Un petit documentaire sur l’excellence française, ça change des sujets sur la banlieue, le service public décati, les problèmes de niveau, de violence, tout ça. On pourrait dire que le lycée H4 est l’arbre magnifique qui cache la forêt française sacrifiée, et on le dit.
Un système éducatif qui privilégie les flèches au détriment des boulets n’est pas une réussite. L’échec scolaire, c’est d’abord l’échec du système scolaire. Certes, il y aura toujours des cancres et des branleurs, des tricheurs et des ânes, mais en France, le problème n’est pas là : il est dans l’orientation, la dévalorisation des filières ignobles, dites non nobles. Ensuite, la réflexion nous pousse aussi à nous demander ce que deviennent les grosses têtes d’H4. En général, ça échoue dans les grandes écoles, qui finissent dans les grandes entreprises et les grands corps de l’État et là, on connaît le résultat. C’est pas génial non plus !
Alors, tous des cancres ? Non, mais la réussite est quelque chose de très, très relatif. Et pas forcément durable.
Pour la photo de une, comme on est taquins, on a pris la capture (écran, pas la capture avec un filet à papillon tropical) de la seule fille de couleur du troupeau. On écoute ensuite la brute neuronale :
« On peut parler à peu près de ce qu’on veut et parler à peu près quand on veut, à ces magistraux quand même il faut le dire, mais on ne se sent pas subordonnés à une sorte de puissance intellectuelle qui nous dit ce qu’on doit penser ou quoi, mais plutôt on explore plein de possibilités ensemble et c’est ça que je trouve assez séduisant. »
La prof de philo, c’est bien simple, on dirait une mère supérieure qui ne déconne pas. D’ailleurs, le lieu ressemble étrangement à un monastère (on apprend que ce sont les anciens bâtiments de l’abbaye Sainte-Geneviève), un endroit propice à l’introspection, au calme, à la concentration. On est loin des bahuts horribles du 93 qui font plutôt penser à des méga garderies de 1200 à 1500 élèves.
Un foutoir coloré qui va donner un ou deux ingénieurs à la nation, pas plus – ah si, des discriminés positifs sciencespotisés, comme la mordeuse de tacot – et un max de livreurs en camionnette.
Ne vous méprenez pas, ce n’est pas du racisme social, c’est de la lucidité, on n’est pas ici pour vendre du vent. Les lycéennes de Bobigny sont très gentilles mais la réalité est là : d’un côté les établissements qui sélectionnent pour les filières d’élite, de l’autre, eh bien, les autres. Dans lesquels chacun se débrouillera pour obtenir un petit avantage compétitif dans la lutte pour la survie.
Notez que cette séparation entre le haut et le bas, qu’on voit ici à l’œuvre, n’est pas une mauvaise chose. Qu’il y ait des gens brillants et d’autres plus lents n’est pas scandaleux, le problème, c’est quand les élites, qui selon nous sont investies d’une responsabilité particulière, ne bossent plus pour l’intérêt général mais pour des intérêts privés. C’est ce qu’il se passe objectivement en France : les grandes écoles ne fournissent plus de grands hommes (politiques), mais des brassées d’ambitieux qui veulent s’en foutre plein les poches. Et les autres ?
Les majors de l’ENA ou de l’X devraient mettre leurs talents au service de la nation, pas des grosses boîtes qui payent bien ou des réseaux de pouvoir occultes.
Bon, en général, ces bénis des dieux font les deux : ils bossent d’abord pour l’État (un X ou un Ulm va direct faire son stage chez un préfet ou un dircab, pas chez le cartonnier du coin), ensuite ils vendent leur connaissance interne de ce grand acheteur public au privé. Résultat, nos hommes politiques font juste un passage pour taper dans la caisse à terme, comme Kohler ou Bachelot. Ce n’est que du délit d’initiés et du conflit d’intérêts.
Il va falloir qu’on se mette à faire des propositions de loi, des lois venues d’en bas et pas d’en haut, car les corrompus finissent toujours par se voter les lois qui les arrangent et qui nous entubent.
Et s’ils refusent d’accepter nos lois (par exemple interdit de bosser dans ou pour le privé une fois qu’on a mis la main dans l’État et ses caisses, sous peine de prison), eh bien on n’obéira tout simplement pas à leurs lois, qui de toute façon sont faites pour eux et contre nous. Ça risque d’être plus efficace que le RIC. Chacun ses armes.
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