Dans leur lettre envoyée aujourd’hui au premier ministre François Legault et à son Conseil des ministres, les travailleuses, travailleurs, étudiantes et étudiants de la santé et des services sociaux recommandent une relance économique québécoise qui priorise l’environnement et la lutte aux changements climatiques. Les signataires soulignent que les leçons tirées de la pandémie doivent servir dès maintenant à nous préparer à la crise climatique, une crise sanitaire grandissante reconnue comme étant “la plus grande menace à la santé du 21e siècle” par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Investir dans l’environnement est une priorité pour la santé
En énonçant six priorités, cette coalition de 20 organisations de la santé et services sociaux, dont 2 facultés universitaires, demande au gouvernement québécois de fonder son plan de relance économique sur un cadre législatif ambitieux pour une transition rapide du Québec vers la carboneutralité. Les investissements de la relance doivent viser la décarbonisation de l’ensemble des secteurs et municipalités du Québec, le verdissement urbain et la production alimentaire locale, la santé publique ainsi qu’un réseau de la santé carboneutre et résilient. Ces mesures entraîneraient des épargnes significatives en soins de santé, qui doivent être prises en considération dans les coûts de la transition. Dans le sillage de la COVID-19, les organisations québécoises de la santé et des services sociaux affirment qu’une relance verte constitue la seule option viable face aux menaces sanitaires de grande échelle.
Des bénéfices pour la santé supérieurs aux coûts initiaux
Tous les investissements proposés par le regroupement engendreraient des co-bénéfices importants pour la santé. L’inaction favorise quant à elle déjà la croissance des impacts sanitaires de la crise climatique. On note des conséquences graves à la santé en raison de la pollution de l’air, les canicules, les feux de forêts ainsi que la propagation des allergènes et de vecteurs infectieux accrus. Ces phénomènes augmentent les maladies cardiovasculaires, respiratoires, infectieuses et mentales, menant à plus de décès et d’hospitalisations. Le gouvernement de M. François Legault a la responsabilité d’agir maintenant pour atténuer ces conséquences du réchauffement climatique en amont, afin d’alléger un fardeau qui deviendrait insoutenable pour nos soins de première ligne et notre réseau de la santé. Les coûts de transition vers un Québec carboneutre seraient grandement inférieurs aux épargnes en santé engendrées, qui se chiffrent en milliers de vies et en milliards de dollars.
Après le cri d’alarme, l’appel à l’action
Après avoir déclaré un “code bleu” face à l’urgence d’agir pour le climat en avril 2019, les organisations professionnelles et étudiantes de la santé et des services sociaux du Québec joignent aujourd’hui leur voix à celles d’économistes, de scientifiques, de leaders sociaux, syndicaux et environnementaux pour demander à M. François Legault et à son Conseil des ministres de prioriser une relance verte de l’économie québécoise afin de protéger la santé collective. Ce regroupement de la santé comprend des organisations dont l’expertise en santé publique, santé environnementale, gestion durable du réseau de la santé, éducation médicale et soins de première ligne pourraient d’ailleurs faciliter l’élaboration et la mise en oeuvre d’un plan de relance verte qui veillerait à la santé des Québécois et Québécoises. Dans le sillage de la crise du coronavirus, il y a aussi urgence d’aplanir la courbe de la crise climatique.
En résumé: les six priorités pour une relance économique bénéfique pour la santé
1. Se doter d’une loi forte pour soutenir les décisions nécessaires à l’atteinte rapide de la carboneutralité du Québec.
2. Soutenir la décarbonisation de l’ensemble des secteurs et municipalités du Québec.
3. Intégrer les économies anticipées en santé dans les analyses de coûts de transition énergétique.
4. Investir dans le verdissement urbain et la production alimentaire locale.
5. Assurer le financement suffisant et pérenne de la santé publique.
6. Supporter financièrement et logistiquement la transition du réseau de la santé vers la carboneutralité.
Liste des signataires de la lettre de la santé au premier ministre François Legault et au Conseil des ministres:
- La Planète s’invite en santé (LPSS)
- Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
- Association étudiante en sciences infirmières du Québec (AÉSIQ)
- Faculté de médecine de l’Université de Montréal
- Médecins du Monde
- Synergie Santé Environnement (SSE)
- Forum de la Relève Étudiante pour la Santé au Québec (FRESQue)
- Jeunes médecins pour la santé publique (JMPSP)
- Médecins québécois pour le régime public (MQRP)
- Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke (FMSS)
- Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ)
- Fédération des kinésiologues du Québec (FKQ)
- Association des médecins d’urgence du Québec (AMUQ)
- Canadian Association of Nurses for the Environment / Association d’infirmières et infirmiers pour l’environnement (CANE / AIIE)
- Collège québécois des médecins de famille (CQMF)
- Ça marche Doc !
- Fédération internationale des associations d’étudiants en médecine – Québec (IFMSA-Québec)
- Association pour la santé publique du Québec (ASPQ)
- Association étudiante de l’École de santé publique de l’Université de Montréal (AÉÉSPUM)
Ce qu’en disent les signataires:
“En pleine lutte contre le coronavirus, la mobilisation des organisations de la santé et des services sociaux pour une relance verte du Québec en dit long sur l’urgence d’agir face à la crise climatique. Dès maintenant, nous avons besoin de décisions plus ambitieuses et fondées sur des données probantes pour aplatir également la courbe de la crise sanitaire due à des décennies de négligence environnementale.”
- Mme. Olena Zotova, Présidente du Conseil exécutif de La Planète s’invite en santé (LPSS) et étudiante en médecine à l’université McGill
« Alors que le gouvernement doit faire des choix financiers et politiques importants, il est crucial que la relance économique mise d’abord et avant tout sur une transition écologique juste qui priorise la santé de tous et chacun. Celle-ci le potentiel unique d’influencer la santé et le bien-être des générations actuelles et futures. Il est temps que le Québec se saisisse pleinement des opportunités à sa portée pour protéger et promouvoir la santé de toute sa population. »
- Dre. Claudel P-Desrosiers, Présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)
“La pandémie liée à la COVID-19 nous rappelle tristement les facteurs contribuant à l’émergence de zoonoses, ces maladies infectieuses transmises à l’Homme par les animaux. L’OMS reconnaît le rôle des changements climatiques, de la déforestation et de l’agriculture et de l’élevage intensifs comme facteurs contributifs à l’émergence de telles maladies. La relance verte doit se faire avec ces éléments en tête afin d’éviter de nouveaux drames.”
- Dre Roxanne Houde, Co-présidente de Jeunes médecins pour la santé publique (JMPSP)
“Avec de petits gestes collectifs attentionnés pour la Planète, ensemble nous réussirons à la protéger afin que nous et nos descendants puissent y vivre sainement.”
- Dre. Hélène Boisjoly, Doyenne de la Faculté de médecine de l’Université de Montréal
“Les changements climatiques doivent mobiliser l’ensemble des secteurs de notre société, et notre faculté de médecine et des sciences de la santé forme avec soin la relève qui, demain, sera notre première ligne de soins de santé. S’il faut tirer une leçon de la crise actuelle, c’est la nécessité de renforcer, avec la santé publique, les services de première ligne. Nous souhaitons que le gouvernement consulte et collabore avec ces acteurs aujourd’hui, afin d’être mieux préparé demain.”
- Dr. Dominique Dorion, doyen; Dre. Ève-Reine Gagné, vice-doyenne au programme de doctorat en médecine; et Dre. Marie Giroux, vice-doyenne à la pédagogie, au développement professionnel et à la responsabilité sociale, Faculté de médecine et des sciences de santé de l’Université de Sherbrooke.
“Les enjeux d’approvisionnements, de transport et d’alimentation sont primordiaux et nous devons promouvoir des systèmes locaux et circulaires afin d’agir concrètement contre les émissions de GES, mais aussi afin de promouvoir une économie responsable et pérenne et ainsi prendre soin des populations vulnérables !”
- Mme. Nathalie Robitaille, Directrice générale de Synergie Santé Environnement (SSE)
“Pour les étudiantes et les étudiants en médecine du Québec, le lien entre les changements climatiques et la santé est clair. Les actions gouvernementales pour le climat qui seront entreprises à la sortie de la crise de la COVID-19 seront décisives pour la santé des Québécois et Québécoises au court et à long terme. Il faut agir tous ensemble, le bien-être physique et mental de notre population passe par la lutte aux changements climatiques.”
- Mme. Roxanne St-Pierre-Alain, Vice-présidence de la Fédération médicale étudiante du Québec (FMEQ)
“Une population Québécoise plus active aurait davantage d’impacts sur la réduction de l’empreinte carbone.”
- Mme. Valérie Lucia, Directrice générale de la Fédération des kinésiologues du Québec (FKQ)
“Tout comme le changement climatique a été considéré à la fois comme un défi et une opportunité pour protéger et promouvoir la santé publique, la pandémie de covid-19 nous offre l’occasion de réfléchir aux priorités pour le bien-être de la société. Nous devons avoir le courage et la force de prendre des mesures qui nous libéreront de notre dépendance aux combustibles fossiles et créeront un avenir dans lequel notre jeunesse pourra s’épanouir. “
- Mme. Fiona Hanley, Représentante québécoise de l’Association d’infirmières et infirmiers pour l’environnement (AIIE)
“Le Collège québécois des médecins de famille participe à la défense de causes sociales et environnementales par l’adoption de meilleures pratiques au bénéfice de la santé de la population. ”
- Dre. Caroline Laberge, Présidente du Collège québécois des médecins de famille (CQMF)
“Le verdissement urbain permet de diminuer de 9 % le risque de maladie cardiovasculaire. Et ce n’est pas tout, selon des centaines d’études médicales, un verdissement urbain optimal qui viserait 40% de canopée pourrait diminuer d’environ 39 % la prévalence du stress, 7 % la prévalence de la dépression, 11 à 19 % la prévalence de l’autisme, 14 % le risque de diabète, 13 % le risque d’hypertension artérielle, 40 % le risque d’embonpoint ou d’obésité, 6% la prévalence de l’asthme, 10% la mortalité respiratoire, 13% la mortalité par cancer et de 10 à 20% la mortalité générale prématurée. Le gouvernement du Québec se doit d’investir massivement dans le verdissement urbain pour protéger la santé et le bien-être de la population. Le statu quo nous coûterait très cher. Les coûts annuels de ces maladies au Québec ont été estimés à plus de 26 milliards $. La prévention – même très partielle – de ces maladies par un verdissement efficace présente un potentiel énorme d’économies en coûts de santé, chaque année. Un simple 4 % de réduction de prévalence épargnerait 1 milliard $ en coûts de santé annuels.”
- Mme. Johanne Elsener, Coordonnatrice de projet “Ça marche Doc!”
“La lutte aux changements climatiques représente la plus grande opportunité de protéger la santé des Québécois et Québécoises. Les étudiant-e-s en médecine du Québec reconnaissent l’urgence et la nécessité d’un verdissement de notre économie qui offrirait d’indéniables bénéfices financiers, sociaux et en santé. Les changements climatiques affectent toutes les populations mais surtout les groupes vulnérables tel que démontré par la crise de la CoVID-19. Il est donc de notre responsabilité tel qu’ancré dans nos valeurs québécoises de n’oublier personne. Ainsi, lorsque la pandémie actuelle sera contrôlée, notre société fera face à la question de la relance économique. Nous espérons que le Québec saura faire preuve d’un leadership exemplaire en adoptant une transition écologique pour une relance économique respectueuse de la santé.”
- Mme. Yousra-Imane Benaskeur, Présidente et Mme. Rosa Lakabi, Vice-présidente aux Affaires Externes, IFMSA-Québec
À propos de La Planète s’invite en santé: “La santé, au coeur de l’action climatique”
La Planète s’invite en santé (LPSS) est un collectif interprofessionnel qui mobilise les professionnels, étudiant(e)s et organisations de la santé dans la lutte contre les changements climatiques, pour le bien de la santé.
Source: Lire l'article complet de L'aut'journal