Les États-Unis menacent de procéder à de nouveaux essais nucléaires pour pousser la Chine à signer un traité qu’elle ne veut pas

Les États-Unis menacent de procéder à de nouveaux essais nucléaires pour pousser la Chine à signer un traité qu’elle ne veut pas

par Moon of Alabama.

L’administration Trump est hostile à tout accord qui limiterait ses capacités à construire, tester et déployer des armes nucléaires.

Elle a quitté le Traité sur les Forces Nucléaires à Portée Intermédiaire (FNI) qui limitait les déploiements de missiles nucléaires en Europe. Elle l’a fait après avoir accusé la Russie de déployer des missiles dépassant la portée autorisée par le Traité FNI. Elle n’a jamais apporté la preuve que cette affirmation était vraie.

Récemment, l’administration a annoncé qu’elle quitterait le Traité Ciel Ouvert qui permettait des vols de reconnaissance mutuelle pour ses 34 pays membres. Elle a accusé la Russie d’avoir limité les demandes américaines pour de genre de vols au-dessus de certaines zones russes. Le gouvernement russe a rejeté ces affirmations.

L’administration Trump gagne intentionnellement du temps pour renouveler le Traité New START qui limite les plateformes nucléaires stratégiques déployées par les États-Unis et la Russie. Le traité expirera le 5 février 2021. La Russie a proposé de le renouveler pour cinq ans sans aucune condition. Les États-Unis ont rejeté cette offre. Ils disent que la Chine doit être intégrée au traité même si cela n’a aucun sens.

En plus de tout cela, Trump pense maintenant à rompre le Traité d’Interdiction Complète des Essais Nucléaires que les États-Unis ont signé mais pas ratifié :

« L’administration Trump a discuté de l’opportunité de procéder au premier essai nucléaire américain depuis 1992, ce qui aurait des conséquences importantes sur les relations avec les autres puissances nucléaires et mettrait fin à un moratoire de plusieurs décennies sur de telles actions, ont déclaré un haut responsable de l’administration et deux anciens responsables familiers des délibérations.

L’affaire a été soulevée lors d’une réunion de hauts responsables représentant les plus hautes agences de sécurité nationale le 15 mai, suite aux accusations de responsables de l’administration selon lesquelles la Russie et la Chine procèdent à des essais nucléaires de faible puissance – une affirmation qui n’a pas été étayée par des preuves publiquement disponibles et que les deux pays ont démentie ».

L’affirmation selon laquelle la Russie et la Chine procèdent à des essais de faible puissance est presque certainement fausse et n’est qu’un prétexte pour éviter la ratification du traité d’interdiction des essais.

La grande blague, cependant, est que l’administration prétend qu’elle pourrait avoir besoin de tester à nouveau des dispositifs nucléaires pour aider au renouvellement du Traité New START :

« Un haut responsable de l’administration, qui comme d’autres s’est exprimé sous le couvert de l’anonymat pour décrire les discussions nucléaires sensibles, a déclaré que démontrer à Moscou et à Pékin que les États-Unis pouvaient « rapidement procéder à des essais » pourrait s’avérer utile pour les négociations alors que Washington cherche à conclure un accord trilatéral pour réglementer les arsenaux des plus grandes puissances nucléaires ».

Il n’y aura pas « d’accord trilatéral ». Les États-Unis prétendent vouloir renouveler le Nouveau Traité START en y incluant la Chine. Mais la Chine n’a absolument aucune raison de conclure un tel accord. Ce graphique de l’Association pour le Contrôle des Armements explique pourquoi :

Estimation des stocks mondiaux d’ogives nucléaires en 2019

La Russie et les États-Unis ont tous deux plus de 6 000 ogives nucléaires. Le Traité New START entre les États-Unis et la Russie limite à environ 1 400 le nombre de plates-formes – missiles, bombardiers et sous-marins – que chaque partie peut utiliser pour lancer des armes nucléaires stratégiques. La Chine possède moins de 300 ogives nucléaires et encore moins de plateformes à partir desquelles elles pourraient être lancées. Les États-Unis prétendent que la Chine doublera le nombre de ses ogives et de ses plates-formes au cours des dix prochaines années, mais il n’y a là encore aucune preuve à l’appui de cette affirmation.

Pourquoi la Chine, qui dispose de moins de capacités nucléaires que la France et la Grande-Bretagne, devrait-elle adhérer à un traité qui limiterait ses capacités alors que les États-Unis et la Russie en ont tous deux plus de vingt fois plus d’ogives ? Cela n’a aucun sens.

Il est évident que l’administration Trump utilise simplement la carte de la Chine comme excuse pour laisser le Traité New START arriver à expiration.

Le véritable espoir de l’administration est peut-être de relancer une course aux armements nucléaires. C’est ainsi que j’interprète cet argument :

« Le négociateur du Président américain Donald Trump en matière de contrôle des armements a déclaré jeudi que les États-Unis sont prêts à faire tomber la Russie et la Chine « dans l’oubli » afin de gagner une nouvelle course aux armements nucléaires.

« Le Président a clairement indiqué que nous avons ici une pratique qui a fait ses preuves. Nous savons comment gagner ces courses et nous savons comment faire tomber l’adversaire dans l’oubli. S’il le faut, nous le ferons, mais nous voudrions certainement l’éviter », a déclaré l’envoyé spécial du Président Marshall Billingslea lors d’une présentation en ligne à un groupe de réflexion de Washington ».

La « menace » d’une nouvelle course aux armements nucléaires est faite pour presser la Russie d’amener la Chine à adhérer au Traité New START :

« Marshall Billingslea, qui a été nommé le mois dernier envoyé spécial du Président pour le contrôle des armements, a déclaré jeudi qu’il avait eu son premier appel téléphonique sécurisé avec son homologue à Moscou, le vice-Ministre russe des Affaires Étrangères Sergei Ryabkov. Billingslea a déclaré qu’ils étaient d’accord pour se rencontrer, parler de leurs objectifs et trouver un moyen d’entamer les négociations.

« Ce qui est sûr c’est que ce ne sera pas facile. C’est nouveau », a déclaré Billingslea, ajoutant que les États-Unis s’attendent à ce que la Russie aide à amener la Chine à la table des négociations.

Un porte-parole du Ministère chinois des Affaires Étrangères, Geng Shuang, a déclaré en janvier que la Chine n’a « aucune intention de participer » aux négociations trilatérales sur le contrôle des armements. Billingslea, cependant, est optimiste quant à la volonté de Pékin de se joindre à ces négociations et d’être considéré comme une puissance mondiale ».

La Russie n’amènerait jamais la Chine à la table des négociations, même si elle le pouvait. Les États-Unis et la Russie sont des superpuissances de premier ordre. La Chine n’en est pas encore là.

La menace de Billingslea d’une nouvelle course à l’armement n’est pas crédible. La Russie a déjà anticipé une telle course en introduisant une génération d’armes complètement nouvelles que les États-Unis ne peuvent pas du tout contrer. La relance par Trump de la Guerre des Étoiles de Reagan ne changera rien à cela.

La Russie ne participera pas à une nouvelle course aux armements car elle dispose déjà de tout ce dont elle a besoin pour répondre à une première frappe américaine par une contre-attaque qui est garantie de détruire les États-Unis. Cette capacité est indépendante du nombre de têtes nucléaires et de lanceurs que les États-Unis déploient.

La Chine n’a pas pris part à la course aux armements de la Guerre Froide. Elle a toujours cru qu’elle disposait de capacités suffisantes pour menacer les États-Unis d’une contre-attaque, quoi qu’il arrive. Cette attitude peut être discernée à partir de cette illustration :

« Il y a un peu plus de dix ans, lors d’une réunion américano-chinoise « Track II » à Pékin, les participants américains auraient fait pression sur leurs homologues chinois au sujet des limites de l’engagement de la Chine concernant le Non Recours en Premier aux Armes Nucléaires (NFU). L’un d’eux a évoqué la possibilité de frappes conventionnelles américaines contre les forces nucléaires chinoises : que se passerait-il alors ? La Chine adhèrerait-elle au NFU au sens le plus strict du terme, ou utiliserait-elle les armes nucléaires qui lui restent pour riposter à une attaque classique de riposte ? L’un des participants chinois, un haut responsable militaire à la retraite, aurait répondu : « Essayez et vous verrez ».

Rien n’indique que la pensée de la Chine ait changé.

« Plonger l’adversaire dans l’oubli », comme le menaçait Billingslea, aurait également un certain coût. Il est fort douteux que les États-Unis soient capables ou désireux de financer cela.

Au demeurant, Billingslea est un dangereux cinglé. Sous l’administration Bush, il était le principal sous-Secrétaire Adjoint à la Défense pour les Opérations Spéciales et les Conflits de Faible Intensité et le civil responsable de la guerre contre la terreur et du système de torture menés par les forces d’opérations spéciales américaines.

S’il croit que la torture peut aider à lutter contre le terrorisme, ou que les essais nucléaires peuvent faire avancer les négociations sur le contrôle des armements, il pourrait aussi croire que les menaces irréalistes d’une course aux armements peuvent pousser la Chine à conclure un traité dont elle ne veut pas. En réalité, aucun des deux ne fonctionnera.

Mais cela correspondrait bien aux plans de Trump, qui vise à faire tomber tous les régimes de contrôle des armements dans l’oubli.

Le retrait des régimes de contrôle des armements a déjà un prix élevé, même si aucune nouvelle arme n’est achetée. À chaque mesure que l’administration a prise à cet égard, elle n’a pas gagné de nouvelles capacités mais a perdu de vue les capacités de ses ennemis présumés. Le FNI, le New START, l’interdiction des essais et le Traité Ciel Ouvert disposaient tous d’instruments de vérification et de régimes d’inspection qui permettaient à toutes les parties de se faire une idée des capacités et de la pensée des autres.

Dans quelques années, les États-Unis auront perdu beaucoup d’informations sur les armes et la pensée de la Russie. L’insécurité ainsi créée pourrait bien revenir la hanter.

source : https://www.moonofalabama.org

traduit par Réseau International

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À propos de l'auteur Réseau International

Site de réflexion et de ré-information.Aujourd’hui nous assistons, à travers le monde, à une émancipation des masses vis à vis de l’information produite par les médias dits “mainstream”, et surtout vis à vis de la communication officielle, l’une et l’autre se confondant le plus souvent. Bien sûr, c’est Internet qui a permis cette émancipation. Mais pas seulement. S’il n’y avait pas eu un certain 11 Septembre, s’il n’y avait pas eu toutes ces guerres qui ont découlé de cet évènement, les choses auraient pu être bien différentes. Quelques jours après le 11 Septembre 2001, Marc-Edouard Nabe avait écrit un livre intitulé : “Une lueur d’espoir”. J’avais aimé ce titre. Il s’agissait bien d’une lueur, comme l’aube d’un jour nouveau. La lumière, progressivement, inexorablement se répandait sur la terre. Peu à peu, l’humanité sort des ténèbres. Nous n’en sommes encore qu’au début, mais cette dynamique semble irréversible. Le monde ne remerciera jamais assez Monsieur Thierry Meyssan pour avoir été à l’origine de la prise de conscience mondiale de la manipulation de l’information sur cet évènement que fut le 11 Septembre. Bien sûr, si ce n’était lui, quelqu’un d’autre l’aurait fait tôt ou tard. Mais l’Histoire est ainsi faite : la rencontre d’un homme et d’un évènement.Cette aube qui point, c’est la naissance de la vérité, en lutte contre le mensonge. Lumière contre ténèbres. J’ai espoir que la vérité triomphera car il n’existe d’ombre que par absence de lumière. L’échange d’informations à travers les blogs et forums permettra d’y parvenir. C’est la raison d’être de ce blog. Je souhaitais apporter ma modeste contribution à cette grande aventure, à travers mes réflexions, mon vécu et les divers échanges personnels que j’ai eu ici ou là. Il se veut sans prétentions, et n’a comme orientation que la recherche de la vérité, si elle existe.Chercher la vérité c’est, bien sûr, lutter contre le mensonge où qu’il se niche, mais c’est surtout une recherche éperdue de Justice.

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