Titre original de l’article : Le monde est déjà passé par là et sait que la rivalité entre les superpuissances n’apporte que la ruine.
Par MARTIN WOLF. Financial Times. Analyse et commentaires du webmagazine Les7duQuébec.net
M.W. «Comment Covid-19 va-t-il changer le monde ? Nous ne le savons pas. Mais un résultat est évident: une nouvelle détérioration marquée des relations entre les deux superpuissances. Cela aura certainement des conséquences à plus long terme.»
(Voilà une façon subtile de défausser les criminels de guerre de leurs responsabilités économique, sociale, militaire et politique. Un virus, que les mercenaires scientifiques de ces superpuissances ont concoctées dans leurs laboratoires militaires serait la cause de cette «détérioration». N’est-ce pas exactement l’inverse – la «détérioration» de l’équilibre des forces concurrentielles a provoqué cette attaque virale mondiale? De quel camp est venue l’attaque nous le saurons bien un jour! Les7).
« Le monde d’aujourd’hui a de puissants échos du début du XXe siècle, lorsque les rivalités entre les puissances établies et montantes ont conduit à la guerre. Cela a conduit à l’effondrement d’une ère de mondialisation – « la première mondialisation ». Aujourd’hui, notre (sic) « deuxième mondialisation » est menacée. Pourtant, ce n’est qu’une partie de l’enjeu alors que les superpuissances s’engagent dans une intense rivalité.» (1)
(Cette intense rivalité ne date pas de la pandémie (décembre 2019), mais du début des années 2000 quand il devint évident que la puissance hégémonique d’alors était menacée d’effondrement économique, d’incapacité industrielle et d’impuissance militaire – suite à une série de revers en Orient notamment. Quand il devient évident que le challenger chinois avait la capacité et l’ambition de s’emparer de la pole position. Les7).
« Considérez les événements récents. Donald Trump attribue au « virus de Wuhan » de la Chine l’impact dévastateur de Covid-19 sur son pays, afin de détourner l’attention de ses propres échecs. La Chine autocratique de Xi Jinping impose une législation sécuritaire draconienne à Hong Kong, en violation des obligations du traité. L’administration américaine a notamment publié une nouvelle approche stratégique à l’égard de la République populaire de Chine, guidée par ce qu’elle appelle un « réalisme de principe ». Cette approche souligne la menace que représente la Chine pour la sécurité nationale et les intérêts économiques des États-Unis.»(2)
Les derniers 40 ans ont été formidables pour l’essor de la Chine
M.W. « Le début du XXe siècle a également été une ère de mondialisation et de rivalité effrénée entre grandes puissances, avec la chute de la puissance économique relative du Royaume-Uni et la montée de celle de l’Allemagne, de la Russie et des États-Unis. Si la montée des États-Unis a été la plus importante, la proximité a rendu décisive la concurrence entre l’Allemagne, déterminée à profiter de sa place au soleil, et le Royaume-Uni, qui voyait l’Allemagne comme une menace mortelle pour son indépendance.»
(Fadaise Monsieur Wolf. L’ascendance de la puissance allemande menaçait l’hégémonie déclinante de l’Empire britannique et non pas son indépendance. La montée en puissance de l’impérialisme étasunien était directement dirigée contre les anciens empires coloniaux britannique, français, italien, allemand et japonais. Tandis que l’expansion de l’impérialisme allemand était prioritairement tournée vers les «highs lands» de l’Est comme l’URSS devait l’apprendre à ses dépens. Les7).
M.W. « Un article fascinant de Markus Brunnermeier et Harold James de l’université de Princeton et Rush Doshi de Brookings soutient que « la rivalité entre la Chine et les États-Unis au XXIe siècle ressemble étrangement à celle qui existait entre l’Allemagne et la Grande-Bretagne au XIXe siècle« . Ces deux rivalités ont eu lieu à une époque de mondialisation économique et d’innovation technologique rapide. Toutes deux se caractérisaient par une autocratie croissante, avec une économie protégée par l’État, qui remettait en question une démocratie établie avec un système de marché libre. En outre, les deux rivalités ont mis en scène des pays en proie à une profonde interdépendance, avec des menaces tarifaires, des normes, des vols de technologies, une puissance financière et des investissements dans les infrastructures pour en tirer profit».(3)
(Observations très judicieuses de la part d’universitaires petits-bourgeois de service. En effet, depuis l’expansion globale du mode de production capitaliste – que les intellectuels nomment la Mondialisation – le processus de propagation de l’impérialisme est toujours identique. Il prend sa source dans le procès de production et de commercialisation des marchandises, toujours plus technologiques et productives – donc rentable – et trouve sa conclusion dans la domination sans partage – hégémonique – d’une superpuissance et de son camp, mais seulement après une guerre mondiale qui départage le butin des vainqueurs et des vaincus cherchant par la guerre à résoudre la contradiction antagoniste entre l’expansion des forces productives vivantes et fixes et les contraintes des rapports de production paralysés. Les7)
La Chine est devenue et de loin, le leader mondial d’exportation de marchandises
M.W. « Les « retardataires », tels que l’Allemagne à l’époque (1930) et la Chine aujourd’hui, n’accepteront tout simplement pas d’être désavantagés de façon permanente. Il en allait de même pour les États-Unis au XIXe siècle. Alexander Hamilton a développé l’argument de la protection des industries naissantes. Le Royaume-Uni est passé au libre-échange, tandis que les États-Unis sont restés très protectionnistes. Le Royaume-Uni a cherché à protéger sa propriété intellectuelle, tandis que les États-Unis ont essayé de la voler. Une telle rivalité est inévitable.»
(En effet, sous le mode de production capitaliste fondé sur la concurrence et la course aux profits comme modus vivendi pour assurer la valorisation-reproduction du capital – de la vie autrement dit – libre-échange et protectionnisme ne sont que les deux faces du même masque impérial. Incidemment, il est frauduleux de prétendre que les États-Unis sont contre le commerce international. Au contraire, les É.-U. sont farouchement en faveur du «libre-échange»… à leurs conditions, comme l’utilisation obligatoire du dollar étalon, et autres restrictions qui les avantagent. Quand donc ces poncifs éditorialistes comprendront-ils Donald Trump et sa clique ? Les7)
M.W. « Le conflit qui a commencé en 1914 n’a finalement pris fin qu’en 1945, avec l’Europe, l’Asie de l’Est et l’économie mondiale en ruines. Il a fallu l’arrivée de nouvelles grandes puissances sur la scène mondiale, les États-Unis en premier lieu, pour rétablir la stabilité et la paix mondiale, même de façon imparfaite (sic). Comme le montre Maurice Obstfeld, ancien économiste en chef du FMI, dans un autre excellent article, il a fallu 60 ans avant que l’intégration économique ne revienne au niveau de 1913 par rapport à la production mondiale. La mondialisation est ensuite allée beaucoup plus loin, avant la crise financière mondiale de 2008. Ce faisant, elle a également entraîné une réduction importante des inégalités et de la pauvreté de masse dans le monde.(4)
(Il faut démontrer un haut niveau d’effronterie pour proclamer les bienfaits de l’impérialisme meurtrier (que M. Wolf nomme ‘intégration économique et mondialisation’) au cours des 60 années de la «Guerre froide» meurtrière qui a vu se succéder une trentaine de conflits régionaux ayant coûtés la vie à des millions de victimes locales et collatérales (famines et mal nutrition, pauvreté, drogue, trafic humain, etc.), dans le tiers-monde il est vrai. Un meurtre hors de la capitale impériale n’est peut-être pas un meurtre pour le thuriféraire du Financial Times. Les7).
Les montées et descentes du commerce mondial. Rapport des exportations globales au PIB
En bleu : marchandises ; en rouge : marchandises et services
M.W. «Les frictions croissantes entre la Chine et les États-Unis et l’affaiblissement de la mondialisation sont apparues depuis la crise financière mondiale. Mais le Covid-19 a accéléré ces tendances. La pandémie provoque un repli des pays sur eux-mêmes. La demande d’autosuffisance augmente. Cela est particulièrement vrai pour les produits liés à la santé. Mais d’autres chaînes d’approvisionnement sont également rompues. Les effondrements économiques, le chômage stratosphérique et les reprises limitées par la pandémie font que certains dirigeants, en particulier les populistes et les nationalistes, sont heureux de rejeter la faute sur les étrangers. La perception de l’incompétence des États-Unis affaiblit leur crédibilité et enhardit la Chine autocratique. Alors que les États-Unis se retirent des organisations et des traités internationaux et que la Chine poursuit sa propre voie, le tissu de la coopération se déchire. Même un conflit armé est possible.»
(L’apothéose approche et le plumitif de service focalise sa cible. Reprenons chacune de ces allégations. L’affaiblissement de la mondialisation n’a pas commencé avec la crise financière M. Wolf. La crise financière de 2008 a été la conséquence – la matérialisation – l’expression de l’effondrement de l’hégémonie impériale américaine et de l’ascension du challenger chinois. Ce n’est pas le Covid-19 – la pandémie – qui a accentué la tendance à la baisse du taux de profit et la tendance dépressive de la vieille puissance impériale. C’est le confinement meurtrier comme tactique de combat vis-à-vis l’attaque à l’arme virale qui a provoqué l’approfondissement de la crise économique déjà en marche depuis des années. Il faut dire cependant à la décharge des polichinelles politiques qui gouvernent que cette guerre virale létale d’une telle ampleur est une première dans les annales mondiales. M. Wolf, le soi-disant «repli nationaliste» des politiciens bourgeois n’est qu’une mimique qui ne durera pas plus longtemps qu’un printemps et l’atténuation de la propagation de la bombe du Coronavirus. L’époque n’est plus au chauvinisme étroit. Passons sur cette flèche «Démocrate» que vous décochez au Président «Républicain» soi-disant incompétent (!). Terminons par cette perle immortelle, M. Wolf. Alors que la 4e Guerre Mondiale est déjà en marche sous ses yeux ébaubis observe que: «Même un conflit armé est possible» (!).Les7)
M.W. Comme l’a fait valoir Larry Summers, Covid-19 semble être un moment charnière de l’histoire. Ce n’est pas tant parce qu’il modifie les tendances, mais plutôt parce qu’il les accélère. (Ça, c’est exact. NDLR) Il est raisonnable de parier que le monde qui émergera de l’autre côté de la pandémie sera beaucoup moins coopératif et ouvert que celui qui y est entré. C’est là que les tendances actuelles nous mènent. (Ça, c’est totalement faux. Le mode de production capitaliste –le monde comme le nomme l’éditorialiste – n’a jamais été coopératif – solidaire et ouvert. NDLR)
M.W. « Mais cela ne rend pas la chose souhaitable. Lorsque nous regardons les terribles erreurs du passé, nous devons être frappés par leur caractère compréhensible et humain, et par le fait que la dérive vers les conflits et l’effondrement économique semblait inéluctable aux yeux des responsables. Nous devons également voir que le nationalisme aveugle et les fantasmes de grandeur n’ont pas produit un élégant équilibre des pouvoirs, mais plutôt un cataclysme. C’est de cette catastrophe qu’est né le monde de la coopération institutionnalisée. Ce type de monde n’est pas devenu moins nécessaire. Il est juste devenu beaucoup plus fragile.»
La globalisation a apporté une diminution de l’inégalité globale
M.W. «Surtout, nous ne devons pas oublier que la concurrence effrénée des grandes puissances a normalement (mais pas toujours) pris fin. Pourtant, l’économie mondiale est aujourd’hui beaucoup plus intégrée que jamais et les coûts de la dématérialisation doivent donc être proportionnellement plus élevés. Nous devons également nous rappeler que les armes dont nous disposons aujourd’hui sont beaucoup plus destructrices que celles d’il y a un siècle. Cette fois encore, il n’y a pas de puissances extérieures capables de sauver la Chine et les États-Unis d’eux-mêmes. Plus important encore peut-être, nous avons besoin d’un niveau de coopération mondiale bien plus élevé que jamais si nous voulons gérer notre patrimoine commun. Nous vivons une époque difficile et dangereuse. Nous devons être à la hauteur de la situation, mais nous ne le sommes pas. C’est un fait. Reconnaissez-le.»
(Comment analyser cette diatribe et ce trémolo hypocrite que l’on pourrait retrouver dans une encyclique papale aussi bien que dans la Pravda? Premièrement, soulignons que la concurrence effrénée n’est pas le propre des grandes puissances économiques, mais de tous les pays capitalistes sans exception, la concurrence est une loi incontournable du capital. L’oukase à propos de l’équilibre de la terreur et des armes destructrices paraît risible en pleine pandémie virale meurtrière, au moment même où Donald Trump menace de reprendre les essais nucléaires. Enfin, quelle supplication ridicule que cet appel à des : «puissances extérieures capables de sauver la Chine et les États-Unis d’eux-mêmes». En effet, le dieu capital pousse la puissance américaine déclinante dans ses derniers retranchements face au challenger chinois et seul le prolétariat international pourra mettre fin définitivement à cette succession de guerres de succession en abolissant ce mode de production moribond. Les7).
NOTES
- https://en.wikipedia.org/wiki/First_globalization
- https://www.whitehouse.gov/wp-content/uploads/2020/05/U.S.-Strategic-Approach-to-The-Peoples-Republic-of-China-Report-5.20.20.pdf
- https://cpb-us-e1.wpmucdn.com/blogs.gwu.edu/dist/1/2181/files/2019/10/Brunnermeier-et-al_TWQ_41-3.pdf
- https://static1.squarespace.com/static/5d0ed7795d764000017ccc00/t/5dbb192d3c4c5e7eaef8eec3/1572542772111/Globalization+and+Nationalism.pdf
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