Source : spectator.co.uk / Traduction : Strategika
Selon Camilla Stoltenberg, directrice générale de l’Institut norvégien de santé publique, le confinement n’était pas nécessaire pour gérer le covid-19.
La Norvège est en train de dresser un tableau de ce qui s’est passé avant le confinement et sa dernière découverte est assez significative. Elle utilise les données observées – chiffres des hôpitaux, nombre d’infections, etc. – pour dresser un tableau de ce qui s’est passé en mars. À l’époque, personne ne savait vraiment comment les choses allaient évoluer. On craignait que le virus ne se répande et que chaque personne en infecte à son tour deux ou trois autres – on affirmait aussi que seul le confinement pouvait ramener ce taux de croissance exponentiel (appelé nombre R) à un niveau sûr de 1. C’est l’hypothèse avancée dans divers graphiques par l’Imperial College de Londres pour la Grande-Bretagne, la Norvège et plusieurs pays européens (NDT : voir aussi : « Coronavirus : accélérateur historique »).
Mais l’autorité sanitaire norvégienne a publié un rapport dont la conclusion est frappante : le virus ne s’est jamais propagé aussi vite qu’on le craignait et était déjà en voie de disparition lorsque le verrouillage a été ordonné. « Il semble que le taux de reproduction effectif soit déjà tombé à environ 1,1 lorsque les mesures les plus complètes ont été mises en œuvre le 12 mars, et qu’il n’aurait pas suffi de grand-chose pour le faire baisser en dessous de 1 … Nous avons vu rétrospectivement que l’infection était en train de diminuer »[1].
Voici le graphique, avec le chiffre R sur l’échelle de droite :
Cela soulève une question gênante : le confinement était-il nécessaire ? Qu’a-t-il permis de réaliser qui n’aurait pas pu l’être par une mise à distance sociale volontaire ? Camilla Stoltenberg, directrice de l’Institut norvégien de santé publique, a donné une interview où elle est franche sur les implications de cette découverte : « Notre évaluation actuelle – et je trouve qu’il y a un large consensus en ce qui concerne la réouverture – était qu’on pouvait probablement obtenir le même effet – et éviter une partie des répercussions malheureuses – en ne fermant pas. Mais, au lieu de cela, rester ouvert avec des précautions pour arrêter la propagation »[2]. Il est important de l’admettre, dit-elle, car si les niveaux d’infection augmentent à nouveau – ou si une deuxième vague frappe en hiver – il faut être brutalement honnête sur la non-efficacité du confinement.
L’agence statistique norvégienne a également été la première au monde à calculer les dommages permanents causés par les fermetures d’écoles : chaque semaine d’enseignement en classe refusée aux élèves, a-t-elle constaté, freine les chances de vie et réduit de façon permanente le potentiel futur de revenus. Un pays ne devrait donc appliquer cette mesure draconienne que s’il est certain que les bases académiques de la fermeture sont solides. Et selon Stoltenberg, « la base académique n’était pas assez bonne » pour le confinement cette fois-ci.
Les Britanniques méritent la même franchise. Il existe une multitude de données britanniques à partir desquelles il est possible de tirer des conclusions : 999 appels, des infections, des données hospitalières, des chiffres hebdomadaires sur les infections respiratoires et quelque 37 000 décès dus à des infections à Covid. Et à partir de là, il n’est pas difficile pour le gouvernement britannique de faire ce que les autorités norvégiennes et suédoises ont fait : produire une estimation du nombre de R remontant à février ou mars. Et utiliser les données observées – plutôt que des hypothèses et des modèles – pour mesurer l’effet du confinement. Les résultats d’une telle étude pourraient rendre la lecture de ce rapport inconfortable pour un gouvernement qui demande encore à la police de faire respecter le confinement. Mais ces choses finissent toujours par devenir publiques à un moment donné.
Il pourrait y avoir une histoire forte à raconter. Les données britanniques, une fois rassemblées, pourraient bien montrer que des centaines de milliers de personnes seraient mortes sans le confinement – et que, bien que brutal, il s’agissait d’une mesure vitale. Mais si les données indiquent quelque chose de différent, comme c’est le cas en Norvège, alors cette discussion vaut la peine d’être menée. C’est sur ce point que se termine notre prochain article :
« Il est temps de restaurer la liberté et de passer à un système volontaire : demander une prudence continue mais demander aux gens de faire preuve de bon sens. Le pays est prêt à recevoir la confiance des gens. La question est de savoir si le Premier ministre se sent prêt à nous faire confiance. »
Fraser Nelson
[1] COVID-19-EPIDEMIEN : Kunnskap, situasjon, prognose, risiko og respons i Norge etter uke 18 Folkehelseinstituttet, 5. mai 2020
https://www.fhi.no/contentassets/c9e459cd7cc24991810a0d28d7803bd0/notat-om-risiko-og-respons-2020-05-05.pdf
[2] Ibidem
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