Dimanche 17 mai, la revue américaine Politico a rapporté que le sénateur américain Joe Biden avait fait part de ses projets concernant Donald Trump en cas de victoire à l’élection présidentielle, promettant de poursuivre le président sortant pour ses crimes éventuels.
Joe Biden a certainement des motifs personnels. Car c’est le président sortant qui a incité le parquet ukrainien à enquêter sur l’activité du fils de l’ancien vice-président, Hunter Biden, qui faisait partie du conseil d’administration de la compagnie gazière Burisma.
De plus, Donald Trump affirmait en mars dans une interview à la chaîne Fox News que les « exploits » ukrainiens des Biden deviendront le thème central qu’il compte médiatiser pendant la campagne électorale.
Les plus grands succès de la compagnie gazière relativement modeste Burisma ont curieusement coïncidé avec l’apparition de Hunter Biden au sein de son conseil d’administration. Autre coïncidence – le père de Hunter, le vice-président américain Joe Biden, supervisait activement l’Ukraine à l’époque.
Bien que Burisma se positionne comme la plus grande compagnie privée de production de gaz en Ukraine, sa part dans ce secteur est inférieure à 5%. Difficile à dire quelle a été la contribution de Hunter Biden dans la compagnie, mais, selon différentes informations, son salaire mensuel était compris entre 50.000 et 150.000 dollars. Et même si la compagnie ne produisait pas une grande quantité de gaz, elle bénéficiait clairement d’une couverture des autorités ukrainiennes. Car Burisma parvenait à obtenir plus de licences de production que toutes les autres compagnies ukrainiennes réunies. Par exemple, en 2017, elle a obtenu 29 licences, alors que la DTEK Neftegaz de Rinat Akhmetov en a obtenu trois.
La compagnie où travaillait Hunter Biden aurait réussi à obtenir via une société interposée néerlandaise grâce à la ressource administrative le droit d’exploitation du plus grand gisement de gaz en Ukraine de Yuzivska, dont les réserves se situent sur le territoire des régions de Kharkov et de Donetsk. Elles sont estimées à 150-450 milliards de mètres cubes.
Plus tôt, la compagnie Shell a tenté de lancer la production du gaz de schiste, mais la guerre qui a éclaté dans le Donbass a poussé à renoncer à cette idée.
Il a été immédiatement rapporté que les Biden veulent s’emparer du marché de schiste ukrainien via la compagnie Burisma. Il se pourrait que ce soit effectivement le cas. Mais à en croire l’investigation de journalistes ukrainiens du site Realist, leur plan est encore plus grandiose. Sachant qu’il n’a pratiquement rien à voir avec la « révolution de schiste » en Ukraine.
Le fait est que la production de gaz de schiste à grande profondeur est techniquement complexe et nécessite de sérieux investissements. Et le coût de production de ce gaz est élevé. De plus, les compagnies ukrainiennes n’ont ni expérience ni équipements pour cela.
Bref, Burisma a choisi un autre chemin. Elle a annoncé la production de gaz de schiste par fracturation hydraulique (ou fracking) en effectuant des versements au trésor selon un taux préférentiel. Mais en réalité elle avait l’intention de procéder à une extraction de gaz à faible profondeur de manière traditionnelle. Ce qui peut être qualifié de fraude.
Le gaz de schiste en Ukraine aujourd’hui
Bien que l’Ukraine soit un importateur de gaz, elle dispose également de ses propres réserves, qui sont conséquentes. Par exemple, selon les informations de 2018, sur les 32 milliards de mètres cubes de gaz consommés seulement 10 milliards ont été achetés à l’étranger.
L’exploitation de gisements de gaz ukrainiens a commencé encore en URSS dans les années 1950-1970. Et même si aujourd’hui ils sont presque épuisés, il reste encore des réserves. Certes, elles ne suffiront pas pour que l’Ukraine subvienne à ses propres besoins. Et même en creusant plus en profondeur la production n’augmenterait pas significativement.
C’est pourquoi Kiev a décidé de recourir plus activement aux méthodes non traditionnelles. Même un plan d’action pour augmenter la production de gaz a été adopté en début d’année au niveau national, misant sur le forage à grande profondeur, l’exploitation du plateau continental et la production de gaz de schiste. Et même si sur le papier ces projets semblent impressionnants, on ignore où Kiev compte trouver l’argent pour relever le secteur gazier. Qui plus est dans les conditions actuelles où les tarifs bas sur le gaz augmentent le délai de rentabilité des projets.
Retour des Biden en Ukraine
La présidentielle américaine aura lieu cette année. Et à en croire les sondages, les chances de Joe Biden sont légèrement plus élevées que celles de Donald Trump.
Et en cas de victoire du premier, théoriquement son fils Hunter pourrait revenir en Ukraine pour mettre la main sur le secteur de production de gaz dans ce pays. Personnellement ou via des affiliés. D’autant que Vladimir Zelenski est tout aussi docile que son prédécesseur.
Mais dans ce cas Joe Biden devrait enfreindre l’une de ses principales promesses de campagne, chose que les électeurs américains pourraient ne pas lui pardonner. Or il a promis qu’en cas de son élection à la présidence des Etats-Unis il interdirait à sa famille de faire des affaires à l’étranger. Autrement dit, il serait interdit à Hunter de travailler en Ukraine. Mais, comme c’est souvent le cas dans ce genre d’affaires, il existe de nombreux lobbys, des sociétés interposées, des comptes offshores et d’autres instruments qui permettraient à Hunter Biden de mener ses affaires sans attirer l’attention.
Alors que son père fera en sorte que son fils ait partout le feu vert.
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