Les Espagnols ont retrouvé lundi leurs plages, les Italiens leurs piscines : l’Europe poursuit son déconfinement après des semaines de paralysie en raison du coronavirus, qui a fait au moins 344 000 morts sur la planète et continue sa progression, notamment en Amérique latine.
À Madrid, c’est une bouffée d’air : jusqu’alors toujours soumis à l’un des confinements les plus stricts du monde face à la pandémie partie de Chine fin 2019, les habitants de la capitale espagnole ont bénéficié d’un premier allégement, avec la réouverture des terrasses des cafés, des restaurants et des espaces verts.
Dès l’aube, des centaines de Madrilènes ont pris d’assaut le parc du Retiro, dont les portes se sont ouvertes pour la première fois en dix semaines.
« La réouverture du Retiro m’apporte une certaine sérénité, un certain réconfort », se réjouit Rosa San José, 50 ans, se promenant en tenue de sport, un masque blanc sur le visage. Sur une partie du littoral espagnol, les plages redeviennent également accessibles.
Autre pays lourdement frappé par la COVID-19, l’Italie a franchi une nouvelle étape dans la levée des restrictions, avec la réouverture des salles de sport et des piscines, une semaine après celle des restaurants.
En France, le nombre de morts en 24 heures (90) a continué à baisser lundi, ainsi que celui des personnes hospitalisées et en réanimation.
Au Luxembourg, le gouvernement a annoncé pour cette semaine la réouverture des cafés et restaurants et l’autorisation des cérémonies religieuses.
La principauté d’Andorre a quant à elle rouvert ses frontières aux visiteurs français et espagnols.
Vols intérieurs en Inde
En Grèce, les terrasses des tavernes et des cafés ont rouvert lundi, une semaine plus tôt que prévu pour soutenir le secteur de la restauration avant un retour espéré des touristes à la mi-juin.
« C’est la période de l’année en Grèce où l’on commence à vivre dehors […] Si nous sommes à l’extérieur avec une certaine distance entre les tables, je n’ai pas l’impression que nous prenions des risques énormes », soutient Stella, une étudiante assise sur une terrasse de Kolonaki, quartier chic athénien.
À Kiev, la capitale ukrainienne, le métro a repris du service.
Partout, les distances de sécurité et les gestes barrières sont de mise pour éviter une possible deuxième vague, redoutée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
À la suite de la publication d’une étude dans la revue médicale britannique The Lancet jugeant inefficace, voire néfaste, le recours à la chloroquine ou à ses dérivés comme l’hydroxychloroquine contre la COVID-19, l’OMS a par ailleurs suspendu « temporairement » les essais cliniques de cette molécule controversée.
Le président Donald Trump, qui avait dit prendre ce médicament à titre préventif, a indiqué dimanche avoir arrêté. « Terminé, je viens de terminer », a-t-il dit dans une interview à Sinclair Boradcasting. « Et, au fait, je suis toujours en vie. Pour autant que je sache, je suis là ».
En Inde, les vols intérieurs ont repris lundi. Parmi les conditions posées pour pouvoir embarquer : se soumettre à une prise de température et disposer de l’application de traçage du gouvernement, Aarogya Setu.
L’Iran, de loin le pays du Moyen-Orient le plus touché par la pandémie, a quant à lui rouvert lundi ses principaux sanctuaires chiites, dont ceux de Machhad et de Qoms.
Bain de foule
Si la pandémie apparaît sous contrôle en Europe et ralentit sa progression aux États-Unis, elle accentue ses ravages en Amérique latine, son « nouvel épicentre » selon l’OMS.
Particulièrement frappé, le Brésil, a constaté la mort de plus de 22 600 personnes. Hostile aux mesures de confinement et aux gestes barrières, le président Jair Bolsonaro n’a pas hésité dimanche à prendre un bain de foule à Brasilia, tombant le masque, serrant des mains et portant même un enfant sur ses épaules.
Face à la dégradation de la situation dans ce pays, Donald Trump, pourtant un allié de M. Bolsonaro, a interdit dimanche l’entrée aux États-Unis aux voyageurs non américains arrivant de ce pays.
Le chiffre des 100 000 morts devant être atteint cette semaine aux États-Unis, le pays le plus touché de la planète, les drapeaux ont été mis en berne pour trois jours.
Le déconfinement se poursuit cependant sur le territoire américain avec là aussi la volonté de relancer l’économie. Les New-Yorkais ont ainsi pu redécouvrir la plage dimanche.
Le candidat démocrate à la Maison-Blanche, Joe Biden, avec impressionnant masque noir sur le visage, a fait lundi sa première apparition publique, pour une brève cérémonie de dépôt de gerbe en l’honneur des anciens combattants.
Au Mexique, le président Andres Manuel Lopez Obrador a prévenu que son pays se trouvait « au moment le plus douloureux de la pandémie ». Il a estimé que la crise allait y entraîner la perte d’un million d’emplois en 2020.
Au Chili, où un record de contaminations a été enregistré lundi, le président Sebastian Piñera a jugé que le système de santé national était saturé et « très proche de ses limites ».
Le Pérou a prolongé le confinement jusqu’au 30 juin. En Argentine, l’isolement social obligatoire a été prolongé jusqu’au 7 juin, le nombre des contaminations ayant été multiplié par cinq à Buenos Aires en deux semaines.
En Égypte, le syndicat des médecins égyptiens a mis en garde lundi contre une « catastrophe sanitaire » à venir, blâmant la « passivité et la négligence » du ministère de la Santé face à la propagation du virus parmi le personnel soignant en Égypte.
Le Royaume-Uni, le deuxième pays le plus endeuillé (près de 37 000 morts), prévoit d’entamer son déconfinement le 1er juin, avec une réouverture partielle des écoles.
Le premier ministre britannique, Boris Johnson, a annoncé lundi sa volonté de rouvrir le 15 juin tous les commerces, à l’exception des coiffeurs, instituts de beauté, et hôtels.
Dans la station balnéaire de Bournemouth, dans le sud de l’Angleterre, des milliers de personnes ont ignoré les interdictions et ont pris le soleil sur les plages.
En Irlande, aucun décès causé par le virus n’a été enregistré lundi, une première depuis le 11 mars, a annoncé le ministère de la Santé.