Plus tôt cette semaine, le candidat à la chefferie du PQ Frédéric Bastien affirmait selon «ses sources policières», que 11 constats d’infractions avaient été émis lors d’un rassemblement dans une mosquée de Ville Saint-Laurent. Il affirmait du même souffle que les gens issus de l’immigration, en particulier les communautés juives et musulmanes (qui d’autre!), étaient les grandes délinquantes face aux mesures de prévention sanitaires devant la pandémie de COVID-19.
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Un mensonge, dénoncé par l’ex-président de la Société Saint-Jean-Baptiste (et indépendantiste éclairé) Jean Dorion, qui rapportait les paroles de Lamine Foura, un militant péquiste de longue date, qui a effectué des vérifications auprès du SPVM.
Quand je lis un statut Facebook de Frédéric Bastien, j’ai la même réaction qu’après le douloureux processus de lire une chronique de Mathieu Bock-Côté.
J’ai mal à mon indépendantisme.
La réalité, c’est que l’indépendance du Québec ne se fera pas sans les communautés ethniques et culturelles qui peuplent aujourd’hui notre territoire et font partie intégrante de notre société, et encore moins sans les Premières Nations.
Il faut dire que ces deux personnages appartiennent, voire mènent une frange de militants et de militantes péquistes désormais rompus à la vision d’un Québec-pays fondé sur le nationalisme ethnique et un conservatisme sauce néo-duplessiste. Ils renient tant l’héritage moderne de la Révolution tranquille que le patrimoine intellectuel que nous ont laissé les Vallières, Vadeboncoeur, Bourgault et tant d’autres. Ainsi, cette rhétorique occulte également l’existence d’un indépendantisme plus progressiste et branché sur une réalité irréversible : le Québec fait partie du monde et nous sommes au 21e siècle.
Mais je digresse – je veux parler dans cette chronique de Frédéric Bastien, professeur d’histoire et candidat à la chefferie du parti qui se prétend toujours le seul véhicule politique de l’indépendance du Québec alors qu’il est dépassé à sa gauche par Québec Solidaire et à sa droite par les «paradeurs folkloriques» (dixit MBC) de l’extrême droite belle-provinciale tels qu’Alexandre Cormier-Denis, la chemise bleue conspirationniste d’Horizon Québec Actuel qui s’use les genoux devant le Carillon Sacré-Cœur.
En clair, s’il y a bel et bien eu une intervention, aucun constat d’infraction n’a été remis.
Comme le dit Lamine Foura sur Facebook, «les menteurs n’ont pas leur place pour porter un projet aussi noble que l’indépendance du Québec.» Encore moins lorsqu’ils sont porteurs d’un discours xénophobe, nativiste et dépassé. La réalité, c’est que l’indépendance du Québec ne se fera pas sans les communautés ethniques et culturelles qui peuplent aujourd’hui notre territoire et font partie intégrante de notre société, et encore moins sans les Premières Nations. Elle est un projet qui s’inscrit dans le futur.
D’entrée de jeu, Bastien avait fondé le thème de sa campagne sur la xénophobie, l’obsession sur l’immigration, le nativisme et la négation de la légitimité des Premières Nations comme peuple fondateur du Québec et, donc, une suprématie de la majorité canadienne-française. Alors, rien de surprenant.
Le seul baume dans toute cette histoire, c’est qu’il arrive bon dernier dans les sondages et sera vraisemblablement battu soit par un triste clown pas drôle et méprisant ou, souhaitons-le, un candidat qui sait en quelle année on est.
Mais son discours, porté par d’autres éminences grises péquistes, révèle une tendance à la radicalisation de l’aile droite du PQ – il est tout aussi inquiétant que les déclarations de Bastien n’aient fait l’objet d’aucune remise à l’ordre de la part des figures en vue du PQ et des autres candidats à la chefferie.
Dommage, lui qui nous a pourtant donné l’important livre «La Bataille de Londres».
Ceci est gravissime, en plus d’empoisonner le puits de la critique du multiculturalisme canadien qui, pourtant, demeure un affront historique pour le Québec. Je pense notamment à l’ouvrage de Michel Seymour, La nation pluraliste, dont les propositions font démonstration d’ouverture sans nier la légitimité du droit à l’autodétermination du Québec comme territoire indépendant du pétro-État néo-colonialiste qu’est le Canada. Je pense aussi à des essayistes comme Éric Martin (Un pays en commun) et Francis Boucher (La grande déception). À ce collectif d’autrices engagées qui nous ont fait grâce de leurs réflexions dans Un Québec-pays – Le OUI des femmes ou encore à Catherine Fournier, dont la motion pour reconnaître la contribution des demandeurs d’asile aux efforts d’endiguement de la pandémie fut vulgairement rejetée par le gouvernement.
Un candidat à la chefferie d’un parti historique use non seulement d’une rhétorique xénophobe digne du Goglu, mais en plus se fait prendre à mentir sans la moindre honte au sujet de ses « sources » policières.
Frédéric Bastien doit se retirer de la course – il s’est disgracié et, s’il persiste, entrainera ce qui reste de réputation au PQ dans le fond de la fange politique.
Militants et militantes péquistes, vous aurez un gros choix à faire.
Si c’est ce genre de discours que vous voulez pour porter la flamme de l’indépendance, vous allez confirmer ce qu’on sait déjà : ce parti doit disparaitre et rejoindre L’Union Nationale au Musée des Partis Finis.
Après tout, René Lévesque lui-même ne croyait pas en la permanence des partis politiques.
Source: Lire l'article complet de Vigile.Québec