La mort d’un homme serait-elle essentialisée à des fins politiques ? C’est la questions que nous posons après les événements de Minneapolis, dont les feux ne sont d’ailleurs pas éteints. En effet, le policier qui a étouffé l’homme qu’il appréhendait a été inculpé, et les choses devraient rentrer dans l’ordre, comme dans toute affaire de justice. Mais ce n’est pas le cas. Et la bavure d’un policier devient le procès des Blancs (pro-Trump)…
Le policier de Minneapolis filmé en train de plaquer au sol George Floyd, a été inculpé « de meurtre (au 3e degré) et d’homicide involontaire ». Derek Chauvin a été démis de ses fonctions et placé en détention provisoire https://t.co/4vCBGr6J9D pic.twitter.com/2bO2K5RxOY
— Le Parisien (@le_Parisien) May 29, 2020
Or, les choses continuent, et s’amplifient : les manifestants en majorité noirs montent des barricades devant la Maison-Blanche, et la ville de Minneapolis connaît toujours des scènes d’émeutes.
En France, la Noire de service – c’est sa profession, noire – monte évidemment au créneau et sur ses grands chevaux :
Quelle insensibilité ! Commenter aussi froidement l’agonie d’un être humain en le qualifiant de « malabar » dont le corps robuste n’aurait pas dû ployer ainsi et ce sans que personne ne s’en offusque ? Un nouvel épisode de la longue histoire de la déshumanisation dès Noir.e.s. https://t.co/jjZfza16yG
— Rokhaya Diallo (@RokhayaDiallo) May 29, 2020
On pourrait arguer que, au-delà de l’historique lourd des rapports entre communautés blanche et noire aux USA, une telle affaire pourrait aujourd’hui se traiter en fait divers, regrettable mais courant, mais la mort d’un Noir déclenche toujours un courant électrique outre-Atlantique.
Nous n’allons pas rentrer dans l’analyse d’une possible ingénierie politique anti-Trump, tout le monde connaît la musique du Black Lives Matter, avec l’orchestration médiatique de la côte Est. Sans faire de rapprochement hasardeux, la mort d’un Noir aux États-Unis équivaut à la mort d’un juif chez nous : c’est toute une communauté qui réagit comme un seul homme.
Barack et la Shoah des Noirs
Si l’agissement du policier est condamnable, son inculpation aurait dû mettre un terme à toute l’affaire. Or voilà qu’elle déborde sur la Maison-Blanche, ce que nous avions prévu, et que l’ex-président Obama s’en empare. Il n’y a pas de petit profit politique, même quand il s’agit de la mort d’un homme !
Barack a donc pondu un communiqué, où il déclare :
« Cela ne devrait pas être “normal” dans l’Amérique de 2020. Cela ne peut pas être “normal”. »
Le bla-bla humaniste à bon marché se poursuit :
« Si nous voulons que nos enfants grandissent dans un pays qui est à la hauteur de ses idéaux les plus grands, nous pouvons et devons faire mieux. »
Ça c’est sûr, monsieur le Président ! Mais ça s’adresse aux policiers, qui ont la gâchette facile aux USA, et aux émeutiers qui prennent prétexte de la mort d’un homme pour transformer une bavure en racisme d’État.
Nous ne nous lancerons pas dans un comptage des morts de Blancs par balles policières, ça ne voudrait rien dire (un Noir serait tué parce que noir et un Blanc parce que récalcitrant ?), mais nous n’effaçons pas non plus le contentieux Noirs/Blancs qui sévit là-bas. Le racisme y est plus dû à l’histoire et au capitalisme financier qu’à un Donald Trump qui hérite de tout le bordel. Et ceux qui dans la presse manipulent la frustration noire devraient peut-être se retourner sur l’histoire de l’esclavage, dans laquelle leurs ancêtres ne sont pas blancs-blancs !
La colère noire utilise donc le canal des bavures pour s’exprimer. Cela rappelle les manifestations pro-OJ Simpson en Californie : le public noir défendait bec et ongles son idole, symbole de la réussite d’un Noir, un Noir qui était pourtant accusé de double meurtre, avec toutes les preuves les plus énormes contre lui. Il sera malgré des charges écrasantes acquitté au pénal en 1995, mais reconnu coupable au civil. La défense aura réussi à choisir un jury à dominante noire. Ce sera l’histoire d’un procès racialisé, essentialisé, communautarisé.
La colère sociale noire sera plus forte que la raison. Les avocats d’OJ, payés à prix d’or, donneront au procès une tournure politique, en déplaçant l’accusation sur le terrain du racisme. Un racisme qui existe par ailleurs, mais qui n’a jamais existé pour OJ, et qui lui sera bien utile…
Chez nous, c’est l’outil de l’antisémitisme qui joue le même rôle et qui protège de nombreuses personnalités communautaires des griffes de la justice, ou qui tord le droit à son avantage.
La question du jour
Parce qu’ils ont souffert par le passé, les Noirs et les juifs sont-ils éternellement innocents ?
Vous avez quatre heures.
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