Alors que les gouvernements et les institutions préparent des « plans de relance » en réponse à la COVID-19, des centaines d’organisations issues de la société civile demandent que ces plans appuient la construction d’un avenir plus juste, sain et équitable pour les humains et les écosystèmes, avec le lancement aujourd’hui d’une déclaration de six principes pour une relance juste.
Les groupes signataires représentent tous les secteurs de la société civile : des organisations œuvrant sur des enjeux de santé, d’environnement, syndicaux, de coopération internationale, de droits humains et d’économie sociale. Unie derrière les six principes énumérés ci-dessous, la société civile demande que les efforts de relance ne servent pas à consolider des activités économiques et des systèmes qui nuisent aux conditions de vie sur la planète ni à les remplacer par d’autres activités ou systèmes fondés sur la dégradation de la nature ou l’exploitation des populations. Au contraire, ils doivent servir à accélérer une transition vers une économie viable.
« Ces six principes représentent à la fois un cri d’alarme, un cri d’espoir et un appel à l’action », explique Eddy Pérez du Réseau action climat Canada. « Nos voix sont multiples et diversifiées et les gouvernements doivent nous entendre. Maintenir l’intenable statu quo qui nous divise, nous contamine et nous appauvrit – ce n’est tout simplement pas un choix. Au travers de cette déclaration nous réitérons que la santé, l’amélioration des conditions des vies et l’urgente protection de l’environnement ne sont tout simplement pas négociables. »
Les six principes d’une relance juste représentent les éléments essentiels qui doivent guider la création, la mise en oeuvre et l’évaluation des plans de relance de nos gouvernements :
1. Donner la priorité à la santé et au bien-être des populations, sans exception
2. Renforcer le filet social et fournir de l’aide à la population
3. Donner la priorité aux travailleuses et travailleurs, ainsi qu’à leurs communautés
4. Renforcer la résilience pour prévenir de futures crises
5. Renforcer la solidarité et l’équité entre les communautés et les générations au-delà des frontières
6. Respecter les droits des peuples autochtones et travailler en partenariat avec eux
Quelques citations d’organisations signataires :
« Ces derniers mois, nous avons été confronté.e.s aux limites de nos soins, alors que nous avons perdu des milliers de vies à la COVID-19. Cette pandémie nous donne une leçon d’humilité : nous devons agir en amont et prévenir et nous devons le faire rapidement. Alors que les gouvernements s’apprêtent à relancer tous les secteurs de l’économie, nous sommes forcés de faire des choix politiques importants. Face à des futures crises comme celles qui peuvent être accentuées par la crise climatique, nous devons nous donner comme obligation de protéger chaque vie, sans exception, sans discrimination et ce en favorisant une transition écologique juste vers un monde plus résilient », explique Dre Claudel Pétrin-Desrosiers, Présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) et co-porte-parole de La Planète s’invite en santé.
« La pandémie a exposé les vulnérabilités de notre société. Comment répondrons-nous aux prochaines crises? En les subissant passivement et en improvisant dans l’urgence, ou en se concertant de façon solidaire afin d’accroître notre résilience? Nous avons le choix. En matière de changements climatiques, une relance guidée sur ces principes nous aidera à aplatir une autre courbe…celle des GES », précise Caroline Brouillette d’Équiterre, soulevant les préoccupations de plusieurs groupes environnementaux à travers le pays.
« Dans un pays qui a promis la réconciliation, avec une communauté scientifique qui reconnaît la nécessité d’écouter les savoirs autochtones et au milieu d’une crise sanitaire qui expose les injustices sociales qui frappent les communautés autochtones de plein fouet, ne suivons plus ce modèle basé sur la colonisation d’un territoire mais pensons réparation du tissus social pour un avenir commun bénéfique », constate Mélissa Mollen-Dupuis, co-initiatrice de la section québécoise du mouvement Idle No More.
« Pour le mouvement syndical, la relance économique doit tenir compte des travailleuses et des travailleurs, ainsi que de leur communauté! Nous voulons une transition énergétique ayant à coeur le droit au travail et à l’emploi et une amélioration des conditions de vie. Le dialogue social est essentiel, nous voulons pouvoir nous exprimer sur la relance, ça nous concerne tous ! », ajoute pour sa part Denis Bolduc, secrétaire général de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ), qui souligne l’inquiétude de nombreuses organisations syndicales.
« Nous nous unissons aujourd’hui dans toute notre diversité parce que nous comprenons les interconnexions profondes entre santé, inégalités sociales, crise climatique, droits de la personne et conditions des travailleurs et travailleuses. Face aux crises, nous faisons front commun pour exiger la transition vers une économie qui a pour finalité le bien-être de toute la population, sans exception », affirme Albert Lalonde, co-porte-parole de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES).
« La crise de la COVID-19 contribue à exacerber des inégalités et des injustices déjà criantes au Canada et dans les pays du Sud. La relance doit passer par une plus grande solidarité internationale et un changement de système pour construire un avenir plus juste, plus sain et plus équitable », ajoute Michèle Asselin, directrice générale de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI).
« L’épanouissement de notre société passe par notre capacité de repenser nos modes de développement – sur tous les plans – pour qu’ils répondent de façon plus équitable et durable aux besoins des communautés. L’économie sociale constitue sans aucun doute un levier important pour ce faire et ses acteurs, déjà actifs et innovants partout sur le territoire, sont mobilisés pour contribuer à cette relance », explique Béatrice Alain, directrice générale du Chantier de l’économie sociale.
Le statu quo est intenable
Les organisations signataires refusent un retour aux approches économiques pré-pandémie qui nourrissaient déjà une crise écologique, climatique et sociale dont les impacts pourraient être encore plus importants et irréversibles que ceux que nous vivons présentement. Ils mettront désormais ces six principes de l’avant dans leur travail avec les différents paliers de gouvernement dans le but de bâtir ensemble un avenir plus juste, plus lumineux et plus résilient.
À propos du mouvement pour une relance juste
Le travail collectif de dizaines d’organisations issues de nombreux secteurs de la société civile canadienne et en collaboration avec des groupes autochtones, a abouti à une déclaration sur les six principes d’une relance juste en réponse à la COVID-19. La déclaration a été signée par des centaines d’organisations dans les dernières semaines et servira désormais de base pour le travail de la société civile avec les différents paliers de gouvernement.
Crédit photos : canva.com
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