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Quand je fais de la photographie animalière en plein Pays de Vaud, donc en Suisse, et que je tombe sur des chasseurs français qui me demandent si j’ai vu un sanglier, nous sommes loin de l’idée du chasseur qui serait attaché à son terroir – bien entendu, le canton ne devrait déjà pas les accepter.
L’idée du chasseur écologiste, parce que régulateur de la faune, agent équilibrant de la nature, n’est dans beaucoup de cas qu’une mystification.
Certaines régions françaises sont connues pour n’être que des simulacres de vie campagnarde lorsqu’il s’agit de la chasse, et les domaines-prisons où les cerfs ne peuvent même pas fuir y sont légion !
Aussi, s’il fallait écouter l’écologie contée par les chasseurs, jamais aucune espèce animale ne se serait jamais autorégulée. Quand ça déborde, typiquement les sangliers, on ne va pas au bout du raisonnement. Les chasseurs refusent la présence des prédateurs, parce qu’ils refusent l’idée de voir l’équilibre s’opérer sans eux.
En Amérique du Nord, l’idée que les chasseurs soient plus ou moins écologistes est mieux acceptée, mais leurs faunes incluent le plus souvent des prédateurs et des grands prédateurs !
La France est un jardin, c’est bien dit et c’est très vrai ; cependant, en dehors des bocages et des forêts agencées, je mettrais la montagne à part – je vais éviter de parler du loup et de l’ours.
En ce qui concerne l’harmonie entre la chasse de loisir et la vie en campagne, je n’y crois pas. L’agriculture intensive et la chasse, qu’elle soit de subsistance ou de loisir, ne sont pas dans les mêmes réalités anthropologiques. D’ailleurs, le vrai chasseur mange son gibier ou le partage dans la communauté lorsqu’il en a abondamment, il ne va pas la vendre au restaurant gastronomique du coin.
En outre, il faudrait aussi établir une distinction, mais je pense bien que A. S. l’établit, entre la chasse pseudo-aristocratique, avec les Range Rover en lisière, et la chasse gueusarde qui pourrait presque faire penser à une chasse de subsistance si elle n’était pas tant liée à l’agriculture chimique – le prix des denrées sur les marchés mondiaux va définir avec quelle hargne et quel faux sentiment d’urgence il faudra buter du sanglier, et cerfs et chevreuils n’ont surtout pas intérêt à bouffer de la jeune pousse dans des forêts d’exploitation qui ne ressemblent certainement pas à ce qui se faisait au temps de la monarchie.
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