1991,où en est le Grand Ours en ce début de XXIème siècle ? Je tenterai d’y répondre après avoir rappelé son importance dans le concert des nations et évoqué son retour tonitruant depuis deux décennies.
Importance stratégique de la Russie , cette obsession des initiateurs de la géopolitique anglo-saxonne
La Russie, avec ses 17,1 millions de mètres carrés étalés sur 11 fuseaux horaires, est de loin le pays le plus vaste du monde. Dotée de richesses du sol et du sous-sol inestimables , il n’est dès lors pas étonnant que les géostratèges les plus éminents s’y intéressent. On doit au britannique Mackinder (1861-1947) la formule suivante « qui contrôle l’Europe orientale contrôle le Heartland, qui contrôle le Heartland contrôle l’île-monde, qui contrôle l’île-monde contrôle le Monde », (le Heartland désignant grosso modo l’Empire russe de l’époque auquel succédera l’URSS) .L’universitaire états-unien Spykman (1893-1943) y apportera des nuances. Pour ce dernier, le Heartland est constitué de l’Europe de l’Est et de la Russie : c’est le centre du Monde. Le Rimland regroupe l’Europe de l’Ouest, le Moyen-Orient, l’Inde et l’Extrême-Orient tandis que le Croissant Extérieur est le reste du monde. Pour Spykman « qui contrôle le Rimland contrôle l’Eurasie, qui règne sur l’Eurasie contrôle le reste du monde ».Pour Spykman donc « la balance du pouvoir et l’équilibre du monde se jouent sur ce bandeau de terre entourant le cœur du continent eurasiatique et ne doivent, en aucun cas, se faire dominer par une seule et unique puissance ».
Ainsi, non seulement la Russie est-elle le pays le plus grand mais son caractère central, dans la géographie mondiale et par voie de conséquence dans les relations internationales, est indubitable. Intéressons-nous à présent à la Russie contemporaine.
Décadence et Grandeur retrouvée, le phoenix renaît de ses cendres
Après la débâcle de la fin du XXème siècle qui a vu les membres du Pacte de Varsovie s’émanciper de la tutelle soviétique et l’URSS éclater en quinze Etats différents, d’aucun aurait parié sur l’affaiblissement durable du pays des Tsars. D’autant que, déboussolé, ce dernier fut livré à la prédation des oligarques russes et étrangers, qu’ apparurent de mouvements sécessionnistes violents et qu’une baisse soudaine et générale du pouvoir d’achat moyen a été constatée. Tous ces facteurs ont failli avoir raison de l’unité et de la cohérence de la Russie. Pourtant, vingt ans après la prise de pouvoir de M.Poutine , la Rus (autre nom de la Russie) se classe au premier rang des exportateurs nets de gaz naturel, deuxième au rang des exportateurs nets de pétrole et durant les 5 dernières années a été à deux reprises le plus grand exportateur de céréales. Elle parvint surtout à conserver et améliorer les acquis industriels de l’URSS .Par exemple, de 2011 à 2020 , la Russie était le seul pays au monde à réaliser des vols habités dans l’espace (les Etats-Unis d’Amérique EAU devraient remédier à cette incroyable lacune au cours du mois de mai avec le lancement de Space X).Sur le plan militaire, la Russie, malgré un budget militaire dix fois inférieur à celui des EUA, a prouvé une avance technologique dans la guerre électronique à la faveur de son intervention en Syrie .Quant aux armes hypersoniques, l’avance sur les EUA selon les spécialistes varie de 5 à 15 ans. Le taux d’endettement est, fait unique , égal à zéro tandis que le pays est l’un des plus gros acheteurs d’or physique et ce malgré des sanctions diverses et variées de puissances occidentales. Ainsi, l’instabilité et la déchéance des années 1990 ne sont plus qu’un lointain et mauvais souvenir pour la Fédération de Russie par ailleurs détentrice de l’arme nucléaire et membre permanent du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Tel le phoenix, la Russie renait de ses cendres en même temps que la foi orthodoxe s’épanouit à nouveau. Pourtant, une théorie plus ou moins insistante soutient qu’elle ne serait qu’un acteur du Nouvel Ordre Mondial (NOM). Qu’en est-il réellement ?
Place de la Russie dans le monde à venir
L’essayiste français Pierre Hillard prétend que la Russie n’est qu’un pilier du NOM .L’expression NOM désigne selon wikipedia « l’alignement idéologique et politique des gouvernements et organismes mondiaux vers une certaine unipolarité, incarnée par les États-Unis ». Le rappel succinct des faits suivants apporte un cinglant démenti à cette théorie fumeuse.
- Le discours de Munich de 2007 : durant ce forum qui réunit le gratin des dirigeants internationaux, le président Poutine prit la parole pour expliquer posément que la Russie aspire à de bonnes relations avec tous mais que son pays n’entendait pas se soumettre au pouvoir de décision unilatéral de Washington ou d’ailleurs, provoquant colère et consternation de notre ami Mc Cain et autres leaders occidentaux.
- La réaction militaire fulgurante en août 2008 à la Géorgie, plus ou moins encouragée par les US, qui tenta l’invasion de l’Ossétie du Sud. A ce jour , une partie de la Géorgie est occupée par les troupes russes, résultat de l’inconséquence du président géorgien de l’époque Saakachvili.
- L’épisode méconnu de missiles US lancés en 2013 sous un prétexte fallacieux sur Damas et détournés en mer par les forces anti-aériennes russes présentes sur place.
- A la suite du coup d’Etat pro-occidental en Ukraine de mars 2014, la Russie n’a pas trouvé mieux que de prendre le contrôle de l’importantissime Crimée…sans un seul coup de feu. En entérinant le coup de force par un référendum populaire en Crimée, M.Poutine a démontré une habileté politique qu’Obama, Hillary Clinton ou autre sénateur Graham n’ont toujours pas digérée.
- La création de l’Union Economique Eurasiatique (UEE) en mai 2014 est une façon détournée de créer un pendant à l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord) sous domination états-unienne.
- L’intervention militaire directe russe de septembre 2015 en faveur du gouvernement syrien et contre les groupes terroristes divers, soutenus plus ou moins ouvertement par l’OTAN et Israel, a été une claque pour ses derniers et un changement stratégique remarquable.
- Enfin le discours présidentiel de mars 2018 dévoilant la nouvelle classe d’armement avancé, dont les missiles hypersoniques ou le rayon laser, a provoqué chez le camp occidental qui une réaction ulcérée qui une communication moqueuse qui masquent mal un désarroi profond.
Toutes ces actions déterminées balaient l’inanité de l’hypothèse du Grand Ours partie prenante du NOM .On voit d’ailleurs mal comment le tombeur de Napoléon en 1812-1815 puis de l’Allemagne nazie en 1941-1945 (au prix de 27 à 40 millions de morts) puisse se soumettre aux EUA ou à une quelconque puissance étrangère d’autant qu’il a élevé au rang de partenariat stratégique ses relations avec l’autre mastodonte et voisin : la Chine.
Source: Lire l'article complet de Réseau International