On en entend beaucoup parler, certains l’attendent comme le messie, mais l’idée d’un vaccin contre le coronavirus est loin de faire l’unanimité dans la communauté scientifique.
Pour le Pr. Bhakdi par exemple, professeur émérite de l’Université Johannes-Gutenberg, un vaccin contre le coronavirus serait « inutile et dangereux, comme c’était déjà le cas pour la grippe porcine.»
Le Dr. Ioannidis de l’université de Stanford a lui expliqué la chose suivante : « Les tentatives précédentes n’ont pas été couronnées de succès. Certains vaccins ont été développés pour le coronavirus chez les animaux et ils ont causé plus de dégâts que l’absence de vaccin. Ils ont conduit à une réponse d’hypersensibilité de sorte que lorsque l’animal était exposé au coronavirus réel, il réagissait de manière excessive, y compris en mourant. »
Le Pr. Raoult affirme pour sa part : « Quand on ne sait pas gérer une maladie infectieuse, on nous sort le coup du vaccin ! Il est déjà difficile de vacciner correctement contre la grippe, alors contre un nouveau virus… Honnêtement la chance qu’un vaccin pour une maladie émergente devienne un outil de santé publique est proche de zéro. » Et ainsi de nombreuses autres voix s’élèvent dans le monde.
Pour mémoire, suite à la large campagne de vaccination contre la grippe H1N1 en 2009-2010 « plusieurs dizaines voire centaines de cas de narcolepsie ont été signalées à l’été 2010 en Finlande et en Suède. » Mais également dans le reste du monde, ce qui donnera lieu à de nombreux cas d’indemnisations. Et le Seattle Times de rappeler une tentative encore antérieure : « La dernière fois que le gouvernement a cherché un vaccin « à grande vitesse », ce fut un fiasco »
Mais qu’à cela ne tienne voici ce que rapporte un récent article du Figaro :
« …la seule chose qui nous permettra de revenir à la normale […] c’est de créer un vaccin », a expliqué, jeudi, Bill Gates dans l’émission américaine The Daily Show. « Mais si l’on veut créer une immunité générale, ce vaccin devra pouvoir être distribué dans le monde entier, soit auprès de milliards de personnes », a insisté le fondateur de Microsoft. »
– LeFigaro.fr : Bill Gates veut construire des usines pour les futurs vaccins
Et ce qu’on peut lire dans un article des Echos du 16 avril :
« L’échelle normale d’un vaccin se compte en centaines de millions de doses. Cette fois, c’est 7 milliards d’individus qu’il va falloir vacciner », a souligné mercredi Mark Suzman, PDG de la Fondation Bill et Melinda Gates. […] La Fondation Gates, va investir de son côté un total de 250 millions de dollars pour lutter contre le covid-19. Après une mise initiale de 100 millions de dollars, l’organisation philanthropique fondée par le créateur de Microsoft remet 150 millions sur la table pour aider à développer les outils de diagnostic, de traitement et les vaccins. […] « Il y a eu beaucoup de réponses unilatérales à cette crise », constate Mark Suzman, mais il faut « une réponse globale qui permette à chacun d’être vacciné…».
– Les Echos : Coronavirus : la Fondation Gates accroît son soutien pour accélérer l’arrivée d’un vaccin
Et cette fois sur la chaine américaine PBS :
« Le vaccin est essentiel, car tant que vous ne l’aurez pas, les choses ne seront pas vraiment normales. Elles peuvent s’améliorer jusqu’à un certain point, mais le risque de rebond sera présent tant que nous n’aurons pas une vaccination très large. »
– PBS/YouTube : Bill Gates on where the COVID-19 pandemic will hurt the most
En guise de conclusion, un article publié par le site Slate en 2015 consacré à la fondation Bill & Melinda Gates avançait les choses suivantes :
« De nombreux experts, économistes, spécialistes du développement, de la médecine, sont en fait très sceptiques et critiques sur les objectifs, les méthodes et les résultats des campagnes menées par la fondation Bill & Melinda Gates et sur son impact sur les questions de santé dans le monde. Certains chercheurs vont plus loin et dénoncent le manque total de transparence de la fondation, son pouvoir de veto sur le financement et l’existence même de nombreux organismes internationaux de santé et sur les priorités de ses dépenses. »
« En 2008, deux chercheurs de l’Université d’Oxford estimaient dans The Lancet que la fondation Gates «finance mal la santé mondiale» fournissant la plupart de ses financements aux pays riches et en donnant la priorité aux maladies infectieuses au détriment des tueurs chroniques comme l’obésité, le diabète, le cancer. »
« Les autres reproches faits à la fondation sont d’accorder trop d’importance aux médicaments et aux vaccins et pas à une tâche plus ingrate et plus efficace qui est de renforcer les systèmes de santé des pays pauvres. »
Et l’article de conclure :
« Mais ces critiques ont peu d’écho. Sophie Harman, une universitaire de la Queen Mary University de Londres, souligne combien les critiques contre la fondation sont peu nombreuses et inaudibles. «Tout le monde a peur de mettre en cause le rôle des Gates et de la fondation parce qu’ils ne veulent pas perdre leurs financements…». »
– Slate.fr : Les médias adorent la fondation Gates, les experts beaucoup moins